Published online by Cambridge University Press: 06 September 2021
Dès le début des années 1950, les publications en langues étrangères de Pékin utilisent le terme « réforme de la langue écrite » pour traduire les mots chinois wen-tzu kai-ko. Wen-tzu peut vouloir dire : la langue enregistrée sous forme écrite, c'est-à-dire la langue écrite, ou les moyens de l'enregistrer, c'està- dire l'écriture, ou les deux à la fois. Peut-être les autorités communistes voulaient-elles ainsi souligner le large domaine que la réforme était censée couvrir. On peut cependant avancer une autre explication.
Cet article fait partie de l'introduction de l'ouvrage du même auteur, intitulé La préparation de la réforme de l'écriture en République Populaire de Chine, à paraître aux éditions Mouton au cours de l'année 1973.
1. Mao Tse-Toung, La démocratie nouvelle, Pékin, éd. en langues étr., 1965, p. 69.
2. Nous n'avons pas affaire ici au strict style parallèle de la littérature classique, mais à la tendance générale des écrivains chinois à écrire des phrases composées de deux parties symétriques, dont les mots correspondants impliquent une certaine opposition. Dans la langue chinoise, de telles phrases sont très expressives et mélodieuses. Les Chinois les apprécient beaucoup et les utilisent souvent dans leurs slogans politiques.
3. Mao, Tse-Toung, « On new democracy », dans Selected works of Mao Tse-tung, Pékin, Foreign Language Press, 1967, II, p. 382 Google Scholar.
4. Ibid.
5. Chou-Yu-Kuang, , Han-tzu kai-ko kai-lun (Traité général sur la réforme des caractères chinois), Pékin, Wen-tzu kai-ko ch'u-pan-she, 1961, p. 39 Google Scholar.
6. Harriet C. Mills, « Language reform in China », Far Eastern Quarterly, 15 (Aug. 1956), passim.
7. Paul L.-M., Serruys, « Survey of the Chinese language reform and the anti-illiteracy movement in communist China », Studies in Chinese communist terminology, 8. Center for Chinese studies, Univ. of California, Berkeley, Febr. 1962, passim. Google Scholar
8. John De Francis, « Language and script reform », Current Trends in Linguistics, II, passim.
9. Chou-Yu-Kuang, op. cit.
10. P. L.-M. Serruys, op. cit., p. 3.
11. Chou En-Lai, « Tang-ch'ien wen-tzu kai-ko ti jen-wu » (Tâches courantes de la réforme de la langue écrite), dans Tang-chien wen-tzu kai-ko ti jen-wu ho han-yü p'in-yin fan g-an (Tâches courantes de la réforme de la langue écrite et schéma phonétique de la langue chinoise), Pékin, Wen-tzu kai-ko ch'u-pan-she, 1959, p. 1.
12. D'après Hsü Shen, wen est un caractère simple qui ne peut être séparé en plusieurs parties et tzu est un caractère complexe, qui contient deux wen ou plus. Yang Hsin-An, Hsien-tai han-yü (Chinois moderne), Chunking, Jen-min ch'u-pan-she, 1957, P- I 2 ‘
