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Pluralité impériale et identités subjectives dans la Chine des Qing*

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Pamela Kyle Crossley*
Affiliation:
Dartmouth College

Résumé

La pluralité de l’empire des Qing se manifestait à la fois dans les rituels de l’empereur, sa cour, ses histoires et ses monuments et dans la construction historique des cultures dont l’empire tirait sa légitimation. Le résultat fut, à la fin du XVIIIe siècle, l’objectivation par les textes et les rituels d’un nombre fini d’identités historiques, correspondant d’abord aux cultures qui avaient été instrumentalisées dans les conquêtes des Qing de 1616 à 1755. Cependant ces identités objectivées, à la fois historiques et rituelles, existaient parallèlement à des cultures plus subjectives et locales, inscrites dans la vie quotidienne, non seulement pour les Mandchous, les Mongols et les Hans, mais aussi pour les peuples qui n’avaient jamais eu d’existence officielle dans l’historiographie des Qing, en particulier les diverses communautés musulmanes réparties dans l’empire. Au moment de la crise de l’empire, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, les identités objectives produites par le pouvoir impérial ont fourni une ressource disponible pour la construction d’identités nationales et ont nourri les mouvements nationalistes.

Abstract

Abstract

The plurality of Qing rulership was evident both in the expressive practices of the emperor, his court, his histories and his monuments, and also in the historical construction of the cultures from which the rulership drew legitimation. The result was, by the late eighteenth century, a documentary and ritual objectification of a finite number of historical identities, representing primarily the cultures that had been instrumental in the Qing conquests of 1616 to 1755. However, these objectified historical and ritual identities existed alongside the far more subjective and local cultures of daily life, not only for Manchus, Mongols and Han but also for identities that had never been objectified in Qing historiography – particularly the various Muslim communities throughout the empire. As the empire unravelled in the very late nineteenth and early twentieth centuries, the objectified identities had a rich source of imperial historical documentation available for the construction of national identities, and each nurtured some form of nationalist movement.

Type
Empires et identités nationales
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2008

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Footnotes

*

L’auteur utilise un vocabulaire qui lui est propre, en particulier constituencies, que nous rendons ici par « clientèles territoriales » qui, dans un État démocratique moderne, désignent l’électorat d’une circonscription, mais qui ont plus généralement le sens de « clientèle ».Il désigne plus précisément ici les groupes humains et culturels que l’empire dote d’une identité historique visible et reconnue, et évoque le soutien que ces groupes apportent sous des formes diverses au pouvoir impérial en échange de cette reconnaissance.La notion de simultaneity, centrale dans sa théorie du pouvoir impérial Qing, a été traduite littéralement par « simultanéité », celle de subjectivity par « identité subjective » pour l’opposer, comme le fait l’auteur, à « identité objective ». Tous ces termes sont définis dans l’introduction. Nous remercions Jérôme Bourgon pour son aide (NDLR).

References

1- Voir Crossley, Pamela Kyle, A translucent mirror: History and identity in Qing imperial ideology, Berkeley, University of California Press, 1999 Google Scholar, particulièrement l’introduction et les chap.5 et 6.

2- Je détaille ce processus dans A translucent mirror…, op. cit. Ce processus commence avec les généalogies de Nurgaci (qui régna de 1616 à 1626), se poursuit avec la pétition généalogique de 1688, et culmine avec les importantes entreprises littéraires de la période Qianlong.

3- Crossley, Pamela Kyle, « The rulerships of China », American Historical Review, 97-5, 1992, p. 14681483 CrossRefGoogle Scholar ; Id., A translucent mirror…, op. cit.Voir aussi Berger, Patricia, The empire of emptiness: Buddhist art and political authority in Qing China, Honolulu, University of Hawaii Press, 2003 Google Scholar, et Elliott, Mark C., « La Chine moderne.Les Mandchous et la définition de la nation », Annales HSS, 61-6, 2006, p. 14471478.Google Scholar

4- En réalité, les textes ne sont pas toujours identiques et une langue venait en premier par rapport à l’autre.Le choix de celle-ci dépendait de la partie du gouvernement dont elle était l’émanation et de l’objectif du texte écrit.Pour une présentation sommaire du contexte, voir Jr.Fletcher, Joseph F., « Manchu sources », in Leslie, D. et al. (dir.), Essays on the sources for Chinese history, Canberra, Australian National University Press, 1973, p. 141146 Google Scholar ; Crossley, Pamela Kyle et Rawski, Evelyn S., « A profile of the Manchu language in Ch’ing History », Harvard Journal of Asiatic Studies, 53-1, 1993, p. 63102 CrossRefGoogle Scholar ; Elliott, Mark C., « The Manchu-language archives of the Qing dynasty and the origins of the palace memorial system », Late Imperial China, 22-1, 2001, p. 170.CrossRefGoogle Scholar

