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Vieillir à Florence au Quattrocento1

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

David Herlihy*
Affiliation:
University of Wisconsin, Madison

Extract

Dans la distribution de la fortune, la jouissance des privilèges ou l'exercice du pouvoir, de larges contrastes caractérisaient les sociétés italiennes du Moyen Age et de la Renaissance. A un seul égard, pourtant, ainsi que les moralistes de l'époque ne cessaient de le rappeler, tous les hommes étaient égaux : tous vieillissaient. Selon les termes de Bernardin de Sienne, ils avançaient tous ensemble vers cet état de vieillesse que tous souhaitaient atteindre et qu'ils déploraient tous quand il fondait sur eux. Alberto Tenenti a montré comment l'art, à la fin du Moyen Age surtout, exprime une conscience aiguë de l'écoulement du temps et de l'approche inexorable de la mort. Les écrivains du Moyen Age ou de la Renaissance nous ont transmis en grand nombre leurs commentaires ou leurs conseils sur l'expérience du vieillissement et sur les âges de la vie que les hommes doivent traverser.

Type
Structures et Comportements Démographiques
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1969

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Footnotes

1

Une première version de cet article a été lue à la séance annuelle de la Mediaeval Academy of America, en décembre 1968, lors du congrès de l'American Historical Association à New York. L'auteur désire exprimer sa gratitude à l'American Council of Learned Societies qui, en lui accordant une bourse, lui a permis de travailler dans les archives florentines en 1966 et 1967. Il est heureux également de remercier le docteur Conalee Levine-Shneidman, de New York, d'avoir bien voulu discuter avec lui des diverses interprétations d'ordre psychanalytique qu'on peut donner des pratiques éducatives des Florentins.

References

page 1338 note 2. S. Bernardin! senensis Opéra omnia, VII (Florence, 1959), p. 253. « Hue maxime anhelabas, hue pervenire optabas, hue non posse pertingere formidabas; quo, cum perveneris, ingemiscis… Senes fieri volunt omnes, senex esse vult nemo. » Sur Bernardin de Sienne, que nous citerons souvent dans cet article, et sur ses opinions concernant la société, cf., tout récemment. Origo, Iris, The World of San Bernardino(Londres, 1963 Google Scholar). Sur le processus du vieillissement pendant la période de la Renaissance et sur l'arrivée précoce de la vieillesse, cf. les commentaires récents de Gilbert, Creighton, « When Did a Man in the Renaissance Grow Old ? », Studies in the Renaissance, XIV (1967), pp. 732 CrossRefGoogle Scholar.

page 1338 note 3. Il senso délia morte e l'amore delta vita net Rinascimento (Francia e Italia), Turin, 1957.

page 1338 note 1. Convivio, IV, XXIV. Le opère di Dante. Testo critico délia Société Dantesca Italiana (2e éd.; Florence, 1960). pp. 279-293.

page 1339 note 2. La distinction de Dante entre quatre « âges de l'homme » analogues aux saisons de l'année est la plus simple des diverses conceptions traditionnelles concernant les périodes de la vie. Pour d'autres divisions, cf. par exemple la Somme de Vincent de Beauvais, au XIIIe siècle : Vincentius Bellovacensis. Spéculum naturale (Graz, 1964), Livre 31, chap. 75, pp. 2348-2349, « De gradibus aetatum. » Suivant Isidore de Séville, Vincent reconnaît six âges : infantia (jusqu'à sept ans) pueritia (jusqu'à quatorze ans), adolescentia (jusqu'à vingt-huit ans), iuventus (jusqu'à cinquante ans), gravitas (jusqu'à soixante-douze ans), et senium (jusqu'à la mort). Vincent cite également la division d'Avicenne en quatre âges : adolescentia (jusqu'à trente-deux ans), aetas pulcritudinis (de trente-cinq à quarante ans), senectus (à soixante ans) et senium. Pour une expression plus populaire de cette notion des quatre âges de l'homme, cf. le chant de carnaval d'Antonio Alamanni, « Trionfo dell’ età dell’ uomo », Canti carnascialeschi del Rinascimento. éd. Charles S. Singleton (Scrittori d'Italia, 159; Bari, 1936), p. 240. Le Moyen Age et la Renaissance nous ont aussi laissé une riche tradition de littérature médicale, distribuant des conseils sur la manière de retarder la déchéance physique due à l'âge. Cf., par exemple, Fratris Rogeri Bacon De retardatione accidentium senectutis cum aliis opuscu/is de rébus medicinalibus, éd. A. G. Little et E. Withington (British Society of Franciscan Studies, Publications, 14; Oxford, 1928); Arnaldus OF Villanuova, The Conservation of Youth and Défense of Old Age. trad. de Jonas Drummond (Woodstock, Vt., 1912); et, pour le XVe siècle, Ficin, Marsile De vita libri très (Marsilio Ficino florentino Opéra omnia. I, Turin, 1958, pp. 491547 Google Scholar). Peutêtre le plus célèbre des traités de la Renaissance consacrés au vieillissement est-il l'essai rédigé au XVIe siècle par Alvise Cornaro, Discorsi intorno alla vita sobria, éd. Pietro Pancrazi (Florence, 1946). Cornaro soutenait (p. 80) que cent ans marquaient le terme naturel de la vie; mais il déclarait aussi (p. 31 ) que la vie dissolue qu'ils menaient usait la plupart des hommes et les rendait décrépits avant quarante ans, envisageant avec épouvante la venue de la vieillesse.

