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Sémantique de la métaphore1
Published online by Cambridge University Press: 05 May 2010
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Ce texte comporte deux parties. Une première partie, dans laquelle nous situerons le problème de la métaphore à la jonction de la sémantique structurale, dont nous rappellerons quelques distinctions et définitions essentielles, et de la poétique et de la rhétorique générales, qui, l'une et l'autre, se fondent sur l'instauration, dans le langage, d'un écart dont nous essayerons de déterminer la nature. Puis, dans une seconde partie, nous exposerons les conditions de possibilité, au plan de la sémantique, de l'apparition de la synecdoque, de la métonymie et, bien évidemment, de la métaphore, qu'il s'agisse de la métaphore de nom ou de la métaphore non nominale, c'est-à-dire de la métaphore de verbe, d'adjectif, d'adverbe, de préposition ou même de phrase.
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- Dialogue: Canadian Philosophical Review / Revue canadienne de philosophie , Volume 15 , Issue 2 , June 1976 , pp. 256 - 281
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- Copyright © Canadian Philosophical Association 1976
References
2 Greimas, A.J., Sémantique structurale, Paris, 1966, p. 10.Google Scholar
3 Ibid.
4 Par là, on évite le redoutable problème de la référence. Cf., sur le sujet Linsky, L., Referring, London 1967Google Scholar; traduit en français par Stern-Gillet, S., Devaux, Ph. et Gochet, P., sous le titre: Le problème de la référence, Paris, 1974Google Scholar. Par ailleurs, en ce qui concerne la métaphore, ce problème doit être élargi aux dimensions de celui que pose la référence de tout discours non descriptif. Cf. sur le sujet, Ricœur, P., «Métaphore et référence», septième etude de La métaphore vive, Paris 1975, pp. 273–321Google Scholar. On comprend alors que nous ne sentions pas le besoin d'en faire mention dans cet article qui porte spécifiquement sur la métaphore.
5 De ce fait, nous ne faisons pas, au sein de la langue, la distinction entre la langue comme sémiotique, où le mot est un signe dans le code lexical et la langue comme sémantique, où la phrase est le porteur de la signification complète minimale qu'emprunte P. Ricœur (La métaphore vive, pp. 8, 84, 88–100) à E. Benveniste («La forme et le sens du langage», dans Problèmes de linguistique générale, II, Paris 1974, pp. 215–229Google Scholar).
6 F. de Saussure, Cours de linguistique générale, éd. critique préparée par T. de Mauro, Paris, 1972, pp. 166–169.
7 Sur le sujet, cf. Baldinger, K., « Sémantique et structure conceptuelle », Cahiers de lexicologie, 8, 1966, pp. 3–46Google Scholar; B. Pottier, «Champ sémantique, champ d'expérience et structure lexicale», Zeitschrift für französische Sprache und Literatur, Probleme der Semantik), 1968, pp. 37–41; Trier, J., Der deutsche Wortschatz im Sinnbezirk der Verstandes. Die Geschichte eines sprachlichen Feldes, I, Von der Anfängen bis zum Beginn des 13ten Jahrhunderts, Heidelberg, 1931Google Scholar; «Das sprachliche Feld. Eine Auseinandersetzung», Neue Jarhbüch. f. Wiss. u. Jugendbildung, 10, 1934, pp. 428–449.Google Scholar
8 Cf. Hjelmslev, L., Prolégomènes à une théorie du langage, 1943, traduit du danois par U. Ganger, Paris, 1968Google Scholar. Ce type d'analyse a été repris, en français, notamment par Pottier, B., («Vers une sémantique moderne» Travaux de linguistique et de littérature, 1964, II 1, 1964, pp. 107–137)Google Scholar, et par Greimas, A.J., Sémantique structurale, Paris, 1966, pp. 5–54.Google Scholar
9 Voici ce que dit A.J. Greimas des sèmes: «Les éléments de signification (s1, s2) ainsi dégagés sont désignés par R. Jakobson comme traits distinctifs et ne sont, pour lui, que la traduction anglaise, retraduite en français, des éléments différentiels de Saussure. Par souci de simplicité terminologique, nous proposons de les appeler sèmes. » (Sémantique structurale, p. 22).
