La littérature de la Croix rouge est déjà considérable, bien qu'elle ne date que de 1863; mais c'est surtout depuis la guerre francoallemande de 1870–71 qu'elle s'est rapidement accrue. Or, par suite de cette extension, conséquence de celle de l'œuvre elle-même, les recherches étaient devenues fort difficiles dans la bibliothèque du Comité international, et il a fallu récemment en refondre le catalogue, en procédant à un nouvel arrangement des livres, brochures et manuscrits qu'elle renferme. Ce travail est maintenant achevé, et il n'est pas hors de propos d'en dire ici quelques mots.

Sollicité de prendre part cette année à l'Exposition universelle, quoique la Croix rouge n'y eût pas, comme aux expositions antérieures de Vienne et de Paris, une représentation collective, le Comité international ne s'y est pas refusé. Il a réuni pour cela toutes ses publications et a fait dresser un tableau synoptique, aussi clair que possible, du développement graduel de l'œuvre qu'il a fondée. Puis, s'attendant bien à ce que peu de visiteurs auraient le loisir d'étudier ces documents sur place, il a mis à la disposition du public un imprimé, reproduisant les mêmes indications bibliographiques et chronologiques, C'est cet imprimé, tel qu'il se distribue à Paris, que nous joignons à ces lignes.

Rechenschaftsbericht über die Thätigkeit des Karlsruher Männer-Hilfs-vereins während der Jahre 1874 bis incl. 1877, — Karlsruhe 1878, in-8, 27p.

L'Institut de droit international et le Comité central du Croissant rouge, par G. Rolin-Jæquemyns. (Extrait de la Revue de droit international.) — Gand 1878, in-8, 19 pages.

Les deux attentats abominables dirigés contre l'empereur Guillaume, ont donné au Comité central l'occasion d'envoyer des adresses de condoléances tant à S. M. l'empereur qu'à S. M. l'impératrice. S. M. l'impératrice y a répondu par la lettre suivante:

« Profondément touchée de la sympathie du Comité central, avec les sentiments duquel je confonds si complètement les miens, je le remercie pour l'expression de sa fidélité. Je suis trop émue pour en dire davantage. La seule joie que je ressente en ce moment est la démarche du Comité central en faveur des victimes survivantes de notre malheureux cuirassé, à laquelle je mempresse de prendre part.

Au moment de l'explosion d'une guerre, le patriotisme du peuple allemand, tel qu'il s'est manifesté jusqu'ici en faveur des blessés et des malades de l'armée, ne peut seconder efficacement l'administration militaire que si, d'une part les organes de la bienfaisance privée sont toujours informés promptement et exactement de la direction et de la manière suivant lesquelles leur activité sera la plus judicieuse, et si d'autre part la distribution des services et des dons librement offerts est régularisée, de façon à être dirigée vers les points désignés par les organes officiels.

Lorsqu'il devint vraisemblable que la guerre russo-turque allait éclater, le Comité central allemand, dans le sein duquel sont représentées toutes les sociétés de dames de la Croix rouge, se réunit pour délibérer sur les devoirs internationaux qui lui seraient imposés.

On se rappelait avec une vive reconnaissance les secours abondants que l'Allemagne reçut de la part des sociétés de la Croix rouge des nations neutres pendant la campagne de 1870–71, et la part importante de la Russie dans cette œuvre d'assistance internationale. La Turquie, elle aussi, avait contribué, pour 30,000 marks, à secourir les blessés allemands.

Le compte rendn publié par cette Association sur ses travaux pendant les années 1874–77 constate une diminution dans le nombre de ses membres (de 336 à 279); mais l'activité de l'Association ne s'est point ressentie de cette diminution du personnel. Le Conseil de direction a été porté de 8 à 11 membres, et toutes les sections ont été réunies, ensorte qu'aujourd'hui les assemblées générales s'occupent de tous les buts de l'Association:

10 Service sanitaire volontaire en temps de guerre et en temps de paix;

20 Hygiène publique;

30 Utilité publique en général;

40 Secours en cas de détresse.

Les assemblées générales annuelles ont donné lien à d'intéressantes discussions sur ces divers sujets; la situation financière de l'Association est bonne.