page 1339 note 3. Parmi les plus anciens estimi qui aient survécu, citons ceux de Pérouse, d'Orvieto, de Prato et de Macerata dans les Marches, qui datent de la fin du XIIIe siècle. Sur la nature du système d'imposition directe auquel répondaient ces relevés, cf. E. Fiumi, « L'imposta diretta nei comuni medioevali délia Toscana », Studi in onore di Armando Sapori, I (Milan, 1957, pp. 329-353, et D. Herlihy, « Direct and Indirect Taxation in Tuscan Urban Finance, circa 1200-1400” Finances et comptabilité urbaines du XIIIe au XVIIe siècle (Bruxelles, Centre « Pro Civitate », 1964), pp. 385-440. Sur les relevés fiscaux de Pérouse, cf. G. Mira, « I catasti e gli estimi perugini del XIII. secolo », Economia e Storia, I (1955), pp. 76-84. Pour Orvieto, cf. Carpentier, E., Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348(Paris, 1962 Google Scholar), p. 16, et G. Pardi « Il catasto d'Orvieto dell’ anno 1292 », Bollettino délia Société Umbra di Storia Patria, Il (1896), pp. 255-320. Sur Macerata, R. Foglietti, Il catasto di Macerata del 1268 (Macerata, 1881), Sur Florence, Sienne et d'autres villes toscanes, cf. les références citées par C. Klapisch. « Fiscalité et démographie… », supra, pp. 1314, note 1, 1315, notes 6 et 8, 1316, note 3.

page 1339 note 1. Le Catasto enregistre 1 005 enfants de moins d'un an. Entre juillet 1427 et juin 1428, 785 nouveaux bébés furent ajoutés aux déclarations, mais cette liste ne comprend certainement pas tous les nouveau-nés de 1427-1428.

page 1340 note 2. Sur les 9 836 feux de la cité, 4 137 (soit 42,1 %) étaient propriétaires de leur résidenceet 4 211 (42,8 %) locataires. Les 15,1 % restants ne l'identifiaient pas et beaucoup, sans doute, devaient habiter dans la maison d'un tiers.

page 1341 note 1. Les enfants nés en 1426-1427 avaient en moyenne 2, 2 frères et soeurs aînés de moins de quinze ans; ceux qui furent ajoutés aux déclarations en 1427-1428 en comptaient 2,5.

page 1341 note 2. Des 472 feux jouissant d'une assiette fiscale de plus de 3 200 florins, une fois les déductions faites, 108, soit 22,9 %, comprenaient plus d'un noyau familial. En revanche, 180 seulement des 3 081 feux sans fortune imposable (soit 5,8 %) reposaient sur plus d'une famille. La taille « fiscale » des ménages les plus riches, 6,7 personnes en moyenne, représentait aussi près du double de celle des plus pauvres, qui comptaient en moyenne 3,4 personnes. Cependant, ces ménages multiples citadins qui paraissent plus fréquemment dans les classes riches que chez les pauvres restent encore relativement rares même chez les premiers, surtout si on compare leur fréquence à celle des ménages multiples ruraux. En outre, ils ne semblent caractériser que les niveaux les plus élevés de la société. Parmi les ménages dont l'assiette fiscale allait de 801 à 1 600 florins, 90 % étaient fondés sur un seul noyau familial, et 86 % entre 1601 et 3 200 florins. La plupart des enfants, même dans les classes riches, grandissaient donc dans des foyers composés d'un seul couple marié.

