Article contents
L’impuissance et son traitement
Comment le médicament modifie la définition de la maladie
Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Résumé
Le cas du traitement de l’impuissance permet d’analyser l’impact du médicament sur la maladie à laquelle il est destiné. Cette entreprise exige dans un premier temps une définition du concept de maladie. Nous montrons alors que le médicament exerce un effet direct sur la connaissance du mécanisme pathologique. Cet impact, d’ordre cognitif, est ensuite replacé dans le contexte de la recherche sur l’impuissance. Le désintérêt initial, tant de la communauté médicale que de l’industrie pharmaceutique, est en effet transformé par les connaissances acquises grâce à la découverte de la papavérine, une molécule qui, injectée dans le sexe, induit une érection. Ce médicament implique alors une nouvelle catégorie d’acteurs, les urologues, dont l’engagement dans le traitement de l’impuissance affaiblit l’emprise de la sexologie. Mais l’évolution de la définition de l’impuissance est aussi fortement liée au cadre réglementaire qui guide la mise sur le marché des médicaments. En conclusion, notre lecture de cette histoire souligne les limites des réflexions basées sur le modèle de la médicalisation.
Abstract
The case of impotence's treatments provides a way to analyse the impact of drugs on diseases. This requires at first to clarify the concept of disease. Then we show that drugs have a direct effect on the knowledge of the pathological mechanism. This impact, of cognitive order, is then replaced in the context of research on importance. The initial lack of interest, from the medical community and the pharmaceutical industry, is transformed by the knowledge acquired thanks to the discovery of papaverine, a molecule which once injected into the penis leads to erection. This drug implicates a new category of actors, the urologists, the commitment of which in the treatment of impotence weakens the hold of sexology. But the evolution of the definition of impotence is also linked to the regulation of drugs for their licensing. In conclusion, our reading of this story underlines the limits of theories based on the model of medicalization.
- Type
- Médicaments et société Enjeux contemporains
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2007
References
1 - Parmi la multitude des travaux, citons Aronowitz, Robert, Les maladies ont-elles un sens ?, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 1999 Google Scholar ; Baszanger, Isabelle, Douleur et médecine, la fin de l’oubli, Paris, Le Seuil, 1995 Google Scholar ; Sindig, Christine, Le clinicien et le chercheur. Des grandes maladies de carence à la médecine moléculaire, 1880-1980, Paris, PUF, 1991Google Scholar.
2 - Akrich, Madeleine et Méadel, Cécile, « Prendre ses médicaments/prendre la parole : les usages des médicaments par les patients dans les listes de discussion électroniques », Sciences sociales et santé, 20, 1, 2002, pp. 89–114 CrossRefGoogle Scholar ; Fainzang, Sylvie, Médicaments et société. Le patient, le médecin et l’ordonnance, Paris, PUF, 2001 CrossRefGoogle Scholar ; Makoul, Gregory, Arntson, Paul et Schofield, Theo, « Health promotion in primary-care: Physician-patient communication and decision-making about prescription medications », Social science and medicine, 41, 9, 1995, pp. 1241–1254 CrossRefGoogle ScholarPubMed.
3 - Hacking, Ian, Representing and intervening : Introductory topics in the philosophy of natural science, Cambridge, Cambridge University Press, 1983 CrossRefGoogle Scholar.
4 - Le constat formulé par Charles Rosenberg est sans appel concernant l’intérêt pour le médicament : « Les historiens ont toujours considéré les médicaments comme un objet étrange. Dans l’ensemble, ils ont réagi en les ignorant » ( Rosenberg, Charles, Explaining epidemics and other studies in the history of medicine, Cambridge, Cambridge University Press, 1992, p. 10 CrossRefGoogle Scholar).
5 - Hugnet, Guy, Antidépresseurs : la grande intoxication. Ce que 5 millions de patients ne savent pas encore, Paris, Éditions Le Cherche Midi, 2004 Google Scholar ; Pignarre, Philippe, Le grand secret de l’industrie pharmaceutique, Paris, La Découverte, 2003 Google Scholar ; Duppen, Dirk Van, La guerre des médicaments : pourquoi sont-ils si chers ?, Bruxelles, Éditions Aden, 2005 Google Scholar.