13. Yang Hsin-An, op. cit., pp. 13-22.
14. Le Shuo-wen chieh-tzu, déjà cité, est souvent abrégé en Shuo-wen.
15. La langue chinoise possède des méthodes variées pour créer des abréviations qui sont exceptionnellement expressives, concises et riches de sens. L'une de ces méthodes recourt aux nombres. Une chose est nommée selon le nombre de ses principaux constituants ou de ses principaux aspects. Elle est donc définie par un ou plusieurs chiffres, indiquant ce nombre, et un ou plusieurs caractères, indiquant le trait commun à tous ses constituants et dénotant leur nature ou l'une de leurs caractéristiques, ou représentant simplement une partie des noms qu'ils ont en commun. Les termes créés selon cette méthode sont très compréhensibles, faciles à retenir et expressifs, et on les utilise depuis longtemps dans la littérature chinoise et la vie courante. Par exemple, autrefois, la même expression « trois beaucoup » (san-to), utilisée pour les souhaits, par les diseurs de bonne aventure, etc., était un symbole de félicité parfaite, signifiant « beaucoup de bonheur », « beaucoup de longévité » et « beaucoup de fils illustres ». Maintenant que l'éducation politique est l'un des principes fondamentaux du régime, cette méthode est très largement utilisée pour former de nouveaux termes politiques, et elle sert comme moyen essentiel d'éducation politique et de propagande. On peut citer les exemples des campagnes des « trois anti » (san-fan) et des « cinq anti » (tvu-fan) ; il y eut aussi une campagne appelée « double anti » (shuang-fan) qui veut dire « anti-gaspillage » et « anti-conservatisme ». Pendant la « révolution culturelle », il y eut encore une ligne politique nommée « trois soutiens et deux militaires » (san-chih liang-chün), qui signifie : « soutenir l'industrie, l'agriculture, les larges masses de la gauche ainsi que le contrôle militaire et la formation militaire et politique ».
16. Pei-ching shih-fan ta-hsüeh chung-kuo yii-yen wen-hsüeh-hsi (Faculté de langue et de littérature chinoises de l'Université Normale de Pékin), Han-yù chiang-i (Cours de langue chinoise), Pékin, Kao-teng chiao-yü ch'u-pan-she, 1959.
17. Ibid., pp. 129-131.
18. Ibid., p. 134 ; Yang Hsin-An, op. cit., p. 37.
19. Kuo Mo-jo, « Jih-pen ti han-tzu kai-ko ho wen-tzu chi-hsieh-hua » (Réforme des caractères chinois et mécanisation de l'écriture au Japon), K'o-hsüeh t'ung-pao (Rapports scientifiques), mai 1964.
20. Ibid.
21. Cheng Lin-Hsi, « Chung-kuo wen-tzu wei-shih-ma pi-hsü tsou hsiang p'in-yinhua ? » (Pourquoi la langue écrite chinoise doit-elle choisir la voie de la phonétisation ?), dans Cheng, Lin-Hsi et al., Chung-kuo wen-tzu kai-to wen-t'i (Problèmes de la réforme de l'écriture chinoise), Shanghai, Chung-hua shu-chü, 1954, PP- 49–54 Google Scholar.
22. Ibid. Dans la langue chinoise, le nombre des syllabes est limité. Le pékinois en a 411.
23. Pei-ching ta-hsüeh chung-kuo yù-yen wen-hsùeh hsi han-yü chiao-yen-shih (Section de recherche et d'enseignement de la langue chinoise de la Faculté de langue et littérature chinoises de l'Université de Pékin), Hsien-tai han-yù (Langue chinoise moderne), Pékin, Shang-wu yin-shu-kuan, 1963, p. 82.
24. De Francis, J., Nationalism and language reform in China, Princeton, Princeton University Press, 1950, p. 140 Google Scholar.
25. Ibid.
26. Ibid., p. 143.
27. Ibid., p. 145.
28. La langue classique est entièrement monosyllabique. Translittérée en prononciation moderne, elle aurait trop d'homophones. Bien que sa translittération en ancienne prononciation ait été proposée par le Prof. Wang Li, la chose n'est pas réalisable, car cette prononciation reconstituée n'est connue que de quelques rares spécialistes.
29. La beauté esthétique et la force d'expression de la langue classique résident essentiellement dans sa concision et son rythme, qui ne peuvent être retransmis par la langue parlée.
30. Nous disons « intellectuels », car jusqu'à maintenant, les problèmes de la réforme de l'écriture ont fait l'objet de discussions entre les linguistes et les hommes politiques, mais le grand public n'a jamais pris une part active dans ce mouvement.