5- Sur les débuts de la formation du pouvoir Jürchen dans cette région avant l’émergence de l’État Qing, voir Gertraude ROTH LI, « State building before 1644 », in Peterson, W. J. (dir.), The Cambridge history of China, vol.9, The Ch’ing Empire to 1800, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p. 972 Google Scholar ; Crossley, P. K., A translucent mirror…, op. cit., p. 89276 Google Scholar ; Elliott, Mark C., The Manchu way: The eight banners and ethnic identity in late imperial China, Stanford, Stanford University Press, 2001, p. 4788 Google Scholar.

6- Le trope du « roi qui tourne la roue » dans la pensée politique bouddhiste a une longue histoire et a été adapté de multiples façons par divers régimes dans toute l’Asie. Voir Thapar, Romila, Ancient Indian social history: Some interpretations, New Delhi, Orient Longman, 1978, p. 4955 Google Scholar ; Samuel Martin Grupper, « The Manchu imperial cult of the early Ch’ing dynasty: Texts and studies on the tantric sanctuary of Mahâkâla at Moukden », Ph.D., Indiana University, 1980 ; Tambiah, Stanley J., Culture, thought and social action: An anthropological perspective, Cambridge, Harvard University Press, 1985, p. 322325 CrossRefGoogle Scholar ; Dunnell, Ruth W., The great state of white and high: Buddhism and state formation in eleventh-century Xia, Honolulu, University of Hawai’i Press, 1996 Google Scholar ; Lee, Kwangsu, Buddhist ideas and rituals in early India and Korea, New Delhi, Manohar Publishers, 1998 Google Scholar ; Rawski, Evelyn S., The last emperors: A social history of Qing imperial institutions, Berkeley, University of California Press, 1998, p. 268–259CrossRefGoogle Scholar. Crossley, P. K., A translucent mirror…, op. cit., p. 223245 Google Scholar ; Hevia, James L., « Rulership and Tibetan Buddhism in eighteenthcentury China: Qing Emperors, lamas and audience rituals », in Rollo-Koster, J. (dir.), Medieval and early modern ritual: Formalized behavior in Europe, China and Japan, Leyde/ Boston, Brill, 2002, p. 279301 Google Scholar ; Elverskog, Johan, Our great Qing: The Mongols, Buddhism and the state in late imperial China, Honolulu, University of Hawai’i Press, 2006 Google Scholar. Le lecteur doit savoir que les spécialistes des Yuan souhaitent que soit souligné le fait que les Mongols du XIVe siècle avaient une vision plus complexe des relations entre le bouddhisme et le pouvoir.L’imaginaire du chakravartin servait les objectifs Qing ; elle n’était pas une condition indispensable à l’exercice du pouvoir simultané, qui prit une multitude de formes en Eurasie.

7- Pour une discussion directe de ces thèmes, voir Garthwaite, Gene R., The Persians, Malden, Blackwell, 2004, p. 1216 et 147-185Google Scholar ; Newman, Andrew J., Safavid Iran: Rebirth of a Persian empire, Londres, I.B. Tauris, 2006, p. 1415 Google Scholar. Pour des éléments antérieurs à mes arguments, voir Farquhar, David M., « Emperor as bodhisattva in the governance of the Ch’ing Empire », Harvard Journal of Asiatic Studies, 38-1, 1978, p. 534 CrossRefGoogle Scholar ; Cherniavsky, Michael, « Khan or Basileus: An aspect of Russian mediaeval political theory », Journal of the History of Ideas, 20-4, 1959, p. 459476.CrossRefGoogle Scholar

