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Commerce international et genèse de la révolution industrielle anglais

Published online by Cambridge University Press:  06 September 2021

Paul Bairoch*
Affiliation:
Université de Genève

Extract

Dans l'analyse de l'influence du commerce international sur les premières phases de la révolution industrielle anglaise on doit se poser deux questions partiellement dépendantes l'une de l'autre.

La première, à notre avis la moins importante, est celle de la continuité dans le processus du développement économique anglais. la révolution industrielle ayant débuté à un moment où l'Angleterre avait, depuis près d'un demi-siècle, la suprématie en matière de commerce international, quel a été le rôle de cette expansion commerciale dans la genèse de la révolution industrielle ? Traditionnellement la réponse à cette question a été très largement dans le sens d'une influence prépondérante.

Type
Mesures et Interprétations de la Croissance
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1973 

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References

Notes

1. Comme le note Flinn, M. W., « One of the most commonly quoted generalization is that the Industrial Révolution was the natural conséquence of the commercial expansion » (Origins of the Industrial Révolution, Londres, 1966, p. 56 Google Scholar).

2. Hobsbawm, E. J., Industry and Empire, Londres, 1968 Google Scholar.

3. P. 48 de l'édition Pélican (Londres, 1969).

4. P. Deane et W. A. Cole, British Economie Growth i688-ig5ç, Cambridge, 1962.

5. Et même beaucoup plus tôt pour l'agriculture si l'on suit les travaux de E. Kerridge (The Agricultural Révolution, Londres, 1967). Mais, en adoptant des dates plus reculées, on déforcerait artificiellement l'importance de la participation commerciale.

6. Pour ne prendre que quelques indicateurs significatifs, signalons que la consommation de coton brut par habitant vers 1790 était de l'ordre de 2 kg, chiffre qui sera atteint par la France vers 1850 ; par l'Allemagne vers 1870. Pour le fer, il s'agit de 15 kg environ, chiffre qui sera atteint par la France vers 1850 et par l'Allemagne vers 1860. Vers 1790, la population anglaise avait non seulement derrière elle sept décennies de progression continue, mais son taux annuel de croissance atteignait déjà les 0,9 %. Enfin signalons que, vers 1790, l'Angleterre n'avait plus que 37-42 % de sa population active engagée dans l'agriculture et ce à un moment où le déficit de la production agricole était pratiquement nul. Or de tels taux d'emplois agricoles n'ont été atteints en Belgique que vers 1880 ; en Allemagne et aux États-Unis vers 1890 ; en France vers 1920 ; etc.

7. On peut même considérer, à la suite de Wilson, que « the practical monopoly of European transport and commerce which the Dutch established in the early seventeenth century… stood intact until 1730 ». (C. E. Wilson « The Economie Décline of the Netherlands », dans Economie History Review, vol. IX, 1939, n° 2. Repris dans Essays in Economie History (E. M. Carus-Wilson edit.), Londres, 1954, (PP- 254-269). Vers 1700, le commerce extérieur par habitant était probablement cinq à dix fois plus important en Angleterre qu'en Hollande. Il faudra attendre le milieu du xixe siècle pour que, toujours en termes relatifs, l'Angleterre supplante la Hollande.

8. Bairoch, P., Révolution industrielle et sous-développement, S.E.D.E.S., Paris, 1963 (3e éd., Paris, 1969), pp. 4547 Google Scholar.

9. Afin d'alléger le texte, dorénavant le terme « commercial » sera considéré comme synonyme de celui de « commerce international type xvie-xvne siècles ».

10. Il va de soi que nous excluons ici les profits résultant du commerce international découlant de l'activité industrielle ou agricole britannique, cet aspect du problème étant lié à la seconde partie de notre analyse portant sur l'influence du marché extérieur.