31. Traduction anglaise empruntée à J. De Francis, op. cit., pp. 34-35.
32. Ibid., passim.
33. Ibid., pp. 219-220.
34. Ibid., p. 55. Au moment de l'ouverture du Congrès, Ts'ai Yuan-p'ei avait déjà démissionné de son poste de ministre.
35. J. De Francis, op. cit., p. 66. « Blue-green » est la traduction littérale de lan-ch'ing qui signifie « impur ».
36. Dans certains dialectes, les sibilantes initiales ts, ts', s, qui apparaissent devant les voyelles i et ü, ne sont pas palatalisées, alors que les anciennes gutturales k, k', h devant les mêmes voyelles, sont devenues ch(i), ch‘(i), hs(i). Les premières sont appelées sons « aigus » (chien-yin), les secondes sons « ronds » (f uan-yin). Dans le dialecte pékinois, cette distinction n'existe pas ; les consonnes initiales des deux origines se prononcent comme des palatales ch(i), ch’(i), hs(i).
37. Chou-yu-Kuang, op. cit., pp. 93-96.
38. Li Chin-Hsi, « Lun chu-yin tzu-mu » (A propos du chu-yin tzu-mu), dans Cheng Lin-Hsi et al., op. cit., pp. 56-59.
39. Chou-Yu-Kuang, op. cit., p. 34.
40. Le mot tzu-mu signifie « lettres » en chinois. Employé dans un sens collectif, il signifie alphabet.
41. Ainsi, cet alphabet était connu en Chine sous quatre noms : chu-yin tzu-mu, chuyin fu-hao, kuo-yin tzu-mu (alphabet de prononciation nationale), et kuo-yin fu-hao (signes de prononciation nationale).
42. Li Chin-Hsi, art. cité, pp. 64-65.
43. J. De Francis, art. cité, p. 74.
44. Cette ancienne méthode, utilisée dans la phonologie classique chinoise, consistait à indiquer la prononciation d'un caractère par deux autres caractères ; en lisant l'initiale du premier et la finale du second, on obtenait la prononciation de ce caractère.
45. Ce terme est la traduction littérale de l'expression chinoise tz'u-erh lien-hsieh (ou lien-shu), qui signifie : liaison des syllabes en mots.
46. Chou-Yu-Kuang, op. cit., passim.
47. J. De Francis, op. cit., p. 78.
48. Lin Han-Ta, « Han-yii p'in-yin fang-an ts'ai-yung ou-chou hsing-shih ti ching-kuo ho wen-t'i » (Histoire et problèmes des projets phonétiques chinois adoptant une forme européenne), dans Cheng Lin-Hsi et al., op. cit., p. 110.
49. Chou-Yu-Kuang, op. cit., p. 43.
50. Tout le matériel sur l'histoire du latinxua qui va suivre est emprunté, sauf avis contraire, à J. De Francis, op. cit., pp. 87-135.
51. Les Dungans sont des Musulmans chinois qui immigrèrent en Russie au siècle dernier, pour fuir la répression du Gouvernement impérial mandchou. Cf. Chou-Yukuang, op. cit., p. 44.
52. La plupart dues à l'inaptitude de l'alphabet turc à rendre la langue chinoise.
53. Ibid., pp. 76-78.
54. Les prononciations : 1) du Nord, 2) du Kwantung, 3) du Fukien, 4) d'une partie du Chekiang, 5) d'une partie du Kiansi et du Hunan.
55. Ceci étant la formulation de J. De Francis, avec laquelle certains linguistes chinois ne sont pas d'accord (voir note 62).
56. Après discussion, le projet original fut cependant maintenu.
57. En U.R.S.S., le terme « nationalité » s'emploie dans un sens ethnographique, alors que le fait d'appartenir à un pays est exprimé par « citoyenneté ».
58. Yeh Lai-Shih, « Hsin-wen-tzu tsen-yang pei-chieh-shao tao chung-kuo lai ? » (Comment la nouvelle écriture fut-elle introduite en Chine ?), dans Tu Tzu-Ching, I-chiu-ssu-chiu nien chung-kuo wen-tzu kai-ko lun-wen-chi (Recueil d'articles de 1949 sur la réforme de l'écriture chinoise), Shanghai, Ta-chung shu-tien, 1950, pp. 171-173.
59. Ibid.
60. Même les enthousiastes comme Li Chin-hsi, estimaient que le remplacement de l'écriture existante par le G.R. prendrait cent à cinq cents ans (cf. J. De Francis, op. cit., p. 77). « Y. R. Chao himself was of opinion that the ideographs would hâve to remain for a long time » (ibid., p. 81).
