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L'Encyclopédie et le travail humain1

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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Le sous-titre illustré par les pompeuses allégories du frontispice, que, dès son premier volume, portait l'Encyclopédie (Dictionnaire raisonné des Arts, des Sciences et des Métiers), est significatif et plus encore si, par-dessus les Sciences formant l'étai central, on relie le dernier terme au premier : l'immense effort de Diderot et de ses collaborateurs nous a légué, au stade des connaissances de leur temps, un Dictionnaire raisonné des Arts et Métiers s'appuyant sur les Sciences.

Vers 1750, la France manifeste, depuis une quinzaine d'années déjà, un brillant essor économique, prélude de la Révolution industrielle. Des travaux récents ont montré que dans d'importants secteurs de l'économie, comme les charbonnages et la métallurgie, les progrès, jusqu'en 1785, sont au moins aussi marqués en France qu'en Angleterre, où des centres miniers comme Anzin, métallurgiques comme Le Greusot, verriers comme Saint-Gobain, n'ont, alors, pas d'équivalent.

Type
Essais
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1953

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Footnotes

1

Cet article a eu pour origine une conférence faite en 1952, à la Sorbonne, dans le cadre de la commémoration du bi-centenaire de l'Encyclopédie.

References

page 53 note 2. Parmi lesquels ceux de M. J. U. Nef ; cf. Annalest juill.-sept. 1948, notre compte rendu de son article «The industrial révolution reconsidered», The Journal of Economie History, vol. III, n ° l , mai 1943, qu'il a incorporé, depuis, à son important ouvrage War and Human Progress : An Essay on the Rise of Industrial Civilization, Harvard University Press, 1950, in-8°, 464 pages. — Du même, La route de la guerre totale, chap. i (Cahiers de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, n° 11), Paris, Armand Colin, 1949.

page 54 note 1. Notons, à cet endroit, le sens du mot artiste, sur lequel nous reviendrons. — Discours préliminaire des éditeurs, t. I, p. xxxiX (nous citons d'après l'édition originale de l'Encyclopédie, 1751-1772).

page 55 note 1. Il est intéressant de faire ici le rapprochement des définitions que donne Y Encyclopédie de l' « artisan » et de 1’ « artiste » (t. I, p. 745) : le premier est « le nom par lequel on désigne les ouvriers qui professent ceux d'entre les arts mécaniques qui supposent le moins d'intelligence. On dit d'un bon Cordonnier que c'est un bon artisan, et d'un habile Horloger que c'est un grand artiste ». Par « artiste », on entend les « ouvriers qui excellent dans ceux d'entre les arts mécaniques qui supposent l'intelligence ; et même à ceux qui, dans certaines Sciences, moitié pratiques, moitié spéculatives, en entendent très bien la partie pratique ; ainsi on dit d'un Chimiste qui fait exécuter adroitement les procédés que d'autres ont inventés, que c'est un bon artiste ; avec cette différence que le mot artiste est toujours un éloge dans le premier cas, et que, dans le second, c'est presque un reproche de ne posséder que la partie subalterne de sa profession ». — On voit que nous sommes encore fort loin des contenus et résonances actuels.

page 56 note 1. Et d'Alembert ajoute ceci, qui pourrait servir d'épigraphe à la psychologie des professions, telle qu'elle s'est développée de nos jours : « C'est peut-être chez les artisans qu'il faut aller chercher les preuves les plus admirables de la sagacité de l'esprit, de sa patience et de ses ressources. »

page 56 note 2. Goussier, professeur de mathématiques, en même temps excellent expérimentateur et « bricoleur », apprit lui-même les métiers qu'il décrivait et en reconstruisit les machines afin d'en mieux dessiner les plans. Il fut, parmi les collaborateurs de Diderot, le plus efficace et le plus dévoué pour l'établissement des planches techniques.

page 57 note 1. Dont on connaît les vers fameux, aussi plats que significatifs :

« J'aime le luxe et même la mollesse,

Tous les plaisirs, les arts de toute espèce,

La propreté, le goût, les ornements. »

page 58 note 1. Treatise on Wealth of Nations, éd. Methuen, 1904, t. II, p. 267.

page 59 note 1. Notons au passage que, dans un texte curieux de l'Esprit des Lois qui venait de paraître en 1748, Montesquieu avait exprimé un doute précurseur lorsqu'il reprochait aux moulins à eau d’ «avoir fait reposer une infinité de bras ». Esprit des Lois, XXIII, chap. 15, cité par Febvre, Lucien, «Travail : évolution d'un mot et d'une idée», Journal de Psychologie, janvier-mars 1948, p. 21 Google Scholar.

page 61 note 1. Par exemple, p. 2 : « C'est avec surprise qu'on voit encore des gens prétendre que le perfectionnement de l'industrie et la simplification de la main-d'oeuvre entraînent des dangers parce que, dit-on, ils Ôtent les moyens d'existence à beaucoup d'ouvriers. Ainsi raisonnaient les copistes, lorsque l'imprimerie fut inventée ; ainsi raisonnaient les bateliers de Londres qui voulaient s'insurger lorsqu'on bâtit le pont de Westminster. » Nous citons le rapport de Grégoire d'après l'exemplaire original, n Imprimé par Ordre de la Convention Nationale », et déposé dans les archives du Conservatoire.

page 61 note 2. Allusion à l'Encyclopédie.

page 61 note 3. Ibid., p. 4.