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Declareuil (1913) contre Hauser (1912). Les rendez-vous manqués de l’histoire et de l’histoire du droit
Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Résumé
Quelle était donc l’efficience du droit public dans l’ancienne France? Cette question opposa, à la veille de la Première Guerre mondiale, les tenants d’une histoire pragmatique pratiquée dans les facultés de lettres et ceux d’une histoire du droit qui croyait à la force des idées. L’enjeu était au moins triple: le débat portait sur la « méthode» positiviste et critique; il était secondaire par rapport aux propositions épistémologiques des durkheimiens et, enfin, largement surdéterminé politiquement; mais, alors que le renouvellement le plus profond vint des facultés de droit (avec Ernest Labrousse), il contribuait à structurer le champ des sciences sociales encore hier (et aujourd’hui?).
Summary
What was the agency of public law in Early Modern France? On the eve of First World War, the question was in debate between the matter-of-fact scholars working in departments of History and the lawyers who believed to the authority of ideas. Three wages, at least, are engaged in the contest: positivist and critical “method”; particular reactions to epistemological hints of Durkheimians; political struggles. Although the historical science was renewed by economists (in Law departments in this time) as Ernest C. Labrousse, the old dispute between historians and lawyers still continued yesterday (and perhaps now) to determine the field of social sciences.
- Type
- Débats d’historiographie Italie, France
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Áditions de l’EHESS 2002
References
1 - Hauser, Henri, Le traité de Madrid et la cession de la Bourgogne à Charles Quint. Étude sur le sentiment national bourguignon en 1525-1526, Genève, Slatkine reprint, [Paris, 1912] 1976 Google Scholar (les numéros de page entre parenthèses renvoient à cette réédition). Declareuil, Joseph, «Le traité de Madrid et le droit public français», Revue de législation de Toulouse, 2 e série, t. IX, 1913, pp. 96–122 Google Scholar.
2 - Au sein d’une littérature considérable, on invitera à consulter, entre autres, Allegra, Luciano et Torre, Angelo, La nascità della storia sociale in Francia. Dalla Commune alle Annales, Turin, Einaudi, 1977 Google Scholar, et Karady, Victor, « Stratégie de réussite et modes de faire-valoir de la sociologie chez les durkheimiens», Revue française de sociologie, XX-1, 1979, pp. 49–82 CrossRefGoogle Scholar.
3 - Bernard Lepetit, «Les Annales. Portrait de groupe avec revue», et Revel, Jacques, «L’histoire sociale», in Revel, J. et Wachtel, N. (éds), Une école pour les sciences sociales. De la VIe section à l’École des hautes études en sciences sociales, Paris, Le Cerf/Éditions de l’EHESS, 1996 Google Scholar, respectivement, pp. 31-48 et 49-72. Voir aussi l’étude, qui fit date, de Revel, Jacques, «Histoire et sciences sociales. Les paradigmes des Annales », Annales ESC, 34-6, 1979, pp. 1360–1376 Google Scholar.
4 - Weisz, George, « L’idéologie républicaine et les sciences sociales. Les durkheimiens et la chaire d’histoire économique et sociale de la Sorbonne», Revue française de sociologie, XX-1, 1979, pp. 83–112 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 86.
5 - Les questions méthodologiques étaient alors l’objet de conflits violents, comme le rappelle Hartog, François, Le XIXe siècle et l’histoire. Le cas Fustel de Coulanges, Paris, Le Seuil, [1988] 2001 Google Scholar, qui parle d’une « obsession de la méthode, à certains égards dérisoire » (p. 129). La critique de F. Hartog est plutôt ravageuse. Chez Alain Guerreau, bien plus favorable à l’œuvre de Fustel ( Guerreau, Alain, «Fustel de Coulanges médiéviste», Revue historique, 275, 1986, pp. 381–406 Google Scholar), la critique, interne et externe, des textes est qualifiée de « croyance enfantine » qui contribua à transformer « en institutions éternelles les notions du sens commun du XIXe siècle » (L’avenir d’un passé incertain. Quelle histoire du Moyen Âge au XXIe siècle ?, Paris, Le Seuil, 2001, pp. 63-64).
6 - Il faut bien sûr citer Langlois, Charles-Victor et Seignobos, Charles, Introduction aux études historiques, Paris, Hachette, 1898 Google Scholar, tant moquée, dont F. Hartog, Le XIXe siècle..., op. cit., pp. 165-168, rappelle cependant qu’elle fut aussi un manifeste contre le « scien tisme naïf ». Seignobos, Charles, La méthode historique appliquée aux sciences sociales, Paris, Alcan, 1901 Google Scholar, était un livre très apprécié d’Henri Hauser.
7 - Mignet, François, Rivalité de François Ier et de Charles Quint, Paris, Didier, 1875 2 volsGoogle Scholar.
