Nous partirons du thème cent fois rebattu de l'allégorie de la Caverne. Les interprétations classiques du célébre passage de la République sont connues de tous. Il ne s'agit pas pour nous de les répéter, mais de proposer une nouvelle lecture de l'allégorie qui nous sortirait des sentiers battus.

Le présent article se propose, pour rendre hommage à l'admirable travail du Pr Martial Gueroult sur l'Éthique de Spinoza, non de tenter une revue critique qui manquerait inévitablement d'ampleur et de précision, mais d'examiner un point important de la doctrine: instruit par les analyses du commentateur, nous voudrions présenter quelques réflexions complémentaires sur la délicate question des rapports de la Substance et des Attributs.

According to the received view of scientific theories, a scientific theory is an axiomatic-deductive linguistic structure which must include some set of guidelines (“correspondence rules”) for interpreting its theoretical terms with reference to the world of observable phenomena. According to the semantic view, a scientific theory need not be formulated as an axiomatic-deductive structure with correspondence rules, but need only specify models which are said to be “isomorphic” with actual phenomenal systems. In this paper, I consider both the received and semantic views as they bear on the issue of how a theory relates to the world (Section 1). Then I offer a critique of some arguments frequently put forth in support of the semantic view (Section 2). Finally, I suggest a more convincing “meta-methodological” argument (based on the thought of Bernard Lonergan) in favour of the semantic view (Section 3).

Only there occur certain lags in scholarship which need to be remedied. One of these is the lack of appreciation of the efforts of the American critical realists to attain a direct, referential realism which would avoid the difficulties confronting an intuitional type of naive realism and the well-recognized dilemma of Lockean representative perceptionism. In the latter case, the puzzle is, of course, that, if we perceive subjective ideas, how can we know that they give us cognitive access to external things.

La Grammaire (1660) et la Logique (1662) de Port-Royal ouvrirent une ère nouvelle dans l'histoire des sciences du langage. On a beau insister sur la dette des Messieurs de Port-Royal (Arnauld, Nicole, Lancelot) envers Descartes, Augustin, Sanctius, ou meme Aristote, l'originalité de leur œuvre logico-grammaticale ne fait malgré tout aucun doute. Quant à l'influence de cette oeuvre sur les grammairiens philosophes des générations suivantes, elle est d'une remarquable persistance et demeure sensible pendant un bon siecle et demi, en dépit des critiques, corrections et innovations qu'elle a pu inspirer, et de la diversité des orientations philosophiques ou gnoséologiques des plus illustres grammairiens des Lumières. L'œuvre des Messieurs propose une vision unifiée des phénomènes langagiers et «l'appareil mis en place à Port-Royal continue à fonctionner pour l'essentiel» (cf. Dominicy, La naissance. …, p. 14), aussi bien chez les grammairiens philosophes de l'Encyclop'dic (Du Marsais, Beauzée), que chez Condillac et ses successeurs idéologues (en particulier Destutt de Tracy).

What were Aristotle's aims in the Categories? We can probably all agree that he wanted to say something about different uses of the verb ‘to be’ – something relevant to ontology. The conventional interpretation goes further: it has Books Γ and Z of the Metaphysics superseding theories put forward in the Categories. We should expect then that the Categories and these books of the Metaphysics try to do the same sort of thing. Most exegetes do indeed ascribe to the earlier work fairly elaborate ontologies, though they are in disagreement as to what theory Aristotle held while writing it. I shall argue in this paper that the whole enterprise of reconstructing the ontology of the Categories from its small stock of clues is misguided; that the business of the Categories is to set out data for which the Metaphysics tries to account. This view is not without consequences relevant to some widely held theses. I shall claim that the differences between the Categories and the Metaphysics cannot uncritically be used to trace the development of Aristotle's ontology, that the differences between the two doctrines has been greatly exaggerated. More of this later: let me first explain the distinction on which I shall depend.

On tente souvent de calmer la frayeur de certains humanistes à l'égard de l'ordinateur en le qualifiant d' « infatigable idiot sans cervelle ». Je ne vois pas d'objection particulière à cette description sinon qu'elle suggère une fausse réponse à une question qui a troublé les philosophes récemment. Pour ma part, je m'intéresse très peu à la question très générale et, à mon avis, largement contrefaite de savoir si les ordinateurs peuvent « penser ». L'éventualité que dans un proche avenir l'ordinateur soit en mesure de résoudre les principaux problèmes de la philosophie ne m'effraie pas, mais, par contre, je suis heureux de profiter de toute aide là où je la trouve. Quant à moi, je ne me sens menacé ni en tant qu'individu ni en tant que philosophe. Ce n'est pour moi qu'une simple réalité de la vie contemporaine; un don de notre environnement technologique complexe; un outil passionnant dont nous pouvons profiter si nous sommes prêts à en payer le prix. S'il nous détruit dans l'avenir, éventualité concevable, ce ne sera pas parce que la machine est intrinsèquement mauvaise mais bien plus probablement parce que nous, les humanistes, aurons choisi de l'ignorer ou même de la mépriser plutôt que de nous en servir avec un esprit critique et constructif à nos propres fins. Ce sera parce que nous aurons préféré conserver notre virginité d'érudits plutôt que de nous mêler au tohu-bohu véritablement intellectuel et professionnel inhérent aux humanités les plus authentiques.

