La diversité spécifique est généralement considérée comme un facteur-clé de la résilience des écosystèmes en réponse à la pression anthropique et notamment à la pression de pêche. Dans cet esprit, on analyse ici l’impact de la pêche sur la diversité spécifique, à partir du cas des ressources démersales côtières de Guinée. Celles-ci ont la particularité d’avoir subi récemment un très rapide et important accroissement de la pression de pêche. En une quinzaine d’années, on est ainsi passé d’une situation dans laquelle les ressources démersales étaient considérées comme étant « à l’état vierge », à une surexploitation globale. Cette évolution mérite d’être considérée comme un « modèle accéléré » de l’histoire d’une exploitation. L’analyse se fonde sur les données de 18 campagnes scientifiques de chalutage démersal effectuées dans la zone côtière guinéenne entre 1985 et 1992. Le niveau de diversité spécifique, par campagne ou par trait de chalut, est quantifié par des indices synthétiques : la richesse spécifique, la diversité de Shannon et l’équitabilité. Les indices par trait de chalut sont analysés par les méthodes de modélisation en analyse de variance, afin de dégager une évolution temporelle des indicateurs. Les diagrammes rang/fréquence de chaque campagne sont également établis. On montre que les indices de diversité et d’équitabilité restent sensiblement constants, alors que l’abondance et la richesse spécifique diminuent significativement au cours de la période. Les espèces les moins abondantes et particulièrement des espèces de la communauté à Sparidés, tendent ainsi à disparaître des prélèvements. Enfin, l’année 1989 présente des indices de diversité faibles, liés à des conditions environnementales favorables pour certaines espèces entraînant un recrutement exceptionnel de celles-ci. La pertinence des indices utilisés est discutée.