8- Le lien entre la conquête et un certain degré de simultanéité m’est tout d’abord apparu en lisant Cherniavsky, Michael, Tsar and people: Studies in Russian myths, New York, Random House, 1969 Google Scholar (qui s’inspirait lui-même d’Ernst Kantorowicz, H., The Kings’ two bodies: A study in mediaeval political theology, Princeton, Princeton University Press, 1957 Google Scholar).Malgré le scepticisme de nombreux universitaires quant au travail tant d’E.Kantorowicz que de M. Cherniavsky, leurs observations (qui relèvent plus de l’implicite que de l’explicite) concernant la relation dynamique entre la structure idéologique du pouvoir et les concepts d’identités populaires culturelles ou « nationales » sont importantes.On retrouve ces idées dans la façon d’aborder d’autres monarques du début de l’ère moderne : Rodríguez-Salgado, Mía J., The changing face of empire: Charles V, Philip II and Habsburg authority, 1551-1559, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 1988 Google Scholar ; Necipoglu, Gülru, Architecture, ceremonial and power: The Topkapi Palace in the fifteenth and sixteenth centuries, New York/Cambridge, Architectural History Foundation/MIT Press, 1991 Google Scholar ; Corns, Thomas N. (dir.), The royal image: Representations of Charles I, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 1999 Google Scholar ; Burke, Peter, The fabrication of Louis XIV, New Haven, Yale University Press, 1992 Google Scholar ; Kafadar, Cemal, Between two worlds: The construction of the Ottoman state, Berkeley, University of California Press, 1995 Google Scholar ; Frye, Susan, Elizabeth I: The competition for representation, New York, Oxford University Press, 1993 Google Scholar ; Monod, Paul Kléber, The power of kings: Monarchy and religion in Europe, 1589-1715, New Haven, Yale University Press, 1999 Google Scholar ; Watkins, John, Representing Elizabeth in Stuart England: Literature, history, sovereignty, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 2002.Google Scholar

9- Pour plus de détails, voir Crossley, Pamela Kyle, « Manchu education », in Elman, B. A. et Woodside, A. (dir.), Education and society in late imperial China, 1600-1900, Berkeley, University of California Press, 1994 Google Scholar ; Id., « The conquest elites of the Ch’ing empire », in W. J. Peterson (dir.), The Cambridge History of China, vol.9, op. cit., p.310-359.

10- Les unités des bannières – qui combinaient l’administration militaire avec le recensement des familles – étaient la première forme d’organisation politique sous Nurgaci. Entre 1582 et 1642 elles devinrent les Huit Bannières, chacune d’entre elles étant verticalement divisée entre colonnes mandchoues, mongoles, chinoises, et dans certains cas, musulmanes.Les recherches existantes sur les Huit Bannières sont anciennes ; pour une approche récente, voir Crossley, Pamela Kyle, Orphan warriors: Three Manchu generations and the end of the Qing world, Princeton, Princeton University Press, 1990 Google Scholar ; Id., A translucent mirror…, op. cit.; Rhoads, Edward J. M., Manchus & Han: Ethnic relations and political power in late Qing and early republican China, 1861-1928, Seattle, University of Washington Press, 2000 Google Scholar ; M. C. Elliott, The Manchu way…, op. cit.

11- Sur l’histoire de l’administration des frontières, voir Chia, Ning, « The Lifan yuan and the Inner Asian rituals in the early Qing (1644-1795) », Late Imperial China, 14-1, 1993, p. 6092 Google Scholar ; Cosmo, Nicola Di, « Qing colonial administration in Inner Asia », International History Review, 20-2, 1998, p. 287309.CrossRefGoogle Scholar

12- Sur l’évolution du système tusi, voir Hostetler, Laura, Qing colonial enterprise: Ethnography and cartography in early modern China, Chicago, The University of Chicago Press, 2001, p. 117120 Google Scholar ; Herman, John E., « The cant of conquest: Tusi offices and China's political incorporation of the southwest frontier », in Crossley, P. K., Siu, H. F. et Sutton, D.S. (dir.), Empire at the margins: Culture, ethnicity and frontier in early modern China, Berkeley, University of California Press, 2006, p. 135168 Google Scholar, Id., Amid the clouds and mist: China's colonization of Guizhou, 1200-1700, Cambridge, Harvard University Asia Center, 2007, p.103-143 ; Giersch, Charles Patterson, Asian borderlands: The transformation of Qing China's Yunnan frontier, Cambridge, Harvard University Press, 2006, p. 1112.Google Scholar

13- Le Grand Conseil, le nom conventionnellement utilisé pour nommer cette institution, fut créé en différentes étapes entre 1729 et 1733 pour permettre à l’empereur de mieux contrôler les campagnes militaires et surveiller directement les parties rétives de l’empire.Sur l’histoire du Grand Conseil, voir Bartlett, Beatrice S., Monarchs and ministers: The Grand Council in Mid-Ch’ing China, 1723-1820, Berkeley, University of California Press, 1991.Google Scholar

14- Forêt, Philippe, Mapping Chengde: The Qing landscape enterprise, Honolulu, University of Hawai’i Press, 2000, p. 47.Google Scholar