11. Pour quelques produits on peut trouver les parts suivantes du marché national par rapport aux réexportations pour la période 1770-1779 (moyennes annuelles) : Pour les calicots et autres textiles manufacturés d'Inde — qui représentaient quelque 20 % des réexportations — la consommation locale était pratiquement nulle (car prohibée). Par contre, pour le sucre, la consommation locale était très largement prépondérante, et une partie des ventes se retrouve non dans les réexportations, mais comme exportations de sucre raffiné. D'après E. B. Schumpeter, English Overseas Trade Statistics 1697-1808, Oxford, i960, pp. 60-61. Une autre approche plus précise consiste à confronter la valeur des réexportations à celle des importations en provenance des régions d'où l'essentiel des produits de réexportation provenait. De 1700 à 1780 les réexportations totales se sont élevées à 282 millions de £. Les importations en provenance des pays non européens (y compris la Turquie) se sont élevées à 295 millions de £. Mais il convient d'accroître ce montant de l'importance de la valeur ajoutée (ne serait-ce que sous forme de profits) et aussi des fraudes. Pour la valeur ajoutée (autre que les profits qui seront estimés par la suite) on peut postuler un taux de 10-20 %, car il s'agit d'articles subissant assez peu d'élaboration. Pour les fraudes (voir notamment W. A. Cole, « Trends in the Eighteenth Century Smuggling », dans The Economie History Review, vol. X, n° 3, avril 1958) on peut très grossièrement les estimer (pour l'ensemble des biens et l'ensemble de la période) à quelque 10-20 %. Donc, la valeur totale aux prix du marché des articles en provenance des pays non européens se serait élevée à quelque 350-410 millions de £, soit un montant 20 à 45 % supérieur à la valeur des réexportations.

12. Ce qui implique des marges de profits de l'ordre de 11 à 25 % du « prix de revient » ou du prix d'importation. A l'époque on considérait que les profits moyens étaient de l'ordre de 15 % de la valeur d'importation ; telle était en tout cas l'estimation des douanes (P. Deane, The First Industrial Révolution, Londres, 1967, p. 54). En ce qui concerne les profits des armateurs il semble que ceux-ci étaient, à long terme, assez faibles. Davis parle de « trivial or non existent net returns ». (R. Davis, « Earnings of Capital is the English Shipping Industry 1670-1730 », dans Journal of Economie History, vol. XVII, n° 3, septembre 1957, P- 423).

13. De 1660 à 1700, les réexportations sont passées de quelque 900 000 £ à un peu moins de 2 000 000 (R. Davis, « English Foreign Trade 1600-1700 », dans The Economie History Review, vol. VI, n° 2, décembre 1954, PP- 150-166), soit, si l'on postule une évolution régulière, un chiffre global de réexportations entre 1650 et 1700 de l'ordre de 64 millions de £, comparé à 282 millions pour la période 1700-1780 (soit 23 %). En adoptant une fourchette supérieure de 15 %, on postule que les deux tiers des profits réalisés entre 1650 et 1700 ont été thésaurises (sous une forme ou une autre) pour être entièrement investis entre 1700 et 1780, ce qui constitue évidemment une hypothèse maxima. D'ailleurs, il est intéressant de noter que, comme c'est le cas pour d'autres secteurs et d'autres périodes, les longues dynasties de marchands étaient l'exception plutôt que la règle. Comme le note W. E. Minchinton (” The Merchants in England in the Eighteenth Century », dans Explorations in Entrepreneurial History, décembre 1957, repris dans H. G. J. Aitken (edit.), Exploration in Entreprise, Cambridge (Mass.), 1965, pp. 278-295) : « the majority of the merchants houses were short-lived and the number that lasted beyond three générations was small » (p. 294). Il s'agit probablement là d'une constante de l'histoire des entrepreneurs en général.

14. Deane et Cole (op. cit. pp. 260-261) retiennent comme taux probable 5 à 6 % du produit national. Nous utilisons ici la moyenne de 5,5.

15. Pour les données sur le produit national, voir plus loin (partie B, point c de la section I).

16. Mantoux, P., La révolution industrielle au XVIIIe siècle, Paris, 1906 (nouvelle édition 1959), PP-387388 Google Scholar.

