L'affinage traditionnel des huîtres creuses, pratiqué dans lesclaires ostréicoles de la façade Atlantique française, est soumis auxfluctuations des facteurs environnementaux. Un procédé d'affinagecontrôlé en terme de matières organique et inorganique particulaires(MOP et MIP) et de température a étédéveloppé afin de réduire la variabilité de croissance de lachair des huîtres. Cet élevage intensif repose sur la production de ladiatomée Skeletonema costatum, distribuée aux huîtres avecune concentration moyenne de 4–5 mg deMOP·L–1. Un modèle écophysiologique del'huître Crassostrea gigas, simulant les croissances du soma et desréserves–gonades, a été appliqué aux conditions d'affinagecontrôlé dans le but d'analyser les réponses du bivalve. Sonélaboration a nécessité un retour à l'expérimentation. Deuxfonctions d'alimentation ont été étudiées au laboratoire : lafiltration et la production de pseudofèces, intervenant dans la régulationde l'ingestion. Les résultats, pour une température de 14 °C, etpour une gamme de MOP et de MIP variant respectivement de 4 à18 mg·L–1 et de 15 à55 mg·L–1, montrent que l'ingestion est réguléepar la production de pseudofèces, la filtration ne présentant pas devariation significative (moyenne de2,09 ± 0,11 L·h–1·g–1, avec un taux d'activité de 59%). Cette production de pseudofèces, quiengendre une augmentation de la fraction organique ingérée par lemécanisme de sélection pré-ingestive, permet de compenser lavariabilité des concentrations en MIP. Des simulations ont permisd’analyser les effets négatifs de ce facteur environnemental sur lacroissance du bivalve. Il apparaît alors que la ration utilisée en affinagecontrôlé (4–5 mg de MOP.L–1) permet unecroissance en chair sèche malgré des concentrations simuléesatteignant 50 mg·L–1 de MIP. Lors del'élaboration du modèle pour les conditions spécifiques àl'affinage contrôlé, la gamétogenèse est apparue comme unprocessus déterminant pour la répartition de l'énergie chez lebivalve.