Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
En 1970, les Annales (n° 4, pp. 1121-1142) publiaient un article intitulé « Du problème de la continuité: Y a-t-il une protohistoire urbaine en France ? ». Anne Lombard-Jour dan y attirait l'attention sur les éléments religieux et sociaux, souvent négligés au profit des éléments économiques, dans l'étude de la genèse des villes. Elle montrait les liens profonds qui unirent les premiers rassemblements périodiques gaulois et les foires qu'on voit apparaître dans les textes au haut Moyen Age. Elle concluait à une dépendance de cause à effet entre la tenue de ces foires et le développement urbain et à une évolution continue dans les manifestations humaines depuis la Gaule indépendante jusqu'à l'époque mérovingienne et carolingienne, les normes de la civilisation romaine ne s'étant surimposées un temps aux habitudes des populations que pour s'évanouir à l'arrivée des Barbares.
Reprenant chaque point de cet exposé le Dr Michael Mitterauer, professeur à l' Université de Vienne, adopte aujourd'hui une position contraire. Tout en reconnaissant qu'une certaine continuité est incontestable entre les réunions périodiques de la protohistoire et celles du Moyen Age, il refuse d'admettre que les foires aient pu contribuer en quoi que ce soit à la naissance des villes médiévales: seul le marché permanent (der ständige Marktverkehr) qui s'installe près du siège de l'autorité (Herrschaftssitz), lieu de défense et de refuge, de protection et de justice, doit être considéré comme le point de départ du développement urbain médiéval.
La question des débuts de la ville européenne continue à exercer une fascination particulière et toujours renouvelée. Aucun thème de l'histoire du haut Moyen Age n'a engagé autant de chercheurs à adopter une prise de position fondamentale, n'a fait surgir autant de théories, n'a suscité autant de controverses. Ce phénomène exprime certainement plus que le seul engouement pour une discipline hautement spécialisée. Il y aurait une étude intéressante à faire pour savoir comment les différentes générations de chercheurs ont renouvelé le problème des débuts de l'histoire urbaine d'après les tendances de leur époque, dans quelle mesure leurs interprétations du moment se trouvent liées à des formes spécifiques de conscience sociale.
* Faute de place nous avons été obligés de remplacer (v. pp. 729-730) une partie de l'argumentation par son bref résumé. On trouvera un complément d'information en se reportant aux travaux antérieurement publiés par l'auteur et cités en note.
1. Je me suis occupé de cette question dans une étude « Jahrmârkte in Nachfolge antiker Zentralorte », parue dans Mitteilungen des Instituts fur ôsterreichische Geschichtsforschung, 75 (1967), pp. 237 ss. On ne reviendra plus ici en détail sur les exemples qui y furent amplement traités. On peut en principe se reporter à ce travail pour complément d'information.
2. Traute Endemann, « Markturkunde und Markt in Frankreich und Burgund vom g. bis i l . Jahrhundert » (1964), pp. 11 ss.
3. A. Lombard-Jourdan, p. 1128. Voir aussi Hans Hirsch, « Das unechte Diplom Konrads III. fiir die Herren von Kranichberg und seine echte Vorlage », dans Jahrbuch fiir Landeskunde von Niederôsterreich, N.F. 26 (1936), pp. 247 ss.
4. A. Lombard-Jourdan, p. 1126; Dietrich Claude, «Topographie und Verfassung der Stàdte Bourges und Poitiers bis in das 11. Jahrhundert », dans Historische Studien, 380 (1960), p. 140.
5. Redet, Mémoires sur les halles et les foires de Poitiers, 1846, p. 4.
6. D. Claude, p. 54.
7. D. Claude, p. 28.
8. D. Claude le montre fort bien, p. 166, pour Poitiers.
9. D. Claude, pp. 129 et 139.
10. D. Claude, p. 139.
11. A. Lombard-Jourdan, p . 1128.
12. Maurice Chaume, Les origines du duché de Bourgogne, 2, 1927, p. 288.
13. M. Chaume, carte p. 96.
14. M. Chaume, pp. 318 ss.
15. Jacques Moreau, Die Welt der Kelten, 1958', p. 122. Entre autres, la célèbre foire du Mont Beuvray se tenait aussi au début de mai à l'emplacement de Bibracte, oppidum des Éduens. Voir à ce sujet Mitterauer, « Jahrmârkte », p. 239, et plus loin, p. 263.