10 A.J. Greimas, Sémantique structurale, pp. 45–47.
11 Id., p. 44.
12 Id., p. 45.
13 Ibid.
14 Id., p. 51.
15 Cf. sur le sujet, Richards, I.A., The Philosophy of Rhetoric, Oxford, 1936 (1971)Google Scholar; Black, M., «Metaphor», Models and Metaphors, Ithaca, 1962, pp. 25–47Google Scholar; Beardsley, M., «The Metaphorical Twist», Philosophy and Phenomenological Research, 22, 1962, pp. 293–307CrossRefGoogle Scholar. Dans la IIIe étude de son livre, P. Ricœur passe en revue les textes de ces auteurs, et met en œuvre une analyse tout à fait remarquable de la tendance qu'ils représentent.
16 En ce qui concerne la poétique générale, cf. Cohen, J., Structure du langage poétique, Paris, 1966.Google Scholar
17 En ce qui concerne la rhétorique générale, cf. le groupe μ (Dubois, J., Edeline, F., Klinkerberg, J.M., Minguet, P., Pire, F., Trinon, H.), Rhétorique générale, Paris, 1970.Google Scholar
18 Genette, G., «Figures», dans Figures, I, Paris, 1966, p. 207.Google Scholar
19 Cf. J. Cohen, Structure du langage poétique, pp. 22–23.
20 Rhétorique générale, pp. 35–36.
21 Cette définition diffère sensiblement de la définition habituelle de ce genre de modifications dans le langage, en ce sens qu'elle insiste sur le remplacement de sens, plutôt que sur le remplacement de mot. Cette différence est essentielle. En insistant sur le remplacement de sens, on évite une confusion grave. En effet, étant donné que toutes les modifications sont introduites dans le langage par un remplacement de mot, définir les métasémèmes par un remplacement de mot mènerait à confondre ce type particulier de modifications dans le langage avec l'ensemble de ces modifications (comme le fait remarquer le groupe μ, Rhétorique générale, pp. 92–94).
22 Rhétorique générale, pp. 94–106.
23 P. Fontanier, (Les figures du discours, (éd. G. Genette), Paris, 1968, p. 77) déclare: « On peut distinguer les métonymies: — De la Cause pour l'Effet; — De l'Instrument pour la Cause active ou morale; — De l'Effet pour la Cause; — Du Contenant pour le Contenu; — Du lieu de la Chose pour la Chose même; — Du Signe pour la Chose signifiée; — Du Physique pour le Moral; — Du Maître ou Patron de la Chose pour la Chose même; — Enfin, de la Chose pour le Maître ou le Patron.” Et, pour une illustration de ces différentes espèces de métonymies, cf. op. cit., pp. 77–86.
24 Cette distinction a été proposée par Eco, U. («Sémantique de la métaphore», Tel quel, 55, 1973, pp. 25–46, et plus spécialement, p. 39)Google Scholar.
25 Cf. Jakobson, R., «Deux aspects du langage et deux types d'aphasie», Essais de linguistique générale, (trad, de N. Ruwet), Paris, 1963.Google Scholar
26 Par là, nous nous opposons radicalement au groupe μ, qui élabore une explication des métasémèmes fondée sur l'interaction de ces deux types de rapport. Pour le groupe μ, en effet, l'analyse sémique impliquée dans l'étude des métasémèmes se fonde sur une décomposition sémantique qui passe par le détour de l'objet et de son correspondant linguistique, le concept. Cependant, il faut remarquer qu'une telle décomposition sémantique s'avère très différente, selon qu'elle équivaut à l'analyse matérielle d'un objet ou à l'analyse notionnelle du concept qui lui correspond. Dans le premier cas, il s'agit d'une décomposition sur le mode Π, qui se fonde sur la conjonction, par exemple:
arbre = branche et feuilles et tronc et racines…
Et au niveau des sèmes, on peut dire que cette décomposition est distributive « dans le sens où les sèmes du tout sont distribués inégalement dans les parties (par ex. la nauticité du bateau subsiste dans le gouvernail, mais non dans la cabine)» (Rhétorique générale, p. 100). Dans le second cas, il s'agit d'une décomposition sur le mode 2 Σ, qui se fonde sur la disjonction, par exemple:
arbre = peuplier ou chêne ou saule ou bouleau…
Et au niveau des sèmes, on peut dire que cette décomposition est attributive, «chaque partie étant un arbre et possédant tous les sèmes de l'arbre plus des déterminants particuliers ». (op. cit.p. 100).