The author struggles to come to grips here with the philosophical complexities and personal tragedies that disorient us when we reflect on the great and pervasive inequalities in human societies. His egalitarianism is radical in denying the justice of the inequalities that liberals like Rawls would countenance, and in denying that justice and capitalism are compatible. Nielsen displays a masterly knowledge of the literature of social justice, especially that which bears on Rawls's A Theory of Justice and Nozick's Anarchy, State and Utopia, the celebrated philosophical flagships of liberalism and conservatism respectively; this feature of the book should be useful for advanced students of social and political philosophy who need to acquire a sense for the texture of contemporary argument in the field. The thicket of sturdy arguments in Equality and Liberty should convince Rawlsians to accept many tenets of Nielsen's radical egalitarianism, or else to re-examine their thinking about social justice. And the extended critique of Anarchy, State and Utopia should persuade Nozickians of the need for “a reasonably sophisticated political sociology and a sound critical theory of society” if one is to philosophize adequately about social justice (5). Many will find this critique the most valuable part of the book.

In this paper, I describe some of the history of work on human reasoning done by philosophers and experimental psychologists. This particular interdisciplinary work is interesting because it shows the ways that interdisciplinary research can solidify pervasive preconceptions in a particular field. Work in experimental psychology has shown that certain normative systems fail to model reasoning in natural language contexts. Thus, I will argue, philosophers could instead take this psychological research as motivation to amend these normative models or radically change our ideas about how these models are applied to reasoning in natural language.

Peu de passages de l'oeuvre de Wittgenstein ont suscité autant de commentaires et de discussions que les paragraphes des Recherches philosophiques dans lesquels il presénte ce que l'on a appele« ; l'argumentdu langage privé »;. Wittgenstein definit un langage prive comme un langage dont les mots sont censés se referer« ; á ce dont seul celui qui parle peut avoir connaissance; a ses sensations immediates et privées »; (243).' Il s'agit de montrer, par cet argument, Timpossibilite d'un langage comme celui-ci. Une difficulte importante que pose l'interpretation de ces textes est la suivante. D'une part, pour Wittgenstein, il ne peut y avoir de reference (linguistique) a une experience interne, peu importe l'experience, si seul le locuteur peut savoir de quoi il parle, c'est-a-dire si sa sensation est privee. Le langage imagine est done impossible. D'autre part, pour la plupart des commentateurs des Recherches, il soutient egalement que toutes les sensations sont des experiences privees. II s'ensuit la consequence paradoxale que les mots du langage usuel par lesquels nous nous referons (ou croyons nous referer) a des sensations ne s'y referent pas reellement. Le mot« ; douleur »;, par exemple, ne denomme pas une sensation au sens ou on dit, de facon tout a fait correcte, que le mot« ; rouge »; denomme une certaine couleur.

Toutes les idéologies recouvrent-elles une égale meéonnais-sance de la réalité ?

Le terme d' «idéologie », brandi comme arme idéologique, vise « une doctrine fondée sur des idées sans rapport avec les faits réels » (Dictionnaire Larousse). Ce système transmissible de rapports ne se rapporte plus lui-même à la réalité: celle-ci peut être subsumée sous ses concepts organisés en dogmes, elle ne peut plus ou n'a jamais pu être reconnue. L'adversaire de l'idéologie se donne pour tâche de faire reconnaître «la » réalité en découvrant les réalités qu'il estime essentielles, en même temps qu'il en dénonce la mécon-naissance chez l'idéologue. L'idéologie attaquée constituant l'idéolo-gie typique, toutes les idéologies ne font à ses yeux que reproduire cette méconnaissance radicale: l'une n'a pas plus de valeur de vérité qu'une autre, elles recouvrent toutes une égale absence de rapports avec le réel. Elles sont toutes aveugles au même titre et ne reconnaissent pas davantage cet aveuglement que la réalité qu'elles ignorent.

In an attempt to “purify” logic of existential presuppositions, attention has recently focused on modal logics, where one usually assumes that at least one possible world exists. Systems very analogous to some of the standard modal systems have been developed which drop this presupposition. We will here treat the removal of the existential assumption from Brouwerian modal logic and discuss the relationship of the system so derived to other modal systems.

In discussions of the underrepresentation of women in professional philosophy, those sceptical of discrimination as an explanation often suggest that gender differences in interests are a plausible alternative hypothesis. Some suspect that if women’s differing interests explains underrepresentation, then interventions suggested by the discrimination hypothesis might be unnecessary—or even risky. I argue that one needs to consider how stereotypes might influence interests, and that doing so can provide a more even-handed assessment of the risks involved in proposed interventions.