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Organisation Territoriale et Monopole du Thé dans la Chine des Song (960-1059)

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Christian Lamouroux*
Affiliation:
EHESS

Extract

La rupture que représentent pour l'histoire de l'empire chinois le Xe et le XIe siècle est devenue un des lieux communs de l'historiographie contemporaine. L'instauration de la dynastie Song en 960 met en effet un terme à une longue crise qui ruinait depuis le milieu du VIIIe siècle la base aristocratique de l'empire Tang. Celui-ci finit par se désagréger au début du Xe siècle : au Nord qui maintient la fiction de dynasties héritières de la dépouille Tang (cinq en moins de soixante ans) s'oppose un Sud constitué d'une mosaïque d'États qui se développent concurremment et inégalement. Ce processus de désorganisation territoriale est en fait indissociable des fortes migrations pluriséculaires qui ont affaibli la plaine du Nord et renforcé le Sud vers lequel le centre de gravité économique de l'empire s'est progressivement déplacé.

Summary

Summary

A study of the effects of the location of the monopoly administration in Southern- Huai, which was the first tea-monopoly zone in the Song dynasty, sheds light on the link between the evolution of monopoly regulations and the re-unification of the empire during that period. After the territorial break-up of the Five Dynasties, the new Song dynasty organized the Southern-Huai tea trade in order to channel profits to the capital, Kaifeng. But, following the complete reunification of South China in 976, the administration had to strengthen its territorial cohesion in order to fight enemies concentrated on the northern borders. An analysis of the circulation of tea certificates is in fact indicative of the tea-merchant guild's control over the monopoly until the System's abolition in 1059. Such was the price paid by the administration in order to insure the financial regularity required for commercial transactions on the borders, i.e., in order to control these areas through a financial network.

Type
De la Chine
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1991

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References

Notes

* Une première version de ce travail doit paraître dans les Actes du colloque organisé à Taipei en juillet 1990 par l'Academia Sinica, The International Conférence on Society and Culture in Early Modem China. Outre les participants à cette conférence, je tiens à remercier Alain Guery et Peter J. Golas pour leurs remarques, leurs critiques et leurs encouragements.

1. Sur les migrations, cf. Pulleyblank, E. G., The Background of the Rébellion of An Lu- Shan, Londres, 1955.Google Scholar Sur l'équilibre économique de l'empire, cf. Jiaju, Zhang, Songdai jingji zhongxin de nanyi(Le transfert du centre de gravité économique vers le Sud à l'époque des Song), Wuhan, 1957.Google Scholar

2. Sur le marché, cf. Twitchett, D., «The T'ang market System», Asia Major, 12/2, 1966, pp. 202248.Google Scholar Sur les mutations économiques et urbaines, cf. Yoshinobu, Shiba, « Urbanization and the Development of Markets in the Lower Yangtze Valley», dans Haeger, J. W. éd., Crisis and Prosperity in Sung China, Arizona (Tucson), 1975, pp. 1348 Google Scholar ; J. C. MA, Laurence, Commercial Development and Urban Change in Sung China, 960-1279, Ann Arbor, 1972.Google Scholar

3. Sur l'appareil administratif, cf. Kracke, E. A. Jr., Civil Service in Early Sung China (960- 1067), Cambridge (Mass.), 1953 Google Scholar ; et W. Lo, Winston, An Introduction to the Civil Service ofSung China, Honolulu, 1987.Google Scholar Sur le lien entre politique et concours, cf. Chaffee, J., The Thorny Gates of Learning in Sung China, Cambridge, 1985.Google Scholar

4. Pour les transformations militaires, cf. Gongwu, Wang, The Structure of Power in North ChinaDuring theFiveDynasties, Kuala-Lumpur, 1963 Google Scholar, et Edmund H. Worthy, «The Founding of Sung China, 950-1050: Integrative Changes in Military and Political Institutions», thèse inédite, Princeton University, 1976. Concernant les évolutions dans le domaine administratif, cf. Ichisada, Miyazaki, « Sôdai shûken seido no yurai to sono tokushoku » (L'origine et les caractères originaux de l'organisation des préfectures et des sous-préfectures à l'époque Song), Shirin, 36/2, 1953, pp. 127.Google Scholar

5. Golas, Peter J., « New Directions in the Study of the Sung Economy », International Symposium on Sung History, Taipei, 1988, pp. 125137 Google Scholar, en particulier p. 134 et la note 7.

