Déclaration de liens d’intérêts
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
Published online by Cambridge University Press: 15 April 2020
Quel clinicien, même acquis à la cause du patient-sujet-singulier, oserait clamer que son savoir est sans fondement objectif ? Constituer une clinique qui soit objective a toujours constitué une exigence primordiale dans la construction d’un savoir psychopathologique. L’objectivité est non seulement la garantie de la validité d’un diagnostic ; elle constitue plus fondamentalement la valeur épistémique qui préserve le thérapeute de la confusion de ses émotions, de l’influence de ses préjugés, la valeur qui lui permet d’argumenter, de débattre et éventuellement de réfuter une observation, un jugement ou un diagnostic posés par soi ou par un collègue. Mais le problème est que le débat autour de l’objectivité en clinique psychiatrique est souvent mal posé par les cliniciens eux-mêmes. Pris dans la rigidité des confrontations d’écoles, il suscite des polémiques non pertinentes ou sans fondement. L’ambition de cette intervention est de poser le problème autrement, à nouveaux frais. Il s’agit de sortir des oppositions trop réductrices, comme celle opposant le sujet et l’objet, celle confrontant le savoir livresque et l’expérience clinique, celle imaginant que l’objectivité imposerait des normes artificielles alors que son absence préserverait la singularité du patient. Sortir de ces oppositions simplificatrices impose qu’on réfléchisse en amont sur la définition des concepts. Que signifie décrire objectivement ? Cela impose-t-il de renoncer à interpréter les symptômes ? Comment les grands théoriciens de la psychopathologie ont-ils abordé ce problème ? Quelle place faut-il accorder aux standards diagnostiques ou aux outils statistiques ? Quels efforts le clinicien devrait-il encore fournir aujourd’hui pour conquérir un savoir clinique qui soit vraiment objectif ?
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
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