La réédition de Misère de la philosophie, en 1946, aux Éditions sociales, depuis par les soins de l'éditeur Alfred Costes, maintient à l'ordre du jour la question si débattue des rapports entre Marx et Proudhon. Or, non seulement ces rapports ont nécessairement préoccupé les biographes de l'un et de l'autre penseurs, mais il s'est trouvé quelqu'un, M. P. Haubtmann, pour vouloir une étude aussi poussée que possible de cet instant où le Comtois et le Rhénan furent en contact direct. Il semble bien pourtant que le dernier mot n'ait pas encore été dit sur cette rencontre.
page 484 note 2. Œuvres complètes de Karl Marx. Misère de la philosophie en réponse à la« Philosophie de la Misère » de M. Proudhon. Préface de Fr. Engels. Paris, Alfred Costes éditeur, 1950, 255 p. in-16.
page 484 note 3. P. Haubtmann, Marx et Proudhon. Leurs rapports personnels, « Économie et Humanisme », 1947.
page 485 note 1. Éclectisme attesté par une lettre de Grûn : cf. P.-J. Proudhon, sa vie et sa correspondance 1838-1848, par C.-A. Sainte-Beuve (Paris, A. Costes, 1947) ;c. r. par R. Schnerb, Annales, 1947, p. 504-506).
page 485 note 2. Jean Fréviixe montre dans Les briseurs de chaînes (Paris, Éd. sociales, 1947, p. 116) que Marx reprochait à Griln de dénoncer les libertés politiques, confondant de la sorte la Prusse aristocratique avec la France bourgeoise.
page 485 note 3. Voir les Lettres de Proudhon à sa femme, préface de Suzanne Henneguy (Paris, Grasset, 1950), p. 28-40.
page 485 note 4. Misère de la Philosophie, p. 216.
page 485 note 5. Op. cit., p. xx.
page 485 note 6. Op. cit., p. XXII.
page 485 note 7. Point n'est besoin d'attribuer le post-scriptum de la lettre de Marx concernant Grûn à Philippe Gigot. Daniel Halévy a avancé l'hypothèse que P. Haubtmann et André VÈNE ont acceptée. En fait « Marx avait une écriture à peu près indéchiffrable et il a craint évidemment que Proudhon ne puisse la lire. Ainsi Gigot, dont la calligraphie est parfaite, fut-il chargé de recopier la lettre ainsi que son post-scriptum » (cf. op. cit., p. XXII). A. Sergent et Cl. Harmel, v dans leur Histoire de l'anarchie (Paris, Le Portulan, 1949), ont cru devoir reprendre l'assertion à leur compte et y ont ajouté force réflexions défavorables à la mémoire de Marx.
page 486 note 1. Op. cit., p. 217.
page 486 note 2. Le dernier en date des biographes de Marx, M. C.-J. Gignoux (Karl Marx, Paris, Pion, 1950), qui représente le Rhénan comme un Juif prussien et comme un maniaque de la domination, dénonce sa « mauvaise action » et sa a médiocre littérature » (p. 47). A l'en croire, Misère de la Philosophie apporterait peu de chose sur le plan doctrinal (p. 46) ; il y aurait eu une « conspiration du silence » faite à Paris autour d’ « une incongruité », et l'expression est placée dans la bouche de Louis Blanc (p. 48). M. Gignoux a, il est vrai, travaillé si diligemment qu'il intitule l'ouvrage de Proudhon : La contradiction économique (p. 45). M. André VÈNE ne voit d'ailleurs pas la chose très différemment (cf. Vie et doctrine de Karl Marx, Paris, Les Éditions de la Nouvelle France, 1946, p. 38). MM. Sergent et Hakmel (op. cit., p . 171) remarquent que Proudhon avait annoncé qu'il parlerait des travaux de Marx et d'Engels dans sa Philosophie de la Misère et qu'il n'en fit rien.
page 486 note 3. Op. cit., p. XXIX.
page 486 note 4. Op. cit., p. xxx.
page 486 note 5. Edouard Dokléans, Proudhon (Paris, Gallimard, 1949, p . 262-265) ; Robert Schnerb, t Marx et Proudhon devant le coup d'État du 2 décembre », La Revue socialiste, déc 1947, p. 526-536.