16. M. Chaume, p. 319.
17. M. Chaume, p. 141.
18. M. Chaume, p. 302.
19. A. Lombard-Jourdan, p. 1126.
20. Elsass-Lothringischer Atlas, publié par Georg Wolfram et Werner Gley, 1931, carte 36 a.
21. Yvette Dollinger-Léonard, « De la cité romaine à la ville médiévale dans la région de la Moselle et de la Haute Meuse », dans Studien zu den Anfângen des europâischen Stàdtewesens (Vortrâge und Forschungen, 4, 1968), pp. 155 ss.
22. L. Blondel, Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, 5 (1927), pp. 122 ss.; Félix Stâhelin, Die Schweiz in rômischer Zeit, 1927», pp. 162 et 280.
23. Article d'ensemble sur Friedberg, dans Handbuck der historischen Stàtten, 4 (1960), pp. 134 ss., avec les références bibliographiques.
24. Sur l'emplacement présumé d'une curtis franque il y a peut-être eu, à l'époque des guerres de Charles le Gros contre les Saxons, une courte phase de colonisation récente. C'est également la question que soulève Wolf-Arno Kropat, « Reich, Adel und Kirche in der Wetterau von der Karolinger- bis zur Stauferzeit » (Schriften des hessischen Landesamts fur geschichtliche Landeskunde, 28, 1965), p. 28.
25. Georg Blecher, Wie und wann entstanden Burg und Stadt Friedberg ?, 1936.
26. Hektor Ammann, « Die Friedberger Messen », dans Rheinische Vierteljahrsblâtter, 15/16 (1950-51), PP- 192 ss.
27. Urkundenbuch der Stadt Friedberg, 1 (1904), étudié par M. Foltz, p. 118, n° 279.
28. A l'époque de la conquête romaine, la Wetterau était occupée par la peuplade germanique des Chattes, mais il y avait eu dans cette contrée une continuité culturelle et ethnique extraordinairement forte par rapport aux phases celtiques précédentes (Reinhard Wenskus, Stammesbildung und Verfassung, 1961, pp. 387 ss.).
29. Hans Bàchtold-Stâubli, Handwôrterbuch des deutschen Aberglaubens, 6 (1934-35), pp. 232 ss.
30. A. Lombard-Jourdan a eu raison d'attirer l'attention sur cette relation importante, p. 1127. Pour marché et cimetière, voir également Mitterauer, « Zollfreiheit und Marktbereich » (Forschungen zur Landeskunde von Niederôsterreich, 19, 1969), p. 241.
31. Mitterauer, « Jahrmàrkte », pp. 271 ss. Une ancienne tradition de marché se trouve dans cette région aussi, à l'extérieur du limes, pour le marché surnommé le « marché aux poules » (en allemand « Huhnermarkt ») sur la route qui va de Wiesbaden à la vallée de la Lahn. Voir également la p. 285.
32. Karl Frôlich, « Rezension von Blecher, Wie und wann entstanden Burg und Stadt Friedberg », Zeitschrift fur Rechtsgeschichte, Gem. Abt. 57 (1937), PP- 611 ss.
33. Edith Ennen, Fruhgeschichte der europâischen Stadt, 1953, pp. 192 ss.
34. Article « Hûfingen », Handbuch der historischen Stâtten, 6 (1965), pp. 306 ss.
35. Gerhard J. WAIS, Die Alamannen in ihrer Auseinanderseizung mit der rômischen Welt, 1930, p. 167.
36. Furstenbergisches Urkundenbuch, 5, 1885, p. 158, n° 195.
37. Eberhard Gothein, Wirtschaftsgeschichte des Schwarzwaldes und der angrenzenden Landschaften, 1, 1892, p. 118.
38. J. A. Tràger, Geschichte der Stadt Kelheim, 1823, p. 138, n° 1.
39. Article « Kelheim », Handbuch der historischen Stdtten Deutschlands, 7 (1961), P- 329.
40. Paul Reinecke, « Ortliche Bestimmung antiker geographischer Namen », Der bayerische Vorgeschichtsfreund, 4 (1924), p. 20; du même, « Spàtkeltische Oppida im rechtsrheinischen Bayern », Bayerische Vorgeschichtsblàtter, 9 (1930), p. 43; du même, « Bodendenkmàler spâtkeltischer Eisengewinnung im untersten Altmiïhltal», pp. 24-25, Bericht der rômisch-germanischen Kommission (1934-35), p. 141.