6. Lamouroux, C., « Les contradictions d'un système hydraulique : l'exemple du bassin de la Huai sous les Song du Nord», T'oung Pao, 75/2, 1989, pp. 127162 CrossRefGoogle Scholar; et «Espace et peuplement dans la Chine des Song », Études chinoises, 9/1, 1990, pp. 35-94.

7. Sur le thé à l'époque des Song du Nord, on dispose d'une monographie très complète que suit, sauf indication contraire, notre propre exposé sur les réglementations du monopole. Cf. Zhongsheng, Zhu, Bei-Song cha zhi shengchan yu jingying(Production et commercialisation du thé sous les Song du Nord), Taipei, 1985.Google Scholar

8. Sima Guang, Zizhi tongjian (Miroir complet pour l'édification du gouvernement, compilé entre 1067 et 1086), ch. 259, [Pékin, 1987, vol. 18, p. 8 434]. D'autres exemples attestent la permanence des liaisons commerciales entre régions, notamment dans le Sud où les « Dix Royaumes » connaissent une plus grande stabilité politique que les dynasties du Nord : cf. Han Guopan, « Wudai shi nan Zhongguo de jingji fazhan jiqi xiandu » (Le développement économique et ses limites dans la Chine du Sud à l'époque des Cinq Dynasties), article de 1956 repris dans Guopan, Han, Sui Tang Wudai shi lunji(Recueil d'essais sur l'histoire des Sui, des Tang et des Cinq Dynasties), Pékin, 1979, pp. 234266 Google Scholar, en particulier pp. 245-250. Hugh R. Clark considère, pour sa part, que les trafics des commerçants du royaume de Min ont été vitaux pour le petit État, le maintien du tribut constituant autant un lien politique avec le nord de la Chine qu'une occasion de commercialiser sur le continent épices et produits de luxe obtenus grâce au négoce avec la Corée ou la Malaisie : Cf. Hugh R. Clark, « Consolidation on the South China Frontier : the Development of Ch'iian-chou, 699-1126», thèse inédite, Univ. of Pennsylvania, 1981, pp. 146-154 et 175-176.

9. Wu Renchen, Shiguo chunqiu (Annales des Dix Royaumes, compilé en 1669), ch. 1, [Pékin, 1983, vol. 1, p. 11] ; Dating, Ling, Zhongguo chashuijianshi(Brève histoire de la fiscalité sur le thé en Chine), Pékin, 1986, p. 26.Google Scholar

10. Wu Renchen, Shiguo chunqiu, ch. 3, [1/61] ; Ling Dating, Zhongguo chashui, p. 26.

11. Zhang Zexian donne des indications fragmentaires sur les activités liées au thé dans ce royaume du Sud : plus de 7 000 livres de thé perçues comme taxe annuelle dans la seule sous-préfecture de Shucheng, au sud du bassin de la Huai, ou encore 38 ateliers publics d'affinage du thé installés dans la commanderie de Jian'an, dans l'actuel Fujian, cf. Tang Wudaifuyishicao (Esquisse d'une histoire des taxes et des corvées à l'époque des Tang et des Cinq Dynasties), Pékin, 1986, p. 206.

12. Tuo Tuo, Songshi (Histoire des Song, achevé en 1345), cité désormais SS, ch. 276, «Fan Zhigu zhuan » (Biographie de Fan Zhigu), Pékin, 1977, p. 9394.

13. Juzheng, Xue, Jiu Wudaishi(Ancienne histoire des Cinq Dynasties, compilé en 974), « Chu benjia » (Histoire de la maison de Chu), cité par Dating, Ling, Zhongguo cha shui, p. 26 ; Zhang Zexian, Fuyi shicao, p. 207.Google Scholar

14. Cefu Yuangui (Précédents tirés du palais des écrits, compilé entre 1005 et 1013), « Bangji bu » (rubrique État), « fushui » (taxes), cité par Ling Dating, Zhongguo cha shui, pp. 25-26.

15. Tuo Tuo, SS, ch. 183, «Shihuo» (Traité économique), p. 4479; et Ling Dating, Zhongguo cha shui, p. 26.

16. Ling Dating, op. cit., pp. 25-26.

17. Li Tao, Xu zizhi tongjian changbian (Grande compilation pour faire suite au Miroir complet pour l'édification du gouvernement, compilation achevée en 1183), cité désormais XCB, ch. 5, [Pékin, 1979-86, vol. 2, p. 130].

18. Li Tao, XCB, ch. 5, [2/131].

19. Id., ch. 6, [2/152]. Sur les intendants à l'époque des Song et la multiplicité de leur fonctions, cf. Winston, W. Lo, « Circuits and Circuits Intendants in the Territorial Administration of Sung China», Monumenta Serica, 31, 1975, pp. 39107.Google Scholar Sur le rôle des co-administrateurs, cf. E. Worthy, « The Founding of Sung China », pp. 282-284.