8 - Voir la somme consacrée au règne de François Ier par Knecht, Robert, Un prince de la Renaissance. François Ier et son royaume, Paris, Fayard, [1994] 1998, pp. 252–259 Google Scholar. Il est à remarquer que l’analyse de R. Knecht s’en tient à une interprétation centrée sur le « réalisme » politique qui ne fait pas plus de place que celle d’Hauser au « droit public français » mis en avant par Joseph Declareuil. La tradition positiviste n’est pas exclusivement française, et elle fleurit encore à la fin du XXe siècle.
9 - Dans notre esprit, cette expression de courage se réfère à une dimension intellectuelle et nullement politique du débat. Il est clair que la Bourgogne pouvait faire penser, à l’époque, à l’Alsace-Lorraine. Comme, en 1912, c’était une question dépassée de savoir si, au XVIe siècle, la Bourgogne avait vocation à être soumise à la puissance des Habsbourg ou à celle des rois de France, c’est, à notre époque où se construit l’Union européenne, une question sans importance de savoir si l’Alsace avait à être « allemande » ou «française» en 1871 ou en 1918.
10 - Voir Devaux, Jean, Jean Molinet, indiciaire bourguignon, Paris, Champion, 1996 Google Scholar.
11 - Mack P. Holt, « Popular Political Culture and Mayoral Elections in Seventeenth-Century Dijon», in ID. (éd.), Society and Institutions in Early Modern France, Athens-Londres, The University of Georgia Press, 1992, pp. 98-126, et, surtout, Id., « Wine, Community and Reformation in Sixteenth-Century Burgundy», Past and Present, 138, 1993, pp. 58-93, ainsi que «Burgundians into Frenchmen: Catholic Identidy in the Sixteenth-Century Burgundy», in Wolfe, M. (éd.), Changing Identity in Early Modern France, Durham, Duke University Press, 1997, pp. 345–370 Google Scholar.
12 - On rappellera un article qui était fait pour fâcher: Rougerie, Jean, «Faut-il départe-mentaliser l’histoire de France?», Annales ESC, 21-1, 1966, pp. 178–193 Google Scholar.
13 - Viollet, Paul, Histoire des institutions politiques et administratives de la France, Paris, Larose, 1912 Google Scholar, t. 2, p. 168, bulle du 29 novembre 1529.
14 - Réflexions utiles présentées par Skinner, Quentin, «A Reply to my Critics», in Tully, J. (éd.), Meaning and Context. Quentin Skinner and His Critics, Cambridge, Polity Press, 1988, pp. 259–281 Google Scholar.
15 - Sur ces questions, on peut renvoyer aux interprétations de Leyte, Guillaume, Domaine et domanialité publique dans la France médiévale, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 1996 Google Scholar, et Rousselet, d’Anne, La règle de l’inaliénabilité du domaine de la Couronne. Étude doctrinale de 1566 à la fin de l’Ancien Régime, Paris, LGDJ, 1997 Google Scholar, ou de Descimon, Robert, «L’union au domaine royal et le principe d’inaliénabilité. La construction d’une loi fondamentale aux XVIe et XVIIe siècles», Droits, 22, 1995, pp. 79–90 Google Scholar.
16 - La célèbre thèse de Lucien Febvre a été publiée chez Champion en 1912.
17 - Dans une tradition illustrée par Bourdieu, Pierre, le numéro «Les durkheimiens» de la Revue française de sociologie, XX-1, 1979 Google Scholar (avec les articles de V. Karady et de G. Weisz – cf. n. 2 et n. 4) confère aux enjeux politiques et aux stratégies de groupes une valeur explicative déterminante. Sans négliger ces aspects, j’ai essayé d’insister sur les composantes proprement idéologiques qui provoquent des sédimentations intellectuelles dont les effets se font sentir sur le plus long terme.
18 - Charle, Christophe, Dictionnaire biographique des universitaires aux XIXe et XXe siècles, vol. 1, La faculté des lettres de Paris (1809-1908) , Paris, INRP/Cnrs, 1985, pp. 105–106 Google Scholar, notice sur Henri Hauser. G. Weisz, « L’idéologie républicaine... », art. cit., p. 106, a souligné les difficultés des débuts d’Hauser: sa thèse n’avait pas obtenu la mention « à l’unanimité » et sa carrière resta longtemps provinciale.
19 - Birnbaum, Pierre, «Grégoire, Dreyfus, Drancy et Copernic. Les juifs au cœur de l’histoire de France», in Nora, P. (dir.), Les lieux de mémoire, III, Les France, 1, Conflits et partages , Paris, Gallimard, 1992, pp. 561–613 Google Scholar, analyse les ambiguïtés du ralliement de la République à ses citoyens juifs, si près de renier leur identité pour les idéaux de la Révolution.
20 - Paris, Alcan, 1930. Alors que son travail est aux antipodes absolus des intérêts cogni-tifs de son arrière-grand-père, Crouzet, Denis lui rend hommage dans Les guerriers de Dieu, Seyssel, Champ Vallon, 1990, t. 1, pp. 61–64 Google Scholar.