41. Wolfram Zeitler, « Die Stellung der Donaumauten in der râumlichen Ordnung Altbayerns », phil. Diss. Wien (masch.), p. 66.
42. Thiel, Mathias, « Traditionen, Urkunden und TJrbare des Klosters Weltenburg », Quellen und Erôrterungen zur bayerischen Geschichte , 14 (1958), p. 66, n° 93 Google Scholar.
43. Rothenfelder, Ludwig, « Die Wittelsbacher als Stàdtegriïnder », Verhandlungen des historischen Vereins fur Niederbayern , 47 (1911), pp. 10 Google Scholar ss.
44. Article «Bogen », Handbuch der historischen Stdtten Deutschlands, 7 (1961), p. 97; Hans Hundt, Jùrgen, « Der Bogenberg bei Bogen in vor- und friihgeschichtlicher Zeit », Bayerische Vorgeschichtsblàtter , 21 (1956), p. 35 Google Scholar; « Bavaria », Landes- und Volkskunde des Kônigreichs Bayern, 1/2 (1860), p. 1000.
45. Hradil, Paul, « Ein Bogener Marktrecht aus dem 14. Jahrhundert », Verhandlungen des historischen Vereins fur Niederbayern , 43 (1907), p. 132 Google Scholar, Art. 32 (Monumenta boica, 12, p. 173, n° 63).
46. Hundt, « Bogenberg », p. 38.
47. Monumenta boica, 12, p. 173, n° 63.
48. Ici aussi d'ailleurs on suppose que des foires se tinrent de façon ininterrompue en face du fort romain. Voir Wilhelm Stôrmer, « Straubing als prâurbane Siedlung und zentraler Ort », Zeitschrift fur bayerische Landesgeschichte, 32 (1965), p. 35.
49. Jean Gabriel Bulliot, « La foire du Beuvray », Mémoires de la Société Éduenne, 7 (1878); du même, Fouilles du Mont Beuvray, 2, 1899, p. 45 ss.; H. Dragendorff, «Bibracte », Archàologischer Anzeiger (Beiblatt zurn Jahrbuch des kaiserlich deutschen archâologischen Instituts, 1910), p. 454.
50. M.G.H., Dipl. Kar., 3, p. 144, n° 50; à ce sujet, André DÉLÉAge, La vie rurale en Bourgogne jusqu'au début du IXe siècle, 1941, p. 179; Endemann, « Markturkunde », p. 18; Mitterauer, « Jahmârkte », pp. 257 ss.
51. René Joffroy, L'oppidum de Vix, 1960; du même, Le Trésor de Vix, 1962; F. Bourriot, « La tombe de Vix et le mont Lassois », Revue historique, 234 (1965), pp. 285 ss.; Mitterauer, « Jahrmârkte », pp. 247 ss.
52. Jules Vannerus, « Le Helpert », Cahiers Luxembourgeois, 1927, pp. 99 ss.; Josef Steinhauser, Archâologische Siedlungskunde des Trierer Landes, 1936, pp. 276 ss.; Mitterauer, « Jahrmârkte », pp. 263 ss.
53. Hektor Ammann, Die Zurzacher Messen im Mittelalter, 1933; du même, Neue Beitrâge zur Geschichte der Zurzacher Messen, 1930; du même, « Die deutschen und schweizerischen Messen », La Foire (Recueils de la Société Jean Bodin, 5, 1953), pp. 167 ss.; S. Heuberger, « Zur Geschichte der Strasse Zurzach-Brugg (Tenedo-Vindonissa) im Altertum und Mittelalter », Zeitschrift fur schweizerische Geschichte, 5 (1925), pp. 325 ss.; Stâhelin, Die Schweiz in rômischer Zeit, p. 170; Mitterauer, « Jahrmârkte », pp. 288 ss.