61. Tiré du « Projet du nouveau programme du mouvement pour la latinisation de l'écriture chinoise » (La-tin-hua chung-kuo-tzu yun-tung hsin kang-ling ts'ao-an ») élaboré en 1939, par la Société de Shanghai pour l'étude de la nouvelle écriture (Shang-hai hsinwen- tzu yen-chiu-hui), cité par Chou Yu-Kuang, op. cit., p. 48.
62. J. De Francis affirme que le premier schéma du latinxua « was based on the Shantung dialect spoken by the Chinese in the Far Eastern Région of the Soviet Union » (op. cit., p. 99), mais Chou Yu-kuang et d'autres auteurs latinxua le nient. Chou écrit : « Le Beila contient quelques finales qui diffèrent du parler pékinois ; ce genre de prononciation est courant dans le Nord. Certains disent que c'est le dialecte du Shantung, mais ceci ne correspond pas à la réalité. » (Chou Yu-Kuang, op. cit., p. 48.)
63. L'expression « parler commun » (p'u-t'ung-hua) fut employée pour la première fois par Ch'ü Ch'iu-pai, qui l'opposa à « langue nationale » (kuo-yü). « Apparently what he [Ch'ü] had in mind, was something in the nature of a common dénomination to ail the various forms of Mandarin. » (J. De Francis, op. cit., p. 94.)
64. Li Chin-Hsi, « Tsai chung-kuo wen-tzu kai-ko hsieh-hui ch'eng-li ta-hui shang ti chiang-hua » (Discours prononcé à l'Assemblée inaugurale de l'Association pour la réforme de la langue chinoise écrite), Jen-min Jih-pao, 25 oct. 1949.
65. Lin Han-Ta, art. cité, p. 111.
66. J. De Francis, op. cit., p. 115.
67. « Wo-men tiu-yü t'ui-hsing hsin-wen-tzu ti i-chien » (Nos vues sur la popularisation de la nouvelle écriture), dans Ni Hai-Shu, Chung-kuo yü-wen ti hsin-sheng (Renaissance de la langue chinoise), Shanghai, Shih-tai ch'u-pan-she, 1949, p. 120.
68. Tu Tzu-Ching, « Chung-kuo wen-tzu kai-ko yun-tung nian-piao » (Table chronologique du mouvement de réforme de l'écriture chinoise), dans Cheng Lin-Hsi et al., op. cit., p. 147.
69. En fait, la cause de ces interdictions ne peut en aucun cas être considérée comme purement politique. J. De Francis écrit ainsi à ce sujet : « Officiai disapproval of nonideographic writing was even said to account for the end of the efforts being made by Huang Hsüeh-chou, a permanent member of the Lunghai Kuomintang Headquarters, to promote the government-approved G.R. system of writing. » (J. DE Francis, op. cit., p- 115.)
70. Lin Han-Ta, art. cité, p. 112.
71. Edgar Snow, , Étoile rouge sur la Chine, Paris, Stock, 1965, p. 208 Google Scholar.
72. Cheng T'o-Pin, « I-chiu-ssu-ling-i-chiu-ssu-erh nien shen-kan-ning pien-ch'ii hsin-wen-tzu yun-tung ta-shih-chi » (Chronique des événements du Mouvement de la nouvelle écriture dans la région frontière du Shensi-Kansu-Ninghsia en 1940-1942), dans Tu Tzu-Ching, I-chiu-wu-ling nien chung-kuo yû-wen wen-t'i lun-wen chi-yao (Recueils d'articles importants de 1950 sur les problèmes de la langue chinoise), Pékin, Ta-chung shu-tien, 1952, pp. 253-259.
73. Par exemple, Lu, Chih-Wei, « Mu-ch'ien neng tso hsieh shih-ma ? » (Que peut-on faire à présent ?), Hsin chien-shé, 2, 2 Google Scholar.
74. J. DE Francis, op. cit., p. 133.
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