21 - Paris, Hachette, 1892.
22 - Dumoulin, Olivier, «Henri Hauser», in A. Burguiere (dir.), Dictionnaire des sciences historiques, Paris, PUF, 1986, p. 327 Google Scholar, le qualifie de « dernier tenant d’une histoire économique pré-sérielle ». Dans le domaine de la recherche empirique, le principal titre d’Hauser a figuré parmi les historiens de la société, au début du XXe siècle: Ouvriers du temps passé (XVe-XVIe siècles), Paris, Alcan, 1899, ouvrage publié dans la « Bibliothèque générale des sciences sociales », auquel il est juste d’ajouter quelques articles et conférences très novateurs.
23 - On pourrait citer l’article « Sur la date exacte de la mort de Louis XII et de l’avènement de François Ier», Revue d’histoire moderne et contemporaine, 5, 1903-1904, pp. 172-182. Même devenu un maître de l’histoire sociale, Hauser ne rompit jamais avec ce type d’intérêts cognitifs, comme l’atteste le manuel La prépondérance espagnole 1559-1660, Paris, Alcan, 1933, dans la collection « Peuples et civilisations », réédité aux Puf, puis chez Mouton jusqu’en 1973. Une génération d’étudiants y a appris les rudiments d’histoire moderne. Mais le livre, comme toute la collection, portait la marque d’une conception très traditionnelle de l’histoire. Voir aussi n. 61.
24 - Par exemple, L’or dans le laboratoire, l’or dans la nature, l’extraction de l’or..., Paris, Nony, 1901. En 1917, on lui doit un rapport Consortium français des carbures. Étude économique sur l’industrie du carbure de calcium (non consulté).
25 - Colonies allemandes impériales et spontanées, Paris, Nony, 1900 Google Scholar; Les méthodes allemandes d’expansion économique, Paris, A. Colin, 1915 Google Scholar.
26 - Paris, « Pages libres ». Il est permis de penser que le matériau de ce livre a été fourni par un cours.
27 - Revue du mois, 8, 1909, pp. 539-569. Il s’agit d’une étude économique qui se termine par: « “Ile de Beauté”, disent les guides; oui; mais “île de misère” » et commençait par: « Cette Corse-là est pour la France une honte en attendant qu’elle devienne un péril » et décrivait les trois « fléaux » de l’île: « la chèvre, l’organisation des transports, le politicien », mais il jugeait plus prudent de ne pas traiter ce troisième point.
28 - On peut consulter «L’Allemagne économique, l’industrie allemande considérée comme facteur de guerre », Bulletin de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, Paris, Renouard, 1915 (tiré à part); «Le principe des nationalités, ses origines historiques», Revue politique internationale, 5, 1916, pp. 113–139 Google Scholar. Il s’agissait d’une revue éditée à Paris, puis à Lausanne, et fondée en 1914 par Félix Valyi pour promouvoir le dialogue entre les intellectuels des diverses nations. En 1927, Valyi édita à Genève The Review of Nations. An Organ for Pan-Humanism and Spiritual Freedom.
29 - Prochasson, Christophe et Rasmussen, Anne, Au nom de la patrie. Les intellectuels et la Première Guerre mondiale (1910-1919), Paris, La Découverte, 1996, p. 198 Google Scholar, tracent un parallèle qui n’est peut-être pas éclairant entre l’engagement dreyfusard d’Hauser et de Durkheim et leur entrée au « service de la propagande ». L’horizon de la paix ne semble pas perdu de vue par les collaborateurs de la Revue politique internationale.
30 - Il ne se conformait donc nullement à « la neutralisation du temps présent, trop présent, que recommandaient les premiers directeurs de la Revue historique » (la citation est de Revel, Jacques, «Les sciences historiques», in Berthelot, J.-M. (dir.), Épistémologie des sciences sociales, Paris, PUF, 2001, p. 31 Google Scholar). Cette position n’était plus tenable après l’affaire Dreyfus.
31 - Hauser, Henri, L’enseignement des sciences sociales. État actuel de cet enseignement dans les divers pays du monde, Paris, Chevalier-Marescq, 1903 Google Scholar (les numéros de pages entre parenthèses renvoient désormais à ce livre). Voir auparavant « Essai d’une définition et d’une classification des sciences sociales», Revue internationale de sociologie, 1901, que je n’ai pu consulter. Il faut souligner que les « historiens historisants » accueillirent mal le propos même d’Hauser qui, en lui-même et en dehors de son contenu critique, devait leur sembler porteur d’un dangereux rapprochement avec les durkheimiens. Le compte rendu d’Hubert Bourgin (Revue d’histoire moderne et contemporaine, 4, 1902-1903, p. 506), est plutôt assassin: « Trop de considérations et de discussions peut-être inutiles ici, trop d’esprit aussi et quelquefois trop de poésie [...] l’analyse des faits et des idées est parfois vague ou superficielle ».
