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Les mines de charbon du Briançonnais (XVIIIe-XXe siècle): Essai d’anthropologie symétrique

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Jean-Louis Tornatore*
Affiliation:
Université Paul-Verlaine — Metz

Résumé

Entre le début du xviiie siècle et les années 1970, il s’est noué dans les Alpes briançonnaises un ensemble de relations entre une ressource, le charbon, et une population d’hommes, paysans et montagnards, concrétisées dans des formes spécifiques d’exploitation, les char-bonnières, qui ont cohabité durablement avec les petites mines industrielles installées progressivement dans le bassin. Contre le point de vue surplombant d’une histoire des techniques pointant le défaut de rationalité des travaux miniers paysans, rejoignant ainsi le procès en irrationalité et en gaspillage des ressources instruit par les représentants de la technologie minière, les ingénieurs des mines, cet article veut souligner l’intérêt d’une approche pragmatique qui, appliquant le principe de symétrie généralisée de la « sociologie de la traduction », s’attache à faire le récit de ces relations, à parcourir la chaîne des associations au moyen desquelles les paysans et le charbon se sont simultanément inventés, concourant à la constitution d’une «socio-nature». Ainsi l’activité charbonnière paysanne tient-elle principalement à quatre associations: la relation au charbon et sa naturalisation comme charbon adapté au marché; l’investissement « communaliste » de la forme d’État de la concession; la stabilisation d’un dispositif sociotechnique qui offre une troisième voie à l’alternative socio-économique à laquelle sont soumises les populations montagnardes: émigrer ou rester et subir le « bagne » de la mine industrielle; enfin une relation instrumen-tale à la technologie, c’est-à-dire à l’équipement pratique et discursif de la mine rationnelle et industrielle porté par les ingénieurs des mines.

Abstract

Abstract

From the beginning of the 18th century down to the 1970s, a network of relationships developed in the Briançon Alps between a natural resource, coal, and a human population of peasants and mountain men, materialized by particular forms of exploitation, namely the charbonnières, which cohabited for a long time with the small industrial mines that were gradually set up in the Briançon basin. Running up against the overwhelming history of techniques focusing on the lack of rationality of country mining works, thus joining the accusation of irrationality and wasting of resources brings throughout this “adventure” by the mining technology representatives, mining engineers, this paper underlines the interest of a pragmatic approach which, applying the principle of generalized symmetry as borrowed from the “sociology of the translation”, endeavours to give an account of these relations, to run through the chain of associations by means of which peasants and coal have simultaneously invented each other. In so doing, they constituted a “socio-natural complex”. Thus coal exploitation activity by peasants rest on four associations. The first one is the relationship with coal and its naturalisation as suitable coal. The second is the “communalist appropriation” of State-based coal exploitation concessions. The third association is the stabilisation of a sociotechnical mechanism offering a third way to the socio-economic alternative faced by mountains populations, that is, either to emigrate or to stay and suffer the “hard labour”of industrial mining. The last one is an instrumental relationship with technology, i.e. the practical and discursive equipment of the rational and industrial coalmine introduced by mining engineers.

Type
Innovation, marché, culture technique
Copyright
Copyright © Les Áditions de l’EHESS 2006

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References

1 - Ce programme est explicite dans le titre d’un article de Pétrequin, Pierre, « De la Nouvelle-Guinée au néolithique du Jura. Le rôle de l’écologie et de l’ethnoarchéologie pour comprendre l’évolution de la culture matérielle »Google Scholar, in B. LATOUR et Lemonnier, P. (dir.), De la préhistoire aux missiles balistiques. L’intelligence sociale des techniques, Paris, La Découverte, 1994, pp. 83-100 Google Scholar.

2 - Voir les actes du colloque qui s’est tenu en 1992, à Paris, et publié dans Techniques et culture, 21, « Atouts et outils de l’ethnologie des techniques. Sens et tendance en technologie comparée », 1993.

3 - Exemplaire de ce débat est l’ouvrage de B. Latour et P. Lemonnier (dir.), De la préhistoire aux missiles balistiques..., op. cit., qui réunit les contributions de chercheurs d’horizons divers: ethnoarchéologie, ethnologie, histoire, sociologie, primatologie et psychologie cognitive.