20. Huailin, Xu, «Bei-Song zhuanyunshi zhidu lüelun» (Aperçu sur l'institution des intendants sous les Song du Nord), Song shiyanjiu lunwenji(Recueil d'études sur l'histoire des Song), Henan (Zhengzhou), 1982, pp. 287318, en particulier pp. 288-291.Google Scholar

21. Le premier empereur Song, Taizu (927-976), ordonne ainsi que l'intendant chargé d'administrer la région métropolitaine en 972 soit précédé d'un étendard portant ces quelques mots rédigés de sa propre main : « Là où va Li Fu c'est l'empereur en personne qui s'y rend ». Cf. Li Tao, XCB, ch. 13, [2/288].

22. Id., ch. 5, [2/139].

23. Xu Song, Song huiyao jigao (Documents sur les institutions de la dynastie des Song, compilé en 1936), cité désormais Shy, «Shihuo» (Traité économique), 50/1.

24. M, 38/26.

25. W.,30/1.

26. Li Tao, XCB, ch. 15, [2/319] ; Tuo Tuo, SS, ch. 276, « Liu Pan zhuan » (Biographie de Liu Pan), p. 9389.

27. Xu Song, Shy, «Shihuo», 30/1.

28. Shee, Sung, « Bei-Song shangren de ruzhong bianliang » (Les livraisons de céréales assurées sur les frontières par les marchands à l'époque des Song du Nord), Song shiyanjiu luncong(Collection d'études sur l'histoire des Song), t. 1, Taipei, 1979 (2e éd.), pp. 7381 Google Scholar ; ZHU Zhongsheng, Bei-Song cha, pp. 288-291.

29. Cf. entre autres Shee, Sung, «Songdai guanfu, guanli jianying shangye jiqi yingxiang», (Les activités commerciales des administrations et des fonctionnaires et leurs conséquences à l'époque des Song), Song shi yanjiu luncong(Collection d'études sur l'histoire des Song), t. 3, Taipei, 1988, pp. 4570 Google Scholar ; Setsuko, Yanagida, « Sôdai kanryô no shôgyô kôi ni tsuite » (Les activités commerciales des fonctionnaires à l'époque des Song), Nakamura Jiheisensei koki kinen Tôyô shi ronsô(Mélanges sur l'histoire de l'Asie Orientale offerts au professeur Nakamura Jihei pour son 70e anniversaire), Tokyo, 1986, pp. 468483 Google Scholar, en particulier les conclusions de la page 481.

30. On trouve ainsi une chronologie détaillée dans Shen Gua, Mengqi bitan (Notes prises à Mengqi, compilé entre 1086-1093), cité désormais MQBT, ch. 12, «Guan zheng» (Règlements administratifs), 2, Taipei, 1980, p. 81 ; cf. également Ma Duanlin, Wenxian tongkao (Examen général des textes originaux et des documents y afférant, achevé vers 1308), ch. 18, « Zheng que » (Les monopoles), 5, «Que cha» (Le monopole du thé), Taipei, 1965, vol. 1, pp. 173-175. Dans le chapitre 4 de son ouvrage, Gu jin yuan liu zhi lun xuji (Suite aux meilleurs essais, anciens et modernes, sur l'origine et l'histoire, compilé en 1237), Lin Jiong propose un classement des réglementations du monopole du thé selon l'accent mis sur un des trois principes suivants : vente effectuée par l'administration, circulation assurée par les marchands et taxation des foyers producteurs (cité dans Tomi, Saeki, Sôdai chahô kenkyû shiryô (Matériaux de recherche sur la réglementation du commerce du thé à l'époque des Song), Tokyo, 1941, p. 4).Google Scholar

31. Le chapitre IV de la monographie de Zhu Zhongsheng (Bei-Song cha, pp. 281-324) est consacré à la présentation et au commentaire de ces textes.

32. Xu Song, Shy, « Shihuo », 30/1.

33. Id., 36/3.

34. Li Tao, XCB, ch. 103, [8/2391].

35. MA Duanlin, Wenxian tongkao, [1/174] ; Xu Song, Shy, «Shihuo», 36/3.

36. Shen Gua, MQBT, ch. 12, p. 81.

37. Xu Song, Shy, «Shihuo», 36/4.

38. Hino Kaisaburo distingue trois formes d'achats administratifs sous les Song suivant le mode de paiement : monnaies (he di), marchandises (bo di), effets de commerce (bian di). Certains détails, que nous soulignerons plus loin, incitent néanmoins à penser que la distinction n'est pas aussi nette entre bo di et bian di, cf. Hino Kaisaburo, Tôyô shigaku ronshû (Recueil d'études historiques sur l'Asie Orientale), vol. 11, Tokyo, 1988, p. 335.

