Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Le beau livre de Raymond Aron, Paix et Guerre entre les Nations, intéresse les historiens au premier chef : il leur propose, ni plus ni moins, selon le droit fil de sa longue argumentation, de réintégrer dans les cadres d'une recherche scientifique l'histoire diplomatique et politique, ondoyante, refuge des passions et des jugements gratuits, domaine du descriptif. Car c'est bien là le problème majeur que propose ce livre de bonne foi. Et notre titre essaie à l'avance de définir l'enjeu : y a-t-il, ou non, une politicologie scientifique ? Si oui, les Annales s'en réjouiraient comme d'une conquête et réviseraient, vis-à-vis, de l'histoire diplomatique, leur position qui, jusqu'ici, n'a pas été sous le signe de l'enthousiasme. Evidemment nous n'en sommes pas encore là. Bien des incertitudes subsistent et le débat s'ouvre seulement. Il comporte, cette fois, une analyse, à dessein brève, de l'ouvrage, une intervention de François Chatelet, une note d'Annie Kriegel, une prise de position de Victor Leduc.
1. Calmann-Lévy, 1962 ; 794 p.
1. Et les récents événements de Cuba viennent de le confirmer.
2. En dépit de son pessimisme quant aux possibilités d'un accord de désarmement, Raymond Aron écrit : « Peut-être une crise grave renverserait-elle, dans l'esprit des dirigeants de Washington et de Moscou, cette hiérarchie des périls et le choix des risques” (p. 681). Nous y sommes…, ou presque.