32 - Chez les durkheimiens, voir Bougle, Célestin, Les sciences sociales en Allemagne, Paris, Alcan, 1896 Google Scholar. Sur les polémiques allemandes à propos de l’histoire, Oexle, Otto Gerhard, L’historisme en débat. De Nietzsche à Kantorowicz, Paris, Aubier, [1996] 2001 Google Scholar.
33 - Sur la référence allemande, voir l’analyse du tandem formé par Lavisse et Monod dans Pierre Nora, «“L’histoire de France” de Lavisse. Pietas erga patriam», in ID. (dir.), Les lieux de mémoire, II, La Nation, 1, Paris, Gallimard, 1986, pp. 317-375, ici pp. 322-327. La question est posée en termes d’acculturation par Espagne, Michel et Werner, Michaë, «La construction d’une référence culturelle allemande en France. Genèse et histoire (1750-1914)», Annales ESC, 42-4, 1987, pp. 969–992 Google Scholar. Après 1945, Fernand Braudel déplorait que les historiens allemands et français fussent à ce point devenus étrangers les uns aux autres dans les critiques qu’il adressait à Brunner, Otto («Sur une conception de l’histoire sociale», Annales ESC, 14-2, 1959, pp. 308–319 Google Scholar). Il semble clair que les réserves de Braudel s’adressaient moins au caractère juridique de l’approche de Brunner qu’elles n’étaient dues à une sorte de méfiance politique: il repérait chez le maître autrichien la volonté de « faire accepter une histoire sociale structurale et conservatrice, à l’opposé d’une histoire libérale, flexible, évolutionniste » (p. 310).
34 - À ce propos, Jacques Revel et Nathan Wachtel parlent de «la continuité d’un même projet ambitieux » dans « Une École pour les sciences sociales», in ID. (éds), Une école..., op. cit., pp. 11-23, ici p. 13.
35 - H. Hauser, L’enseignement..., op. cit., p. 17, écrivait: « La fortune de l’épithète est liée, dans une large mesure, à celle du substantif qui en découle. De social à socialisme, il n’y a qu’un pas. » Les dernières lignes du livre (pp. 447-448) tracent une perspective messianique: « C’est alors que les sciences sociales pourront vraiment guider l’humanité dans des voies nouvelles... De quel droit proclamer close l’ère des révolutions fécondes ? »
36 - Jacques Revel rappelle la formule des fondateurs: « Un mot aussi vague que “social” semblait avoir été créé pour servir d’enseigne à une revue qui prétendait ne pas s’entourer de murailles » ( « L’histoire sociale », art. cit., p. 49). L. Febvre et M. Bloch, dans cet éditorial (Annales d’histoire économique et sociale, 1-1, 1929, pp. 1-2), devaient aussi se souvenir de l’échec des tentatives pour circonscrire la définition des sciences sociales chez Seignobos, Charles, La méthode historique appliquée aux sciences sociales, Paris, Alcan, [1901] 1909, pp. 6–15 Google Scholar, qu’Hauser critiquait d’ailleurs. Au témoignage de Vilar, Pierre, Labrousse, E. lui-même «était très méfiant envers ce terme d’histoire sociale » ( « Discussion», in Charle, C. (dir)., Histoire sociale. Histoire globale ? Actes du colloque des 27-28 janvier 1989, Paris, Éditions de la Msh, 1993, p. 67 Google Scholar). On ne saurait trop en la matière se méfier des étiquettes et des idées toutes faites.
37 - Simiand, François, «Méthode historique et science sociale», Revue de synthèse historique, 6, 1903, pp. 1–22 Google Scholar et 129-157, article repris tel quel dans les Annales ESC, 15-1, 1960, pp. 83-119. L’importance du manifeste de Simiand est soulignée par J. Revel, « Histoire et sciences sociales... », art cit., pp. 1362-1365. Le conflit entre Simiand et Hauser était ancien: en 1900, Hauser avait critiqué le rapport de F. Simiand ( « De l’enseignement des sciences sociales à l’école primaire ») au premier Congrès international de l’enseignement des sciences sociales. Simiand qualifiait l’histoire de « collection de matériaux préparés pour l’œuvre scientifique » appelée à « passer et s’encadrer dans l’exposé élaboré des diverses sciences sociales » (H. Hauser, L’enseignement..., op. cit., pp. 322-341, ici. p. 332).
38 - Maurice Hauriou manifestait de grandes réticences à l’égard de la sociologie. Il écrivait: « Si la sociologie la fait passer [la structure sociale] au premier plan, elle verse pratiquement dans le pire socialisme »; et il enjoignait: « Attendez d’avoir des résultats qui ne soient pas contraires aux vieilles traditions morales et juridiques » ( Hauriou, Maurice, «Réponse à un “docteur en droit” sur la sociologie», Revue internationale de sociologie, 2, 1894, pp. 390–395 Google Scholar, ici pp. 393-394).
39 - F. Simiand, p. 88 de l’édition citée.