C'est done dans le cadre de ces deux modes de décomposition sémantique que sont mises en jeu les deux operations de suppression et/ou d'adjonction de sèmes qui, selon le groupe μ permettent d'expliquer l'ensemble des métasémèmes. Le résultat, tout à fait prévisible, de ces présuppositions théoriques réside dans le fait, que, pour le groupe μ la synecdoque devient le principe de l'explication de la métaphore et de la métonymie. Mais voyons, tout d'abord, comment le groupe μ rend compte de la synecdoque par des opérations de suppression et d'adjonction de sèmes. Comme, d'une part, il existe deux types de décomposition sémantique, sur le mode Π et sur le mode Σ, et comme, d'autre part, la synecdoque peut présenter deux formes, une forme généralisante (Sg) si elle va du particulier au général, et une forme particularisante (Sp) si elle va du général au particulier, il peut y avoir quatre types de synecdoque:
SpΠ par exemple, «cent voiles à l'horizon».
SgΠ par exemple, «l'homme prit une cigarette et l'alluma».
SgΣ par exemple, «le quadrupède dévora l'agneau».
SpΣ par exemple, «dehors nuit zoulou».
Dans le cas de la SgΠ et de la SgΣ, le groupe μ estime qu'il y a suppression de sèmes. On obtient homme en enlevant à main tous les sèmes qui s'y rattachent, sauf celui d'être une partie du corps humain. Et on obtient quadrupède en enlevant à loup tous les sèmes qui s'y rattachent, sauf celui relatif au fait qu'il possède quatre pattes. Par ailleurs, dans le cas de la SpΠ et de la SpΣ, le groupe μ estime qu'il y a adjonction de sèmes. On obtient voile (de bateau) en ajoutant le sème nauticité à voile (en général). Et on obtient zoulou en ajoutant à noir toute une série de sèmes qui réduisent l'extension de noir à un groupe humain bien défini de l'Afrique australe.
Certes, une telle explication des quatre grands types de synecdoque par une opération de suppression ou d'adjonction simple de sèmes ne paraît pas totalement invraisemblable. Cependant, elle est à la fois artificielle et secondaire. Artificielle, parce que ces operations de suppression et d'adjonction de sèmes ne sont pas senties. Et secondaire, parce que ces mêmes opérations ne prennent un sens que dans la perspective d'un rapport entre une totalité et ses parties et entre ces parties et la totalité qui les comprend. En effet, c'est ce type de rapport de voile avec bateau (SpΠ), d'homme avec main (SgΠ), de quadrupède avec loup (SgΣ) et de zoulou avec noir (SpΣ) qui rend possible le remplacement du second sémème par le premier. Le rapport sémique qu'en cherchant on peut discerner entre ces sémèmes ne se comprend que dans le cadre plus général du rapport sémantique entre ces mêmes sèmes: voilà d'ailleurs pourquoi le rapport sémique n'est pratiquement pas senti.
Il est bien évident que cet échec relatif à l'explication de la synecdoque va se répercuter au niveau de l'explication de la métaphore dans la mesure où le groupe μ rend compte de la métaphore in absentia (la métaphore in praesentia étant assimilée à une Sg (Σ ou Π) par un couplage de synecdoques (Sg + Sp)Σ et (Sp + Sg)Π. Ce qui revient à dire que la métaphore s'explique par des opérations de suppression et d'adjonction partielles de sèmes. Soit,
Sg = synecdoque généralisante
Sp = synecdoque particularisante
Σ = mode attributif
Π = mode distributif
D = terme de départ
A = terme d'arrivée
I = terme intermédiaire
Alors,
Dans cette perspective, la métaphore qui présente une jeune fille comme un bouleau résulte du couplage d'une synecdoque généralisante et d'une synecdoque particularisante de mode attributif.