17. Erickson, C., British Industrialists : Steel and Hosiery 185o-1950, Cambridge, 1959, p. 12 CrossRefGoogle Scholar.

18. Crouzet, F., « La formation du capital en Grande-Bretagne pendant la Révolution industrielle », dans Deuxième Conférence Internationale d'Histoire Économique (Aix-en- Provence, 1962), Paris, 1965, vol. I, pp. 589640 Google Scholar.

19. F. Crouzet, op. cit., p. 602.

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21. S. Pollard, « Fixed Capital in the Industrial Révolution in Britain », dans The Journal of Economie History, vol. XXIV, septembre 1964, n° 3, pp. 299-314.

22. L. S. Pressnell, op. cit., pp. 322-343.

23. S. Pollard, op. cit., p. 310.

24. S. D. Chapman : « The Transition to the Factory System in the Midlands Cotton- Spinning Industry », dans The Economie History Review, vol. XVIII, n° 3, décembre 1965, pp. 526-543. Shapiro, S., Capital and the Cotton Industry in the Industrial Révolution, New-York, 1967 Google Scholar. Voir aussi dans l'excellente synthèse sur l'histoire économique anglaise de 1700 à 1914 de P. Matthias (The First Industrial Nation, Londres, 1969) les pages consacrées à ce problème : dans le chapitre 5 « Industrial Growth and Finance (pp. 121- 185). La conclusion de P. Mathias (sur les entrepreneurs en général) est que « they arrived from every social class and from ail parts of the country. One can say that the entrepreneurs did not form a class, but a type » (p. 156).

25. Crouzet, F., « Capital Formation and the Industrial Révolution. An Essay in Historiography », dans Capital Formation in the Industrial Révolution (édité par Crouzet, F.), Londres, 1972 Google Scholar.

26. Comme dans pratiquement tous les domaines, rien n'est réellement nouveau ; le « leasing » d'équipements commença également à être pratiqué vers le début du xixe siècle et notamment dans le textile (voir Edwards, M. M., The Growth of the British Cotton Trade 1780-1813, Manchester, 1967, pp. 202204 Google Scholar).

27. Chapman, S. D., «Fixed Capital Formation in British Cotton Industry 1770-1815», dans The Economie History Review, vol. XXIII, n° 2, août 1970, pp. 235266, notamment p. 249Google Scholar.

28. S. D. Chapman, « Fixed Capital… », op. cit., p. 249.

29. S. Shapiro, op. cit., p. 176.

30. H. Pirenne : « The Stages in the Social History of Capitalism », dans American Historical Review, vol. XIX, n° 3, avril 1914, p. 494.

31. Voir notre étude Révolution industrielle et sous-développement, op. cit., pp. 52-54, et Agriculture and the Industrial Révolution, The Fontana Economie History of Europe, Collins, Londres, 1969.

32. Utilisant toujours les réexportations en tant qu'indice de ce commerce international, nous voyons qu'il est passé de quelque 1,2 million de £ au début du XVIIe siècle à 3,5 millions vers 1750 et à 5,6 millions vers 1790. Ce qui, soit dit en passant, représente une progression plus rapide que celle des exportations de produits anglais.

33. A peine 10 % du tonnage touchant les ports anglais, entre 1700 et 1780, étaient étrangers. D'après J. R. Mcculloch, A Dictionary of Commerce and Commercial Navigation, Londres, 1844, p. 1110.

34. Vers 1701-1702, le nombre total des marins de la flotte marchande anglaise était de l'ordre de 27 200, soit 0,5 % de la population. Vers 1820, pour la Grande-Bretagne, le nombre était de l'ordre de 100 000, soit 0,7 % de la population. (D'après J. R. Mcculloch, A Dictionary…, op. cit., pp. 1107 et 1110.) Nous aborderons le problème de la marine de guerre plus loin.

35. D'après R. Davis, The Rise of the English Shipping Industry in the Seventheenth and Eighteenth Centuries, Londres, 1962.

