Hostname: page-component-cd9895bd7-7cvxr Total loading time: 0 Render date: 2024-12-25T07:48:27.661Z Has data issue: false hasContentIssue false

Mourir en mer en Méditerranée

La succession intestat et l’héritage de biens meubles sur les navires vénitiens au xviie siècle

Published online by Cambridge University Press:  22 December 2022

Maria Fusaro*
Affiliation:
University of [email protected]

Résumé

Cet article s’intéresse à la succession ab intestat au sein de la République de Venise comme un moyen d’analyser l’interaction entre la procédure juridique et l’économie politique. En se concentrant sur les personnes décédées ab intestat à bord de navires vénitiens et en replaçant les règles de ces successions dans le contexte de l’économie politique de la République, il défend l’importance des biens meubles en termes économiques et sociaux. Ce faisant, il examine la manière dont les règlements et les procédures concernant les successions intestats étaient conçus pour protéger les réseaux de crédit et les intérêts commerciaux, des négoces de riches marchands jusqu’aux transactions à petite échelle de marins et de gens de mer, en nous intéressant aussi à la manière dont cela affectait leurs épouses. L’essai soutient que Venise utilisait la réciprocité dans ces domaines comme un moyen de soutenir ses objectifs économiques. Enfin, il suggère comment cette source documentaire peut permettre à de futures recherches de réévaluer la richesse matérielle des marins dans la Méditerranée du xviie siècle et leurs activités de micro-entrepreneurs.

Abstract

Abstract

This article considers intestate succession within the Republic of Venice as a way to analyze the interaction between legal procedure and political economy. By focusing on those who died intestate while on Venetian ships, and contextualizing intestate succession rules within the political economy of the Republic, it argues for the importance of mobile wealth in both economic and social terms. In so doing, it discusses the ways in which regulations and procedures concerning intestate succession were designed to protect credit networks and trade interests, from the dealings of rich merchants to the small-scale transactions of seamen and seafarers, commenting also on how this affected their wives. The essay argues that Venice utilized reciprocity in these matters as a way to support its economic goals. Finally, it suggests how this documentary evidence can enable future research to reevaluate the material wealth of seamen in the seventeenth-century Mediterranean and their micro-entrepreneurial activities.

Type
La mer, la politique et le droit
Copyright
© Éditions de l’EHESS

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

1 À Venise, le masser était responsable de la partie de la cargaison qui appartenait au navire, comme les victuailles, les provisions, les cordes, le bois et divers matériels nécessaires aux réparations. Sur les fonctions à bord des vaisseaux à l’époque moderne, avec un tableau comparatif des différentes langues européennes (qui souligne les différentes structures et les problèmes associés à la traduction d’une telle terminologie), voir http://humanities.exeter.ac.uk/history/research/centres/maritime/resources/sailingintomodernity/roles/.

2 Giuseppe Boerio, Dizionario del dialetto veneziano, Venise, Santini, 1829, p. 552 : « Schiavina : coperta da letto di lana ruvida e ben grossa » (Schiavina : couvre-lit en laine grossière) ; Pietro Contarini, Vocabolario portatile del dialetto veneziano, Venise, Tipografia dell’Ancora, 1888, p. 66 : « Felzada : coperta da letto a pelo lungo » (Felzada : couverture de lit à poils longs).

3 Archivio di Stato di Venezia (ci-après ASV), Giudici del Proprio (ci-après GdP), Inventari e stime, busta (ci-après b.) 2, register (ci-après reg.) 3 (1628-1644), carta (ci-après c.) 29r (le 20 janv. 1634 mv). Pour les dates situées entre le 1er janvier et la fin du mois de février, la formule mv (more Veneto) indique l’usage du calendrier en vigueur à Venise. Il est donc nécessaire d’ajouter une unité à l’année : par exemple, janv. 1649 mv = janv. 1650.

4 Sur les navires vénitiens, le scrivano était responsable de la gestion administrative et financière du bateau. Il avait la charge de tous les registres et documents du bateau, et occupait ainsi la seule fonction à bord réservée exclusivement à des personnes ayant un niveau d’instruction élevé. Sur les bateaux « italiens », il faisait également office de notaire à bord. Il n’existe pas réellement d’équivalent en anglais ou en français, où le terme le plus proche est purser, ou commissaire de bord (mais il est important de souligner qu’il ne s’agit pas exactement de la même fonction).

5 ASV, GdP, Inventari e stime, b. 2, reg. 3 (1628-1644), c. 81r-84v ; « un paro di scarpe nove negre alla moda », c. 82r.

6 Les sources secondaires à ce sujet sont nombreuses : un bon point de départ est Geoffrey M. Hodgson, « 1688 and All That: Property Rights, the Glorious Revolution and the Rise of British Capitalism », Journal of Institutional Economics, 13-1, 2017, p. 79-107 et la bibliographie citée dans l’article.

7 Sur la dimension économique, voir Ioanna Iordanou, « Pestilence, Poverty and Provision: Re-evaluating the Role of the Popolani in Early Modern Venice », Economic History Review, 69-3, 2016, p. 801-822. Sur la dimension politique, voir Maartje van Gelder et Claire Judde de Larivière (dir.), Popular Politics in an Aristocratic Republic: Political Conflict and Social Contestation in Late Medieval and Early Modern Venice, Londres, Routledge, 2020.