4 - Parmi une imposante bibliographie, voir Latour, Bruno, La science en action, Paris, La Découverte, 1989 Google Scholar; Id., Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symé-trique, Paris, La Découverte, 1991; Id., La clef de Berlin, et autres leçons d’un amateur de sciences, Paris, La Découverte, 1993; Id., L’espoir de Pandore, Pour une version réaliste de l’activité scientifique, Paris, La Découverte, 2001; et Callon, Michel, « Éléments pour une sociologie de la traduction: la domestication des coquilles Saint-Jacques et des marins-pêcheurs dans la baie de Saint-Brieuc », L’année sociologique, 36, 1986, pp. 169-208 Google Scholar.

5 - Voir l’article de Madeleine Akrich, « Comment sortir de la dichotomie technique/ société. Présentation des diverses sociologies de la technique », in B. Latour et P. Lemonnier (dir.), De la préhistoire aux missiles balistiques..., op. cit., pp. 105-131. Rappe-lons toutefois la dimension internationale de ce débat, vigoureusement inauguré par le mouvement des social studies of knowledge, auquel Michel Callon et Bruno Latour appor-tent un développement original et qu’ils ont d’ailleurs contribué à diffuser en France: Callon, Michel et Latour, Bruno, La science telle qu’elle se fait. Anthologie de la sociologie des sciences de langue anglaise, Paris, La Découverte, 1990 Google Scholar. Un numéro spécial des Annales HSS, 53-4/5, « Histoire des techniques », 1998, consacre une large place aux apports de ce mouvement pour l’histoire des techniques. Voir, en particulier, le texte introductif: Cohen, Yves et Pestre, Dominique, « Présentation », pp. 721-744 Google Scholar.

6 - Voir Jean-Louis Tornatore, Le charbon et ses hommes. Tensions, coordination et compromis dans le réseau sociotechnique de l’exploitation du charbon des Alpes briançonnaises, xviiie-xxe siècles, Thèse de Doctorat de sociologie, Université de Metz, 2000. Cette recherche repose sur des documents d’archives du service des Mines (fonds de la Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement, Marseille) et des données ethnographiques produites au cours d’une enquête de terrain qui s’est déroulée entre 1991 et 1993.

7 - Thévenot, Laurent, « Les investissements de forme », Cahiers du centre d’études de l’emploi, 29, 1985, pp. 21-71, ici p. 41 Google Scholar. C’est une forme à haute généralité, au sens où elle vise à donner un cadre de validité générale à l’activité extractive.

8 - Ce que l’on appelle « bassin houiller briançonnais » est un vaste gisement intra-alpin. Selon Feys, Robert, Étude géologique du carbonifère briançonnais (Hautes-Alpes), Paris, Technip, 1963, p. 13 Google Scholar, « il est réparti dans trois régions géographiques distinctes séparées par des crêtes à trois mille mètres d’altitude: le Briançonnais proprement dit au sud, ou haute vallée de la Durance, la Maurienne au centre, ou vallée de l’Arc, et enfin la Tarentaise au nord, drainée par l’Isère ». Mon travail porte uniquement sur l’exploitation charbonnière dans les vallées au carrefour desquelles se situe la ville de Briançon; la bande houillère affleure de façon quasi continue sur une vingtaine de kilomètres du nord au sud, et sur une largeur maximale de huit kilomètres entre Le Monêtier et Névache. Du nord au sud, outre Briançon, les principales communes minières sur le territoire desquelles ont été instituées des concessions sont: Le Monêtier-les-Bains, Villeneuve-la-Salle et Saint-Chaffrey, dans la vallée de la Guisane; Névache dans la haute vallée de la Clarée; Puy-Saint-Pierre, Puy-Saint-André, Villard-Saint-Pancrace et Saint-Martin-de-Queyrières, L’Argentière-La Bessée et Saint-Crépin dans la vallée de la Durance.

9 - Les gisements alpins sont caractéristiques d’une structure « en chapelet »: les couches présentent une succession d’étreintes de quelques centimètres à plusieurs mètres d’épais-seur et d’épanouissements.

10 - Veyret-verner, Germaine, L’industrie des Alpes françaises. Étude géographique, Grenoble, Imprimerie Allier, 1948, p. 133 Google Scholar.

11 - Au point qu’un village, Villard-Saint-Pancrace, aux portes de Briançon, qui avait su conserver la maîtrise de ses ressources jusqu’à se faire une spécialité de leur exploitation, était localement identifié comme le « village des mineurs ». R. Feys, Étude géologique..., op. cit., p. 73, parle à son propos de « puissant ensemble paysan ».