36. Voici, à titre d'illustration, la définition de voile (sail) que donne le dictionnaire de Mcculloch ﹛op. cit., p. 1078) : « a course linen of canvass sheet » ; et la définition de « canvass » : « unbleached cloth of hemp or flax » (p. 239).

37. Nous avons procédé de la façon suivante : nous avons d'abord déterminé la superficie moyenne de la voilure par tonne de jauge de la voilure ; celle-ci est de l'ordre d'un mètre carré à un mètre carré et demi. Le poids au mètre carré de la voile variait selon le type d'un maximum de l'ordre d'un kilo à un minimum de l'ordre de 500 g. Mais le type de voile généralement employée étant plus proche du maximum que du minimum, nous avons donc retenu un kilo. La durée de vie moyenne d'une voilure variant, selon l'intensité de l'utilisation et le climat, peut être estimée grossièrement à 2-4 ans. Tenant compte des possibilités de récupération, nous avons retenu 3 ans (source : données puisées dans divers manuels, dictionnaires, encyclopédies et histoires de la marine. Nous remercions également M. Denoix pour ses renseignements). Ces divers ratios ont été appliqués aux données de la flotte marchande où nous avons retenu un tonnage moyen de 650 000 tonnes, chiffre que nous avons doublé afin de tenir compte des naufrages.

38. Ce n'est que vers 1805 que la marine royale britannique commença à acheter du fer produit au coke (P. Deane et W. A. Cole, op. cit., p. 222).

39. Cette proportion est difficile à estimer avant 1788, car on ne possède pas de données sur la fraction de la production locale de fer produit au coke avant cette date. Pour cette année, on peut estimer qu'environ 88 % du fer au bois consommé en Angleterre étaient un produit d'importation (calculé d'après les données réunies dans notre étude : Révolution industrielle…, op. cit., pp. 245 et 249).

40. Notamment Mitchell, B. R. et Deane, P., A bstract of British Historical Statistics, Cambridge, 1962, pp. 389390.Google Scholar

41. Sur base du nombre de canons existant en début et en fin de la période considérée et sur base de ceux perdus entre 1700 et 1780, on peut estimer à quelque 15-17 000 le nombre de canons produits de 1700 à 1780 (sans tenir compte des prises de guerre, ce qui diminuerait ce nombre). Le poids moyen par canon est plus aléatoire, car il faudrait procéder à un très long calcul pour déterminer la répartition par taille des canons utilisés pendant toute cette période. Le poids de ces canons allait de 350 kg pour un « 3 pounder » (3 livres) à 3 300 kg pour un « 42 pounder » (le plus gros). Sur base de l'armement moyen de quelques navires types, on peut situer le poids moyen par canon à 2 500 kg. (L'essentiel de ces données a été puisé dans : Laird Clowes, W. N., The Royal Navy, A History from the Earliest Times to the Présent Day, Londres, 1898, 5 vol., notamment vol. II et IIIGoogle Scholar.)

42. Pour cet aspect, le problème se pose en des ternies très différents en ce qui concerne les pays qui ont amorcé leur démarrage plus tard.

43. Pour ces données, voir notre étude Révolution industrielle…, op. cit., notamment pp. 246 et 249. A titre de comparaison, signalons qu'actuellement, en France, un haut fourneau couvre en moyenne les besoins de quelque 600 000 habitants et que les hauts fourneaux à plus haute capacité mis en service actuellement couvrent en moyenne les besoins de quelque 5 000 000 d'habitants ayant un niveau de consommation de pays très développé, ou de quelque 250 millions d'habitants ayant le niveau de consommation des pays du tiers-monde d'aujourd'hui.

44. Eversley, D. E. C., « The Market and Economie Growth in England 1750-1780 », dans Jones, E. L. et Mingay, G. E. (edit.), Land Labour and Population in the Industrial Révolution, Londres, 1967 Google Scholar. Pour une excellente synthèse récente des rares travaux en la matière voir l'introduction de W. E. Minchinton au recueil d'articles : « The Growth of the English Overseas Trade in the 17th and 18th Centuries » (édité par W. E. Minchinton), Londres, 1969.