8 La cour des Giudici del Proprio est l’une des six Corti di Palazzo pour lesquelles il nous reste des documents d’archives. Pour plus d’informations sur les Corti, voir Maria Fusaro, « Politics of Justice/Politics of Trade: Foreign Merchants and the Administration of Justice from the Records of Venice’s Giudici del Forestier », Mélanges de l’École française de Rome. Italie et Méditerranée modernes et contemporaines, 126-1, 2014, https://doi.org/10.4000/mefrim.1665. Anna Bellavitis a utilisé les archives du Proprio pour retrouver qui avait effectivement réclamé des héritages et pour enquêter sur la question des restitutions de dot : voir Anna Bellavitis, Famille, genre, transmission à Venise au xvie siècle, Rome, École française de Rome, 2008, en particulier le chapitre 2, « La succession et la loi », p. 35-54.

9 Voir, par exemple, comment l’étude de telles lois a rendu visibles les particularités du système juridique soviétique : L. Neville Brown, « Inheritance and the Communist Legal Order », Soviet Studies, 14-3, 1963, p. 295-313.

10 Sur les problèmes posés par l’harmonisation des approches de l’héritage propres aux différents systèmes juridiques nationaux au sein de l’Union européenne, voir Alfonso-Luis Calvo Caravaca, Angelo Davì et Heinz-Peter Mansel (dir.), The EU Succession Regulation: A Commentary, Cambridge, Cambridge University Press, 2016.

11 Pour une analyse intéressante des changements sociétaux concernant les familles et leurs conséquences juridiques, voir Mark E. Brandon, States of Union: Family and Change in the American Constitutional Order, Lawrence, University Press of Kansas, 2013.

12 Voir María Belén García Lopez, « Los Autos de Bienes de Difuntos en Indias. El caso del sevillano Baltasar Tercero », Nuevo Mundo Mundos Nuevos, 2010, https://doi.org/10.4000/nuevomundo.59829 ; Francisco Fernández López, « El procedimiento y los expedientes de bienes de difuntos en la Casa de la Contratación de Indias (1503-1717) », Tiempos Modernos, 30-8, 2015, http://www.tiemposmodernos.org/tm3/index.php/tm/article/view/391. Une interprétation intéressante du cas ibérique, contenant d’importantes considérations méthodologiques générales, peut être lue dans Tamar Herzog, « Early Modern Citizenship in Europe and the Americas: A Twenty Years’ Conversation », Ler história, 78, 2021, p. 225-237.

13 La place de l’épouse a toujours été au cœur de différentes approches du partage de l’héritage ; pour une analyse comparative, voir Reinhard Zimmermann, « Das Ehegattenerbrecht in historisch-vergleichender Perspektive », Rabels Zeitschrift für auslänidisches und internationales Privatrecht, 80-1, 2016, p. 39-92. Pour une enquête à l’échelle européenne qui s’intéresse aux liens entre parenté et héritage, voir David Warren Sabean, Simon Teuscher et John Mathieu (dir.), Kinship in Europe: Approaches to Long-Term Development (1300-1900), New York, Berghahn, 2007 et la bibliographie citée dans l’ouvrage. Ces questions sont essentielles pour traiter de la succession intestat, comme le montre clairement le principal recueil de jurisprudence sur le sujet dans le cadre de la common law : « La législation et la pratique relatives à la succession intestat sont essentielles à la jurisprudence tant du droit de la propriété que du droit des familles, et sont un aspect central de la pratique professionnelle. » Voir C. H. Sherrin et R. C. Bonehill (dir.), The Law and Practice of Intestate Succession, 2004 (3e édition), Londres, Thomson, p. 1.

14 Sur les différences entre les biens « meubles » et les biens « immeubles » durant l’époque moderne, voir Anna Bellavitis, Identité, mariage, mobilité sociale. Citoyennes et citoyens à Venise au xvie siècle, Rome, École française de Rome, 2001, notamment le chapitre 4, « Les lois », p. 141-166 ; Renata Ago, Economia barocca. Mercato e istituzioni nella Roma del Seicento, Rome, Donzelli, 1998.

15 Peter Sahlins, Unnaturally French: Foreign Citizens in the Old Regime and After, Ithaca, Cornell University Press, 2004 ; Simona Cerutti, « À qui appartiennent les biens qui n’appartiennent à personne ? Citoyenneté et droit d’aubaine à l’époque moderne », Annales HSS, 62-2, 2007, p. 355-383 ; Peter Sahlins, « Sur la citoyenneté et le droit d’aubaine à l’époque moderne. Réponse à Simona Cerutti », Annales HSS, 63-2, 2008, p. 385-398.

16 Voir les réflexions stimulantes de Ron Harris, « The Encounters of Economic History and Legal History », Law and History Review, 21-2, 2003, p. 297-346.

17 Tout au long de cet article, j’utiliserai le terme « gens de mer » (seafarer) pour désigner tous ceux qui voyageaient et travaillaient sur des navires. Les registres sur lesquels s’appuie mon analyse, bien que recensant énormément de marins (c’est-à-dire ceux pour qui les navires constituaient le lieu de travail), contiennent également des informations concernant des marchands itinérants et d’autres passagers. Venise avait une longue tradition de navires transportant des passagers : Benjamin Arbel, « Daily Life on Board Venetian Ships: The Evidence of Renaissance Travelogues and Diaries », in G. Ortalli et A. Sopracasa (dir.), Rapporti mediterranei, pratiche documentarie, presenze veneziane. Le reti economiche e culturali ( xiv- xvi sec.), Venise, Istituto veneto di scienze, lettere ed arti, 2017, p. 183-219, en particulier p. 206-208 sur la question opérationnelle du traitement des décès en mer.