6 - Cette étude s’appuie sur une trentaine d’entretiens réalisés principalement auprès de cliniciens de spécialités différentes : urologie, chirurgie vasculaire, gynécologie, sexologie, andrologie, cardiologie. Nous avons également conduit quelques entretiens avec des membres des autorités sanitaires, un représentant de la firme Pfizer et un journaliste. Nous avons consulté la littérature médicale ainsi que les documents et rapports de la politique du médicament consacrés au Viagra®. Enfin, nous avons assisté au colloque de l’International Society for Impotence and Sexuality Research, en 2002, où étaient présents l’ensemble des spécialistes internationaux de l’impuissance et les firmes produisant des traitements. La recherche a été financée par le programme Sciences bio-médicales, santé et société (CNRS/Inserm/MiRe/DREES).
7 - Bajos, Nathalie et Bozon, Michel, « La sexualité à l’épreuve de la médicalisation : le Viagra®», Actes de la recherche en sciences sociales, 128, 1999, pp. 34–37 CrossRefGoogle Scholar ; Carpiano, Richard, « Passive medicalization: The case of Viagra® and erectile dysfunction », Sociological spectrum, 21, 2001, pp. 441–450 CrossRefGoogle Scholar ; Giami, Alain, « De l’impuissance à la dysfonction érectile. Destins de la médicalisation de la sexualité », in Fassin, D. et D. Memmi (éd.), Le gouvernement des corps, Paris, Éditions de l’EHESS, 2004 Google Scholar.
8 - Harré, Rom, The principles of scientific thinking, Oxford, Oxford University Press, 1968 Google Scholar.
9 - Canguilhem, Georges, Le normal et le pathologique, Paris, PUF, 1966 Google Scholar.
10 - Ibid., p. 188.
11 - Ibid., p. 186.
12 - Dagognet, François, La raison et les remèdes, Paris, PUF, 1964 Google Scholar.
13 - Ibid., p. 4.
14 - Gadamer, Hans-Georg, Philosophie de la santé, trad. fr., Paris, Grasset-Mollat, [1979] 1998 Google Scholar.
15 - « C’est la spécificité de l’art médical dont le devoir revient à rétablir un état naturel, à la différence des arts techniques véritables, dont la tâche consiste à fabriquer des objets artificiels […]. Le médecin ne dispose d’aucune oeuvre qu’il pourrait exhiber. » (Ibid., p. 30).
16 - Kuhn, Thomas, La structure des révolutions scientifiques, trad. fr., Paris, Flammarion, « Champs », [1962] 1999 Google Scholar.
17 - Laudan, Larry, La dynamique de la science, Bruxelles, Mardaga, 1977 Google Scholar.
18 - Dans l’introduction de La raison et les remèdes, op. cit., F. Dagognet pointe cette conception qu’il tente de récuser dans la suite de l’ouvrage : « Nous ne saurions accepter le reproche qu’on est trop tenté d’adresser à toute étude qui porte sur l’histoire ou la science évolutive des médications : un empirisme flagrant ou affligeant, qui colore les thérapies aussi nombreuses que pittoresques, aussi utiles parfois qu’injustifiables » (p. 3).
19 - Lue, Tom F., « Anatomy and physiology of the penis », Contemporary diagnosis and management of male erectile dysfunction, Newtown, Pennsylvania, Handbooks in Health Care Co., 1999 Google Scholar. Voir aussi Giami, Alain, « Socio-épidémiologie de l’impuissance masculine : évolution des conceptions nosographiques et des données épidémiologiques », Andrologie, 9, 2, 1999, pp. 177–190 CrossRefGoogle Scholar ; D. SCHULTHEISS, « History of erection and impotence », et F. HODGES, « History of erectile dysfunction », Montréal, communications à la conférence de l’ISSIR, Montréal, 2002.