page 1341 note 3. A Arezzo, en 1427, comme à Florence, à peine un ménage sur dix comprenait plus d'un noyau familial, mais, dans la campagne d'Arezzo, un sur cinq appartenait à cette catégorie. Les ménages à un seul noyau familial n'englobaient que 19 % des habitants de la ville d'Arezzo, mais 35 % de la population rurale; cf. Christiane Klapisch, « Fiscalité et démographie : Toscane, 1427 », supra, p. 000.

page 1341 note 4. L'âge moyen auquel les mères donnaient naissance à ces enfants doit évidemment être légèrement abaissé au-dessous de 26,5 ans, puisque le Catasto enregistre les âges maternels quand les enfants ont déjà quelques mois. Quant aux 785 nouveau-nés ajoutés en 1427-1428, l'âge moyen de la mère atteint 25,6 ans — âge qui doit, inversement, être légèrement augmenté, puisque l'enregistrement des âges maternels s'est fait quelques mois avant la naissance.

page 1341 note 5. En raisonnant sur le nombre de nouveau-nés pour 1 000 femmes mariées, on en compte 276 pour les femmes entre dix-huit et vingt-deux ans; 261 pour celles entre vingt-trois et vingtsept ans; 205 entre vingt-huit et trente-deux ans; 156 entre trente-trois et trente-sept ans; 73 entre trente-huit et quarante-deux ans, et 29 entre quarante-trois et quarante-sept ans.

page 1342 note 1. Maphei Vegii laudensis De educatione liberorum et eorum Claris moribus libri sex, éd. Soeur Maria Walburg Fanning et Soeur Anne Stanislaus Sullivan (The Catholic University of America, Studies in Médiéval and Renaissance Latin, 1 ; Washington, D.C., 1933-1936), p. 19 : « quare recte maiores nostri feminas non ante octavum et decimum, viros vero sextum et tricesimum annum, conubio iungendos esse censuerunt ».

page 1342 note 2. « Libri délia famiglia », in Opère volgari, éd. C. Grayson (Scrittori d'Italia, 218; Bari, 1960), p. 216. « Perché a me parea non piccolo incarico provedere aile nécessita entro in casa, bisognando a me non raro avermi fuori tra gli uomini in maggiori faccende… guadagnare e acquistare di fuori, poi del resto entro in casa quelle tutte le cose minori lascialle a cura délia donna mia… a me parrebbe ancora biasimo tenermi chiuso in casa tra le femine… »

page 1342 note 3. Le calcul de l'espérance de vie fondé sur un seul recensement n'atteindrait quelque précision que si les taux de natalité et de mortalité restaient stables et invariables et si l'immigration ou l'émigration ne faisaient pas gagner ou perdre des membres à la population. Le chiffre de dixsept années n'est donc qu'une approximation grossière. Dans un avenir plus ou moins proche, il devrait être possible, en s'aidant des recensements florentins dressés plus tard durant le XV siècle, d'estimer de façon plus sûre et plus précise l'espérance de vie.

page 1342 note 4. Symonds, Cf. J . A., Renaissance in Italy. Italian Literature. I (New York, 1888) p. 389 Google Scholar