page 487 note 1. Desroches, H.-C., Signification du Marxisme (Paris, Les Éditions ouvrières, « Éconotnieet humanisme », 1949)Google Scholar ; voir en particulier l'Initiation bibliographique à l'oeuvre de Marx et d'Engels, par Ch.-F. Hubebt, p. 319-340.
page 487 note 2. Henri Mougin en a dit l'importance dans Points de vue sur Proudhon ﹛1848 et les Mêoolutwns du XIXe siècle, automne 1946, p . 62).
page 487 note 3. Guy-Grand, , Pour connaître la pensée de Proudhon (Paris, Bordas, 1947) ; p. 12–20.Google Scholar
page 487 note 4. Ibid., p. 36.
page 487 note 5. Misère de la philosophie, p. 59.
page 488 note 1. Cf. Bartoli, Henri, La doctrine économique et sociale de Karl Marx (Paris, Éditions du Seuil, 1950), p. 92.Google Scholar
page 488 note 2. Ce mélange de théologie et d'économie politique avait le don d'effrayer des hommes: comme Darimon et d'éveiller les craintes de l'éditeur Guillaumin (cf. op. cit., p. XXXII, et A. Darimon, A travers une Révolution, 1884, p. 2).
page 488 note 3. Lefebvre, Henri, Pour connaître la pensée de Karl Marx (Paris/Bordas, 1947)Google Scholar, p. 1146-47.
page 488 note 4. Op. cit., p. 235.
page 488 note 5. Op. cit., p. 1-22.
page 488 note 6. Op. cit., p. 4 et 225.
page 489 note 1. Cf. Duveau, Georges, La vie ouvrière en France sous le Second Empire (Paris, Gallimard, 1946).Google Scholar
page 489 note 2. Lettre du 19 janvier 1945 à Bergmann ﹛Correspondance, II, p. 175-176).
page 489 note 3. 13 décembre 1846.
page 489 note 4. Proudhon, p. 89.
page 489 note 5. Op. cit., p. 217, et p. 283.
page 489 note 6. Op. cit., p. 215.
page 489 note 7. Cf. H. Lefebvre, Pour connaître la pensée de Karl Marx, p. 132-133.
page 489 note 8. Op. cit., p. 121.
page 489 note 9. Pour conna itre la pensée de Proudhon, p. 44.
page 489 note 10. Ibid., p. 46.
page 489 note 11. Lubac, H. de, Proudhon et le christianisme (Paris, Éditions du Seuil, 1945)Google Scholar. — Également Georges Cogniot, « Le centenaire de la Philosophie de la Misère », La Pensée, ocl.- déc 1946, janv.-février 1947.
page 490 note 1. É. Dolléans, Proudhon, p. 81.
page 490 note 2. Ibid., p. 101-102.
page 490 note 3. Philosophie de la Misère, p. 223.
page 490 note 4. L'appendice III du volume considéré contient la reproduction du Discours sur la question du libre-échange que Marx prononça, le 7 janvier 1848, à l'Association démocratique de Bruxelles. Sur le ton de la raillerie, qui lui était familier, Marx reconstitue les arguments du frec trader : celui-ci dénonce à l'ouvrier l'impôt que fait payer le lord ; il annonce au négociant une baisse des salaires de nature à faciliter les échanges ; il promet au fermier de la main-d'oeuvre à meilleur compte et la possibilité d'acquérir des terres à la suite de la dépréciation de la rente foncière. Au fond, le libre-échange n'est autre que la liberté du capital, la liberté d'écraser’ le travailleur. Et, si une telle réforme peut hâter la révolution sociale en accentuant l'antagonisme bourgeoisie-prolétariat, Marx l'accepte volontiers. Dans un livre récemment paru, Bakounine et le panslavisme révolutionnaire (Paris, Rivière, 1950), M. Benoît-P. Hepner marque lui aussi les contacts entre Proudhon et Marx, mais à propos des rapports qu'à Paris Bakounine entretient avec les milieux révolutionnaires. Il rappelle que Proudhon, « ignorant l'allemand,… eut dans ses efforts pour saisir ee qu'il appellera plus tard, dans une lettre à Herzen, «la verve barbare de la philosophie allemande », plusieurs parrains, quitte à y suppléer, comme Bielinski, de son propre cru » (p. 208). Mais on doit se demander si ce n'est pas ironiquement que Marx, expulsé de France, le «passa » à Grtln. En tout cas, Proudhon n'a pu devoir son initiation à Bakounine en 1847, comme Herzen l'a écrit dans ses Souvenirs et pensées.