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Pouvoir et noblesse dans l’empire moghol: Perspectives du règne de Jahāngīr (1605-1627)

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Corinne Lefèvre*
Affiliation:
CNRS-CEIAS

Résumé

S’inspirant des perspectives récemment ouvertes par les historiens des empires occidentaux, cet article examine à nouveaux frais les rapports entre autorité centrale et élites militaro-administratives dans l’empire moghol du premier quart du XVIIe siècle – une période relativement négligée par l’historiographie dominante. La parole est, pour ce faire, donnée à une série de textes se rattachant au genre de la littérature sub-impériale et rarement convoqués dans cette optique. L’analyse de ce corpus – centrée sur les rhétoriques légitimantes et les pratiques politiques « interstitielles » qui y affleurent – permet d’éclairer la façon dont la noblesse réagit (tant du point de vue idéologique que pragmatique) à la pression croissante du modèle impérial et de réévaluer la question centre/périphérie dans sa dimension régionale.

Abstract

Abstract

Taking into account the renewal of general propositions in the historiography of Western empires, this article re-examines the relations between central authority and militaro-administrative elites in the Mughal Empire of the first quarter of the 17th century – a rather neglected period in conventional historiography. In order to do so, voice is given to a series of texts belonging to the genre of sub-imperial literature, and rarely used in this context. Focusing on the rhetorics of legitimacy and the ‘interstitial’ political practices at work in these sources, the analysis sheds light on the strategies (both ideological and pragmatic) implemented by the nobility in response to the growing pressure of the imperial model. It also allows the historian to think anew about the question of centre and periphery in its regional dimension.

Type
Confins d’empire
Copyright
Copyright © Les Áditions de l’EHESS 2007

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References

1 - Pour une présentation synthétique de ces travaux, voir Cooper, Frederick, «Empire multiplied. A review essay», Comparative Studies in Society and History, XLVI-2, 2004, p. 247-272 Google Scholar. Pour des perspectives de réflexion plus larges, voir Subrahmanyam, Sanjay, «A tale of three empires. Mughals, Ottomans and Habsburgs in a comparative context», Common Knowledge, XII-1, 2006, p. 66-92 CrossRefGoogle Scholar et Alcock, Susan E. et al. (éd.), Empires: Perspectives from Archeology and History, Cambridge, Cambridge University Press, 2001 Google Scholar.

2 - À ce sujet, voir notamment Elliott, John H., «A Europe of composite monarchies», Past & Present, 137, 1992, p. 48-71 CrossRefGoogle Scholar.

3 - On consultera, entre autres, Mackay, Ruth, The limits of royal authority: Resistance and obedience in seventeenth-century Castile, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 1999 CrossRefGoogle Scholar et Kivelson, Valerie A., Autocracy in the provinces: The Muscovite gentry and political culture in the seventeenth century, Stanford, Stanford University Press, 1996 Google Scholar.

4 - Héritée pour une large part de l’historiographie coloniale, cette interprétation soustend aujourd’hui encore les travaux de l’école d’Aligarh qui, depuis les années 1950, domine largement le champ historiographique moghol; elle structure également le volume de la «New Cambridge History of India» consacré à l’empire moghol ( Richards, John F., The Mughal Empire, Cambridge/New York, Cambridge University Press, [1993] 2001 Google Scholar). Pour une analyse critique de cette interprétation, voir l’introduction à Alam, Muzaffar et Subrahmanaym, Sanjay (éd.), The Mughal State (1526-1750), New Delhi/New York, Oxford University Press, 1998 Google Scholar.

5 - Voir par exemple: Ma’rūf|Bhakkari, Šaikh Faríd B., Zakhīrat al-khawānīn, éd. par Haq, S. M., Karachi, Pakistan Historical Society, 1961-1974, 3 vol.Google Scholar; Khān, Samsām Al-Dawla Aurangābādí Šsāh Nawāz, Ma’āsir al-umarā’, trad. par Beveridge, H. et Prasad, B., Calcutta, The Asiatic Society of Bengal, 1911-1952, 2 volGoogle Scholar.