page 1343 note 1. La mortalité des femmes en couches pose le difficile problème de ses effets sur la famille florentine. On peut supposer que des décès de ce type survenaient fréquemment mais les moyens font défaut pour les compter avec précision et juger des dangers de l'accouchement au Quattrocento. Quelques faits certains, pourtant : la plupart des maris qui perdaient leur femme se remariaient vite, puisque la population comptait si peu de veufs. 2,7 % seulement de la population masculine totale étaient certainement des veufs; les chiffres correspondants pour les femmes sont de 17,4 %. Les veufs qui se remariaient marquaient leurs préférences pour des épouses plus jeunes, ce qui semble montrer l'accroissement de l'écart d'âge entre époux en fonction de l'âge du mari, dans l'ensemble de la population. Ainsi les maris ayant de vingt-huit à trente-deux ans n'étaient âgés que de 8,2 années de plus que leurs femmes, mais ceux qui appartenaient au groupe d'âges de cinquante-huit à soixante-deux ans, étaient séparés de leurs femmes par 16,1 années en moyenne. Le décès des femmes en couches et le remariage de leurs maris tendaient par conséquent à aggraver plutôt qu'à réduire le trait le plus frappant de la famille florentine : le grand écart d'âge entre époux.

page 1343 note 2. « Libri délia famiglia », Opère volgari, op. cit., p. 219. « Solo e’ libri e le scritture mei e de’ miei passati a me piacque e allora e poi sempre avère in modo rinchiuse che mai la donna le potesse non tanto leggere, ma ne vedere… »

page 1343 note 3. Regola del governo di cura familiare compilata dal Beato Giovanni Dominici fiorentino éd. Donato Salvi (Florence, 1860); trad. angl. de A. B. Coté, On the Education of Children (Washington, D.C., 1927).

page 1343 note 4. Les oeuvres pédagogiques de tous ces écrivains sont discutées par Augustin RôSler, Erziehungslehre und die ùbrigen pàdagogischen Leistungen italiens im 15. Jahrhundert (Freiburg im Breisgau, 1894). Cf. également Woodward, William H., Vittorino da Feltre and Other Humanist Educators(Cambridge, 1897 Google Scholar). Pour Savonarole, cf. « De la vie des veuves (Libro délia vita viduale) », OEuvres spirituelles choisies de Jérôme Savonarole, éd. E. C. Bayonne (3 vol. ; Paris, 1879-1880), II, pp. 5-51. De Pontano, cf. le poème latin, « Ad uxorem de liberis educandis », loannis loviani Pontani Carmina, ecloghe, elegie, liriche, éd. Johannes Oeschger (Scrittori d'Italia. 198; Bari, 1948), pp. 144-147.

page 1344 note 1. Rôsler, Erziehungslehre, op. cit., p. 103.

page 1344 note 2. Cura familiare, op. cit., p. 151. « Or corne ben guadagni e lavori, tutto ‘I d! tenergli in collo, baciargli, e con la lingua leccare, cantare lor canzone, narrare bugiarde favole, far paura con trentavecchie, ingannare, con essi fare a capo nascondere, e tutta sollecitudine porre in fargli belli, grassi, lieti, ridenti e secondo la sensualité in tutto contenti ? »

page 1344 note 3. Prediche volgari di San Bernard/no da Siena, éd. Luciano Banchi, III (Sienne, 1884), p. 360. « Oh oh, oh, se v'è la suocera, non te ne vo’ dire nulla : tu tel sai in ogni modo ! Poca pace… »

page 1345 note 1. Cura familiare, op. cit., p. 146. « Comperandoli la spaduccia, o vero la daga, sarà nato a’ soldati. » Ibid., p. 180 : « E se dicessi : pure la repubblica ha di ciô bisogno, dico ch'ella ha bisogno di manigoldi, e l'universo ha bisogno di demoni che tormentino i dannati… »

page 1345 note 2. Aegidii romani archiepiscopi biturisensis ordinis fratrum eremitarum sancti Augustin/', De regimine principum libri III ad Francorum regem Philippum llll cognomento pulchrum (Rome, 1556), p. 334. Gilles veut bien concéder, cependant, que les hommes de la ville font de meilleurs chefs militaires grâce à leur intelligence plus grande.

page 1345 note 3. Cura familiare, op. cit., pp. 149-151.

page 1345 note 4. Il Cortegiano, III, cap. 52. « …non vedete voi che di tutti gli esercizii graziosi e che piaceno al mondo a niun altro s'ha da attribuire la causa, se aile donne no ? chi studia di danzare e ballar leggiadramente per altro che per compiacere a donne? chi intende nella dolcezza délia musica per altra causa che per questa ? chi a compor versi, almen nella lingua vulgare, se non per esprimere quegli affetti che dalle donne sono causati ? » Opère di Baldassare Castiglione, Giovanni délia Casa, Benvenuto Cellini, éd. Carlo Cordié (La Letteratura Italiana, Storia e Testi, 27; Milan et Naples, 1960), p. 203.