12 - Les données de production sont très lacunaires. A titre indicatif, au tournant du xxe siècle (1890-1916), la production des mines briançonnaises, alors principalement paysannes, avoisine les 10 000 tonnes annuelles. A la fin et au lendemain de la Première Guerre mondiale (1917-1920), avec l’entrée en scène des mines industrielles, la production totale du bassin oscille entre 35 000 et 70 000 tonnes. Dans les années 1920, elle se stabilise à 20 000-30 000 tonnes par an.

13 - Cette évolution, sensible du xixe siècle au xxe siècle, va contribuer à accroître le contraste entre les exploitations sporadiques et sommaires de concessions d’altitude (au-dessus de 2 000 m) et celles, plus soutenues, de quelques riches concessions accro-chées aux pentes des vallées de la Guisane (par exemple celle dite de Pierre-Grosse) ou de la Durance (en particulier les trois concessions paysannes de Villard-Saint-Pancrace), proches des voies de communication et des centres de consommation (surtout Briançon).

14 - Rigotard, Laurent, « Les petites mines d’anthracite du Briançonnais », La Nature, 4 septembre 1926, pp. 150-160, ici p. 160 Google Scholar.

15 - La taille de l’association est à rapporter à la dimension de la charbonnière comme dispositif de production. Trois associés, formule la plus courante, forment une unité technique élémentaire de coopération au travail: piqueur, chargeur, rouleur.

16 - Cette formule, en usage à Villard-Saint-Pancrace, suppose de fixer, préalablement à la campagne d’exploitation, un prix de journée. La distinction entre bénéfice et prix de journée est fondamentale et correspond à celle entre droit d’exploitation et participation concrète à la production. Les droits de chacun des membres de l’association – co-concessionnaire ou co-exploitant – s’évaluent en termes de « part »: comme tout bien, celle-ci se transmet, se vend, se loue, se donne; ce qui implique qu’un exploitant peut être titulaire de plusieurs parts, et donc prétendre à une part proportionnelle des bénéfices indépendamment de son implication dans la production.

17 - Ainsi, par exemple, Simondon, Gilbert, Du mode d’existence des objets techniques, Paris, Aubier, [1958] 1989 Google Scholar, a proposé un schéma d’évolution intrinsèque des objets techniques qui les conduit de l’abstraction vers la concrétisation.

18 - Travers-banc: galerie creusée dans les roches encaissantes – ici du grès – pour rejoindre les couches. Travers-banc de reconnaissance, d’accès, ou reliant les zones minéralisées, il est l’outil par excellence d’objectivation des gisements. Sur l’ancienneté de la technique, attestée dès le xve siècle, voir Bailly-maître, Marie-Christine, L’argent. Du minerai au pouvoir dans la France médiévale, Paris, Picard, 2002, p. 67 Google Scholar.

19 - Travaux – au sens de galerie d’accès et de chantiers d’abattage – antérieurs et abandonnés une fois le déhouillement effectué.

20 - La première mention rencontrée est un règlement communal de Villard-Saint-Pancrace en date du 31 janvier 1733 (Archives départementales des Hautes-Alpes, 3E2522).

21 - Marseille, Archives de la Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement de PACA, Note de l’ingénieur en chef Tivolle à l’inspecteur général des Mines Thiberge, 18 mars 1938.

22 - Un outil «typique» et «traditionnel» est fréquemment cité comme exemple de la rusticité des exploitations, la « ramasse »: c’est une sorte de traîneau polyvalent, adapté à la neige et aux fortes déclivités, utilisé pour descendre du bois, du charbon, voire du foin, et qui se manie, à l’instar de la « schlitte » vosgienne, en s’arc-boutant entre les bras recourbés des patins et en retenant l’engin entraîné par la pente.

