Hostname: page-component-cd9895bd7-fscjk Total loading time: 0 Render date: 2024-12-26T20:37:06.943Z Has data issue: false hasContentIssue false

Gauchos et Peones du Rio de la Plata Réflexions sur l'histoire rurale de l'Argentine coloniale

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

José Luis Moreno*
Affiliation:
Université Nationale de Luján-CONICET (Argentine)

Extract

De récentes études consacrées à l'Argentine coloniale ont remis en question la naissance du latifundio au 18e siècle comme élément de l'héritage espagnol et, qui plus est, elles laissent entendre aussi que le gaucho, archétype et quintessence de la toute nouvelle nationalité argentine, n'a pas été le seul et unique moteur de l'occupation de l'espace et du déplacement de la frontière. Qu'est-il arrivé pour qu'en si peu de temps des pans aussi essentiels de notre histoire aient connu des ouragans aussi dévastateurs ? Assurément, il n'existe pas d'explications univoques mais plutôt une série de questions de caractère différent liées aux problèmes idéologiques de notre classe d'éleveurs et des secteurs du pouvoir qui lui sont relatifs. Ces groupes sociaux se considèrent eux-mêmes comme les dépositaires d'une nationalité enracinée dans la période coloniale. Rien n'est plus éloigné de la vérité historique, mais toujours est-il qu'on a fait croire que la majorité de la société argentine était d'origine européenne et issue de l'immigration massive qui allait commencer à la fin du siècle dernier (dans les années 1880), et que tel cela avait été. Personne n'aurait osé faire remarquer que beaucoup de patronymes de lignées de propriétaires terriens étaient apparus également au 19e et qu'ils n'étaient même pas d'origine espagnole.

Summary

Summary

In the perspective of the recent evolution of historiography concerning the rural history of colonial Argentina, J. L. Moreno analyzes the identity of the agricultural producers and of the rural workers, and generally of the role played by the peasants in the rural economy. He shows that questions relating to demography and to the occupation of space have a central part to play. This leads him also to define more precisely the models of agricultural production.

Type
Les Hommes et la Terre en Amérique Latine
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1995

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

1. Il existe de nombreux travaux de caractère historique sur les classes dominantes. Sur ces points précis, on peut cependant consulter l'ouvrage de Jorge F. Sábato, La clase dominante en la Argentina moderna : formacíon y caractéristicas, Buenos Aires, Cisea-Grupo Editor Latinoaméricano, 1988. Voir aussi l'histoire de l'une des familles les plus riches, d'origine non espagnole, arrivée en Argentine vers la moitié du 19e siècle, Donna J. Guy, Latin American Family History. The Family as a Business and Corporation in Argentina, Sait Lake City, World Conférence on Records, vol. 9, 1984.

3. Cette authentique révolution historiographique a eu pour point de départ les travaux de Mayo, Carlos A., « Estancia y peonaje en la région pampeana en la segunda mitad del siglo XVII », Desarrollo Económico, vol. 23, n° 92, Buenos Aires, 1984 Google Scholar ; voir Juan Carlos Gara Vagua, « Economic Growth and Régional Différenciations : The River Plate Région at the End of the Eighteenth Century », Hispanic American Historical Review, vol. 1, n° 64,1985, Durham. Enfin l'Anuario de 1TEHS, n° 2, Tandil, a publié en 1988 plusieurs travaux très polémiques sur le concept de la main-d'oeuvre rurale. Les plus notoires pour l'intérêt qu'ils portent à ce thème sont : Carlos A. Mayo, « Sobre peones, vagos y malentretenidos : el dilema de la economía rioplatense durante la época colonial » ; Samuel Amaral, « Trabajo y trabajadores rurales en Buenos Aires a fines del siglo XVIII » ; Juan Carlos Garavaglia « ¿ Existieron los gauchos ? » ; Jorge D. Gelman, « ¿ Gauchos o campesinos ? » et enfin Carlos A. Mayo, « ¿ Una campaña sin gauchos ? ».

4. Malheureusement de nombreuses monographies importantes sont encore en cours de publication. Notons celles de José Mateo, « Los labradores de Lobos », Mar del Plata, 1990, texte polycopié, de Mariana Canedo, « Pautas sociodemográficas y categorfas historicas. San Nicolas de los Arroyos, 1815 », Mar del Plata, 1985, texte polycopié. Voir également Dédier Marquieguy, N., Estancia y poder politico en un partido de la campaña bonaerense. Lujân 1756- 1821, Buenos Aires, Ed. Biblos, 1990.Google Scholar et de Guillermo Banzato et Guillermo Quinteros, « La ocupación de la tierra en la frontera bonaerense. El caso de Chascomus, 1779-1821 », Estudios-lnvestigaciones, n° 11, La Plata, 1992.

