Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
L'ouvrage de Jean Wirth tente une réévaluation de l'image médiévale qui invite à remettre en chantier la façon d'en comprendre l'histoire. Il représente un des efforts les plus ambitieux et les plus stimulants qui ait été fait en ce sens depuis longtemps. Mais c'est une œuvre à très haut risque théorique, à la mesure des problèmes fondamentaux qu'elle affronte avec une grande témérité spéculative. Positivistes, s'abstenir !
* A propos de l'ouvrage de Wirth, Jean, L'image médiévale. Naissance et développements (VIe-XVe siècles), Paris, Méridiens Klincksieck, 1989, 395 p.Google Scholar
1. Schapiro, Meyer, « On the Aesthetic Attitude in Romanesque Art » (1947), repris dans Romanesque Art, Selected Papers, New York, Braziller, 1977, pp. 1–27.Google Scholar
2. Kant, E., Critique de la faculté de juger, 1re partie, §16, Paris, 1965, p. 71.Google Scholar
3. L'expression est empruntée à Zumthor, Paul, Essai de poétique médiévale, Paris, Le Seuil, 1972, p. 85.Google Scholar
4. Sur « la possibilité d'un jeu d'interprétance » entre les niveaux d'articulation ou de lecture d'une oeuvre, jeu fondé sur des « artifices qui n'empruntent pas de l'ordre discursif » mais des capacités « monstratives » de l'art, cf. Hubert Damisch, « Huit thèses pour (ou contre) une sémiologie de la peinture » dans Macula, 2, 1977, p. 19.
5. Panofsky, Erwin, Essais d'iconologie, trad. fr., Paris, Gallimard, 1967, p. 31.Google Scholar
6. Trad. fr., Paris, Éditions de Minuit, 1967.
7. L'auteur croit pouvoir en conclure que, l'art n'étant à l'époque qu'un cas particulier d'imago, si on comprend cette notion à la manière médiévale, « on trouvera non pas ce que [quelque théoricien] aurait pensé de l'art, mais le mode d'insertion de l'art dans la réalité médiévale » (ibid., nous soulignons) ; cette formule constitue un exemple du glissement qu'on a signalé ; n'aurait-il pas fallu dire : « du mode…» ?
8. Recherches menées particulièrement par Jean-Claude Schmitt.
9. Cf. Brown, Peter, « Une crise des siècles sombres. Aspects de la controverse iconoclaste » (1973), repris dans La société et le sacré dans l'Antiquité tardive, trad. fr., Paris, Le Seuil, 1982, pp. 199-244.Google Scholar
10. Kitzinger, Ernst, « Byzantine Art in the Period between Justinian and Iconoclasm » (1958), repris dans The Art of Byzantium and the Médiéval West, Selected Studies, 1976, Indiana University Press, pp. 157–232.Google Scholar
11. Autre exemple : « l'adoration des images », qu'on a trop facilement attribuée aux tendances animistes des masses, « apparaîtra au contraire comme une conséquence de présupposés logiques… » (p. 7) ; formule qui entend substituer une explication noble à une explication vile, comme si elles pouvaient s'exclure, et dans laquelle il est à craindre que le terme de « conséquence » ne recouvre une confusion entre une consécution logique et un effet.
12. Sur la notion de transformation, cf. Damisch, Hubert, L'origine de la perspective, Paris, 1987, p. 258 ss.Google Scholar
13. Cf. Bonne, Jean-Claude, « Depicted Gesture, Named Gesture : Postures of the Christ on the Autun Tympanum », dans History and Anthropology, vol. 1, part. 1, nov. 1984 CrossRefGoogle Scholar, Gestures, éd. par J.-Cl. Schmitt, pp. 77-95.
14. Blanche, Robert, La logique et son histoire, Paris, Colin « de l'implicite à l'explicite », 1970, pp. 13–16.Google Scholar
15. D'Angers, Bernard, Liber miraculorum sancte Fidis, liv. I, chap. xn, Bouillet, A., Paris, Picard, 1978, p. 48 ss.Google Scholar
16. Autre exemple, au moment de la controverse carolingienne, chez Claude de Turin, cf. Jean Wirth, p. 160 ss.
17. Cf. Bloch, Howard, Étymologie et généalogie, trad. fr., Paris, 1989.Google Scholar
18. Derrida, Jacques, « La mythologie blanche. La métaphore dans le texte philosophique », repris dans Marges de la philosophie, Paris, 1972, pp. 247–324 Google Scholar (” La métaphore est moins dans le texte philosophique […] que celui-ci n'est dans la métaphore », p. 308).
19. Baltrusaitis, J., La stylistique ornementale dans la sculpture romane, Paris, 1931 Google Scholar (remanié et republié sous le titre Formation, déformations, Paris, Flammarion, 1986) ; critique décapante de ce livre par Meyer Schapiro dans « On Geometrical Schematism in Romanesque Art » (1933), repris dans Romanesque Art, op. cit.
20. Schmitt, Jean-Claude, « L'Occident, Nicée II et les images du VIIIe au XIIIe siècle », dans Nicée II, 787-1987. Douze siècles d'images religieuses, Bœspflug, F. et Lossky, N. éds, Paris, Le Cerf, 1987, pp. 276 et 277.Google Scholar
21. E. Kitzinger, op. cit., p. 46.
22. Cf. Hubert Damisch, op. cit.(et note 4) §8, p. 22.
23. Ce point a été établi avec une grande netteté théorique par E. Kitzinger dans l'article déjà cité et traitant, précisément, des rapports entre les formes et les fonctions des icônes. Il est dommage que l'ouvrage de Jean Wirth n'ait pas pris en compte cet article fondamental.
24. Heitz, Carol, Recherches sur les rapports entre architecture et liturgie à l'époque carolingiennne, Paris, 1963, pp. 21, 122 et n. 3Google Scholar ; id., L'architecture religieuse caroligienne, Paris, Picard, 1980, p. 58.
25. Sur la fidesmédiévale et, en particulier, le rapport entre le sens religieux et le sens social de ce terme, cf. Wirth, Jean, « La naissance du concept de croyance » dans Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, t. XLIV, 1, Genève, Droz, 1983, pp. 12–25.Google Scholar
26. Jean Wirth renvoie sur ce point à l'article d'Anita Guerreau-Jalabert, « Sur les structures de parenté dans l'Europe féodale », dans Annales ESC, t. 36, 1981, pp. 1028-1049.