La distance à l'objet d'étude étant de règle dans le travail historique autant que l'implication, les hommes ne devraient pas être disqualifiés pour étudier les femmes et même la génitalité féminine, non plus que les femmes pour étudier les hommes. Ce sont des hommes qui, en fait, ont conduit les éditions, traductions et études des textes anciens concernant la vie génitale de la femme, ou la reproduction en général. J'ai lu le livre de R. Joly, Le niveau de la science hippocratique, bien avant de lire les traités cnidiens sur les femmes. Pour R. Joly, un des critères de non-scientificité des traités est l'explication animiste de toutes les maladies féminines par les mouvements d'une matrice personnifiée. Je suis entrée avec confiance dans cette vue et j'ai cru, avec R. Joly, que les hommesmédecins de l'Antiquité écrivaient sur le corps féminin des absurdités déduites de leurs théories. Ma première lecture des livres De la nature de la femme, Des maladies des femmes, Des femmes stériles, dans la traduction d'É. Littré, s'est faite dans cette perspective.