Le Comité central de la Société nationale belge de la Croix rouge vient d'avoir connaissance de la circulaire que le Comité international de Genève vous a adressée, à la date du 22 décembre 1877, à la demande de l'Association belge de secours aux militaires blessés en temps de guerre.

Le fond et la forme de cette circulaire l'ont vivement étonné, et il a vainement cherché à en saisir le véritable objet et surtout l'opportunité.

Dans l'assemblée générale ordinaire tenue le 26 avril dernier, le Comité central de Copenhague a présenté son deuxième rapport annuel, dans lequel il annonce d'abord l'honneur que Sa Majesté le Roi a fait à la Société en la prenant sous sa haute protection. Ce rapport se divise en deux parties, la première relative aux secours envoyés par la Société sur le théâtre de la guerre, la seconde traitant du service des infirmières dans le pays.

Le 26e Bulletin de la Société française de secours aux blessés des armées de terre et de mer renferme le compte rendu qu'a présenté Mgr le duc de Nemours, président, sur les opérations de cette Société pendant l'année 1877.

Après un juste hommage rendu à la mémoire de M. le vicomte Armand de Melun, vice-président de la Société, un homme de dévouement et de bonne volonté qui s'était donné cette devise et qui s'y montra toujours fidèle: « Consacrer toute ma vie, mes forces et mou temps à faire tout le bien qui sera en mon pouvoir,» M. le président a parlé de la distribution des secours en France et de la part que la Société a prise dans l'assistance des blessés de la guerre d'Orient; il a donné quelques détails sur le développement du matériel de la Société et sur la participation qu'elle comptait prendre à l'Exposition universelle; il a enfin signalé les progrès de l'organisation départementale et la publication d'un règlement pour le fonctionnement des sociétés de secours, que nos lecteurs liront plus loin et qui lui paraît destiné à donner un nouvel essor à la Société.

Sur le rapport du Ministre de la guerre et du Ministre de la marine et des colonies;

Vu le décret du 23 juin 1866, reconnaissant comme établissement d'utilité publique la Société de secours aux blessés des armées de terre et de mer;

Vu le décret du 31 décembre 1870, relatif à la même Société;

Le Conseil d'Etat entendu,

Décrète:

Art. 1er. La Société française de secours aux blessés des armées de terre et de mer est autorisée, en temps de guerre: 10 à créer sur les derrières des armées, dans les régions qui lui sont désignées par le Ministre de la guerre ou les généraux commandant en chef, suivant le cas, des établissements hospitaliers destinés à recevoir des blessés et des malades appartenant aux armées; 20 à prêter, dans les conditions indiquées au présent règlement, son concours au service des ambulances d'évacuation et des ambulances de gares. Ce concours ne peut être étendu aux ambulances actives des armées qu'en cas d'insuffisance des moyens dont dispose l'administration de la guerre et sur autorisation spéciale du Ministre, où, en cas d'urgence, des généraux commandant en chef.

Des conférences privées, analogues à celles qui ont eu lieu à Vienne pendant l'Exposition de 1873, et dont MM. les docteurs Wittelshöfer, Mundy et Billroth avaient pris l'initiative et la responsabilité, viennent d'être convoquées à Paris. M. le Dr Ricord et M. le comte Sérurier, qui en sont les promoteurs, ont publié récemment la circulaire suivante, et l'ont adressée individuellement aux personnes qu'ils ont pu croire disposées à l'acueillir avec sympathie:

Paris, le 22 juin 1878.

Monsieur,

A diverses époques depuis douze ans, pendant des Expositions universelles, des études comparatives ont été faites, afin de rechercher les meilleurs moyens de secours et, de soulagement pour les blessés et les malades des armées de terre et de mer en campagne.