40 - Sur ce point, la remarquable thèse (non publiée) de Marc Milet, Les professeurs de droit citoyens. Entre ordre juridique et espace public, contribution à l’étude des interactions entre les débats et les engagements des juristes français (1914-1995), Paris Ii Panthéon-Assas, 2000, pp. 26-27 et 45-46, relate, en 1898, les actions et tribulations de Joseph Declareuil, alors professeur à Montpellier: il se vit imputer par le ministère de l’Instruction publique « une faute grave » pour s’en être pris à ses collègues dreyfusards « en faculté, portant sa robe de professeur, et revêtu par conséquent d’un caractère officiel ». Je remercie vivement M. Frédéric Audren de m’avoir signalé ce travail.
41 - Hauser, Henri, La naissance du protestantisme, Paris, PUF, 1940, p. 4 Google Scholar. Dans L’enseignement..., op. cit., p. 329, n. 1, Hauser développait une étonnante conception: la « fusion entre le civisme et la religion » est possible en pays protestant, mais « les pays catholiques, au fur et à mesure qu’ils arrivent à une conscience plus claire des conditions d’existence de la démocratie, tendent à éliminer de plus en plus de leur enseignement civique tout résidu religieux »...
42 - Recueil de l’Académie de législation, t. 6, 1925-1926, Toulouse, Privat, 1927, pp. 19-47.
43 - Febvre, Lucien, Un destin: Martin Luther, Paris, PUF, [1928] 1944, p. XI Google Scholar. La première édition était focalisée sur le premier Luther et traitait la période « étatiste » de l’aventure luthérienne sous le titre « Le repli ». Declareuil, pour les besoins de sa cause, avait adopté la perspective inverse.
44 - Par exemple, Schilling, Heinz, «Confessional Europe», in Brady, Thomas A. Jr., Oberman, Heiko A. et Tracy, James D. (éds), Handbook of European History 1400-1600, Late Middle Ages, Renaissance and Reformation, Leyde, E. J. Brill, 1995, pp. 641–681 Google Scholar, et Reinhard, Wolfgang, «Was ist katholische Konfessionalisierung?», in Reinhard, W. et Schilling, H. (éds), Die Katholische Konfessionalisierung, Gütersloh-Münster, Gütersloher Verlagshaus, 1995, pp. 419–452 Google Scholar.
45 - Ce grand promoteur des sciences sociales françaises, ami de Bloch et d’Hauser, , écrivit Le germanisme contre l’esprit français. Essai de psychologie historique, Paris, Renaissance du livre, 1919 Google Scholar.
46 - Il est évident que les historiens des Annales ont peu goûté ce livre (voir Febvre, Lucien, Lettres à Henri Berr, éditées par Pluet, Jacqueline et Candar, Gilles, Paris, Fayard, 1997, no 92 Google Scholar, 1er décembre 1924, p. 197). Marc Bloch, Lucien Febvre et les Annales d’histoire économique et sociale. Correspondance, t. 1, 1928-1933, éditée par Bertrand Müller, Paris, Fayard, 1994: lettre de M. Bloch à L. Febvre du 5 février 1933, pp. 328-329, où il s’interroge sur la question de savoir à qui donc, sinon à lui, la collection « L’évolution de l’humanité » pourrait-elle confier un livre sur la société féodale: Calmette ? « Le volume serait ennuyeux: type Declareuil »... et, sur la fin, cette notation: « Mieux vaut passer Declareuil sous silence. »
47 - Paris, Sirey, 1925.
48 - Bloch, Marc, Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien, éd. critique, Paris, A. Colin, [1949] 1993, p. 162 Google Scholar, note à propos de l’histoire du droit: « L’enseignement et le manuel, qui sont d’admirables instruments de sclérose, ont vulgarisé le nom ». La prolifération actuelle des manuels d’histoire a le même résultat.
49 - On sait que les juristes qualifient ainsi l’histoire parce qu’elle s’enseignait dans les facultés de Lettres.
50 - Goff, Jacques Le, «Histoire médiévale et histoire du droit: un dialogue difficile», in Grossi, P., Storia sociale e dimensione giuridica. Strumenti d’indagine e ipotesi di lavoro, Milan, Giuffrè, 1986, pp. 23–63 Google Scholar, et Id., « Repliche», in Ibid., pp. 449-453.
51 - Francisco Tomas Y Valiente, «La huella del derecho y del estado en el ultimo libro de F. Braudel», in Ibid., pp. 245-273.
52 - J. Revel et N. Wachtel, « Une École pour les sciences sociales », art. cit., pp. 16-20. Juristes et économistes étaient plus nombreux que les historiens et les sociologues, ces derniers étant presque absents.
53 - Zeller, Gaston, Les institutions de la France au XVIe siècle, Paris, PUF, 1948, p. VII Google Scholar.
54 - Mousnier, Roland, «L’évolution des institutions monarchiques en France et ses relations avec l’État social», XVIIe siècle, 1962 Google Scholar, repris dans La plume, la faucille et le marteau, Paris, PUF, 1970, p. 215 Google Scholar.