15- Elliott, Mark C. et Chia, Ning, « The Qing hunt at Mulan », in Millward, J. A. et al. (dir.), New Qing imperial history: The making of inner Asian empire at Qing Chengde, Londres, Routledge, 2004, p. 6683, voir p.70.Google Scholar

16- Crossley, P. K., A translucent mirror…, op. cit., p. 5788 Google Scholar. Pour mon interprétation de l’ancienne façon de désigner les unités de Nikan, ujen cooha, voir ibid., p.96, n.20. J’ai proposé en 1989 que le terme « Chinois-guerrier » soit utilisé comme traduction littérale du terme administratif employé pour décrire ces unités (hanjun baqi ).D’autres traductions furent proposées par la suite et une majorité de spécialistes de cette période préfère encore utiliser rien de moins que l’expression « Hommes des Bannières chinois » (Chinese Bannermen).Ce qui revient à mon avis à suivre les prescriptions révisionnistes établies par la Cour au XVIIIe siècle, tout en occultant l’histoire et l’importance de ces institutions.

17- P. K. Crossley, « The conquest elites of the Ch’ing empire », art.cit.

18- Sur la complexité de l’affiliation chez les Mongols, sur les politiques développées par les Qing pour encourager leur acculturation interne, et sur les conflits entre groupes mongols sur la question de la loyauté envers les Qing, voir Crossley, P. K., A translucent mirror…, op. cit., p. 311326 Google Scholar ; Id., « Making Mongols » in Crossley, P. K., Siu, H. F. et Sutton, D. S. (dir.), Empire at the margins…, op. cit., p. 5282 Google Scholar ; Id., « The conquest elites of the Ch’ing empire », art.cit. Pour une discussion portant sur les textes et les représentations dans la Mongolie des Qing, pimentée par les tensions entre un traditionalisme mongol de plus en plus conscient et l’imposition par les Qing d’une identité monolithique, voir J. Elverskog, Our great Qing…, op. cit.

19- Crossley, P. K., A translucent mirror…, op. cit., p. 116128 et 290-296.Google Scholar

20- En anglais, l’auteur utilise l’orthographe Uyghur, adoptée par James Millward et d’autres, suivant Henry G.Schwarz (NDLR).Il existe des variantes, et le terme luimême, utilisé avant le XXe siècle, est anachronique.Pour une explication sur ce point, voir Millward, James A., « A Uyghur Muslim in Qianlong's court: The meaning of the Fragrant Concubine », The Journal of Asian Studies, 53-2, 1994, p. 427458, ici p.428.CrossRefGoogle Scholar

21- J. A. Millward, « A Uyghur Muslim in Qianlong's court… », art. cit.

22- Pour une histoire récente de la conquête et du contrôle de la Dzoungarie et du Xinjiang, voir Millward, James A., Beyond the pass: Economy, ethnicity and empire in Qing Central Asia, 1759-1864, Stanford, Stanford University Press, 1998 Google Scholar ; Perdue, Peter C., China marches west: The Qing conquest of Central Eurasia, Cambridge, Belknap Press of Harvard University Press, 2005 Google Scholar ; Newby, Laura J., The Empire and the Khanate: A political history of Qing relations with Khoqand, 1760-1860, Leyde/Boston, Brill, 2005.Google Scholar

23- Voir Benite, Zvi Ben-Dor, « The Marrano emperor: The mysterious bond between Zhu Yuanzhang and the Chinese Muslims », in Schneewind, S. (dir.), Long live the Emperor: Uses of the Ming founder across six centuries of East Asian history, Minneapolis, Society for Ming Studies, 2007, p. 275308.Google Scholar

24- De même que le terme « Ouïgour », il s’agit d’un anachronisme, utilisé par commodité. La plupart des historiens spécialisés expliquent les termes Qing et leurs variantes pour les musulmans sinophones vivant dans les anciens territoires Ming. Voir Gladney, Dru C., Muslim Chinese: Ethnic nationalism in the People's Republic, Cambridge, Council on East Asian Studies/Harvard University Press, 1991 CrossRefGoogle Scholar ; Lipman, Jonathan N., Familiar strangers: A history of Muslims in Northwest China, Seattle, University of Washington Press, 1997 Google Scholar ; Id., « ‘A fierce and brutal people’: On Islam and Muslims in Qing law » in Crossley, P. K., Siu, H. F. et Sutton, D. S. (dir.), Empire at the margins…, op. cit., p. 83112 Google Scholar, particulièrement p.86-88.