Et la métaphore qui présente la veuve comme un bateau résulte du couplage d'une synecdoque particularisante avec une synecdoque généralisante de mode distributif.
En fait, on peut, à l'endroit de cette explication de la métaphore, inverser l'objection faite plus haut à l'explication de la synecdoque. Dans le cas de la métaphore, c'est le rapport sémique entre le terme d'arrivée et le terme de départ qui est déterminant, leur rapport sémantique s'avérant pratiquement inexistant même en postulant, entre eux, l'intervention d'un terme intermédiaire.
Cela dit, passons à l'explication de la métonymie qui, pour le groupe μ, est complémentaire de celle de la métaphore: «Pour nous référer à l'analyse logique de la métaphore, telle que nous l'avons faite plus haut, nous dirons que dans la démarche métonymique le passage du terme de départ (D) au terme d'arrivée (A) s'effectue via un terme intermédiaire (I) qui englobe A et D sur le mode Σ ou Π, c'est-à-dire via une classe non distributive. Nous avons donc les deux cas exclus de la démarche métaphorique soit SgΠ et SpΣ (op. cit., pp. 117–118). En faisant appel aux deux cas exclus de la démarche métaphorique (Sp + Sg)Σ et (Sg + Sp)Π, pour rendre compte de la métonymie, le groupe μ explique ce métasémème, en dernière analyse, par une opération de suppression-adjonction complète de sèmes: le caractère total de cette opération rendant impossible l'apparition d'une intersection où se retrouverai(en)t un ou plusieurs sème(s). Dans cette perspective, comme le fait remarquer le groupe μ «la métonymie repose sur le vide» (op. cit., p. 117). Aussi ne peutelle se fonder que sur la co-inclusion des termes (A) et (D), dans un terme intermédiaire (I) qui les englobe, même s'il y a inclusion commune des deux termes dans un domaine de semes dans le cas de la décomposition conceptuelle, et de parties dans le cas de la décomposition matérielle. Voici d'ailleurs l'exemple que donne le groupe μ d'une métonymie du second type: «À titre d'exemple, analysons la phrase «Prenez votre César» prononcée par un magister qui propose à ses élèves de continuer l'etude du De Bello Gallico. Le terme intermédiaire sera la totalité spatiotemporelle comprenant la vie du célèbre consul, ses amours, ses œuvres littéraires, ses guerres, son époque, sa ville. Dans cette totalité du type Π, Jules et son livre sont contigus.» (op. cit., p. 118) Ce qu'on pourrait illustrer ainsi.
Que penser de tout cela? En définitive, des trois explications de métasémèmes proposées par le groupe μ celle de la métonymie est la plus inacceptable, dans la mesure où elle ne fait appel à aucun des présupposés, sur lesquels doit reposer, en théorie, l'analyse des métasémèmes. D'une part, en effet, les termes impliqués dans une métonymie ne possèdent en commun aucun des rapports sémantiques que met en évidence une décomposition selon l'objet et selon le concept. Aussi devient-il très difficile de soutenir, comme le groupe μ, que dans le cas de la métonymie, il y a inclusion commune des deux termes dans un domaine plus vaste, qu'il s'agisse de sèmes dans le cas de la décomposition conceptuelle, ou de choses dans le cas de la décomposition matérielle. Car, en fait, cette conclusion équivaut à cette constatation: entre deux termes, il existe un rapport de contiguïté indéterminé. Et, pour des raison similaires, c'est-à-dire parce que métaphore et métonymie se fondent sur deux types de rapports radicalement différents nous ne pouvons accepter la solution de U. Eco («Sémantique de la métaphore», Tel quel, 55, 1973, pp. 25–46) qui explique la métaphore par une chaîne de métonymies.