6 - Voir en particulier le magnus opus de Ali, Muhammad Athar, The apparatus of empire: Awards of ranks, offices and titles to the Mughal nobility, 1574-1658, New Delhi/New York, Oxford University Press, 1985 Google Scholar, et Id., The Mughal nobility under Aurangzeb, Bombay/New York, Oxford University Press, [1966] 1997. La pérennité d’une telle approche est par ailleurs attestée par la publication récente de Anwar, Firdos, Nobility under the Mughals, 1628-1658, New Delhi, Manohar, 2001 Google Scholar.

7 - À ce sujet, voir notamment Habib, Irfan, The agrarian system of Mughal India, 1556-1707, New Delhi/New York, Oxford University Press, [1963] 2002 Google Scholar, ainsi que les contributions consacrées à l’administration moghole parues dans Medieval India. A miscellany, une collection publiée par le département d’histoire de l’université musulmane d’Aligarh à partir de 1969.

8 - La plus récente monographie le concernant remonte significativement à 1922: Prasad, Beni, History of Jahangir, Londres/Bombay, Oxford University Press, 1922 Google Scholar.

9 - Depuis les années 1920, c’est d’ailleurs à Nu¯r Jaha¯n qu’ont été consacrées la plupart des publications ayant trait au règne de Jaha¯ngı¯r. Pour un exemple récent et symptomatique de cette historiographie, voir Findly, Ellison Banks, Nur Jahan. Empress of Mughal India, New Delhi/New York, Oxford University Press, [1993] 2001 Google Scholar.

10 - Sur ce point, voir Lefevre, Corinne, Pouvoir et élites dans l’Empire moghol de Jaha¯ngı¯ r (r. 1605-1627), Paris, Les Indes Savantes (à paraître)Google Scholar.

11 - Les dernières années du règne d’Akbar furent en effet marquées par un sévère conflit pour la succession qui opposa Jahāngīr à son fils Khusraw: voir Alam, Muzaffar et Subrahmanyam, Sanjay, «Witnessing transition: Views on the end of the Akbari dispensation», in Panikkar, K. N., Byres, T. J. et Patnaik, U. (éd.), The making of history: Essays presented to Irfan Habib, Londres, Anthem Press, [2000] 2002, p. 104-140 Google Scholar. L’avènement de Jahāngīr en octobre 1605 ne mit pas fin à la rivalité entre les deux hommes et, dans les mois suivants, le nouveau souverain prit une série de mesures visant à réduire définitivement Khusraw à l’impuissance politique. Craignant pour sa vie, le prince n’avait désormais d’autre alternative que la rébellion (6-26 avril 1606). Malgré la rapidité avec laquelle elle fut matée, cette révolte constitua un événement majeur du règne de Jahāngīr dans la mesure où elle bénéficia non seulement du soutien d’une parte importante de la noblesse et de la population, mais ne fut pas loin d’aboutir à une division de l’empire (voir C. Lefèvre, Pouvoir et élites..., op. cit., chap. 7).

12 - Lorsque Jahāngīr sortit vainqueur de la compétition, il prit soin de ne pas s’aliéner la noblesse de son père en maintenant ses membres en place (quelle qu’ait été leur position au moment de la crise de succession) et en leur accordant une augmentation substantielle de leur rang.

13- Entre 1595 et 1621, la part des amîrs iraniens dans la noblesse moghole passa de fait de 22 à 29 %, faisant de ces derniers le premier groupe de la noblesse devant les Tūrānīs, tant du point de vue numérique qu’en matière de charges attribuées. Voir Habib, Irfan, «The family of Nur Jahan during Jahangir’s reign: A political study», Medieval India. A miscellany, I, 1969, p. 74-95 Google Scholar, pour l’historiographie traditionnelle à ce sujet et Subrahmanyam, Sanjay, «Iranians abroad: intra-Asian elite migration and early modern State formation», Journal of Asian Studies, LI-2, 1992, p. 340-363 CrossRefGoogle Scholar, pour une réinterprétation convaincante de ce phénomène.