55 - La vénalité des offices sous Henri Iv et Louis XIII, Paris, PUF, [1945] 1971 Google Scholar, se signale par une critique parfaitement injuste du remarquable travail de Louis-Lucas, Paul, Étude sur la vénalité des charges et fonctions publiques, Paris, Challamel, 1882, 2 volsGoogle Scholar, qualifié de « sommaire » et « superficiel » (p. 13).
56 - Cette assertion me semble trouver une illustration dans la polémique qui opposa Troper, Michel, «Sur l’usage des concepts juridiques en histoire», à Furet, François, «Concepts juridiques et conjoncture révolutionnaire», Annales ESC, 47-6, 1992, pp. 1171–1183 Google Scholar et 1185-1194; F. Furet y dénonce « le coup de force cathartique » des juristes et conclut: « On peut facilement montrer que le dispositif d’abstraction ainsi élaboré n’a rien à dire de l’histoire. Il [M. Troper] la récuse à la fois comme le réservoir des causes, et comme le tribunal des effets ». Position commentée par Beaud, Olivier, «L’histoire juridique de la Révolution française est-elle possible ?», Droits, 17, 1993, pp. 3–18 Google Scholar, et Cayla, Olivier, «La qualification. Ouverture: la qualification ou la vérité du droit», Droits, 18, 1993, pp. 3–16 Google Scholar, ici pp. 7-8.
57 - Mucchielli, Laurent, «Aux origines de la nouvelle histoire en France: l’évolution intellectuelle et la formation du champ des sciences sociales», Revue de synthèse, 116-1, 1995, pp. 54–98 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 79. Ce furent les juristes Auguste Deschamps (1863-1935) et Auguste Dubois (1866-1927) qui présidèrent à la création de cette revue et à sa mutation.
58 - M. Bloch, Apologie..., op. cit., p. 162.
59 - Voir Revel, Jacques, «L’institution et le social», in Lepetit, B. (dir.), Les formes de l’expérience. Une autre histoire sociale, Paris, Albin Michel, 1995, pp. 63–84 Google Scholar.
60 - J. Le Goff, «Repliche », art. cit., p. 449, réagissant aux assertions de António Manuel Hespanha, d’une part, et de F. Tomas y Valiente, de l’autre ( « Une “nouvelle histoire” du droit?», in P. Grossi, Storia sociale..., op. cit., pp. 313-340).
61 - H. Hauser a été une des chevilles ouvrières d’une opération critique capitale pour l’histoire positiviste: Les sources de l’histoire de France, dont il assure la rédaction de quatre volumes pour la période 1494-1610 (Paris, Picard, 1906, 1909 et 1915). Pour l’essentiel, les sources présentées sont de l’ordre du récit et font l’objet d’un commentaire qui juge leur valeur d’usage historique en s’interrogeant sur leur destination et leurs intentions (donc leur « performativité »). Au contraire, les traités dont les ambitions sont théoriques ne sont pas considérés dans leur intentionnalité, qui est intellectuelle, mais rabattus sur des considérations d’opportunité.
62 - « On suppose que les êtres, objets, actes, motifs, qu’on n’a pu observer, mais qu’on connaît par les documents, sont analogues à ceux qu’on connaît par l’observation du monde actuel » (C. Seignobos, La méthode historique..., op. cit., p. 120).
63 - Grenier, Jean-Yves et Lepetit, Bernard, «L’expérience historique. A propos de C. E. Labrousse», Annales ESC, 44-6, 1989, pp. 1339–1343 Google Scholar. On reviendra plus loin sur cet article qui éclaire aussi les conceptions d’Hauser.
64 - On trouve une appréciation générale des nouvelles précautions critiques nécessitées par les méthodes sérielles chez Desrosieres, Alain, La politique des grands nombres. Histoire de la raison statistique, Paris, La Découverte, 1993 Google Scholar. Leur méconnaissance a été largement à l’origine de la crise de « l’histoire sociale ».
65 - Ce sentiment peut être inféré du livre de Keylor, William R., Academy and Community. The Foundation of the French Historical Profession, Cambridge, Harvard University Press, 1975, p. 137 CrossRefGoogle Scholar et passim.
66 - Les raisons intellectuelles et politiques convergeaient pour écarter les fondateurs des Annales d’Olivier-Martin, qui fut un peu leur bête noire. Celui-ci n’avait pas caché sa franche hostilité au projet même de la revue nouvelle qui, à ses yeux, ne ferait qu’ « ajouter à la confusion générale » (Marc Bloch, Lucien Febvre et les Annales d’histoire économique et sociale..., lettre du 22 août 1928 de M. Bloch à L. Febvre, pp. 50-51). Un brouillon, apparemment non envoyé, de Febvre à Bloch (ibid., 30 septembre 1928, p. 475) se moquait des semblables d’Olivier-Martin: « Mais ils en seront pour leur colère. Comment lutteraient-ils ? [...] Et nous serons prochainement en mesure de leur refuser des articles » (sic). Lucien Febvre (Lettres à Henri Berr, op. cit., janvier 1927, p. 284), concluait: « Olivier-Martin est de tous les historiens du droit le moins historien et le plus juriste, le plus fermé à tout ce qui est évolution, à tout ce qui est répercussion sur le droit des choses vivantes et sociales. » Certains juristes trouvaient grâce aux yeux de Bloch ou Febvre, quoiqu’ils leur aient reproché leur « paresse »: André Giffard, Ernest Perrot... (lesquels étaient en outre moins hostiles à la République que leurs collègues).