18 Parmi les premiers traités de référence, voir Nicolaus de Ubaldis, Tractatus de successionibus ab intestato, Rome, Antonii et Raphaelis de Vulterris, 1473, avec cinq éditions publiées dans toute l’Europe entre 1473 et 1488 ; Giuseppe Casaregi, Elucubrationes ac Resolutiones in aliquot, & ad integra Statuta de Decretis ac de Successionibus Ab Intestato, in Discursus Legales de Commercio, vol. 3, Venise, Ex typographia Balleoniana, 3 vol., 1740, p. 37-140. Une anthologie utile des traités sur le sujet et l’un des ouvrages faisant autorité durant l’époque moderne est le Tractatus Illustrium in utraque tum Pontificii, tum Cæsarei iuris facultate Iurisconsultorum De Ultimis Voluntatibus, Venise, Annali tipografici della Societas Aquilae se Renovantis, 1584.

19 Maria Fusaro, « Representation in Practice: The Myth of Venice and the British Protectorate in the Ionian Islands (1801-1864) », in M. Calaresu, F. De Vivo et J.-P. Rubiés (dir.), Exploring Cultural History: Essays in Honour of Peter Burke, Aldershot, Ashgate, 2010, p. 309-325. Ce que cela implique pour la propriété immobilière est analysé en détail dans Spyridon Flogaïtis, Système vénitien de successions ab intestat et structures familiales dans les îles Ioniennes, Genève, Droz, 1981. Dans le même ordre d’idées, on peut trouver des réflexions intéressantes concernant la survie des législations ab intestat en Guyane britannique dans B. E. J. C. Belmonte, The Law of Inheritance ab Intestato Shown by 96 Examples of Cases under the South and North Holland Law of Inheritance ab Intestato…, Londres, Sweet and Maxwell, 1908.

20 Ayushi Singhal, « Finally, Hope! Female Intestate Succession under Hindu Law », Economic and Political Weekly, 51-11, 12 mars 2016, p. 15-17.

21 « La disparità consiste nella predilezione del sesso maschil a conservator delle famiglie in ciò che attiene a’ fondi immobili nella Città di Venezia » (« la différence [par rapport au droit romain] réside dans la préférence donnée au sexe masculin comme gardien de la famille, dans la mesure où il s’agit de biens immobiliers dans la cité de Venise »), Vettor Sandi, Principi di Storia Civile della Repubblica di Venezia dalla sua fondazione sino all’anno di N.S. 1700, première partie, vol. 2, Venise, Sebastiano Coletti, 1755, p. 842, avec une synthèse globale des réglementations en matière de succession intestat aux pages 842-848. Voir également ASV, Compilazione delle leggi, prima serie, b. 204, c. 63-101 [numérotation moderne au crayon à papier], c. 214-221.

22 ASV, Compilazione delle leggi, prima serie, b. 204, c. 63-101 [numérotation moderne au crayon à papier], contient un ensemble d’exemples illustrant de tels héritages ; il est intéressant de souligner que les exemples analysés ici (avec commentaires et tableaux généalogiques) concernent quasiment tous des biens fonciers et immobiliers.

23 V. Sandi, Principi di Storia Civile…, première partie, vol. 2, op. cit., p. 805 : « per la loro coerenza al diritto comune, o sia civile Romano, successore il fisco nella mancanza de’ legittimi eredi, e de’ propinqui » (« pour leur cohérence à l’égard du ius commune, ou droit civil romain, le trésor public héritera en l’absence d’héritiers légitimes ou de parents »).

24 Sur l’usage de plus en plus courant parmi les marins en Angleterre au xvie siècle d’ébaucher un testament avant de prendre la mer, voir P. E. H. Hair et J. D. Alsop (dir.), English Seamen and Traders in Guinea, 1553-1565: The New Evidence of Their Wills, Lewiston, Mellen, 1992, p. 73-96. On note dès le xive siècle une augmentation remarquable du nombre de testaments établis dans toute l’Europe, y compris dans les classes populaires de la société ; voir Samuel Cohn, « Renaissance Attachment to Things: Material Culture in Last Wills and Testaments », Economic History Review, 65-3, 2012, p. 984-1004 et la bibliographie citée dans ce travail. Sur les testaments des marins britanniques comme témoignages de leurs cultures matérielles, voir Beverly Lemire, « ‘Men of the World’: British Mariners, Consumer Practice, and Material Culture in an Era of Global Trade, c. 1660-1800 », Journal of British Studies, 54-2, 2015, p. 288-319, et en particulier p. 296-297, 302-303 et 311-315.

25 Thomas Kuehn affirme de manière convaincante que « le décès intestat était un véritable dispositif fonctionnel de transmission des biens – et pas uniquement pour les plus modestes. Des florentins riches et influents, dont Cosme de Médicis, moururent intestats » : Thomas Kuehn, Heirs, Kin, and Creditors in Renaissance Florence, Cambridge, Cambridge University Press, 2008, p. 91.

26 Maria Fusaro, « The Invasion of Northern Litigants: English and Dutch Seamen in Mediterranean Courts of Law », in M. Fusaro et al. (dir.), Law, Labour, and Empire: Comparative Perspectives on Seafarers, c. 1500-1800, Basingstoke, Palgrave, 2015, p. 21-42.

27 Sur les notaires à bord des navires, pour Venise, voir Giorgio Zordan, « Le leggi del mare », in A. Tenenti et U. Tucci (dir.), Storia di Venezia, vol. 12, Il mare, Rome, Istituto dell’Enciclopedia Italiana, 1991, p. 621-662, plus spécifiquement p. 647-648 ; pour Gênes, voir Emily Sohmer Tai, « Held to Account: Medieval Scribes at Sea », Mediterranean Studies, 25-2, 2017, p. 164-188, plus spécifiquement p. 166 ; pour un panorama comparatif plus large, voir Riniero Zeno, Documenti per la storia del diritto marittimo nei secoli xiii e xiv, Turin, Lattes, 1936 et Josée Valérie Murat, « L’écrivain de navire en Méditerranée au xive siècle », Rives méditerranéennes, 2002, https://doi.org/10.4000/rives.82.