page 1346 note 1. Entre juillet 1427 et juin 1428, 73 filles dont l'âge est indiqué sont barrées de la déclaration de leur père et reportées sur celle de leur mari. Le fait qu'elles aient encore été placées sous l'autorité paternelle et qu'on ne les gratifie pas du titre de « Mona » montre qu'il s'agit de leur premier mariage.

page 1346 note 2. Le Catasto n'indique presque jamais de façon explicite le statut matrimonial des hommes, que nous devons déduire de la présence d'une femme ou d'enfants dans le ménage.

page 1346 note 3. L'âge moyen des 76 fiancés dont l'âge est rapporté, atteint 33,9 années. L'âge moyen de leurs épouses (comprenant, ici, des veuves se remariant) est de 20,3 années et l'écart d'âge entre époux égal à 13,6 années.

page 1346 note 4. Dans les 6110 couples où nous connaissons l'âge des deux partenaires, le mari est plus âgé que sa femme de 12,7 années en moyenne.

page 1346 note 5. Sur 6110 femmes mariées, 5 896 sont plus jeunes que leurs maris, 80 ont le même âge et 135 sont plus âgées.

page 1346 note 6. Dans le groupe d'âges de quarante-huit à cinquante-deux ans, 717 des 859 hommes, soit 83,5 %, sont mariés et 42 (4,9 %) certainement veufs. Des 100 autres (11,6 %), on ne connaît donc pas le statut matrimonial, qu'ils soient veufs sans enfant, ou, plus vraisemblablement célibataires définitifs.

page 1346 note 7. Opère volgari, op. cit., p. 109. « A tutti prima che XXV (anni) pare che sia dannoso accostare la gioventù volenterosa e fervente a simile opéra, ove ella spenga quella vampa e calore délia età, più atto a statuire e confermare se stessi che a procreare altrui. »

page 1346 note 8. Le satire di Lodovico Ariosto, éd. Cirillo Berardi (Campobasso, 1918), Satira V, lignes 187-189, p. 127. « Di dieci anni o di dodici, se fai / Per mio consiglio fia di te minore, / Di pari o di più età non la tor mai… », et lignes 193-195, « Perô vorrei che ‘I sposo avesse i suoi / Trent’ anni quella età che ‘I furor cessa, / Presto al voler, presto al pentirsi poi ».

page 1347 note 1. Novelle di Pietro Fortini senese, éd. T. Rughi (Milan, 1923), p. 133. « Ma io di ciô non m’ maraviglio, perché non hanno ancora fermo il cervello, perché fino a tanto che l'omo non passa trenta anni non è in perfetta età; perô una donna non deverebbe mai eleggersi per suo amante un simil giovinastro… Ma un giovine di trenta fino a quaranta se s'abbatte al’ amore d'una fanciulla Io serva fino che gli ha vita… »

page 1347 note 2. Giovanni di Pagolo Morelli, Ricordi, éd. Vittore Branca (Florence, 1956), p. 207, « Ma abbi riguardo di non ti disavvantagiare perô pell’ affrettarti : vo’ dire che se tu pensassi per indugiarti insino in trenta anni avère migliorato tuo istato in che che atto si fusse, per modo da valerne molto di meglio, indugia… ».

page 1347 note 3. Paradiso, chant XV, v. 103-105. « Non faceva, nascendo, ancor paura / la figlia al padre; chè ‘I tempo e la dote / non fuggian quinci e quindi / la misura. »

page 1347 note 4. Giovanni Morelli presse ses descendants de bien considérer que leurs filles ne sont pas faites pour le mariage avant l'âge de quinze ans. Ricordi, op. cit., p. 207. « Se lasci fanciulle femmine, fa ch'elle non si maritino se non hanno anni quindici compiuti… »