54. Stâhelin, « Die Schweiz in rômischer Zeit », pp. 38 et 182.
55. Adolf Reinle, « Die heilige Verena von Zurzach, Légende, Kult, Denkmâler » (Ars docta, 6, 1948).
56. Hermann Witz, « Der Barthelmarkt in Oberstimm, Luginsland », Ingolstâdter Zeitung, 1925, n° 34; du même, « Der Barthelmarkt in Oberstimm », Ingolstâdter Heimatgeschichte, 2 (1930), pp. 13 ss.; Giïnther Ulbert. « Zum claudischen Kastell Oberstimm », Germania, 35 (1957), PP- 323 ss-; Werner Krâmer, « Manching, ein vindelikisches Oppidum an der Donau », Neue Ausgrabungen aus Deutschland (1958), p. 197; Hermann Vetters, « Zur Frage der keltischen Oppida », Carinthia, I, 141 (1951), p. 716; Mitterauer, « Jahrmârkte », pp. 296 ss.
57. August von Cohausen, « Der rômische Grenzwall in Deutschland », 1 (1884), pp. 67, 95, 146, 187 et 199; A. Hammeran et Eduard Norden, « Die germanische Urgeschichte in Tacitus », Germania (19238), p. 505; Wilhelm Schleiermacher, «Nundinenses», Germania, 32 (1954), PP- 326 ss; Wolfgang Hess, « Geldwirtschaft am Mittelrhein in karolingischer Zeit », Blâtter fur deutsche Landes geschichte, 98 (1962), p. 55; Mitterauer, « Jahrmârkte », pp. 271 ss.
58. Wilhelm Schleiermacher, Der rômische Limes in Deutschland, 19612, pp. 206 ss.
59. Josef Grubmuller, Geschichte der Marktgemeinde Petronell (Camuntum), 19652, p. 186; Mitterauer, « Jahrmârkte », pp. 301 ss.
60. Erich Swoboda, Camuntum, seine Geschichte und seine Denkmâler, 19644.
61. Enns-Lorch-Lauriacum, Dissertation pour les 750 ans du droit de cité de la ville d'Enns, 1962; Erich ZÔLlner, « Die Lorcher Tradition im Wandel der Jahrhunderte », Mitteilungen des Instituts fur ôsterreichische Geschichtsforschung, 71 (1963), pp. 221 ss.; article « Enns », dans Handbuch der historischen Stàtten, ôsterreich, 1 (1970), pp. 31 ss.
62. Lothar Eckhart, « St. Laurenz vor den Mauern », Enns-Lorch-Lauriacum, p. 107.
63. Julius Strandt, « Das Gebiet zwischen der Traun und der Enns », Archiv fur ôsterreichische Geschichte, 94” (1907), p. 617. La foire avait lieu «heraussen des Freythofs und innen auf dem Freythof bis an die Kirchthier » (en dehors du cimetière et à l'intérieur du cimetière jusqu'à la porte de l'église); ce qui laisse penser qu'il lui fallait une importante superficie.
64. Alois Zauner, « Enns und Lorch », Enns-Lorch-Lauriacum, p. 61. L'emplacement de cette foire ne nous est pas attesté par un document, mais on présume qu'elle se tenait dans la plaine qui s'étend au nord de la hauteur où est située la ville, ce qui correspondrait bien avec l'emplacement de l'église de Saint-Laurent. Certes, il y a des différences pour les dates de la foire. La foire mentionnée au XVIe siècle avait lieu le jour de la Saint- Laurent (10 août), tandis que les foires du xne siècle au contraire se tenaient au début de mai. Il est intéressant de noter, dans cet ordre d'idées, qu'à Zurzach on trouve deux dates pour la foire : l'une correspond à la fête du patron de l'église, l'autre dut être influencée par des traditions d'avant l'ère chrétienne. Il existe un rapport semblable entre les deux « jours de Helper », où toutefois c'étaient des processions et non une foire qui se trouvaient liées avec la fête de la dédicace de l'ancienne église paroissiale sur le Helperknapp (Mitterauer, « J ahrmàrkte », p. 293). Pour conclure à une analogie il n'y a, à vrai dire, pas de données suffisantes à Lorch.
65. Handbuch der historischen Stâtten, Osterreich, 1, p. 32.
66. Jean Gaudemet, « L'Empire romain a-t-il connu les foires ? », La Foire (Recueils de la Société Jean Bodin, 5, 1953), pp. 25 ss. A. Lombard-Jourdan, p. 1125, partage aussi cette interprétation.