14 - Nahāwandi, ‘Abd Al-Bāqi, Ma’āsir-i Rahīmī, éd. par Husain, M. Hidayat, Calcutta, The Asiatic Society of Bengal, 1910-1931, 3 vol.Google Scholar

15 - Harawī, Khwāja Ni’matullāh B. HabibullĀh, Tārīkh-i Khān Jahānī wa Makhaan-i Afgānī, éd. par Imamuddin, S. M., Dacca, Asiatic Society of Pakistan, 1960, 2 vol.Google Scholar

16 - Pour un récit détaillé de la carrière de ‘Abd al-Rahīm sous le règne d’Akbar, voir Husain, Afzal, The nobility under Akbar and Jahāngīr: A study of family groups, New Delhi, Manohar, 1999, p. 27-36 Google Scholar.

17 - Harawī, Tārīkh-i Khān Jahānī..., op. cit., vol. 2, p. 498; Bhakkarī, Zakhīrat..., op. cit., vol. 1, p. 45-47; Šāh Nawāz|Khān, Ma’āsir al-umarā’, op. cit., vol. 1, p. 63; Jahāngīr, Nūr Al-Din Muhammad, Jahāngīr Nāma, trad. par Thackston, W. M., Washington/New York, Freer Gallery of Art & Arthur M. Sackler Gallery/Smithsonian Institution/Oxford University Press, 1999, p. 114 Google Scholar. Dans cette optique, il est également important de noter que ‘Abd al-Rahīm conclut une alliance matrimoniale avec le Niżām Šāh d’Ahmadnagar.

18 - En 1621, la maladie prolongée qui manqua d’emporter Jahāngīr marqua le début du conflit pour sa succession, auquel doit être rattachée la rébellion de Sāh Jahān. Pour un récit de ses principales étapes, voir Faruqui, Munis Daniyal, «Princes and power in the Mughal Empire, 1569-1657», Ph. D., Université Duke, 2002, p. 221-269 Google Scholar.

19 - Le jāgīr est le revenu d’une terre déterminée assigné à un dignitaire moghol en guise de salaire.

20 - La politique d’alliances matrimoniales avec les Tīmūrides commença dès le XVe siècle avec ‘Alî Sukr Beg, un des ancêtres de ‘Abd al-Rahîm. Son père Bairam Khan épousa la sœur de l’empereur Humayūn, tandis que ‘Abd al-Rahîm maria respectivement sa fille et sa petite-fille aux princes Daniyal (fils d’Akbar) et Khurram. Le Khan était également lié aux grandes familles de l’empire moghol, telles que celle de Mīrzā ‘Azīz Koka ou les importantes lignées iraniennes d’I’timād al-Dawla, des Injūs et des princes safavides de Qandahar. En ce qui concerne les alliances avec les autres dynasties indo-musulmanes, on doit citer, outre celle formée avec le Nizām Šāh d’Ahmadnagar, le mariage du fils de ‘Abd al-Rahîm avec la fille de Jānī Beg Tarkhān, l’ancien souverain du Sind (A. Husain, The nobility under Akbar and Jahāngīr..., op. cit., p. 12-13).

21 - Pour des exemples de sa poésie persane, voir Nahāwandī, Ma’āsir..., op. cit., vol. 2, p. 562-570. Pour sa poésie hindavi, voir Vidyalankaiz, Vanshidar, «‘Abdur Rahim and his Hindi poetry», Islamic culture, XXIV, 1950, p. 123-133 Google Scholar, et Mcgregor, Ronald Stuart, Hindi literature from its beginning to the 19th century, Wiesbaden, O. Harrassowitz, 1984, p. 121-122 Google Scholar.

22 - Sur cette bibliothèque-atelier, voir la magnifique étude de Seyller, John, Workshop and patron in Mughal India. The Freer Rāmāyana and other illustrated manuscripts of ‘Abd al-Rahīm, Zurich, Artibus Asiae Publishers, 1999 Google Scholar.