28 Pour une vue d’ensemble de la recherche sur les successions vacantes, voir les contributions dans Alessandro Buono et Luca Gabbiani (dir.), no spécial, « Sous tutelle. Biens sans maître et successions vacantes dans une perspective comparative, xiiie-xxe siècles/Under Guardianship: Properties without Owner and Vacant Successions in a Comparative Perspective, 13th-20th Centuries », L’Atelier du Centre de recherches historiques, 22, 2020, https://doi.org/10.4000/acrh.10893.

29 Maria Francesca Tiepolo et al. (dir.), Archivio di Stato di Venezia. Estratto dal vol. IV della Guida Generale degli Archivi di Stato Italiani, Rome, Ministero per i beni e le attività culturali, 1994, p. 988-989 sur les Giudici del Proprio et 937-938 sur l’Ufficiali al Cattaver. Concernant l’augmentation des héritages vacants en raison de la grande peste, voir V. Sandi, Principi di Storia Civile…, première partie, vol. 2, op. cit., p. 805.

30 G. Boerio, Dizionario del dialetto veneziano, op. cit., p. 379.

31 Alessandro Buono, « La manutenzione dell’identità. Il riconoscimento degli eredi legittimi nello Stato di Milano e nella Repubblica di Venezia (secoli xviixviii) », Quaderni storici, 148-1, 2015, p. 231-265, plus précisément p. 234 et 241 ; id., « Le procedure di identificazione come procedure di contestualizzazione. Persone e cose nelle cause per eredità vacanti (Stato di Milano, secc. xvi-xviii) », in L. Antonielli (dir.), Procedure, metodi e strumenti per l’identificazione delle persone e per il controllo del territorio, Soveria Mannelli, Rubbettino Editore, 2014, p. 35-65.

32 ASV, Compilazione delle leggi, prima serie, b. 320, c. 42v [numérotation moderne au crayon à papier], 27 juill. 1630 : « Elezion d’un massaro dell’offitio appresso cui restino depositate le robbe, et haveri de morti intestati in nave, o per mare » (« Désignation d’un greffier pour le bureau où sont déposés les biens et possessions de ceux qui moururent intestats à bord d’un navire, ou en mer »). Texte intégral dans ASV, Compilazione delle Leggi, seconda serie, b. 20, c. 15r et 273r-274r, 27 juill. 1630 ; un autre spécimen se trouve dans ASV, GdP, capitolari, b. 1, c. 207v.

33 Pour l’Angleterre, voir Lloyd Bonfield, Devising, Dying and Dispute: Probate Litigation in Early Modern England, Farnham, Ashgate, 2012, p. 15-42 ; pour l’Italie, voir T. Kuehn, Heirs, Kin, and Creditors, op. cit. et A. Bellavitis, Famille, genre, transmission…, op. cit. ; pour la France, voir Jacques Chiffoleau, « Les testaments provençaux et comtadins à la fin du Moyen Âge. Richesse documentaire et problèmes d’exploitation », in P. Brezzi et E. Lee (dir.), Gli atti privati nel tardo Medioevo : fonti per la storia sociale, Rome, Istituto nazionale di studi romani, 1984, p. 132-152 ; Martha C. Howell, « Fixing Movables: Gifts by Testament in Late Medieval Douai », Past & Present, 150, 1996, p. 3-45.

34 Sur cette augmentation, voir A. Bellavitis, Famille, genre, transmission…, op. cit., p. 73-89.

35 Maria Fusaro, Political Economies of Empire in the Early Modern Mediterranean: The Decline of Venice and the Rise of England, 1450-1700, Cambridge, Cambridge University Press, 2015 ; ead., « The Invasion of Northern Litigants », art. cit., p. 25-27, et la bibliographie citée dans le texte.

36 Jean-François Chauvard, « Adaptabilité versus inaliénabilité. Les dérogations des fidéicommis dans la Venise du xviiie siècle », Annales HSS, 70-4, 2015, p. 849-880, ici p. 858-859. Pour une analyse plus détaillée de ces questions et de leurs implications sociales à plus large échelle à Venise, voir id., Lier et délier la propriété. Tutelle publique et administration des fidéicommis à Venise aux derniers siècles de la République, Rome, École française de Rome, 2018.

37 À une exception près, puisque Giacomo Calina, « connu sous le nom de Rastagari », était un passager du vaisseau maltais (et non pas vénitien) San Francesco e San Domenego e Santa Theresia : ASV, GdP, Inventari e stime, b. 4, reg. 10, c. 19r/v, 16 nov. 1646.

38 Les exceptions sont : Giacomo da Bortolo, pilote sur le galion Pater nominato Sant’Anna, ASV, GdP, Inventari e stime, b. 2, reg. 3, c. 7r, 22 mars 1630 ; Francesco Cosada, marin sur le saetta La Madonna di Carmeni, ASV, GdP, Inventari e stime, b. 4, reg. 10, c. 25r, 27 mars 1647 ; et Nicolò de Francesco de Nicolò Casi, marin sur le San Simeon, ASV, GdP, Inventari e stime, b. 4, reg. 10, c. 55v, 8 avr. 1660.

39 Santa Maria della Salute était un nom de navire vénitien très commun, et il n’a pas été possible d’identifier celui-ci avec certitude. Il s’agissait probablement du « mercatile armato » évoqué par Guido Candiani dans son I vascelli della Serenissima. Guerra, politica e costruzioni navali a Venezia in età moderna, 1650-1720, Venise, Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti, 2009, p. 23 et 26.