20 - Freud, Sigmund, La vie sexuelle, Paris, PUF, 1912 Google Scholar. Les psychanalystes expliquent la genèse de l’impuissance par l’influence de fortes fixations infantiles, elle est rangée parmi les « névroses à manifestations génitales » (voir Ferenczi, Thomas, « Interprétation et traitements psychanalytiques de l’impuissance psycho-sexuelle chez l’homme », Revue française de psychanalyse, 4, 2, 1908, pp. 230–244 Google Scholar).
21 - Rubin, A. et Babbott, D. J., « Impotence and diabetes mellitus », American Medical Association, 4, 168 (5), 1959, pp. 498–500 Google Scholar ; Weber, H. F., « Potency disorders in the male on a neurovegetative basis », Zeitschrift für urologie, 52, 5, 1959, pp. 328–334 Google ScholarPubMed ; Joel, C. A., « So-called hypo- or hypertensive impotence in men and its treatment », Schweizerische medizinische Wochenschrift, 19, 91, 1961, pp. 972–974 Google Scholar ; Sheer, R., « Impotence as a symptom of arterial vascular disorders in the pelvic region », Münchener medizinische Wochenschrift, 2, 102, 1960, pp. 1713–1715 Google Scholar.
22 - Rosen, Raymond, « Treatment of sexual disorders in the 1990s: An integrated approach », Journal of consulting and clinical psychology, 63, 6, 1995, pp. 877–890 CrossRefGoogle Scholar.
23 - William Masters et Virginia Johnson, un gynécologue et une psychologue, inventent des méthodes de prise en charge des troubles sexuels après de longues études et expériences sur la sexualité. L’idée principale est que « la réponse sexuelle est une fonction naturelle qui implique un couple d’individus entre lesquels la communication doit être suffisamment bonne pour que chacun puisse s’abandonner à l’excitation et produire la réponse sexuelle dont il possède en lui le modèle inné » ( Mormont, Claude, « Théories et traitements psychologiques de l’impuissance érective », Thèse de Doctorat en psychologie, Université de Liège, 1983 Google Scholar).
24 - C. MORMONT, «Théories et traitements… », thèse citée.
25 - Hohlweg, W., « Increased libido and sexual potency by combined testosterone propionate and chorionic gonadotropin therapy », Medizinische Klinik, 23, 53 (21), 1958, pp. 943–945 Google ScholarPubMed.
26 - Davidson, J.M., «Hormonal replacement and sexuality in men », Clinics in endocrinology and metabolism, 11 novembre (3), 1982, pp. 599–623 CrossRefGoogle Scholar.
27 - Michal, V., « Arterial epigastrico-cavernous anastomosis for the treatment of sexual impotence », World Journal of surgery, 1, 4, 1977, pp. 515–519 CrossRefGoogle Scholar.
28 - Des hommes jeunes qui ont eu un accident avec fracture du bassin ayant endommagé les artères qui apportent le sang au pénis, soit 1% des hommes qui ont des problèmes d’érection.
29 - Jardin, Alain, « Facilitateurs, inducteurs de l’érection… ou aphrodisiaques », in Queneau, P., Giuliano, F. et Jardin, A., Progrès thérapeutiques : la médicalisation de la sexualité en question, Montrouge, John Libbey Eurotext, 2001, pp. 115–119 Google Scholar.
30 - Sauf lorsque les fonctions artérielles et veino-occlusives sont endommagées.
31 - Mohr, D. et Butler, L., « Erectile dysfunction: A review of diagnostic and treatment procedures », Clinical psychology Review, 10, 1990, pp. 123–150 CrossRefGoogle Scholar.
32 - Lopiccolo, J., « Diagnosis and treatment of male sexual dysfunction », Journal of sex and marital therapy, 11, 4, 1985, pp. 215–232 CrossRefGoogle ScholarPubMed.
33 - Le sildénafil est le nom de la molécule commercialisée sous la marque Viagra®.
34 - Boolell, M., « Sildenafil: An orally active type 5 cyclic GMP-specific phosphodiesterase inhibitor for the treatment of penile erectile dysfunction », International Journal of impotence research, 8, 1996, pp. 47–52 Google Scholar. La revue a été créée en 1989 par l’International Society for Impotence Research, société dont nous évoquerons la création dans la suite du texte.
