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Le problème de la rupture révolutionnaire A propos des origines de la Révolution française

Published online by Cambridge University Press:  28 July 2009

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Ilsuffit d'une réflexion rapide pour constater que l'expression, «les origines de la Reévolution», comporte toute une seérie d'obscuriteés et d'ambiguïtés, qui s'attachent aussi bien aux origines qu'à ce qu'il convient d'entendre par Révolution française.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Archives Européenes de Sociology 1974

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References

(1) Précisons que cette définition désigne un aspect des systèmes politiques. D'autres sont possibles, selon le problème que I'on cherche à résoudre.

(2) Je me permets de renvoyer, pour une analyse plus détaillée de cette problématique, à Baechler, J., De la fragilité des systèmes politiques, Archives européennes de sociologie, XII (1971), 6186CrossRefGoogle Scholar.

(3) Depuis la guerre du Sonderbund, en 1847.

(4) J'entends par documentaliste, par opposition à historien, le chercheur qui se charge de dépouiller la documentation écrite, figurée, monumentale, et d'en livrer des faits bruts. L'historien est celui qui s'efforce de donner un sens à ces faits.

(5) Meyer, J., dans son livre Noblesse et pouvoir dans l'Europe d'Ancien Régime (Paris, Hachette, 1973)Google Scholar, a eu le grand mérite de tenter la synthèse de nos ignorances et de poser à la fois l'importance et l'intérêt du sujet.

(6) Ces distinctions ont une valeur géné rale. Dans l'analyse d'un système politique, il faut toujours faire le départ entre les attitudes politiques des groupes et le recrutement social d'une position politique déterminée. Une position peut être monopolisée par des ouvriers et la majorité deaouvriers s'en détourner, sans que ces deux affirmations soient le moindrement contradictoires.

(7) Le problème des Lumières ne me paraît pas du tout porter sur l'opposition entre abstraction et sens du concret, comme on l'envisage d'habitude, mais entre pensée totalisante et sens du particulier. C'est un autre problème.

(8) La Cour comme instrument de domestication des eélites suppose la mise au point de règies du jeu extrêmement précises et subtiles et leur maîtrise parfaite par le bénéficiaire politique du système. Louis XIV y est parvenu, par une volonté constante poursuivie sur cinquante années. La Régence qui, toujours du point de vue politique, est une phase de retour en force des élites, a faussé le système. Louis XV et Louis XVI n'ont ni pu ni surtout voulu jouer le jeu à la manière de leur ancêtre. D'instrument politique, la Cour est retournée à ses origines, pour redevenir l'entourage brillant et ludique du prince. Dès lors, la logique absolutiste était grippée et la panne menaçait à tout moment. — Sur la société de cour comme formation sociale spécifique, voir le livre important de Elias, N., Die höfische Gesellschaft (Berlin, Luchterhand, 1969)Google Scholar [trad, franç, à paraître chez Calmann Levy].

(9) II est difficile de supputer à distance l'importance d'un changement de perspective qui consisterait — au lieu d'une intro— duction sur l'Ancien Régime suivie du chapitre premier sur la réunion des états généraux — à commencer par une introduction sur le système politique absolutiste au XVIIIe siècle, à poursuivre par un chapitre sur la crise du système en 1787–1791, avant d'analyser la rupture et la vacance.

(10) Je me permets de signaler aux spécialistes une lacune étrange dans leurs recherches. Lorsqu'on lit massivement ce qui a pu être écrit sur les origines de la Révolution, on est stupéfait de constater que les problèmes militaires sont très généralement ignorés. Or la dissolution de l'armée royale et la formation de la Garde nationale sont des faits majeurs; la rupture est même incompréhensible sans ces faits. II serait souhaitable que quelqu'un s'occupe sérieu sement de cette question et que, d'une manière générale, on attache, dans l'étude d'une révolution, plus d'importance aux faits politiques qu'aux faits économiques. Les derniers sont tout à fait négligeables: une crise économique produit du mécontentement et des émeutes, elle n'a jamais produit de révolution.

(11) Je ne résiste pas au plaisir de citer ce texte merveilleux de Machiavel: «Qui- conque veut fonder un État et lui donnerdes lois doit supposer d'avance les hommes méchants, et toujours prêts à montrer leur méchanceté toutes les fois qu'ils en trouveront l'occasion. Si ce penchant demeure caché pour un temps, il faut l'attribuer à quelque raison qu'on ne connaît point, et croire qu'il n'apas eu l'occasion de se montrer; mais le temps qui, comme on dit, est le père de toute vérité, le met ensuite au grand jour» («Considerations sur Ire Décade de Tite-Live», in Œuvres complètes (Paris, La Pléiade, 1952), pp. 388389Google Scholar.