page 1348 note 1. Opéra omnia, op. cit.. Il, pp. 82-83. « Similiter multi parentes, qui non valent immensas dotes tradere filiabus, in domo stériles, non propter Deum, retinent illas, et utinam virgines et pudicas I Et quod crudelius est, si quando très vel quatuor filias habent, ad vota non valantes dotare illas, unam vel duas formosiores cum dotibus maximis nuptui tradunt; reliquas vero, quandoque distortas, claudas seu caecas sive quocumque modo déformes, quasi spumam vel vomitum saeculi, monasterio tradunt; illas, utinam Domino, non diabolo dedicantes ! »

page 1348 note 2. Canti carnascialeschi, éd. cit., p. 44, n° 33. « Siamo state in penitenza, / in digiunie in affanni; / avam poca conoscenza /quand’ entrammo in questi panni : / or che siam mature d'anni / conosciamo il nostr’ errore… / Maladisco il padre meo / che cosi tener mi vuole ! »

page 1348 note 3. 86 d'entre eux étaient veufs. Mais, comme nous l'avons mentionné plus haut, n. 2, p. 1346, il est malheureusement impossible de distinguer les veufs sans enfant des célibataires; cependant le premier de ces groupes ne pouvait qu'être réduit.

page 1348 note 4. Opéra omnia, op. cit.. Il, p. 83. « … solutis iuvenibus atque viris nec propter predictps causas coniugio copulatis puellisque grandaevis in domibus maie servatis, quot enormia sequantur potius eligo coperire silentio quam aperire sermone. Non solum puellae, sed nec relinquitur vidua neque nupta quin versetur molestiis, crucietur angustiis et importunitabus opprimatur ab iis qui persévérant innupti… »

page 1348 note 5. Ibidem : « Sed super omnia iam praedicta, horrenda atque detestanda sodomia ex his generatur, nutritur atque suscipit terribile incrementum… Cumque capti fuerint iuvenes hac pestifera labe, vix umquam curantur, vix et tarde vel numquam coniugio se copulari permittunt. Si casu uxorem suscipiant, vel illa abutuntur vel non diligunt eam; propterea non générant filios… »

page 1349 note 1. Prediche volgari, éd. cit., III, p. 270,.parlant de Sienne : « Oimmè, a che se’ tu condotta, città di Siena l … non si puô mandare uno fanciulletto per le strade, che elli non sia preso per forza e traviato, poichè ella è si condotta I Sapete che vi dico ? Riparare si vuole. 0 donne, fate che voi non mandiate più attorno i vostri figliuoli : mandate le vostre figliuole, chè non v'è pericolo niuno, se voi le mandate fra tali genti. Elle non vi saranno contaminate di nulla… »

page 1349 note 2. Selon Bernardin, un statut de Gênes excluait tous les maîtres d'école toscans, pour leur réputation de sodomie. Le prediche volgari, éd. Ciro Cannarozzi, o. f. m.. Il (Florence, 1958), p. 103. « A Genova è uno statuto che niuno toscano puô essere maestro di scuola solo per tal caso. O Toscana, che corna t'è questa, che è una confusione di noi per tutto I mondo. » Pour d'autres mentions de la pédérastie à Florence, cf. les Novelle di Pietro Fortini, éd. cit., p. 64, « Che mi farô fiorentino ? no, perché li loro vizî sono tali che le donne non li possono patir di vedere, che dicano sono loro nemici, che di non voler vedere in viso le donne stanno al paragone co’ Lucchesi ».

page 1349 note 3. Opéra omnia, op. cit.. Il, p. 82. « Ex his omnibus manifeste apparet quod cessât generatio filiorum… »

page 1349 note 4. Pour 405 femmes mariées appartenant à des ménages dont la fortune imposable, après déductions, dépassait 3 200 florins, l'écart d'âge moyen avec leurs maris atteignait 14,4 années. Pour 2 200 femmes mariées issues de ménages sans fortune imposable, déductions faites, l'écart n'était que de onze années.

page 1349 note 5. Dans les ménages sans fortune imposable, déductions faites, 146 des 399 hommes (36,6 %) appartenant au groupe d'âge de vingt-trois à vingt-sept ans étaient mariés, alors que 28 seulement des 138 hommes (20,3 %) du même groupe d'âge l'étaient dans les ménages dont la fortune imposable dépassait 3 200 florins.