39. Li Tao, XCB, ch. 100, [8/2313] ; Shen Gua, MQBT, ch. 11, «Guan zheng, 1 », p. 71.

40. Shen Gua, ibid.

41. Id.

42. Li Tao, XCB, ch. 50, [4/1094].

43. Id., et ch. 60 [5/1336].

44. Tuo Tuo, SS, «Shihuo», ch. 185, p. 4483.

45. Li Tao, XCB, ch. 60, [5/1336], et chap. 85, [7/1937].

46. /rf.,ch. 107, [8/2505].

47. Id., ch. 165, [12/3976]. Appliquée pour la première fois en 1002, cette réglementation voit ses clauses renégociées dès l'année suivante, la part du thé passant de 30 à 40 %. En 1005 ces dispositions sont abolies au profit du nouveau règlement sur les livraisons. Pourtant la réglementation des «fractions» réapparaît régulièrement, d'abord au Hebei de 1025 à 1036, puis à nouveau en 1040, avant d'être généralisée de 1048 à 1051. Cf. Annexe 1.

48. Shen Gua (MQBT, ch. 11, p. 71) remarque la confusion sémantique entretenue durant le xie siècle entre les deux termes, « trois clauses » et « trois fractions », alors que les archives gouvernementales auxquelles il a eu accès distinguent clairement les deux règlements. Cette confusion est intéressante à souligner ici, car elle a vraisemblablement été rendue possible par le fait qu'il s'agissait de deux applications d'un seul et même principe, celui des « livraisons ».

49. Cf., entre autres, les articles pionniers de KatÔ Shigeshi, Zhongguo jingji shi kaozheng (Examen critique de l'histoire économique chinoise, version chinoise de Shina keizai shi kôshô), t. II, Taipei, 1981 ; cf. également Qian Gongbo, « Songdai xinyong tonghuo zhi yanbian » (L'évolution du crédit et des moyens monétaires à l'époque des Song), Song shi yanjiu ji (Recueil d'études sur l'histoire des Song), vol. 6, Taipei, 1971, pp. 429-456.

50. Li Tao, Xcb, ch. 85, [7/1936].

51. Il faut souligner ici l'importance de l'étude que Hino Kaisaburo a consacrée aux certificats délivrés par le monopole du sel sous les Song, et en particulier un point qui conforte notre propre analyse. Hino, s'il a, de notre point de vue, parfaitement rendu compte du rôle des « boutiques de certificats », s'est en fait appuyé sur les documents qui décrivent les transactions effectuées dans le cadre du monopole du… thé. Cf. Kaisaburo, Hino, Tôyô shigaku ronshû(Recueil d'études historiques sur l'Asie Orientale), vol. 6, Tokyo, 1983, pp. 144235.Google Scholar

52. Shen Gua, MQBT, ch. 11, p. 71.

53. Il nous a été impossible de distinguer avec certitude les comptoirs supérieurs des comptoirs inférieurs. On peut supposer que cette classification renvoie à la valeur des thés négociés. Dans ce cas l'expression « supérieurs » désignerait Haizhou, Jiangling et peut-être Jian'an.

54. Li Tao, XCB, ch. 100, [8/2313] ; Shen Gua, MQBT, ch. 11, p. 71.

55. Le même mot peut se lire xing shang et sert à distinguer les marchands itinérants des marchands locaux et des propriétaires de boutiques.

56. Li Tao, XCB, ch. 60, [5/1336], et ch. 100, [8/2313] : « Parmi ceux qui effectuent des livraisons on ne compte pas seulement des marchands de la guilde, beaucoup sont des marchands locaux. D'une part, ceux-ci ignorent l'importance des profits tirés du thé, d'autre part, ils sont pressés de toucher leur argent. Quand ils ont obtenu leurs certificats, ils les revendent à des marchands de thé ou aux marchands de place de la capitale qui tiennent les boutiques de certificats, les bénéfices réalisés par ces derniers étant incalculables. »

57. Li Tao, XCB, ch. 50, [4/1084].

58. Id., ch. 85, [7/1937], et ch. 60, [5/1336].

59. Id., ch. 103, [8/2391].

60. Zhu Zhongsheng, Bei-Song cha, pp. 69-70 et 185-187.

61. Id., pp. 67-69.

62. Li Tao, XCB, ch. 141, [11/3390].

63. Id., ch. 236, [17/5738].

64. Wang Anshi, « Cha shang shier shuo » (Douze points sur les marchands de thé), Wang Wen gong wenji (OEuvres de son excellence Wang Wen, compilation des Song du Sud (vers 1140?)), ch. 31, [Pékin, 1974, vol. 1, pp. 367-368].