5. On dispose de nombreux travaux sur la paysannerie européenne. Citons l'ouvrage désormais classique de Duby, Georges, L'économie rurale et la vie des campagnes dans l'Occident médiéval, Paris, Éditions Montaigne, 1962 Google Scholar, ainsi que Guerriers et paysans, Paris, Éditions Gallimard, 1973 ; et d'Emmanuel Le Roy Ladurie, Les paysans de Languedoc, Paris, 1966, 2 vols. Ces travaux, étant donnée leur envergure, constituent de bons points de comparaison. Certains aspects polémiques apparus plus récemment peuvent être abordés grâce à l'ouvrage collectif présenté par Hobsbawm, Eric J. et al, Peasants in History. Essays in Honour of D. Thomas, Oxford, 1980.Google Scholar

6. Sur les différentes régions andines d'Amérique latine, on dispose également d'une bibliographie fournie. On peut néanmoins se référer à une publication collective cosignée par de nombreux auteurs contemporains et présentée par Florescano, Enrique, Haciendas, latifundios y plantaciones en America latina, Mexico, Siglo XXI, 1975.Google Scholar Ce livre, qui a marqué un tournant dans la réflexion, est considéré aujourd'hui comme un classique du genre.

7. Voir à ce sujet Jorge D. Gelman, « Estancieros, labradores, jornaleros y conchabados. Algunas consideraciones sobre el trabajo y las relaciones de produccíon en la campaña rioplatense colonial », Buenos Aires, 1989, texte polycopié. Également de Gelman, Jorge D., « Sobre esclavos, peones, gauchos y carnpesinos : el trabajo y los trabajadores en una estancia colonial rioplatense », El mundo rural rioplatense a fines de la época colonial : estudios sobre poblaciôn y mano de obra, Fundaciôn Simón Rodriguez-Ed. Biblos, 1989.Google Scholar Toujours de Jorge D. Gelman, « Familia y relaciones de produccíon en la campañafia rioplatense colonial. Algunas consideraciones desde la Banda Oriental », 1992. De Juan Carlos Garavaglia et José Luis Moreno, Población, sociedad, familia y migraciones en el espacio rioplatense (siglos xviii y xix), Buenos Aires, Cántaro Ed., 1993. Voir Juan Carlos Garavaglia, « Production cerealera y produccíon ganadera en la campaña de Buenos Aires 1700-1820 », El mundo rural rioplatense…, op. cit., 1989. Du même, « Migraciones, estructuras familiares y vida campesina. Areco Arriba en 1815 », dans Población, sociedad…, op. cit., 1992.

8. Les études de Raûl Fradkin sur le fermage sont particulièrement intéressantes, « Arrendamientos rurales en la campaña bonaerense en el siglo xvm », Buenos Aires, 1990, polycopié, et « Production y arrendamiento en Buenos Aires del siglo xvm la hacienda de la Chacarita (1779-1784) », Cuadernos de Historia régional, 15, Lujân, 1992.

9. Une étude sur un exorciste piémontais du 17esiècle a permis à un historien italien de se plonger dans les histoires de familles paysannes, dans la perspective de l'histoire des mentalités et de mettre en évidence d'importants décalages au sein même des couches paysannes : Levi, Giovanni, L'eredita immateriale, Turin, Giulio Einaudi, 1985.Google Scholar

10. Sur les aspects démographiques de la campagne autour de Buenos Aires, voir José Mateo, « Migrar y volver a migrar. Los campesinos agricultores de la frontera bonaerense a principios del siglo xix », Buenos Aires, 1990, document polycopié. Mariana Canedo, « La campaña bonaerense durante la primera mitad del siglo xviii : un area ganadera en la frontera norte », dans Población, sociedad…, op. cit. ; Moreno, José Luis, « Población y sociedad en el Buenos Aires rural a mediados del siglo xviii », dans Desarrollo Econômico, vol. 20, n° 114, Buenos Aires, 1989.Google Scholar Du même auteur, « La estructura social y ocupacional de Buenos Aires : un anâlisis comparativo de los padrones de 1744 y 1815 », dans Población, sociedad.., op. cit.

11. A ce sujet, l'étude d'Ana Inès Punta, « Desapariciôn de la encomienda, crecimiento demogrâfico indfgena y mestizaje, Córdoba siglo xvm », est particulièrement intéressante, dans Ensayos de demogrâfia historica, Córdobasiglos xvm y xix, présenté par Anibal Arcondo, Université de Cordoue. Également Judith Farberman, « Migrantes y soldados : los pueblos de indios santiaguenos entre 1786 y 1813 », Buenos Aires, 1991, Cuadernos del Instituto Ravignani, Buenos Aires. De Brisa Varela, on peut lire La ocupaciôn del espacio en un area de fontera : San Luis, siglos xvi a xvm, mémoire de maîtrise, Université de Lujân, 1990.

