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Sur quelques difficultiés de la conception piagétienne des rapports de la science et de la philosophie*

Published online by Cambridge University Press:  09 June 2010

Camille Limoges
Affiliation:
Paris

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Il existe une différence fondamentale entre la science et la philosophic, différence que marque la frontière mobile entre la spéculation et la vérification (p. 2). Telle est la thèse dont tout l'ouvrage de M. Piaget veut se présenter comme la défense et l'illustration.

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Articles
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Copyright © Canadian Philosophical Association 1967

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References

1 In Études d'épistémologie génétique, Tome XVI, Implication, formalisation et logique naturelle, pp. 165191. Paris, PUF, 1962Google Scholar.

2 Il ne peut être question de discuter ici la philosophie de Jaspers dont M. Piaget veut faire le modèle de toute démarche philosophique honnête. Il suffira sans doute de dire que nous souscrivons pour l'essentiel au jugement de M. Lagadec sur cette philosophie. Cf. « Le comique et le philosophique », Dialogue, vol. IV, n° 2, pp. 243248Google Scholar.

3 En corollaire: privée de sa dominante variable la philosophic ne saura plus désormais qu'élaborer au gré des besoins de l'époque des variations sur les quelques grands thèmes métaphysiques relevant de la dominante constante de l'histoire de la philosophie. A strictement parler même la philosophie devient répétitive pour l'essentiel, étrangère à tout développement: elle cesse d'avoir une histoire propre.

4 Que M. Piaget ait réfuté dans son ouvrage les prétentions de la philosophie para-ou suprascientifique n'affecte en rien notre argumentation puisque c'est ici l'acceptation de ces sagesses qui est en cause et non leur validité.

5 Dans toute la tradition philosophique il eût été en effet impensable que la sagesse ne se fonde pas en quelque facon sur le savoir.

6 Dans ce tableau en effet il n'y a rien entre Aristote et Descartes.

7 M. Piaget n'est d'ailleurs pas un défenseur de cette position.

8 « Galilée et Platon », in Études d'histoire de la pensée scientifique; Paris, P.U.F., 1966, p. 150.

9 « De l'influence des conceptions philosophiques sur l'évolution des théories scientifiques », in Études d'histoire de la pensée philosophique. Paris, Colin, 1961. Pp. 231246Google Scholar. Sur les expériences de mesure au XVIIe siècle, cf. « Une expérience de mesure » et « Galilée et l'expérience de Pise » in Études d'histoire de la pensée scientifique.

10 A quelques reprises au cours de l'ouvrage notre auteur paraît accepter les travaux de Lukács première manière, ce que semble corroborer son interprétation hégélienne du marxisme. Si telle était la position de M. Piaget, elle le conduirait à des difficultés considérables puisque pour l'auteur d'Histoire et conscience de classe l'epistémologie de la science moderne est « antidialectique » et repose sur le phénomène de réification inhérent au système de production capitaliste. Si l'on accepte cette thèse d'un hégélianisme rigoureusement cohérent, la science moderne a pour racine l'idéologie, ce qui abolit toute distinction stricte entre science et philosophie et se concilie difficilement avec le tableau de M. Piaget.

11 Nous n'avons pas examiné le tableau en tous ses points. Mais il serait possible de montrer que pour les systèmes philosophiques qui se prêtent le plus à l'interprétation de M. Piaget, ceux de Descartes, Leibniz et Kant, le rapport de la philosophie aux sciences n'est pas unilatéral et que les idées philosophiques ont joué un rôle de première importance dans l'élaboration des conceptions scientifiques de ces auteurs. Par ailleurs, il est une variété épistémologique dont notre auteur ne fait jamais mention, e'est l'illuminisme. Et il paraît difficile de soutenir que cette épistémologie relève de la science au premier chef.