65. Li Tao, XCB, ch. 100, [8/2315].

66. Id., ch. 118, [9/2781].

67. Id., ch. 220, [16/5349].

68. Shen Gua, MQBT, ch. 11, p. 71. On trouve d'autres exemples de quotas en 1040 et en 1042, mais il s'agit d'une mesure prise dans le seul Hebei où les céréales sont, ces années-là, vendues à très bas prix. Les achats en espèces que stipulent alors les règlements désavantageraient trop les marchands, rétribués de ce fait en certificats de sel. Cf. Zhu Zhongsheng, Bei-Song cha, pp. 315-316.

69. Wang Anshi, «Cha shang», [1/367].

70. Berger, P., La monnaie et ses mécanismes, Paris, 1971, pp.1719 Google Scholar,et Netter, M., Les institutions monétaires en France, Paris, 1969, pp. 6264.Google Scholar

71. Hartwell, R., « The Evolution of the Early Sung Monetary System», Journal of the American Oriental Society, 87/3, 1967, pp. 280289.CrossRefGoogle Scholar

72. Ichisada, Miyazaki, « Godai Sôchô no tsûka mondai kogai » (Aperçu sur les questions monétaires durant les Cinq Dynasties et au début des Song), Ajia shi kenkyû (Recherches sur l'histoire de l'Asie), t. II, Kyoto, 1963, pp. 130139.Google Scholar

73. Nous utilisons ici la distinction proposée pour la France du xve siècle par Bernard Guenée qui oppose la conception du parlement de Paris, favorable à l'administration du royaume depuis le centre géographique qu'est la ville capitale, à une centralisation institutionnelle fondée sur la reconnaissance par le roi d'une autonomie des provinces. Cf. Guenée, B., « Espace et État dans la France du Bas Moyen-Age », Annales ESC, n° 4, 1968, pp. 744758.Google Scholar

74. Cette notion de lieu-pivot est empruntée à l'étude du système des lettres de change par Boyer-Xambeu, M.-T., Deleplace, G., Gillard, L., Monnaie privée et pouvoirdes princes. L'économie des relations monétaires à la Renaissance, Paris, 1986, en particulier pp. 262270.Google Scholar

75. De ce point de vue, notre travail ne fait que confirmer l'analyse de Hino qui soulignait déjà l'intégration des régions du Nord et celles du Sud grâce à deux cartes représentant la circulation des certificats et des marchandises (Tôyô shigaku ronshû, vol. 6, pp. 226-227 et 230-231). Pourtant la traduction cartographique de ces liens interrégionaux apparaît paradoxalement indifférente à l'espace, l'utilisation de flèches soulignant le souci de l'auteur de représenter d'abord des flux. Voilà pourquoi la localisation de la zone de contact, notre zone pivot, n'est guère précise : quelque part entre Kaifeng et le bassin de la Huai.

76. Xu Song, Shy, « Shihuo », 29/6-10.

77. Zhu Zhongsheng, Bei-Song cha, pp. 132-137.

78. KatÔ Shigeshi, « Songdai shangshui kao » (Examen de la taxe commerciale sous les Song), Zhongguo jingji shi kaozheng, t. II, pp. 624-669.

79. L'opposition entre la logique militaire d'un espace organisé autour de pôles de défense et la logique des réseaux commerciaux reste à explorer tant sur le plan des pratiques que sur celui des représentations de l'espace au xie siècle. On se contentera d'en suggérer ici la problématique à partir d'un rapport daté de 999. L'auteur, le préfet He Chengju, y déplore l'autorisation accordée aux marchands de commercer et donc de circuler dans les zones frontières où sont installées des fortifications. A une circulation faite «d'échanges et de passages», il oppose des déplacements planifiés et comptabilisés de troupes «en patrouille» entre les places fortes. Cf. Li Tao, XCB, ch. 44, [4/946].

80. Le premier thème est largement développé par l'historiographie marxiste, on trouve une illustration de la seconde approche dans Feuerwerker, A., « The State and the Economy in Late Impérial China », Theory and Society, 13, 1984, pp. 297326 CrossRefGoogle Scholar, en particulier pp. 313-323.