35 - La prostaglandine injectée n’a été commercialisée que dix ans après la découverte de son effet sur l’érection. La molécule est identifiée, son indication connue et pourtant le médicament à proprement parler n’obtient une autorisation de mise sur le marché (AMM) qu’en 1994. Ce temps de latence ne s’explique pas par des considérations cliniques, il est lié à un désintérêt de l’industrie pour ce produit.
36 - Foreman, M. M. et Wernicke, J. F., « Approaches for the development of oral drug therapies for erectile dysfunction », Seminars in urology, 8, 2, 1990, pp. 107–112 Google Scholar.
37 - Entretien avec un sexologue, membre fondateur de la Société française de sexologie clinique.
38 - Hatchuel, Armand, « Les marchés à prescripteurs », in Jacob, A. et Vérin, H. (éd.), L’inscription sociale du marché, Paris, L’Harmattan, 1995, pp. 205–225 Google Scholar.
39 - Entretien avec un chirurgien vasculaire pionnier de la recherche sur l’impuissance.
40 - Entretien avec un urologue canadien, pionnier de la recherche sur l’impuissance.
41 - Entretien avec un chirurgien vasculaire responsable d’une consultation d’andrologie dans un hôpital parisien.
42 - L’ISIR est devenue l’ISSIR (International Society for Sexuality and Impotence Research), c’est-à-dire qu’elle ne se cantonne plus à l’impuissance mais s’occupe de la sexualité en général.
43 - Baszanger, I., Douleur…, op. cit., p. 191 Google Scholar, rapporte le même phénomène au sujet de la prise en compte de la douleur.
44 - A. GIAMI, « De l’impuissance… », art. cit., p. 83, propose de le dénommer ainsi car « l’université de Boston a constitué le berceau du renouvellement des conceptions urologiques de l’impuissance ».
45 - Abbott, Andrew, The system of professions: An essay on the division of expert labour, Chicago, University of Chicago Press, 1988 Google Scholar.
46 - CULLEY CARSON, « American contributions to the treatment of ED», communication à la conférence de l’ISSIR, Montréal, 2002.
47 - Congrès annuel de l’American Urology Association, Los Angeles, 1983.
48 - « La communauté des urologues était très sceptique. Pourquoi Brindley a-t-il été invité ? Les organisateurs voulaient quelque chose d’étrange. Ils invitent quelqu’un comme s’il était une grenouille. La communauté des urologues n’était pas intéressée. Ils étaient dans les prothèses péniennes, dans la chirurgie. » (Entretien avec un urologue canadien, pionnier de la recherche sur l’impuissance).
49 - Entretien avec un urologue responsable d’une consultation d’andrologie dans un hôpital parisien.
50 - Krane, R. J., Goldstein, I. et De Tejada, I. Saenz, « Impotence », The New England Journal of medicine (NEJM), 321, 24, 1989, pp. 1648–1659 CrossRefGoogle ScholarPubMed.
51 - Feldman, H. A., Goldstein, I. et Hatzichristou, D. G., « Impotence and its medical and psychosocial correlates: Results of the Massachusetts male aging study », Journal of urology, 151, 1994, pp. 54–61 CrossRefGoogle Scholar.
52 - Dans un entretien, un urologue se définit ainsi comme « un plombier, un électricien du sexe ».
53 - Les firmes Lilly et Abbott proposèrent également un traitement de l’impuissance par voie orale.
54 - Tiefer, Leonor, « Sexology and the pharmaceutical industry: The threat of co-optation », The Journal of sex research, 37, 2000, pp. 273–283 CrossRefGoogle Scholar.