27 Cf. sur le sujet, Brooke-Rose, Chr., A Grammar of Metaphor, London, (1958), 1965.Google Scholar
28 Id., ch. II, pp. 26–45.
29 Id., ch. III, pp. 46–67.
30 Id., ch. IV, pp. 68–104.
31 Id., ch. V, pp. 105–131.
32 Id., ch. VI, pp. 132–145.
33 Id., ch. VII, pp. 146–174.
34 Id., ch. VIII, sect. 1, pp. 175–178.
35 Id., ch. VIII, sect. 2, pp. 178–186.
36 Id., ch. VIII, sect. 3, pp. 186–191.
37 Id., ch. VIII, sect. 4, pp. 191–195.
38 Pour cette distinction, cf. op. cit., p. 148.
39 Ce qui va contre l'opinion de H. Konrad, (Étude sur la métaphore, Paris, 1958, ch. IX, pp. 208–9), qui soutient que les concepts de verbe et d'adjectif, notamment, sont simples, alors que les concepts de nom sont complexes (position qui est aussi celle de Chr. Brooke-Rose, A Grammar of Metaphor, pp. 208–9 et 238).
40 Aristote, Rhétorique, III, 2, 1405 a–b
41 Chr. Brooke-Rose, A Grammar of Metaphor, ch. IX, pp. 206–237.
42 Id., pp. 220–225.
43 Id., pp. 225–230.
44 Cf. note 39.
45 Chr. Brooke-Rose, A Grammar of Metaphor, pp. 238–249.
46 Id., pp. 238–239.
47 Id., ch. X, sect. 2, pp. 249–253.
48 Id., ch. X, sect. 3, pp. 256–258.
49 Id., ch. X, sect. 4, pp. 258–264.
50 Cette définition de la métaphore pose deux problèmes, relatifs à la co-possession de sèmes par deux sémèmes. Le premier de ces problèmes est relatif à la synecdoque particularisante ou généralisante de mode Σ, c'est-à-dire impliquant une totalité qui peut être soumise à une décomposition de mode attributif. Par exemple,
Il est bien évident que ce problème ne porte que sur la métaphore de nom, dans la mesure où il ne peut y avoir de synecdoque que de nom. Cela dit, on observe dans le type de totalité impliqué dans une synecdoque particularisante ou généralisante de mode Σ une co-possession de sèmes d'une part entre le sémème considéré comme cette totalité et les sémèmes qui constituent les parties de cette totalité. Comment, alors, ne pas voir une métaphore dans une synecdoque particularisante ou généralisante de mode Σ? La solution de ce problème réside dans la nature des sèmes possédés en commun par ces deux sémèmes impliqués l'un dans une métaphore et l'autre dans une synecdoque particularisante ou généralisante de mode Σ. Dans le second cas, entre le sémème considéré comme cette totalité et les sémèmes qui constituent les parties de cette totalité, ou, inversement, entre les sémèmes qui constituent les parties de cette totalité et le sémème considéré comme cette totalité, il y a co-possession de plusieurs sèmes nucléaires, alors que, comme nous l'avons vu, dans une métaphore, les deux sémèmes ne possèdent en commun, habituellement, qu'un (ou que quelques) sème(s) contextuel(s).
Voilà pourquoi, alors que, dans le cas de la synecdoque particularisante ou généralisante de mode Σ, l'écart est senti comme relatif à un rapport externe entre sémèmes, dans la métaphore, cet écart est senti comme relatif à un rapport interne. Cela dit, l'explication que nous venons de donner nous force à préciser, par ailleurs, les rapports entre synonymie et métaphore. En effet, la synonymie entre deux sémèmes peut se définir comme la co-possession par ces deux sémèmes de la presque totalité de leurs sèmes. Dans cette perspective, la métaphore non nominale qui se fonde sur la co-possession par deux sémèmes d'un ou de plusieurs sème(s) nucléaire(s) s'apparente à la synonymie. En fait, la synonymie apparaît, dans cette perspective comme une métaphore qui, à la limite, ne constitue qu'un écart imperceptible dans le langage.