67. A. Lombard-Jourdan, p. 1141.
68. Strabon, VIII, 3.
69. Herbert Jankuhn, « Die religionsgeschichtliche Bedeutung des Thorsberger Fundes », Forschungen und Fortschritte, 12 (1936), pp. 365 ss.
70. Giovanni Santini, I comuni di pieve nel medioevo italiano, 1964, p. 104.
71. Josef Lappe, « Kirchen auf Wiistungen », Zeitschrift der Savigny-Zeitschrift fur Rechtsgeschichte, Kan. Abt. 34, 1913, p. 209, donne d'autres exemples.
72. Rafaël von Uslar, « Stadt, Burg, Markt und Temenos in der Urgeschichte », Festschrifl fur Gustav Schwantes (1951), p. 42. Les cas exposés par l'auteur illustrent clairement l'extension de ce phénomène.
73. Pour ce qui suit, voir l'article « Bruneck, Sankt Lorenzen, Sonnenburg und Stegen », Handbuch der historischen Stàtten, Osterreich, 2 (1966), pp. 504, 555, 560 et 562.
74. Lappe, « Kirchen auf Wiïstungen », décrit de façon détaillée les très nombreuses conséquences juridiques de ce phénomène.
75. Lappe, « Kirchen auf Wiistungen », pp. 205 ss.; Herbert Fischer, « Die Siedlungsverlegung im Zeitalter der Stadtbildung » (Wiener rechtsgeschichtliche Arbeiten, 1, 1952), P- 243.
76. Jean Hubert, « Évolution de la topographie et de l'aspect des villes de Gaule du Ve au Xe siècle », La città nel'alto medioevo (Settimane di studio del Centro italiano di studi sull'alto medioevo, 6) (1959), pp. 541 ss.
77. Les burgi non enclos de murs et les castella des abbayes qui apparurent au x e siècle dans les faubourgs ont toujours bénéficié de l'immunité comme condition de fixation. Voir, pour Tours, Heinrich Bottner, « Fruhmittelalterliches Stàdtewesen in Frankreich », dans Studien zu den Anfângen des europâischen Stâdtewesens (Vortrâge und Forschungen, 4, 1968), p. 183.
78. Walter Schlesinger, « Stadt und Burg im Lichte der Wortgeschichte », Studium générale, 16 (1963), pp. 433 ss,; « Die Stadt des Mittelalters », 1 ﹛Wege der Forschung, 243), pp. 95 ss.
79. Par exemple « Burgmass », « Burgmetzen », « Burgmut », pour des marchés urbains (dansDeutsches Rechtswôrterbuch, par Eberhard von Kunssberg, 2,1932-1935^. 631). Voir aussi Schlesinger, « Stadt und Burg », p. 103, les passages que l'auteur cite d'Helias et ceux que cite Otfried de Wissembourg sur l'achat de marchandises d'usage courant au « burg ».
80. Schlesinger, « Mitteleuropâische Stâdtelandschaften », pp. 255 ss.
81. Portus signifie certainement en général « port, lieu d'entrepôt », puis par extension « établissement marchand ». Mais si, par exemple, des pièces de monnaies carolingiennes portent le nom de l'agglomération urbaine avec l'adjonction de portus comme atelier monétaire, il ne faudrait en aucun cas considérer qu'il s'agit d'une partie seulement de l'agglomération (par exemple, pour Tournai et Maastricht sur les monnaies de Charles le Chauve, voir Blanchet, I, p. 393 et 387). En moyen néerlandais, les expressions « poort » pour ville, et « poorter » pour habitants d'une ville, analogues à « burg » et « burger », pourraient aussi orienter vers une telle extension de sens (voir Pétri, Mittelalterliches Stàdtewesen, p. 259)
82. Guido Mengozzi, La città italiana nel'alto medioevo, 1914, pp. 216 ss. L'auteur souligne cette distinction de façon très approfondie; en traitant de son origine romaine, il s'étend particulièrement sur son développement dans l'empire lombard; toutefois il fait aussi appel à des exemples tirés des capitulaires pour l'ensemble de l'empire carolingien. Une telle différenciation juridique entre les lieux de marché peut déjà être démontrée vers 900 pour la région frontalière à l'est de l'empire carolingien, et dès lors on peut l'observer pendant tout le Moyen Age (voir Mitterauer, « Zollfreiheit und Marktbereich », pp. 120 ss., pp. 156 et 231 ss.).