23 - Sur ce personnage, voir la notice qu’il consacra à sa propre personne dans Nahāwandī, Ma’āsir..., op. cit., vol. 3, p. 1535-1576.

24 - À ce sujet, voir notamment Rizvi, Saiyid Athar Abbas, Religious and intellectual history of the Muslims in Akbar’s reign, with special reference to Abu’l Fazl, 1556-1605, New Delhi, Munshiram Manoharlal, 1975 Google Scholar.

25 - À plusieurs reprises, il est ainsi comparé à Rustam, un des héros de l’épopée iranienne du Šāh Nāma (Nahāwandī, Ma’āsir..., op. cit., vol. 2, p. 542 et 544).

26 - Ibid., p. 557.

27 - Ibid., p. 543, 571 (où il est comparé à Hātim, parangon arabe de la générosité) et 573.

28 - Sur celle-ci, ibid., p. 598-612 et Koch, Ebba, Mughalarchitecture: An outline of its history (1528-1858), New Delhi, Oxford University Press, [1991] 2002, p. 90-92 Google Scholar.

29 - Nahāwandī, Ma’āsir..., op. cit., vol. 2, p. 611-612. Ces navires lui permettaient également de participer au lucratif commerce avec le Hijaz.

30 - Voir notamment Orthmann, Eva, Abd or-Rahīm hān-e hānān (964-103611556-1627): Staatsmann und Mäzen, Berlin Klaus Schwarz Verlag, 1996 Google Scholar; Naik, Chhotubhai R., Abd’ur Rahīm hān-e Khānānān and his literary circle, Ahmadabad Gujarat University, 1966 Google Scholar.

31 - Sur ces personnages, et pour un panorama général du soufisme en Inde moghole, voir Rizvi, Saiyid Athar Abbas, A history of Sufism in India, vol. 2, From sixteenth century to modern century, New Delhi, Munshiram Manoharlal, [1983] 2002 Google Scholar.

32 - Ibid., p. 224-226.

33 - Sur ce texte, voir Ernst, Carl W., Eternal garden: Mysticism, history and politics at a South Asian Sufi center, Albany, State University of New York Press, 1992, p. 209-210 Google Scholar.

34 - Ernst, Carl W., «Persecution and circumspection in Shattārī Sufism», in De Jong, F. et Radtke, B. (éd.), Islamic mysticism contested: Thirteen centuries of controversies and polemics, Leyde, E. J. Brill, 1999, p. 416-435 Google Scholar, ici p. 428-429 et Schimmel, Annemarie, «A dervish in the guise of a prince: Khān-i Khānān Abdur Rahīm as a patron», in Miller, B. Stoler (éd.), The powers of Art: Patronage in Indian culture, New Delhi, Oxford University Press, 1992, p. 202-223 Google Scholar, ici p. 211-212.

35 - Nahāwandī, Ma’ā sir..., op. cit., vol. 3, p. 9-65.

36 - Ibid., vol. 2, p. 539. Junaid (m. 910) et Bāyazīd (m. 874) représentent respectivement la forme sobre et la forme extatique du soufisme, c’est-à-dire les deux aspects complémentaires du mysticisme musulman (A. Schimmel, «A dervish in the guise of a prince...», art. cit., p. 221, n. 45).

37 - Nahāwandī, Ma’āsir..., op. cit., vol. 2, p. 540.

38 - Ibid., p. 477, 540 et 548.

39 - Bhakkarī, Zakhīrat..., op. cit., vol. 1, p. 31-63 et Šāh Nawāz|Khān, Ma’āsir al-umarā’, op. cit., vol. 1, p. 50-64.

40 - Je tiens à remercier Sanjay Subrahmanyam d’avoir attiré mon attention sur ce texte.