page 1349 note 6. Sur 312 enfants nés dans des ménages sans fortune imposable, déductions faites, 69 (22,1 %) n'avaient ni frère ni soeur, 20 (6,4 %) en comptaient un de moins d'un an et 24 (7,7 %), un âgé d'un à deux ans. Dans les ménages dont l'assiette fiscale dépassait 3 200 florins, sur 81 nourrissons, 12 seulement (14,8 %) ne comptaient ni frère ni soeur, 21 (25,9 %) en avaient un de moins d'un an, et 23 (28,4 %) un âgé d'un à deux ans.

page 1350 note 1. Le rapport femme-enfant, c'est-à-dire le rapport entre les femmes mariées âgées de quinze à quarante-quatre ans et les enfants âgés de zéro à quatre ans, s'établit à 101,3 dans les ménages sans fortune imposable après déductions fiscales (1 628 enfants pour 1 607 femmes mariées) et à 149,6 dans ceux dont la fortune dépasse 3 200 florins. Si l'on considère toutes les femmes âgées de quinze à quarante-quatre ans, le rapport tombe à 84,4 (pour 1930 femmes) dans les ménages les plus pauvres, et à 116 (pour 455 femmes) dans les plus riches. Il reste possible, bien entendu, que la mortalité infantile ait été plus fréquente dans les ménages les plus pauvres que dans les riches, ce qui influerait sur ces rapports. Cependant, la mortalité infantile ne paraît pas suffire à expliquer le manque frappant d'enfants dans les foyers urbains les plus pauvres. Comme nous espérons le montrer dans des études ultérieures, les pauvres de la campagne vivaient sans doute dans une misère et des privations bien pires que ceux de la ville. Pourtant, les femmes les plus pauvres, à la campagne, élevaient indéniablement bien plus d'enfants que leurs semblables de la cité. Le manque d'enfants dans les familles urbaines les plus pauvres semble imputable, au premier chef, non pas à une mortalité plus élevée, mais à une natalité moindre.

page 1350 note 2. Prediche volgari, éd. Banchi, II, 95. « lo ho uno grandissimo dubbio di voi, che io mi credo che se ne salvino tanti pochi di quegli che sono in istato di matrimonio, che de’ mille, novecento novantanove credo che sia matrimonio di diavolo. » Bernardin se montre parfaitement explicite dans ses allusions à la contraception que les femmes de Toscane pratiquaient. Cf. ibid., III, 271. « Cosi dico anco a le donne, le quali so’ cagione che i figliuoli che hanno già conceputi, si vengono a perdere. Peggio, chè anco so’ di quelle che aoperano che non possono generare; e se n'hanno generati, in corpo gli disperdono. Voi (a chi toca, dico) sete più iniqui che non son e’ micidiali… Vedi che tu se’ cagione che il mondo manchi, corne il sodomitto : da te a lui non è differenzia niuna. »

page 1350 note 3. Les chiffres exacts sont 27,1 ans pour les hommes et 28.2 pour les femmes.

page 1351 note 1. Prediche volgari, éd. cit. III, p. 365. « Quando tu giôgni cola in su’ diciotto anni, allora tu sei gagliardo, fresco, giocondo, allegro, e quello si chiama el fiore de la tua età, e durati insino a trenta anni. Tutto il tempo che tu stai in questa vita, non è più bello e giocondo che quello; e perô il chiama Davit el fiore. »

page 1351 note 2. « De calamitatibuset miseriis humanae vitaesenectutis». Opéra omnia, op. cit., VII, pp. 243- 262. Parmi ces maux dont la vieillesse fait l'expérience. Bernardin comprend le tremblement de la tête et des membres, le grisonnement des cheveux, l'épaississement du corps et la mort elle-même.

page 1351 note 3. La tendance des classes les plus riches à faire entrer en religion un plus grand nombrede leurs filles transparaît dans le rapport de masculinité. Dans les ménages dont la fortune fiscale dépasse 3 200 florins, le rapport est de 120,2 pour les groupes d'âges de zéro à treize ans, mais grimpe ensuite au chiffre extraordinaire de 157 pour le groupe d'âges de quatorze à cinquanteneuf ans. Dans les ménages sans fortune imposable, on ne constate pas de bond semblable; le rapport s'établit à 115,6 pour le premier groupe d'âges et reste à 114,2 pour le second