83. La tranquillité dont jouissent ces lieux est à nouveau un facteur déterminant pour la tenue du marché. Très souvent siège de tribunal et église paroissiale se trouvent au même endroit. Le caractère originel, profondément sacré, des assemblées tenues par les tribunaux a dû jouer un rôle (Otto Hôfler, « Der Sakralcharakter des germanischen Kônigstum », Vortrâge und Forschungen, 3, 1963, pp. 97 ss.). L'étroite dépendance entre marché et siège de tribunal apparaît lorsqu'on voit le poète d'Helias employer « thingstedi » pour désigner le marché, et « thingstedi haldan » pour l'action de commercer. Le capitu- 1 aire de Ver de 884, qui accorde au curé un certain contrôle des prix, illustre très clairement le rôle des lieux paroissiaux dans le commerce des vivres pour la Francie occidentale (M. G.H., Cap., 2, p. 375). Dans cette région les marchés apparaissent plusieurs fois comme appartenant expressément à des églises, comme peut-être déjà, en 845, lors de la donation de Gennes à Saint-Maur de Glanfeuil (Recueil des Actes de Charles II le Chauve, 1, 1953, p. 219, n° 78). Pour un grand nombre de mercata indiqués sous ce nom dans les diplômes carolingiens, il pourrait bien s'agir de tels marchés ruraux autour d'une église.
84. Ces interdictions provenaient de la législation réformatrice de l'Église du début du ixe siècle. La plus ancienne disposition de cet ordre dans le capitulaire d'Aix-la- Chapelle de 809 stipulait encore : « ut mercatus die dominico in nullo loco habeatur nisi ubi antiquitus fuit et legetime esse débet ». Ce qui prouve qu'il s'agissait, pour les marchés paroissiaux, d'une disposition très ancienne et considérée jusqu'alors comme juste (M.G.H., Leg., I/II, p. 149). Mais malgré toutes les interdictions de l'Église, le dimanche fut, durant tout le Moyen Age, jour de marché (Josef Kulischer, Allgemeine Wirtschaftstieschichte des Mittelalters und der Neuzeit, 1, 1928, p. 92).
85. Il est remarquable que ces ateliers monétaires aient très souvent coïncidé avec d'anciens lieux paroissiaux. Des dix paroisses du diocèse de Tours, fondées par saint Martin, il n'y en a peut-être pas moins de sept dont le nom se retrouve sur des monnaies mérovingiennes (M.G.H., Script, rer. mer., 1, p. 444). Il en va de même pour trois ou quatre sièges archipresbytéraux du diocèse d'Auxerre, mentionnés par Grégoire de “l'ours (Tonnerre, ibid., p. 752, Brioude, ibid., p. 150; seul Néris manque, ibid., p. 705).
86. Pour le rapport paroisse-seigneurie en France, l'ouvrage fondamental de 1 ‘. Imbart DE LA Tour, « Les paroisses rurales dans l'ancienne France », dans Revue historique, 60, 1896, pp. 241 ss.; 61, 1896, pp. 10 ss; 63, 1897, pp.i ss.; 67, 1898, pp. I ss.; 68, 1898, pp 1 ss. D'après le droit romain la res sacra valait la res publica. On respecta encore ce principe en France jusqu'au vne siècle. Les églises paroissiales ne pouvaient être édifiées que dans les vici publici. Mais au cours du vue siècle ce genre de vici passa de plus en plus aux mains des grands. Les Carolingiens essayèrent de freiner cette évolution. Sous les derniers Carolingiens les églises paroissiales, mais surtout les vici publici, retombèrent plus solidement sous le contrôle des seigneurs. Cependant le dominium de la noblesse française sur les églises, aux xie et xiie siècles, provient le plus souvent en dernière analyse de droits régaliens, c'est-à-dire de la vicaria. C'est dans la vicaria que le pouvoir paroissial de la noblesse prend sa racine.
87. Cette réponse aux critiques formulées par le Dr M. Mitterauer paraîtra prochainement dans Archéocivilisation, n° de décembre 1972-juillet 1973.