41 - C’est notamment le cas d’Annemarie Schimmel qui, dans les publications qu’elle a consacrées à ‘Abd al-Rahîm, considère avant tout les dimensions mystique et littéraire du personnage et évacue rapidement le politique de son horizon d’analyse. Refusant d’accorder le moindre crédit aux sources contemporaines et postérieures véhiculant une image plus contrastée de Vatnīr, elle se condamne ainsi à rester prisonnière du portrait idéal diffusé par le Ma’āsir-i Rahīmī. Outre son article déjà cité, voir Schimmel, Annemarie, «Khankhanan ‘Abdul-Rahim and the Sufis», in Mazzaoui, M. M. et Moreen, V. B. (éd.), Intellectual studies on Islam: Essays written in honor of Martin B. Dickson, Salt Lake City, University of Utah Press, 1990, p. 153-160 Google Scholar. Malgré ce défaut de perspective, ses travaux restent précieux pour les informations qu’ils apportent sur l’entourage soufi du Khān.

42 - Une conclusion similaire ressort de l’analyse du Mau’iża-i Jahāngīrī (Admonition jahāngīride), « un miroir des princes » composé par un amîr iranien récemment immigré en Inde et dédié au monarque régnant en 1612: Alvi, Sajida S. (éd.), Advice on the art of governance: An Indo-Islamic mirror for princes: Mau’ika-i Jahāngīrī of Muhammad Bāqir Najm-i Sānā, Albany, State University of New York Press, 1989 Google Scholar.

43 - Pour une démonstration désormais classique de cette thèse, voir Alam, Muzaffar, «Akhlāqī norms and Mughal governance», in Alam, M., Delvoye, F. N. et Gaborieau, M. (éd.), The making of Indo-Persian culture: Indian and French studies, New Dehli, Manohar, 2000, p. 67-95 Google Scholar.

44 - Pour une réflexion sur le cas rājpu¯t qu’il est impossible d’aborder ici, voir l’éclairante étude de Norman P. Ziegler, «Some notes on Rajput loyalties during the Moghal period», in M. Alam et S. Subrahmanaym (éd.), The Mughal State..., op. cit., p. 168-210.

45 - Harawī, Tārīkh-i Khān Jahānī..., op. cit., vol. 2, p. 463-484.

46 - -Ibid., p. 486 et 491.

47 - Voir notamment Bhakkarī, Zakhīrat..., op. cit., vol. 1, p. 98 et vol. 2, p. 186.

48 - Voir Rahim, Muhammad Abdur, History of the Afghans in India, A. D 1545-1631, with especial reference to their relations with the Mughals, Karachi Pakistan Publishing House, 1961, p. 260-283 Google Scholar pour les promotions accordées aux Afghans durant le règne de Jahāngīr. Il faut cependant noter que cette politique d’alliance ne fut pas acceptée par tous les Afghans et qu’elle s’accompagna d’une répression armée systématique en cas de révolte ouverte: voir, par exemple, Jahāngīr, Jahāngīr Nāma, op. cit., p. 124, 130-132 et 159.

49 - Harawī, Tārīkh-i Khān Jahānī..., op. cit., vol. 2, p. 494.

50 - À ce sujet, voir A. Husain, The nobility under Akbar and Jahāngīr..., op. cit., p. 147-148 et les nouveaux éléments apportés par Flores, Jorge et Subrahmanyam, Sanjay, «The Shadow Sultan: Succession and imposture in the Mughal Empire, 1628-1640», Journalofthe economic and social history of the Orient, XLVII-1, 2004, p. 1-42 Google Scholar, ici p. 17-22.

51 - M. A. Rahim, History of the Afghans in India..., op. cit., p. 289-295.

52 - Harawī, Tārīkh-i Khān Jahānī..., op. cit., vol. 1, p. 21 et vol. 2, p. 651-652.

53 - Pour une histoire synthétique de la pénétration moghole au Bengale, voir Eaton, Richard Maxwell, The rise of Islam and the Bengal frontier, 1204-1760, New Delhi, Oxford University Press, [1993] 2000, p. 137-155 Google Scholar.