40 Sur Bernardo Morosini, voir Kenneth M. Setton, Venice, Austria, and the Turks in the Seventeenth Century, Philadelphie, American Philosophical Society, 1991, p. 147. Pour une analyse des difficultés propres au blocus des Dardanelles entre 1647 et 1649, et au commandement de Morosini, voir Guido Candiani, Dalla galea alla nave di linea. Le trasformazioni della marina veneziana (1572-1699), Novi Ligure, Città del silenzio, 2012, p. 89-91 ; voir également id., I vascelli della Serenissima, op. cit., p. 1-30.

41 ASV, GdP, Inventari e stime, b. 4, reg. 10, c. 40v, 23 sept. 1649.

42 Sur cette question complexe, voir M. Fusaro, « The Invasion of Northern Litigants », art. cit. ; Carla Rahn Phillips, « The Labour Market for Sailors in Spain, 1570-1870 », in P. C. van Royen, J. R. Bruijn et J. Lucassen (dir.), “Those Emblems of Hell”? European Sailors and the Maritime Labour Market, 1570-1870, St John’s, Newfoundland, International Maritime Economic History Association, 1997, p. 329-348 ; Karel Davids, « Seamen’s Organizations and Social Protest in Europe, c. 1300-1825 », International Review of Social History, 39, supplément 2, 1994, p. 145-169, et la bibliographie citée dans l’article.

43 Recopilación de leyes de los Reynos de las Indias, livre 2, titre 32, Madrid, s. n., 1680, http://www.gabrielbernat.es/espana/leyes/rldi/text/l2/0102032.pdf.

44 Delphine Tempère, Vivre et mourir sur les navires du Siècle d’Or, Paris, PUPS, 2009, p. 53-55. Sur les spécificités des testaments pour ceux qui servaient dans l’armée de la couronne de Castille, en particulier les personnes engagées dans les campagnes de Flandre, voir Antonio González Valverde et José Javier Ruiz Ibáñez, « El derecho y el azar testamentario : mérito, promoción social, normativa y tiempos en la sucesión del maestre de campo don Juan de Rivas, castellano de Cambrai (1596-1616) », RiMe. Rivista dell’Istituto di Storia dell’Europa Mediterranea, 8-3, 2021, p. 263-298, ici p. 273-276 et 288-291, ainsi que la bibliographie citée dans l’article.

45 En 1572, une enquête spéciale fut ordonnée par la marine espagnole pour s’assurer que le système fonctionnait : voir José Luis Soberanes Fernández, « El juzgado general de bienes de difuntos », Revista Chilena de Historia del Derecho, 22-1, 2010, p. 637-660, ici p. 646-647. J. L. Soberanes Fernández souligne également l’attention juridique constante portée à ces questions en Espagne et dans ses colonies.

46 P. E. H. Hair et J. D. Alsop (dir.), English Seamen and Traders…, op. cit., p. 76-77 : « Saint Botolph d’Aldgate relevait également de la juridiction de l’archidiaconé et des commissary courts [tribunaux du commissaire de l’évêque] du diocèse de Londres, et, par conséquent, on trouve de la même manière fréquemment les testaments des marins dans les archives des deux tribunaux. »

47 ASV, Compilazione delle Leggi, prima serie, b. 204, c. 103 [numérotation moderne au crayon à papier], 1er avr. 1670 : « restar debbano nella Cassa al mag. del Armar et ciò debba farsi in ordini a tutti li Marinari, Galeoti, Soldati, o altri Morti nella Militia che non avessero eredi » (« Elles devraient être conservées dans les coffres du Magistrato all’Armar, et cela devrait être fait pour tous les galiots, soldats ou tous les autres hommes morts de la milice qui n’ont pas d’héritiers »).

48 Le Governatore di Nave était l’un des plus hauts gradés patriciens dans la flotte vénitienne.

49 Je tiens à remercier Silvia Gasparini pour notre conversation autour de ces questions.

50 Zorzi de Zacheria, nochier (nocher) sur le bertone Fontana, ASV, GdP, Inventari e stime, b. 2, reg. 3, c. 76v, 16 janv. 1638 mv. Sur l’établissement de testaments au sein de la communauté grecque de Venise, voir Ersie C. Burke, The Greeks of Venice, 1498-1600: Immigration, Settlement, and Integration, Turnhout, Brepols, 2016.

51 Costantino de Parisi, ASV, GdP, Inventari e stime, b. 2, reg. 3, c. 80r, 2 nov. 1639 ; il n’existe pas plus d’informations le concernant.

52 Piero de Zuanne, canonnier sur le galion Padre Eterno, ASV, GdP, Inventari e stime, b. 2, reg. 3, c. 10v, 2 oct. 1629 ; Michielin de Candia, penese (personne qui chargeait le navire) du San Pietro et San Giacinto, ASV, GdP, Inventari e stime, b. 2, reg. 3, c. 15v-16v, 7 janv. 1629 mv ; Bernardo q. Zuan Paolo Pasquinelli, passager sur le Narda et Mussa, ASV, GdP, Inventari e stime, b. 2, reg. 3, c. 37r, 27 août 1634 ; Stefano Rozamalato, probablement un canonnier flamand sur le bertone Giovanni Battista, ASV, GdP, Inventari e stime, b. 2, reg. 3, c. 45r, 31 oct. 1636.

53 Dans les cas où un testament oral est mentionné, par exemple, la procédure d’héritage aurait dû passer du Proprio aux Giudici dell’Esaminador, qui étaient en charge des testaments oraux (connus à Venise sous le nom de « testamenti per breviario ») : voir V. Sandi, Principi di Storia Civile…, première partie, vol. 2, op. cit., p. 838-889 et M. F. Tiepolo et al. (dir.), Archivio di Stato di Venezia, op. cit., p. 997.