67 - Par exemple, «Les formes de la rupture de l’hommage dans l’ancien droit féodal», paru dans la Revue historique du droit français et étranger, XXXVI, 1912, pp. 141–177 Google Scholar. Ses trois célèbres livres, Les rois thaumaturges, Les caractères originaux et La société féodale attestent assez son intérêt pour le droit.
68 - Prochasson, Christophe, Les intellectuels et le socialisme, Paris, Plon, 1997, p. 81 Google Scholar. Voir, à l’appui, les citations d’Hauser produites plus haut. Cependant, on a noté que le pouvoir politique considérait au contraire l’enseignement des sciences sociales comme un garde-fou contre les tentations utopiques et socialistes.
69 - On ne résistera pas au plaisir de citer Benda, Julien, La jeunesse d’un clerc, Paris, Gallimard, 1931, p. 196 Google Scholar, expliquant son engagement dreyfusard: « Ce qui se mobilisait chez moi en toute ardeur dans cette affaire, c’était le culte de la méthode, tel que me l’avaient inculqué la mathématique et la discipline historique et ma haine du littérateur avec ses chants de ténor qu’il prend pour des raisons et son mépris de la patiente recherche, dont il est par essence incapable. » Allusion plus que perfide qui doit viser Ferdinand Brunetière, mais, après tout, pourquoi ne s’appliquerait-elle pas aux « méta-historiens » ? Pour une analyse des tensions que provoquaient les prétentions scientifiques de la sociologie et de l’histoire, voir Lepenies, Wolf, Les trois cultures. Entre science et littérature, l’avènement de la sociologie, Paris, Éditions de la Msh, [1985] 1990 CrossRefGoogle Scholar.
70 - La référence à la thèse de Marc Milet s’impose (voir n. 40).
71 - Olivier-Martin, François, L’absolutisme français, Paris, Éditions Loysel, [1950-1951] 1988, p. 7 Google Scholar, se lamentait sur « la méconnaissance de nos anciennes institutions par les écrivains libéraux. Après le triomphe de la République, il ne s’agit plus que de faire l’apologie des idées révolutionnaires qui sont à l’origine des nouveaux principes ». Suit une violente critique d’Adhémar Esmein, « historien du droit, d’ailleurs érudit et de parfaite bonne foi », qui « a décrit nos institutions anciennes comme une introduction pleine d’ombres et de tâtonnements à la parfaite et définitive conquête des libertés modernes ». Et F. Olivier-Martin concluait: « Cependant, dès avant la dernière guerre, la crise avérée des libertés démocratiques, les menaces de l’avenir, amenèrent certains esprits à regarder vers le passé. Les historiens du droit, obligés de se tenir à l’écart de la politique pure, devaient trouver pour leurs recherches [...] un éclairage nouveau. Cet éclairage est devenu, pendant la guerre et depuis, une sorte d’éblouissement. » La « divine surprise » en somme... Sans doute Marc Bloch se tournait-il vers le passé en mauvais esprit. Il suffit pour le constater de parcourir « Pourquoi je suis républicain » (Les cahiers politiques, 2, juillet 1943, repris dans L’étrange défaite, Paris, Gallimard, 1990, pp. 215-220) ou les pages célèbres de cet ouvrage, écrit en 1940 et publié en 1946, où l’historien refusait de dissocier le souvenir du sacre des rois et celui de la fête de la Fédération de 1790 (pp. 198-199 de l’édition citée).
72 - Liard, Jules, Histoire de l’enseignement supérieur en France, Paris, A. Colin, 1894 Google Scholar, t. II.
73 - G. Weisz, « L’idéologie... », art. cit., pp. 84-92.
74 - Reberioux, Madeleine, «Histoire, historiens, dreyfusisme», Revue historique, 100-CCLV, 1976, pp. 407–432 Google Scholar, a retracé l’importance de l’engagement des historiens (l’action d’Hauser est analysée à plusieurs reprises) dans l’affaire Dreyfus. Voir aussi Gervaiseau, Laurent et Prochasson, Christophe, L’affaire Dreyfus et le tournant du siècle (1894-1910), Nanterre, BDIC, 1994 Google Scholar.
