Jusqu'à une époque récente, deux attitudes se partageaient le vaste monde des islamisants, islamologues, spécialistes de l'Islam : celle de l'orientaliste, engagé dans l'étude d'une structure culturelle-religieuse étrangère, celle du musulman lié par sa foi et son appartenance culturelle. Le premier était distant, quelquefois hostile, le second, collant entièrement à un monde menacé par le regard de l'Autre, versait dans l'apologétique ou la mythologisation. L'un et l'autre référaient à un Islam normatif, statique, soustrait à l'évolution historique, aux forces matérielles, aux déterminismes géopolitiques comme à la dialectique sociale.