54 ASV, Compilazione delle Leggi, prima serie, b. 320, c. 198r [numérotation moderne au crayon à papier], autre copie à c. 199r/v, 23 avr. 1515 : « hanno terminato et terminano tal causa spettar al prefato oficio di Proprio per vigor delle leze sopra ciò disponente sopra li beni de morti de fuori ab intestato et così comanda sia exeguito » (« il est décrété que ce cas est de la compétence du bureau du Proprio en raison du cadre de la loi réglementant la succession des personnes mortes intestats, et il se chargera dès lors de son traitement »). Sur ces conflits de compétence entre les différentes Corti di Palazzo, voir M. Fusaro, « Politics of Justice/Politics of Trade », art. cit.

55 Il s’agissait de Capitania Spasigiera, qui mourut dans les eaux au large de Grado sur un bateau sans nom. Malheureusement, nous n’avons pas plus d’informations, même si, d’après l’inventaire de ses effets personnels, elle ne semble pas avoir été une femme riche : ASV, GdP, Inventari e stime, b. 4, reg. 10, c. 40r, 4 janv. 1648 a nativitate.

56 V. Sandi, Principi di Storia Civile…, première partie, vol. 2, op. cit., p. 833 : « preferenza sua [della dote] a tutti li creditori dappoi contraenti » (« [la dot] devrait être préférée à tout autre type de créanciers »).

57 Pour les autres, certains ont très bien pu être des marins, mais, comme il n’est fait aucune mention de leur rôle à bord dans les documents, ils n’ont pas été comptabilisés comme tels. Le reste était composé de passagers ou de marchands.

58 ASV, Compilazione delle leggi, prima serie, b. 320 ; au début de ce document, il y a un petit fascicolo, sans date ni numérotation, qui résume la procédure avec toutes les références juridiques concernées. Sur la procédure de restitution de la dot des Giudici del Proprio, voir V. Sandi, Principi di Storia Civile…, première partie, vol. 2, op. cit., p. 842-848 ; A. Bellavitis, Famille, genre, transmission…, op. cit., p. 55-72 ; Linda Guzzetti, « Dowries in Fourteenth-Century Venice », Renaissance Studies, 16-4, 2002, p. 430-473 ; Daniela Hacke, Women, Sex and Marriage in Early Modern Venice, Aldershot, Ashgate, 2004 ; Isabella Cecchini, « A World of Small Objects: Probate Inventories, Pawns, and Domestic Life in Early Modern Venice », no spécial « The Material Culture of Debt », Renaissance and Reformation, 35-3, 2012, p. 39-61 ; ead., « Material Culture in Sixteenth Century Venice: A Sample from Probate Inventories, 1510-1615 », Working Paper, 14, département d’économie de l’université Ca’ Foscari de Venise, 2008, http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.1133883.

59 Cet avantage relatif était généralement attribué à l’influence du droit byzantin : voir Anna Bellavitis, « Patrimoni e matrimoni a Venezia nel Cinquecento », in G. Calvi et I. Chabot (dir.), Le ricchezze delle donne. Diritti patrimoniali e poteri familiari in Italia ( xiii- xix secc.), Turin, Rosenberg & Sellier, 1998, p. 149-160.

60 L’échange de dot fit l’objet de polémiques intenses durant l’époque moderne, notamment dans Moderata Fonte [Modesta Pozzo], Le mérite des femmes, traduction, annotation et postface de F. Verrier, Paris, Éd. Rue d’Ulm, [1600] 2002 ; Arcangela Tarabotti, La semplicità ingannata di Galerana Baratotti, Leyde, Sambix [Jean et Daniel Elzevier], 1654 et ead., Paternal Tyranny, éd. et trad. par L. Panizza, Chicago, The University of Chicago Press, 2004.

61 Sur la dot des femmes et sa valeur socio-économique dans les différentes sociétés de l’époque moderne antérieure, voir A. Bellavitis, Identité, mariage, mobilité sociale, op. cit. ; M. C. Howell, « Fixing Movables », art. cit. ; et Jutta Sperling, « The Economics and Politics of Marriage », in A. Poska, K. McIver et J. Couchman (dir.), The Ashgate Research Companion to Women and Gender in Early Modern Europe, Aldershot, Ashgate, 2013, p. 213-233 ; ead., « Women’s Property Rights in the Wider Mediterranean: Toward a Trans-Regional, Trans-Religious Approach », in K. Gottschalk (dir.), Gender Difference in European Legal Cultures: Historical Perspectives, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2013, p. 139-151. Tous ces ouvrages proposent une approche comparative et de nombreuses références bibliographiques.

62 Jutta Sperling, « Dowry or Inheritance? Kinship, Property, and Women’s Agency in Lisbon, Venice, and Florence (1572) », Journal of Early Modern History, 11-3, 2007, p. 197-238, ici p. 208 et 216.

63 A. Bellavitis, Famille, genre, transmission…, op. cit. ; J. Sperling, « Dowry or Inheritance? », art. cit., p. 208 et 214.

64 Nadalin Drughiero, masser sur la Santissima Madona del Rosario, ASV, GdP, Inventari e stime, b. 2, reg. 3, c. 7v, 15 avr. 1630. L’héritage était principalement constitué de vêtements et d’objets personnels.

65 C’est un autre navire que celui mentionné plus haut. Ce nom était, hélas, très courant.

66 Paolo Martin, patron et co-propriétaire du navire Madonna del Rosario, ASV, GdP, Inventari e stime, b. 2, reg. 3, c. 38r-39v, 9 nov. 1635.

67 Comme il existe trois Pietro Priuli répertoriés à cette époque à Venise, le nom de son grand-père est ajouté pour faciliter son identification. Je remercie Vittorio Mandelli pour l’extrême générosité (coutumière) d’avoir partagé les informations présentées dans sa base de données non publiée sur le patriciat vénitien. Toutes les informations concernant Priuli en sont issues.