54 - Sur cette partie de l’ouvrage, voir la récente analyse de Green, Nile, «Blessed men and tribal politics: Notes on political culture in the Indo-Afghan world», Journal of the economic and social history of the Orient, XLIX-3, 2006, p. 344-360 CrossRefGoogle Scholar.

55 - Voir Harawā, Tārīkh-i Khān Jahānī..., op. cit., vol. 1, p. 5 et 23-24 pour une présentation des sources qui ont servi à l’élaboration de la Tārīkh.

56 - De ce point de vue, on ne peut sous-estimer le rôle joué par la Tārīkh dans le contexte des États indo-afghans du XVIIIe siècle: elle fut en effet à l’origine de la construction d’une tradition proprement rohilla – dynastie afghane qui domina la région indienne du Katehr, par la suite mieux connue sous le nom de Rohilkhand, dans les années 1750-1770 – et constitua une source majeure de son historiographie: Gommans, Jos J. L., The rise of the Indo-Afghan Empire, c. 1710-1780, New Delhi, Oxford University Press, [1995] 1999, p. 160-163 Google Scholar.

57 - À ce titre, on doit également mentionner l’existence d’un plagiat abrégé de la Tārīkh: produit à une date postérieure qu’il est difficile de préciser, il fut faussement attribué au même Ni’matullāh. Comme l’indique son titre (Makhzan-i Afgānī), il recréait une histoire afghane beaucoup plus classique qui, pour sa part, retint l’attention des historiens occidentaux dès le XIXe siècle: Neamet Ullah’s history of the Afghans, trad. par B. Dorn, New Delhi, Bhavana Books & Prints, [1829-1836] 2000.

58 - Jahāngīr, Jahāngīr Nāma, op. cit., p. 68.

59 - Harawī, Tārīkh-i Khān Jahānī..., op. cit., vol. 2, p. 496-500.

60 - Ibid., p. 513-518 et 527-528.

61 - Ibid., p. 525-527.

62 - Ibid., p. 520, et p. 701-703 pour le texte intégral de la nasīhat nāma.

63 - Voir par exemple ‘ Lāhawrī, Abd Al-Hamid, Bādšāh Nāma, éd. par Ahmad, K. al-Din et ‘Abd al-Rahīm, , Osnabrück, Biblio Verlag, [1866-1872] 1983, vol. 1, p. 142-154 Google Scholar pour une description de l’emploi du temps de Šāh Jahān. La journée du souverain est de même divisée entre le traitement des affaires dans les halls d’audience publique et privée et les moments de loisir dans le harem.

64 - Le salam est la forme ordinaire de salut. Le kūrnish s’exécute en portant la paume de la main au front et en s’inclinant. Le taslītn est une façon de saluer en touchant le sol avec le dos de la main droite, puis en portant la paume de la main à la tête tout en se redressant.

65 - Jahāngīr, Jahāngīr Nāma, op. cit., p. 128.

66 - En 1564-1566, puis en 1580 éclatèrent en effet deux rébellions qui faillirent bien mettre un terme à la domination akbaride: menées dans les deux cas par des amîn d’origine centre-asiatique, elles constituaient une réaction de la frange la plus « autonomiste » de la noblesse face au mouvement de centralisation (ré)enclenché par Akbar. Sur ces soulèvements, voir J. F. Richards, The Mughal Empire, op. cit., p. 16-19 et 40-41, et Streusand, Douglas E., The formation of the Mughal Empire, New Delhi, Oxford University Press, 1989, p. 94-102 Google Scholar et 154-166.

67 - Au printemps 1626, Mahābat Khān prit en otages tous les membres importants de la cour, y compris Jahāngīr. Agissant pour le compte du prince Parwīz, l’amtr cherchait ainsi à s’assurer de la personne de l’empereur jusqu’à sa mort afin de permettre à son fils de lui succéder le moment venu. Le décès de Parwīz à l’automne suivant mit de fait fin à l’aventure. Instrument au service d’un prince, la révolte de Mahābat Khan peut donc difficilement être qualifiée de nobiliaire.