55 - Les ventes de traitements contre l’impuissance ont été multipliées par cinq depuis l’arrivée du Viagra®, et le médicament a conquis 80% du marché de ces traitements selon une étude publiée par Pharmaceutiques (” Innovation et non-remboursement en débat aux Journées de MG France », décembre 1999). Mais la diffusion du médicament est finalement assez limitée : sur 2,6millions d’hommes qui seraient atteints de dysfonction érectile en France, 300 000 hommes seulement y auraient eu recours (un peu plus de 10 %). Selon Anne-Adélaïde Govin, proportionnellement, le produit a été prescrit neuf fois moins en France qu’aux États-Unis (ANNE-ADÉLAÏDE GOVIN, « Comment Pfizer a-t-il introduit Viagra® sur le marché français ? Acteur et enjeux du lancement », Mémoire Sciences Po Rennes, 2001). Même aux États-Unis, le bilan n’est pas considéré comme très satisfaisant en 2002 : sur 24 millions d’hommes susceptibles d’être impuissants, seuls 3,2 millions sont traités (Congrès de l’ISSIR, Regional Symposium 2, Montréal, 2002). Un article paru en 2005, soit sept ans après la commercialisation du Viagra®, avance le même constat, le nombre de consommateurs est aujourd’hui de 5 millions d’homme, bien en-deçà des premières estimations (Alex Berenson, « Sales of impotence drugs fall », The New York Times, 4 décembre 2005).
56 - À l’automne 1997, Pfizer dépose une demande d’AMM à la FDA et à l’EMEA, les agences d’autorisation des médicaments des États-Unis et de la Communauté européenne. L’approbation de la FDA est la plus rapide (27 mars 1998), suivie d’une mise sur le marché au début du mois d’avril. La commission européenne attribue l’AMM le 15 septembre 1998.
57 - À tel point que le ministre français de la Santé de l’époque, Bernard Kouchner, a cherché à intervenir dans le processus d’AMM du médicament. Il souhaitait constituer un groupe ad hoc au niveau européen pour discuter des enjeux de la mise sur le marché d’un tel médicament. Ce qui fut impossible car l’évaluation européenne par la procédure centralisée exclut un tel processus. Plus tard, le ministre fit une déclaration à propos des questions que soulève le traitement d’une telle pathologie : « L’amour est plus vaste ; on fait de la dysfonction érectile l’essentiel ; il faut savoir s’il s’agit de quelque chose de ludique qui aménage la vie ou d’un médicament » (” Bernard Kouchner contre le remboursement du Viagra® », Le Figaro, 3 septembre 1998).
58 - P. Queneau, F. Giuliano et A. Jardin, Progrès thérapeutiques…, op. cit.
59 - Un médicament est, selon la directive 65/65/CEE, « une substance présentée comme possédant des propriétés curatives à l’égard des maladies humaines […] est également médicament une substance pouvant être administrée à l’homme en vue de restaurer, corriger ou modifier des fonctions organiques chez l’homme ».
60 - Selon le professeur Caulin, « Il est difficile parfois de faire la part entre une substance récréative qui donne du plaisir, une substance de dopage, destinée à améliorer des performances normales et une drogue, c’est-à-dire une substance entraînant une dépendance » (P. Queneau, F.Giuliano et A. Jardin, Progrès thérapeutiques…, op. cit., p. 137).
61 - R. J. Krane, I.Goldstein et I. Saenz de tejada, « Impotence », art. cit.
62 - Jardin, Alain, « Le traitement médicamenteux des troubles érectiles. Aspects éthiques », in Queneau, P., Giuliano, F. et Jardin, A., Progrès thérapeutiques…, op. cit., pp. 149–152, ici p. 149Google Scholar.
63 - Ibid., p. 150.
64 - Chauveau, Sophie, L’invention pharmaceutique, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2000 Google Scholar.
65 - Rapport européen d’évaluation publique, EMEA (Agence européenne pour l’évaluation des médicaments), 1er décembre 2002 (http://www.emea.eu/humandocs/Humans/EPAR/viagra/viagra.htm).
66 - I. Goldstein et al., « Oral sildenafil in the treatment of erectile dysfunction. Sildenafil Study Group », NEJM, 14mai, 338, 20, 1998, pp. 1397-1404 ; O. Linet et F. OGRINC, « The Alprostadil Study Group (Caverject). Efficacy and safety of intracavernosal alprostadil in men with erectile dysfunction », NEJM, 334, 4 avril 1996, pp. 873-877.