68 Venise, Biblioteca Museo Correr, Provenienze Diverse Venier, reg. 71, c. 1, 4 déc. 1618. L’âge canonique d’admission était de vingt-cinq ans. Cependant, le 4 décembre de chaque année (à la Sainte Barbe), les noms de trente jeunes patriciens étaient tirés au sort et admis dans un processus connu sous le nom « grazia della Barbarella ». Voir Claudia Salmini, « Il Segretario alle voci : un primo contributo sulle origini dell’incarico e la formazione dell’archivio », in M. Knapton, J. E. Law et A. A. Smith (dir.), Venice and the Veneto during the Renaissance: The Legacy of Benjamin Kohl, Florence, Firenze University Press, 2014, p. 47-69, ici p. 59. Je tiens à remercier Silvia Gasparini pour notre discussion sur cette question.

69 ASV, Segretario alle Voci, Pregadi, reg. 15, c. 147, 14 mars 1645.

70 Le bois de cyprès (comme le cèdre ou le genévrier) repoussait les insectes et était donc approprié à la conservation de documents papiers ou de tissus : voir Lucy Razzall, Boxes and Books in Early Modern England: Materiality, Metaphor, Containment, Cambridge, Cambridge University Press, 2021, p. 6.

71 Pietro Priuli, governator du S. Zorzi, ASV, GdP, Inventari e stime, b. 4, reg. 10, c. 32v-37r, 23 avr. 1647.

72 I. Cecchini, « A World of Small Objects », art. cit., p. 51-54.

73 Sur les anneaux de dévotion, voir Maya Corry, Deborah Howard et Mary Laven (dir.), Madonnas and Miracles: The Holy Home in Renaissance Italy, Londres, Philip Wilson, 2017, p. 112 (« les anneaux portaient souvent des images ou des inscriptions sacrées et apotropaïques ») et 122. Je remercie Mary Laven pour notre conversation à ce sujet.

74 Pour des réflexions intéressantes sur le statut des vêtements comme biens de valeur parmi les travailleurs pauvres anglais, voir Alexandra Shepard, « Poverty, Labour and the Language of Social Description in Early Modern England », Past & Present, 201, 2008, p. 51-95, ici p. 61-63. Cette étude fut approfondie dans ead., Accounting for Oneself: Worth, Status and the Social Order in Early Modern England, Oxford, Oxford University Press, 2015. Il est important de noter que cette analyse prête attention à la représentation de soi des témoins devant les tribunaux, alors que les descriptions relatives aux successions intestats n’ont pas ce prisme et sont par conséquent plus « objectives ». Sur les marchés de vêtements à bord des navires, voir B. Lemire, « ‘Men of the World’ », art. cit., p. 300.

75 Voir, par exemple, le cas de Piero da Luca, sergent major sur le galion Madonna del Rosario, qui avait manifestement un faible pour la dentelle d’argent et la broderie d’or et possédait un assez grand nombre d’articles en argent dédiés à un usage quotidien : ASV, GdP, Inventari e stime, b. 4, reg. 10, c. 17r, 29 août 1646. Pour des observations intéressantes sur la manière dont la participation accrue dans les armées du continent a affecté la culture matérielle même pour les simples soldats, voir Maria Ågren, « Contracts for the Old or Gifts for the Young? On the Use of Wills in Early Modern Sweden », Scandinavian Journal of History, 25-3, 2000, p. 197-218, ici p. 207.

76 Voir Laurence Fontaine (dir.), Alternative Exchanges: Second-Hand Circulations from the Sixteenth Century to the Present, New York, Berghahn, 2008, qui analyse la complexité de ces marchés sur la longue durée. Beverly Lemire, dans son enquête sur les marins et soldats anglais tout au long du xviiie siècle, aboutit aux mêmes conclusions : voir B. Lemire, « ‘Men of the World’ », art. cit., p. 292-293. Sur l’évaluation des biens des classes populaires dans un objectif d’assistance publique, voir Joseph Harley, « Pauper Inventories, Social Relations, and the Nature of Poor Relief under the Old Poor Law, England, c. 1601-1834 », The Historical Journal, 62-2, 2018, p. 375-398.

77 Si l’importance économique de ce type de transaction a diminué dans les sociétés développées, elle reste centrale dans les pays en développement et nous offre donc des possibilités intéressantes d’analyse comparée entre l’Europe de l’époque moderne et les pays en développement aujourd’hui.

78 De tels cas sont analysés dans Maria Fusaro et al., « Entrepreneurs at Sea: Trading Practices, Legal Opportunities and Early Modern Globalization », International Journal of Maritime History, 28-4, 2016, p. 774-786.

79 Sur les partenariats commerciaux intra-navires à bord des navires britanniques, voir B. Lemire, « ‘Men of the World’ », art. cit., p. 297-299.

80 À l’époque, ce type d’objets étaient couramment achetés par les marins pour en faire le commerce. B. Lemire, « ‘Men of the World’ », art. cit., p. 299, donne un exemple anglais : « En Sicile, [Edward] Barlow trouva que les bas de soie étaient ‘corrects et bon marché’ et en acheta ‘cinq paires […] pour trente shillings, des marchandises faciles à vendre ou échanger’ ».

81 Ventura di Gerolamo, maître de hache du galion Cigala, ASV, GdP, Inventari e stime, b. 2, reg. 3, c. 26v-28v, 27 janv. 1633 mv. Pour comparaison, 70 % des loyers de maison à Venise étaient inférieurs à 30 ducats par an. Pour plus d’informations et une bibliographie, voir M. Fusaro, Political Economies of Empire…, op. cit., p. 226-228 ; Jean-François Chauvard, La circulation des biens à Venise. Stratégies patrimoniales et marché immobilier (1600-1750), Rome, École française de Rome, 2005.