75 - Donzelot, Jacques, L’invention du social, Paris, Le Seuil, 1994, pp. 76–86 Google Scholar. Les engagements pouvaient cependant être plus avancés: Seignobos n’hésita pas à prendre parti pour les syndicalistes pacifistes en 1901, lors du procès du professeur d’histoire Gustave Hervé qui avait proclamé: « Notre patrie, c’est notre classe » (W. R. Keylor, Academy and Community..., op. cit., pp. 154-159).
76 - Hauser, Henri, Recherches et documents sur l’histoire des prix en France de 1500 à 1800, Paris, Les presses modernes, 1936, p. 37 Google Scholar. Sur la participation d’Hauser au Comité scientifique international pour l’histoire des prix, voir Dumoulin, Olivier, «Aux origines de l’histoire des prix», Annales ESC, 45-2, 1990, pp. 512–514 Google Scholar, qui conclut: « Henri Hauser se met dans une situation inconfortable en dirigeant une enquête quantitative dont il ne va pas arrêter de souligner l’inanité. »
77 - J.-Y. Grenier et B. Lepetit, « L’expérience historique... », art. cit., p. 1342.
78 - Une longue et étonnante passe d’armes a été republiée sous le titre « Débat sur l’explication en histoire et en sociologie (1908) », dans Durkheim, ÉMile, Textes, 1, Éléments d’une sociologie générale , Paris, Éditions de Minuit, 1975, pp. 199–217 Google Scholar. Seignobos y affirme: « En histoire, ce que nous comparons, ce sont tout simplement des choses qu’on appelle ou qu’on a appelées de la même façon et cette identité de dénomination peut être purement verbale» (p. 210). Durkheim trouvait un allié en Paul Lacombe (1839-1919), un chartiste, inspecteur général des bibliothèques, spécialiste de l’organisation familiale à Rome et auteur de De l’histoire considérée comme science (Paris, Hachette, 1894) qui interpellait Seignobos: « Pourquoi diable faites-vous donc de l’histoire ? » (p. 214). L’épistémologie de Seignobos recoupe ses relations privées tournées prioritairement à l’Arcouest en Bretagne vers des savants comme les Joliot-Curie, Émile Borel, Jean Perrin (voir, entre autres références, Zay, Jean, Souvenirs et solitude, édité par Prost, Antoine, Le Roeulx, Talus d’approche, 1987, p. 229 Google Scholar; je remercie Antoine Prost de m’avoir éclairé sur ce point).
79 - Descimon, Robert, «Institutions», in Burguiere, A. (dir.), Dictionnaire des sciences historiques, Paris, PUF, 1986, pp. 369–372 Google Scholar. Pour ce genre, voir la récente synthèse de Barbiche, Bernard, Les institutions de la monarchie française à l’époque moderne, Paris, PUF, 1999 Google Scholar.
80 - On pourrait citer presque toutes les contributions réunies dans Braudel, Fernand, Écrits sur l’histoire, Paris, Flammarion, 1969 Google Scholar.
81 - Mon analyse appelle donc à un renversement par rapport à celle de L. Mucchielli, « Aux origines de la nouvelle histoire... », art. cit., pp. 68-76: certes, l’histoire économique et sociale ne commença pas en 1929 avec les Annales. Certes encore l’originalité des Annales doit-elle être relativisée. Mais la façon d’écrire l’histoire économique de Prosper Boissonnade (1862-1935), de Paul Mantoux (1877-1956) et même d’Henri Sée (1864-1936) restait méthodologiquement une variante de « l’histoire historisante ». La rupture ne fut pas tant initiée par les Annales que par l’œuvre de Labrousse.
82 - Il faut rappeler que, dans l’enseignement universitaire, le paradigme dominant ne fut jamais celui des Annales, même au faîte de leur prestige. L’originalité du projet intellectuel de la revue a eu du mal à se démentir, comme l’a souligné Pomian, Krzysztof, «L’heure des “Annales”. La terre, les hommes, le monde», in Nora, P., Les lieux de mémoire, II Google Scholar, La Nation, 1, op. cit., pp. 377-429, qui conclut, p. 424: « La distance entre l’histoire des Annales et la mémoire nationale a atteint alors son maximum. »
83 - Paris, Gallimard, rééd., « Tel », [1966] 1979, pp. IX-X.
84 - H. Hauser, L’enseignement..., op. cit., pp. 417-418 et passim.
85 - L’accent porté sur l’individu contre la catégorie est symptomatique du renoncement à la « science positive » de Simiand (voir, par exemple, Maurizio Gribaudi, «Avantpropos», in ID. (éd.), Espaces, temporalités, stratifications. Exercices sur les réseaux sociaux, Paris, Éditions de l’Ehess, 1998, pp. 5-40).
86 - Chartier, Roger, Au bord de la falaise. L’histoire entre certitudes et inquiétude, Paris, Albin Michel, 1998, p. 15 Google Scholar, pour la citation, et passim, pour l’analyse du contexte intellectuel général de la production historique actuelle.
87 - J. Revel, « Les sciences historiques», in J.-M. Berthelot (dir.), Épistémologie des sciences sociales, art. cit., pp. 68-74.