67 - Les hommes étaient entraînés à s’injecter le produit eux-mêmes avant le début de l’essai. Pendant l’essai, d’une durée de six mois, ils devaient noter dans un agenda la fréquence d’utilisation du médicament ainsi que l’évaluation de leur érection (aucune, partielle, complète) et du rapport sexuel après chaque injection. L’activité sexuelle après chaque injection était évaluée (satisfaisante ou insatisfaisante) par l’homme et sa partenaire. Le partenaire avait aussi l’option de ne pas indiquer son niveau de satisfaction (O. Linet et F. Ogrinc, « The Alprostadil Study Group… », art. cit., p. 874).
68 - Rosen, Raymond, « The international index of erectile function (IIEF): A multidimensional scale for assessment of erectile dysfunction », Urology, 49, 6, 1997, pp. 822–830 CrossRefGoogle Scholar.
69 - Fishman, Jennifer, « Manufacturing desire: The commodification of female sexual dysfunction », Social studies of science, 34, 2, 2004, pp. 187–218, ici p. 214CrossRefGoogle ScholarPubMed.
70 - Ibid., p. 215.
71 - Healy, David, Le temps des antidépresseurs, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2002 Google Scholar.
72 - « Le champ médical a médicalisé la dysfonction érectile à travers le développement de divers instruments et médicaments et en classifiant l’impuissance comme dysfonction érectile. Ces efforts ont orienté le regard vers les traitements de la dysfonction érectile, indépendamment des causes psychologiques et ont attiré l’attention sur les causes biologiques et sur le Viagra®comme moyen biologique de traiter la dysfonction érectile. » ( Carpiano, R., Passive medicalization…, op. cit., p. 444 Google Scholar) ; « Avec l’aide de l’industrie pharmaceutique, les professionnels des voies génito-urinaires tendent à redéfinir et à représenter comme maladies des pratiques et des manifestations physiques quin’étaient pas, jusqu’alors, socialement appréhendées en ces termes » ( Bajos, N. et Bozon, M., La sexualité…, op. cit., p 35 Google Scholar).
73 - Foucault, Michel, Histoire de la sexualité, t. 1, La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976, p. 155 Google Scholar.
74 - « Ils vont s’attacher à pathologiser la “panne sexuelle”, à la transformer en dysfonction érectile, en un problème organique qui nécessite un traitement par le sildénafil, proposant de fait une vision mécaniste de la panne sexuelle qui localise le problème au niveau de la physiologie et du corps individuel » ( Bajos, N. et Bozon, M., La sexualité…, op. cit., p. 35 Google Scholar). « Les urologues redonnent ainsi à l’impuissance ses lettres de noblesse médicale en la débarrassant de ses composantes psychologiques, de la référence à la globalité de la personne et de la relation » ( Giami, A., «De l’impuissance… », art. cit., p. 84 Google Scholar).
75 - Laqueur, Thomas, Le sexe en solitaire. Contribution à l’histoire culturelle de la sexualité, Paris, Gallimard, 2005 Google Scholar.
76 - Foucault, M., Histoire de la sexualité…, op. cit., pp. 73, 74 et 76Google Scholar.
77 - Ibid., pp. 154 et 137.
78 - Ce point est noté par N. Bajos et M. Bozon, La sexualité…, op. cit., p. 34.
79 - Bourdelais, Patrice et Faure, Olivier (éd.), Les nouvelles pratiques de santé, objets, acteurs, pratiques sociales, Paris, Belin, 2005 Google Scholar.
80 - Le fait que l’intérêt pour l’impuissance ait été porté par les patients eux-mêmes a suggéré à R. Carpiano le concept de médicalisation passive, lorsque « le champ médical n’a pas nécessairement fait le pas initial pour médicaliser un problème » ( Carpiano, R., Passive medicalization…, op. cit., p. 442 Google Scholar).
81 - Aucune mention chez R. Carpiano ni chez N. Bajos et M. Bozon, trois lignes seulement chez A. Giami.
82 - Un rapide examen de cette question nous a montré que, pour les médias, le Viagra® servait d’exemple typique de l’industrie pharmaceutique, bien au-delà du thème de l’impuissance.
83 - Abbott, A., The system of professions…, op. cit., p. 43 Google Scholar.
84 - Healy, D., Le temps des antidépresseurs…, op. cit., p. 395 Google Scholar.
- 1
- Cited by