82 Francesco Andrianni, scrivanello sur le galion Padre Eterno, ASV, GdP, Inventari e stime, b. 2, reg. 3, c. 12v-13v et 17r/v, 17 août 1630.

83 Giuseppe Casaregi commençait son traité en expliquant dans quelle mesure exactement la « citoyenneté » affectait les successions intestats : voir G. Casaregi, Elucubrationes ac Resolutiones…, vol. 3, op. cit., p. 37-140.

84 « Charles II, 1677: An Act for Prevention of Frauds and Perjuryes », in J. Raithby (dir.), Statutes of the Realm, vol. 5, 1628-80, s. l., Great Britain Record Commission, 1819, p. 839-842 (British History Online, http://www.british-history.ac.uk/statutes-realm/vol5/pp839-842) : « Provided alwayes That notwithstanding this Act any Soldier being in actuall Military Service or any Marriner or Seaman being at Sea may dispose of his Moveables, Wages and Personall Estate as he or they might have done before the makeing of this Act. » Pour plus d’informations sur les testaments nuncupatifs, voir Eardley Mitford, The Law of Wills, Codicils and Revocations. With Plain and Familiar Instructions for Executors, Administrators, Devisees, and Legatees…, Londres, W. and J. Stratford, 1796, p. 2-3.

85 Grotius discuta également du travail de Giasone del Maino sur cette question avec son beau-frère Nicolaas van Reigersberch : voir Martine Julia Van Ittersum, « The Long Goodbye: Hugo Grotius’ Justification of Dutch Expansion Overseas, 1615-1645 », History of European Ideas, 36-4, 2010, p. 386-411, ici p. 400-401.

86 F. Fernández López, « El procedimiento y los expedientes… », art. cit., propose un tableau détaillé, étape par étape, de la procédure de rapatriement de l’héritage, une fois transformé en argent, et de la recherche des héritiers légitimes de retour en Espagne.

87 M. Fusaro, « Politics of Justice/Politics of Trade », art. cit.

88 Comme illustré par les cas analysés dans ASV, Compilazione delle leggi, prima serie, b. 204, c. 84, passim c. 63-99 (numérotation moderne au crayon à papier).

89 Germano Maifreda, « Settecento globalizzatore ? Idee economiche versus politiche della cittadinanza nella Lombardia delle Riforme », in G. De Luca et G. Sabatini (dir.), no spécial, « L’economia come cultura. Dinamiche e contaminazioni tra Castiglia e Lombardia asburgica », Cheiron, 1, 2016, p. 119-154, ici p. 142-146.

90 Pour une synthèse analytique et critique de ces questions, voir Germano Maifreda, « Un ‘diritto non meno strano che barbaro’. Aspetti e temi del dibattito sull’albinaggio nell’Italia dell’Ottocento », Storia economica, 12-1/2, 2009, p. 215-230. Voir également id., « Immigrants: Asset or Threat? Foreigners, Property and the Right of Escheat in Enlightenment Milan », Eighteenth-Century Life, 41-2, 2017, p. 122-138.

91 Comme le rapporte P. Sahlins, « Sur la citoyenneté et le droit d’aubaine… », art. cit., p. 1.

92 G. Maifreda, « Immigrants: Asset or Threat? », art. cit.

93 S. Cerutti, « À qui appartiennent les biens qui n’appartiennent à personne ? », art. cit.

94 Simona Cerutti et Isabelle Grangaud, « Sources and Contextualizations: Comparing Eighteenth-Century North African and Western European Institutions », Comparative Studies in Society and History, 59-1, 2017, p. 5-33, ici p. 14-15.

95 Tamar Herzog, Defining Nations: Immigrants and Citizens in Early Modern Spain and Spanish America, New Haven, Yale University Press, 2003, p. 4-5.

96 R. Harris, « The Encounters of Economic History… », art. cit.

97 Erik Thomson, « Commerce, Law and Erudite Culture: The Mechanics of Théodore de Godefroy’s Service to Cardinal Richelieu », Journal of the History of Ideas, 68-3, 2007, p. 407-427, ici p. 422 ; G. Maifreda, « Un ‘diritto non meno strano che barbaro’ », art. cit.

98 M. Fusaro, « Politics of Justice/Politics of Trade », art. cit.

99 Pour un panorama précis sur le contexte politique et les développements économiques, voir Piero Del Negro, « L’ultima fase della Serenissima : nota introduttiva », in P. Del Negro et P. Preto (dir.), Storia di Venezia, vol. 8, L’ultima fase della Serenissima, Rome, Istituto dell’Enciclopedia Italiana, 1998, https://www.treccani.it/enciclopedia/l-ultima-fase-della-serenissima-nota-introduttiva_%28Storia-di-Venezia%29/. Sur le redressement partiel du commerce maritime au xviiie siècle, voir Massimo Costantini, « Commercio e marina », in P. Del Negro et P. Preto (dir.), Storia di Venezia, vol. 8, op. cit., p. 577-581, https://www.treccani.it/enciclopedia/commercio-e-marina_%28altro%29/. Sur le port, voir Walter Panciera, « L’acqua giusta. » Il sistema portuale veneziano nel xviii secolo, Rome, Viella, 2021.

100 Daniel Panzac, La république de Venise et les Régences barbaresques au xviiie siècle. Un exemple de relation Nord-Sud en Méditerranée occidentale, éd. par S. Speziale, Paris, Publisud, 2015.

101 Sur ces questions, voir Maria Fusaro, The Making of a Global Labour Market, 1573-1729: Maritime Law and the Political Economy of the Early Modern Mediterranean, Cambridge, Cambridge University Press, à paraître.