23 - Voir Benoit, Plaul et Braunstein, Philippe (dir.), Mines, carrières et métallurgie dans la France médiévale, Paris, Éditions du CNRS, 1983 Google Scholar; Les techniques minières de l’Antiquité au xviiie siècle, Paris, Éditions du CTHS, 1992; Bailly-Maître, Marie-Christine et Bruno-Dupraz, Joëlle, Brandes-en-Oisans: la mine d’argent des Dauphins (xiie xive– siècles). Isère, Lyon, Ministère de la Culture/DRAC de Rhône-Alpes – Service régional de l’Archéologie, 1994 CrossRefGoogle Scholar; Ancel, Bruno, «La mine du Fournel (L’Argentière-La Bessée, Hautes-Alpes): l’exploitation rationnelle aux xe-xive siècles d’un filon de plomb argenti-fère », in Brigo, L. et Tizzoni, M. (dir.), Il Monte Calisio e l’argento nelle Alpi dall’Antichità al xviii secolo. Giacimenti, storia e rapporti con la tradizione mineraria mitteleuropea, Civezzano-Fornace (Trente), 1997, pp. 161-193 Google Scholar; M.-C. Bailly-Maître, L’argent..., op. cit.

24 - Voir, dans le numéro des Annales d’histoire économique et sociale, vii-31, 1935, le dossier consacré à l’histoire des techniques, pp. 1-112.

25 - Parain, Charles, Ethnologie et histoire. Forces productives et problèmes de transition, Paris, Éditions Sociales, 1975, p. 35 Google Scholar.

26 - Id., Outils, ethnies et développement historique, Paris, Éditions Sociales, 1979, p. 322.

27 - Bruno ancel, « L’organisation et la dynamique des exploitations du xvie siècle du Neuenberg », in Les techniques minières..., op. cit., pp. 421-441; Id., Les mines d’argent du Fournel. L’exploitation médiévale (xe-xive siècle), Centre de culture scientifique technique et industrielle de L’Argentière-La Bessée, 1997, dactylogr.

28 - Pour Roqueplo, Philippe, Penser la technique. Pour une démocratie concrète, Paris, Le Seuil, 1983 Google Scholar, la « technonature » désigne le milieu « constitué par la sédimentation sécu-laire, au sein de la nature, des produits de l’activité technique », dans lequel nous vivons concrètement (p. 133). En ce sens, « notre “nature” constitue un gigantesque objet technique » (p. 18) ou, autre formulation, une « extériorisation objective de la société ».

29 - Paul Benoit et Pierre Fluck, « Conclusion », in Les techniques minières..., op. cit., pp. 573-598, ici pp. 576-577.

30 - Ibid., p. 577.

31 - Ibid.

32 - Ibid., p. 578.

33 - Ibid., p. 578.

34 - Je fais référence ici au sous-titre faussement interrogateur d’un article sur l’exploitation du fer dans les Corbières: Gauthier langlois, « L’exploitation du fer à Villerouge et Palairac (Aude, xviiie-milieu xixe siècle): une absence de techniques? », in P. Benoit et alii, Les techniques minières..., op. cit., pp. 205-214.

35 - Boltanski, Luc et Thévenot, Laurent, De la justification. Les économies de la grandeur, Paris, Gallimard, 1991 Google Scholar.

36 - B. Latour, La science en action..., op. cit., p. 330.

37 - Voir, en particulier, l’aventure malheureuse d’un commissaire des guerres à Briançon, François-Simon Bussenne de Schlagberg, le premier entrepreneur « étranger » qui, dans les années 1785-1789, tenta d’« enrôler » l’anthracite briançonnais dans une dynamique industrielle.

38 - M.Callon, « Éléments pour une sociologie de la traduction... », art. cit.

39 - Le Briançonnais est régi pendant tout l’Ancien Régime par une tradition pluriséculaire de démocratie municipale, héritée de libertés acquises au xive siècle. Les communautés sont administrativement autonomes et regroupées dans une organisation fédérale, le Grand Escarton de Briançon.

40 - De Certeau, Michel, L’invention du quotidien, 1, Arts de faire, Paris, [1980] 1990, p. XLVI Google Scholar.

41 - Au sens où « la pluriactivité est un trait historique permanent des sociétés rurales; il n’y a jamais eu de société rurale purement agricole et on a toujours fait un peu de tout à la campagne» (Mendras, Henri, « Une politique nouvelle pour une nouvelle classe rurale », in Mesliand, C. et alii, La pluriactivité dans les familles agricoles, Paris, ARF Éditions, 1984, pp. 55-72, ici p. 55)Google Scholar. Voir Garrier, Gilbert et Hubscher, Ronald (dir.), Entre faucilles et marteaux. Pluriactivités et stratégies paysannes, Lyon-Paris, Presses universitaires de Lyon/Éditions de la MSH, 1988 Google Scholar.