Une correction est à faire au résumé que nous avons donné d'un discours prononcé par M. John Furley dans un meeting de l'Ordre de St-Jean de Jérusalem. M. John Furley n'a pas dit que la Société nationale de secours aux blessés avait été subventionnée par l'Etat, mais qu'elle avait reçu l'assistance morale du gouvernement.

La troisième série des lettres relatives aux opérations de la Société nationale sur le théâtre de la guerre d'Orient commence le 22 novembre 1877 et va jusqu'à la fin de mars 1878; elle est aussi considérable à elle seule que les deux précédentes réunies, mais comme les détails qu'elle renferme n'offrent plus, après la cessation des hostilités, qu'un intérêt assez rétrospectif, il nous sera permis de les résumer à très-grands traits.

Dans les premiers jours de mai, la Société grecque de la Croix rouge adressait au Comité international de Genève et à l'Agence internationale de Trieste d'intéressantes communications, au sujet de l'activité qu'elle avait à déployer à l'égard des réfugiés chrétiens des provinces turques. En voici un extrait:

« Le nombre des réfugiés chrétiens des provinces limitrophes et de Candie, arrivés jusqu'à présent sur notre territoire, s'élève à plusieurs milliers. La plupart viennent de Thessalie, et, d'après de récentes informations, il y en a trente mille environ de cette province.

Le 13e compte rendu de la Société mecklembourgeoise, pour l'année allant de juin 1876 à juin 1877, annonce une diminution des membres de l'Association (de 521 à 482).

Pendant cette année, l'Association a contribué, soit au moyen de ses propres fonds, soit au moyen de collectes, aux secours réclamés par les victimes de la guerre d'Orient. Elle a, de plus, fait un don en argent à la fondation Bethléem, à Ludwigslust.

L'embarquement des blessés sur les navires offre de sérieuses difficultés, quand le peu de profondeur de l'eau exige un transbordement. Tel est le cas qui s'est présenté dans la guerre d'Atchin.

Lors de la première expédition, on y employa des chaloupes ordinaires de la marine militaire ou marchande, pour transporter des blessés de la plage aux vaisseaux obligés de stationner au large; mais les inconvénients de ce procédé se révélèrent immédiatement.

Dans une circulaire en date de La Haye le 30 avril 1878, le Comité central de la Société néerlandaise reproduit le rapport qui lui a été adressé par M. Gillot, président du Comité hollandais de Saint-Pétersbourg, sur l'ambulance que ce dernier avait envoyée dans le Caucase.

En l'absence de communications officielles directes sur les derniers travaux de la Société russe, nous donnerons quelques extraits des feuilles russes qui sont en rapports journaliers avec le Comité central de cette Société.

Voici d'abord des renseignements très-complets sur les travaux du Comité de l'arrondissement du Caucase, qui a opéré pendant toute la durée des hostilités d'une manière tout à fait indépendante, vu son éloignement du siège du Comité central.

Nous avons reçu les derniers numéros d'une publication qui, sous le titre de Flugblatt über die evangelische Kriegslazareth, rédigée par M. le pasteur Dalton, de St-Pétersbourg, est l'organe d'une société qui s'est formée en Russie au moment de la déclaration de guerre. Les premiers numéros n'ont pu nous être envoyés, parce qu'ils out été bientôt épuisés, mais ceux qui nous sont parvenus nous apprennent que le Lazaret évangélique fut d'abord établi à Kalaraph, en Valachie, puis transféré à Sistowa, en Bulgarie, où il-fut ouvert le 15 juillet 1877. M. le pasteur Dalton nous fait suivre jour par jour et pas à pas les personnes dévouées, pleines d'activité et de zèle, de bienveillance et de bonne volonté, que la Société au nom de laquelle il s'exprime a envoyées au loin exercer les devoirs de la charité.