68 - Déjà présente chez les historiens britanniques comme William Harrison Moreland, cette position a été largement reprise par les historiens nationalistes, notamment par l’école d’Aligarh. Outre les travaux déjà cités d’I. Habib et de M. A. Ali, voir par exemple Moosvi, Shireen, The economy of the Mughal Empire c. 1595: A statistical study, New Delhi, Oxford University Press, 1987 Google Scholar.

69 - Alam, Muzaffar, The crisis of Empire in Mughal North India. Awadh and the Punjab, 1707-1748, New Delhi, Oxford University Press, [1986] 2001 Google Scholar.

70 - Singh, Chetan, Region and Empire. Panjab in the seventeenth century, New Delhi, Oxford University Press, 1991 Google Scholar. Pour une autre stimulante analyse des rapports centre-périphérie (dans ce cas, le Gujarat), voir Hasan, Farhat, State and locality in Mughal India. Power relations in Western India, c. 1572-1730, Cambridge, Cambridge University Press, 2004 Google Scholar.

71 - M. A. Ali, The apparatus of empire..., op. cit., p. XXXII-XXXIII.

72 - À ce sujet, voir A. Husain, The nobility under Akbar and Jahāngī r. .., op. cit., p. 116-126.

73 - I. Habib, «The family of Nur Jahan...», art. cit., constitue une exception notable. On ne peut cependant que déplorer le fait que sa vision de l’empire ait empêché cet historien de tirer les conclusions qui s’imposaient au vu du matériau rassemblé.

74 - Pour une analyse de cet aspect de l’ouvrage, voir J. F. Richards, «The formulation of imperial authority under Akbar and Jahangir», in Id. (éd.), Kingship and authority in South Asia, New Delhi, Oxford University Press, [1978] 1998, p. 155-167.

75 - Nathan, Mīrzā, Bahāristān-i gaibī: A history of the Mughal wars in Assam, Cooch Behar, Bengal, trad. par Borah, M. I., Gauhati, Narayani Handiqui historical institute, 1936, vol. 1, p. 157-160 Google Scholar et 211; Jahāngīr, Jahāngīr Nāma, op. cit., p. 121, 130-132 et 138.

76 - Mīrzā Nathan, Bahāristān..., op. cit., vol. 2, p. 436-437.

77 - Nahāwandī, Ma’āsir..., op. cit., vol. 2, p. 512.

78 - Jahāngīr, Jahāngīr Nāma, op. cit., p. 289.

79 - Mīrzā Nāthan, Bahāristān..., op. cit., vol. 1, p. 286, 307-310, 377 et 419.

80 - Voir notamment Jahāngīr, Jahāngīr Nāma, op. cit., p. 60, 99, 159, 277 et 381.

81 - bid., p. 99 et Bhakkarī, Zakhīrat..., op. cit., vol. 1, p. 146.

82 - Khāan, ‘Alī Muhammad, Mir’āt-i Ahmadī: A Persian history of Gujarat, trad. par Lokhandwala, M. F., Baroda, Oriental Institute, 1965, p. 163 Google Scholar.

83 - Mīrzā Nāthan, Bahāristān..., op. cit., vol. 1, p. 144-145, 160 et 219.

84 - Ibid., p. 115 et 120.

85 - Il s’agit d’un balcon en encorbellement qui servait de cadre architectural aux apparitions officielles de l’empereur moghol.

86 - Pour deux versions légèrement différentes de cet édit, voir ibid., p. 213-214 et Jahāngīr, Jahāngīr Nāma, op. cit., p. 127-128.

87 - A. Husain, The nobility under Akbar and JahāngĪr..., op. cit., p. 187.

88 - Asher, Catherine B., «Sub-imperial palaces: Power and authority in Mughal India », in Necipoglu, G. (dir.), Pre-Modern Islamic palaces, numéro spécial d’Ars Orientalis, XXIII, 1993, p. 281-302 Google Scholar, ici p. 286.

89 - M. Alam et S. Subrahmanyam (éd.), The Mughal State..., op. cit., p. 29-30.