42 - « Rémouleurs, instituteurs, libraires, journaliers, valets d’écurie, charcutiers, pei-gneurs de chanvre, marchands de parapluies, de mercerie, épiciers ambulants, herboristes, marchands de fromage, etc. », tel est l’échantillonnage proposé par A. FARNAUD, Annuaire du département des Hautes-Alpes pour l’an xii, Gap, J. Allier, an xii (1803), cité dans Blanchard, Robert, Les Alpes occidentales, t. V: Les grandes Alpes du Sud, Paris-Grenoble, Arthaud, 1950, p. 74 Google Scholar.

43 - Robert-Muller, Charles et Allix, André, «Les colporteurs de l’Oisans, un type d’émigration alpine », Revue de géographie alpine, XII, 1924, pp. 585-634 Google Scholar; Fontaine, Laurence, Le voyage et la mémoire. Colporteurs de l’Oisans au xixe siècle, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1984 Google Scholar.

44 - Vivier, Nadine, Le Briançonnais rural aux xviiie et xixe siècles, Paris, L’Harmattan, 1992 Google Scholar.

45 - A son apogée à la veille de la Première Guerre mondiale, l’usine de la Schappe fonctionnait avec un personnel qui avoisinait le millier, féminin pour une bonne moitié. Elle ferma ses portes en 1932.

46 - Leur effectif varie de deux ou trois dizaines à une centaine. La plus importante fut la mine de Combarine, sur la commune de Puy-Saint-Pierre et sur le versant opposé à l’ensemble paysan de Villard-Saint-Pancrace, propriété, avec une petite usine d’agglo-mération, de la Société des Charbonnages et Électricité du Sud-Est. Des années 1930 à 1962 – date de la fermeture de la mine –, l’effectif du complexe mine-usine varia entre cinquante et cent salariés. Le turn over y était important; on note la présence d’une main-d’œuvre étrangère, italienne, polonaise, puis maghrébine, mais le recrutement était majoritairement local.

47 - La pluriactivité familiale peut donner lieu au cas de figure suivant: l’homme cultive la terre tandis que la femme, voire les enfants travaillent à l’usine.

48 - L. Boltanski et L. ThÉvenot, De la justification..., op. cit., p. 408.

49 - La proto-industrie textile, rurale, « est fille de la misère », écrit Woronoff, Denis, Histoire de l’industrie en France du xvie siècle à nos jours, Paris, Le Seuil, 1994, p. 79 Google Scholar.

50 - Ibid., p. 438.

51 - « Pouvait-on appeler ça une usine? », s’interroge un ancien mécanicien de l’usine à boulets.

52 - L. Boltanski et L. ThÉvenot, De la justification..., op. cit., p. 278.

53 - M. De Certeau, L’invention du quotidien, op. cit., p. 59.

54 - Hirschman, Albert, Défection et prise de parole. Théorie et applications, Paris, Fayard, [1970] 1995 Google Scholar.

55 - M. De Certeau, L’invention du quotidien, op. cit., p. 59.

56 - Latour, Bruno, « Les objets ont-ils une histoire? Rencontre de Pasteur et de Whitehead dans un bain d’acide lactique », in Sturgen, P. (dir.), L’effet Whitehead, Paris, Vrin, 1994, pp. 197-217, ici p. 200 Google Scholar.

57 - Inventaire des galeries de mines du Briançonnais: concessions de Prelles et Combarine, Briançon, Société géologique et minière du Briançonnais, 1992, dactyl.

58 - Jean-Louis Tornatore, Mineurs et charbonniers du Briançonnais, I, Le grand partage, Briançon, DRAC-PACA, Mission du patrimoine ethnologique, 1992 (dactylogr.), suivi d’une étude du site industriel de Combarine (Id., Un essai d’industrialisation dans le Briançonnais: la mine d’anthracite de Combarine (1822-1863), SIVU Patrimoine du Briançonnais, 1994 (dactylogr.). Pour l’intervention archéologique, voir B. Ancel, « La mine du Fournel... », art. cit.

59 - Associant patrimoine géologique et patrimoine minier, l’ossature du projet consistait dans la création d’un itinéraire de découverte de la mine de Combarine et des mines paysannes avoisinantes ainsi que d’initiation à la géologie briançonnaise.

60 - Sur la question de la politisation patrimoniale des friches industrielles, voir Tornatore, Jean-Louis, « Beau comme un haut fourneau. Sur le traitement en monument des restes industriels », L’Homme, 170, 2004, pp. 79-116 Google Scholar.