12. La présence de migrants provenant de l'intérieur de la vice-royauté du Rio de la Plata a été détectée par José Mateo, op. cit., 1989 ; Mariana Canedo, op. cit., 1989 ; Juan Carlos Gara Vagua, op. cit., 1992 et José Luis Moreno, op. cit., 1992.

13. Pour déterminer l'importance de l'agriculture dans la région de la pampa, on s'est référé à deux types de travaux : les uns fondés sur l'étude de la dîme, les autres sur celle de la produccíon ; tous ont donné lieu à des polémiques très importantes. Sur la dîme, voir Garavaglia, Juan Carlos, Economía, sociedad y regiones, Buenos Aires, Ed. de la Flor, 1987.Google Scholar De Samuel Amaral et J. M. Ghio, « Diezmos y produccíon agrfcola de Buenos Aires virreinal », dans Investigaciones y ensayos, n° 38, Buenos Aires, 1987 Sur la productíon agraire, et tout aussi polémique, on peut consulter en plus des ouvrages déjà cités : Gelman, Jorge D., « Una région y una chacra en la campaña rioplatense : las condiciones de la produccíon triguera a fines de la época colonial », dans Desarrollo Econômico, vol. 28, n°112, 1989.Google Scholar Salvatore, Ricardo et Brown, Jonathan C., «Trade and Proletarization in Late Colonial Banda Oriental ; Evidence from the Estancia de las Vacas », dans Hispanic American Historical Review, n° 3, Durham, 1987 Google Scholar ; Samuel Amaral, « Production y mano de obra rural en Buenos Aires colonial. La estancia de Clément Lôpez Osorio, 1785-1795 », Buenos Aires, texte polycopié, 1987 ; Samuel Amaral, « Rural Production and Labour in Late Colonial Buenos Aires », dans Journal of Latin American Studies, n° 19, Londres, 1987. Enfin Gelman, Jorge D., « New Perspectives on an Old Problem and the Same Source : The Gaucho and the Rural History of the Colonial Rio de la Plata », dans Hispanic American Historical Review, n° 4, Durham, 1989.Google Scholar

14. L'étude sur la généralisation de la consommation du pain est particulièrement intéressante et confirme encore l'importance de l'agriculture. Voir Garavaglia, Juan Carlos, « El pan de cada dîa : el mercado del trigo en Buenos Aires, 1700-1820 », dans Boletin del Instituto de Historia, Dr. E. Ravignani, n° 4, Buenos Aires, 1991.Google Scholar

15. On trouve des références très générales dans une collection publiée sous la forme de fascicules, intitulée El pais de los Argentinos, sous la direction d'Elena Chiozza, Buenos Aires, Centro Editor de America latina, vol. 2,1975. On peut trouver quelques références ponctuelles dans l'ouvrage de Horacio Giberti, Historia económica de la Ganaderia argentina, Buenos Aires, Solar-Hachette, 1970. Mais le travail d'historien le plus important est celui de Garavaglia, Juan Carlos, « Ecosistemas y tecnologia agraria : elementos para una historia social de los ecosistemas agrarios rioplatenses 1700-1730 », dans Desarrollo Econômico, vol. 28, n° 112, Buenos Aires, 1988.Google Scholar

16. Juan Carlos Garavaglia, op cit., 1991.

17. On peut consulter à ce sujet l'ouvrage de Molas, Ricardo Rodriguez, Historia social del Gaucho, Buenos Aires, CEAL, 1982 Google Scholar et celui de Slatta, Richard, El gaucho y el ocaso de la frontera, Buenos Aires, Sudamericana, 1985.Google Scholar

18. Sur cette polémique, voir note 1.

19. Ameghino, Eduardo Azcuy, « Economía y sociedad colonial en el ámbito rioplatense », dans Contribuciones a la historia económica argentina, sous la direction de Rapoport, Mario, thèse, Buenos Aires, 1988.Google Scholar Du même auteur, « La oferta ilimitada de tierras. Un anâlisis de caso : Navarro 1791-1822 », Buenos Aires, texte polycopié, 1991. Gabriela Martinez Dougnac, « Vagos, malentretenidos y cuatreros : una vision popular de la campaña bonaerense colonial », Buenos Aires, texte polycopié. Gabriela Gresores, « Compulsion estatal, orden social y produccíon rural, Buenos Aires, 1740-1810 », Buenos Aires, texte polycopié.

20. José Luis Moreno, op. cit., 1989.

21. Barran, José Pedro, Historia de la sensibilidad en el Uruguay, Montevideo, Ed. de la Banda Oriental, 2 vols, 1989.Google Scholar