25- J. N. Lipman, « ‘A fierce and brutal people’… », art. cit., p. 93-95.

26- Hostetler, L., Qing colonial enterprise…, op. cit., p. 115117 Google Scholar ; Csete, Anne, « Ethnicity, conflict and the state in the early to Mid-Qing: The Hainan highlands, 1644-1800 », in Crossley, P. K., Siu, H. F. et Sutton, D. S. (dir.), Empire at the margins…, op. cit., p. 229252 Google Scholar. Au cours des périodes Ming et Qing, la Cour n’avait pas d’opinion arrêtée sur la question de savoir si certaines parties de la Chine du Sud-Ouest étaient assimilables ou irrémédiablement barbares. Voir Sutton, Donald S., « Ethnicity and the Miao frontier in the eighteenth century », in Crossley, P. K., Siu, H. F. et Sutton, D. S. (dir.), Empire at the margins…, op. cit., p. 469508 Google Scholar ; Shin, Leo K., The making of the Chinese state: Ethnicity and expansion on the Ming borderlands, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 2006 CrossRefGoogle Scholar ; C. P. Giersch, Asian borderlands…, op. cit.

27- J. N. Lipman, « ‘A fierce and brutal people’… », art. cit., p. 90.

28- Comme l’a souligné Gladney, Dru C., « Muslim tombs and ethnic folklore: Charters for Hui identity », The Journal of Asian Studies, 46-3, 1987, p. 495532 CrossRefGoogle Scholar, même la religion est un élément fongible dans l’identité Hui moderne.

29- Pour une bonne description de la vie des fugitifs, voir Waley-Cohen, Joanna, Exile in Mid-Qing China: Banishment to Xinjiang, 1758-1820, New Haven, Yale University Press, 1991, p. 78 Google Scholar et 182-184 et sur les fugitifs des Bannières, plus particulièrement, voir p.1 17.

30- Le cas le plus célèbre est celui de la communauté d’esclaves fugitifs de Palmares, au Brésil, mais on trouve des cas tout aussi importants chez les Seminoles d’Amérique du Nord et dans la communauté Mandinga au Mexique.Il existe également des cas analogues en Chine, des communautés de métayers fugitifs aux communautés de travailleurs migrants, dont aucune ne bénéficiait du soutien de l’État, que ce soit sur le plan financier ou symbolique.Elles présentent toutes les deux un caractère ethnique marqué. Pour une étude classique, voir Honig, Emily, Creating Chinese ethnicity: Subei people in Shanghai, 1850-1980, New Haven, Yale University Press, 1992.Google Scholar

31- Elliott, M. C., The Manchu Way…, op. cit., p. 1625 Google Scholar et 345-356 et Id., « La Chine moderne… », art. cit., p. 1459-1463. Voir aussi Guy, Robert Kent, « Who were the Manchus? A review essay », The Journal of Asian Studies, 61-1, 2002, p. 151164.CrossRefGoogle Scholar

32- Sur l’auto-définition sociale et culturelle des Mongols à cette période, voir Elverskog, J., Our great Qing…, op. cit., p. 127165 Google Scholar et Jankowiak, William R., Sex, death, and hierarchy in a Chinese city: An anthropological account, New York, Columbia University Press, 1993.Google Scholar

33- C’est le thème principal de P. K. Crossley, Orphan Warriors…, op. cit. Sur les usages de cet argument, localisé et amélioré, pour comprendre la construction du nationalisme chinois, voir par exemple Wyman, Judith, « The ambiguities of Chinese antiforeignism: Chongqing, 1870-1900 », Late Imperial China, 18-2, 1998, p. 86122 CrossRefGoogle Scholar ; Tuttle, Gray, Tibetan Buddhists in the making of modern China, New York, Columbia University Press, 2005 Google Scholar, et William Charles Woolridge Jr., « Transformations of ritual and state in nineteenthcentury Nanjing », Ph.D. , Princeton University, 2007.

34- Benite, Zvi Ben-Dor, The dao of Muhammad: A cultural history of Muslims in late imperial China, Cambridge, Harvard University Press, 2005.CrossRefGoogle Scholar

35- Ceci est pour moi un développement et une confirmation de mes arguments de 1990, qui soulignaient le fait que le concept d’ethnicité ne renvoie pas à une conception éternelle des différences d’identité ou de culture,mais dépend du contexte social, culturel et politique dans lequel s’expriment les identités : Crossley, Pamela Kyle, « Thinking about ethnicity in early modern China », Late Imperial China, 11-1, 1990, p. 135.CrossRefGoogle Scholar