45. D'autre part, cet auteur exclut de la consommation par habitant les produits agricoles, sans les exclure des exportations.

46. Deane, P., « The Industrial Révolution and Economie Growth : the Evidence of Early British National Income Estimâtes », dans Economie Development and Cultural Change, vol. V, n° 2, janvier 1957 Google Scholar. Voir aussi Deane, P. et Cole, W. A., British Economie Growth I688-IÇ5Ç (2e édition, Cambridge, 1967), notamment p. 156Google Scholar.

47. Mitchell, B. R. et Deane, P., Abstract…, op. cit., Cambridge, 1962, pp. 468469 Google Scholar.

48. Op. cit., pp. 75-80.

49. Pour les industries d'exportation, il s'agit simplement de l'évolution du commerce extérieur ; nous examinerons cette donnée plus loin.

50. Voir notre étude Révolution industrielle…, op. cit., pp. 246-249 et 234.

51. Voir notamment P. Deane et W. A. Cole, appendix I, pp. 315-322.

52. L'agrégat se rapprochant le mieux de la valeur des exportations est le produit intérieur brut aux prix du marché. C'est d'ailleurs par rapport à cet agrégat que la majorité des calculs actuels cherchent à déterminer l'importance relative du marché extérieur.

53. L'écart entre revenu national et produit intérieur brut est de l'ordre de 10 %.

54. P. Deane, « New Estimâtes of Gross National Product for the United Kingdom 1830-1914 », dans The Review of Income and Wealth, n° 2, juin 1968, pp. 95-112.

55. La différence entre produit national et produit intérieur est constituée par les revenus de l'extérieur, nous négligerons ici cette différence.

56. Pour l'Irlande, nous avons utilisé le correctif préconisé dans l'étude de Deane sus-mentionnée. Pour l'Ecosse, voir notre étude Révolution industrielle…, op. cit., p. 270.

57. Surprise très agréable, car il s'agit là d'un de ces rares moments d'entière satisfaction que ressent le chercheur dans ce domaine quand il est à la fois conscient de la fragilité des chiffres et convaincu tout de même de l'utilité d'utiliser des données très approximatives. Car un tel recoupement (les données de 1830 étant totalement indépendantes de celles de King) confirme la valeur de l'estimation de King que, d'ailleurs, d'autres recoupements avaient confirmée pour d'autres aspects. Donc la plus ancienne estimation relativement complète de la comptabilité économique d'un pays a non seulement une certaine valeur, mais une valeur certaine.

58. L'hypothèse que, personnellement, nous considérons comme la plus probable (sans biais) est basée sur les valeurs suivantes des trois variables : taux de croissance du volume du produit national, 1,0 % ; taux de croissance du volume des exportations, 1,05 % et part des exportations dans le P.I.B., 6 %. Ces variables conduisent à donner au commerce extérieur 6,5 % de l'accroissement de la production.

59. Signalons ici que nous aborderons brièvement le problème du secteur agricole dans les conclusions générales de cet article.

60. Les chiffres ayant trait au commerce extérieur proviennent de l'ouvrage de E. B. Schumpeter, English Overseas Trade Statistics, 1697-1808, Oxford, 1960. Pour la production, voir notre étude Révolution industrielle…, op. cit., pp. 246-248.

61. Comme partout ailleurs, chaque fois que l'on cite un chiffre celui-ci se rapporte à une moyenne annuelle quinquennale entourant l'année citée.

62. P. Deane et W. A. Cous, op. cit., p. 224.

63. Les chiffres pour 1790-1791 pour les importations et exportations de l'Angleterre ont été corrigés arbitrairement en supposant un taux de commerce extérieur de l'Ecosse du même ordre que celui de l'Angleterre. Le biais ainsi introduit est minime, car il s'agit d'une correction portant sur 2,6 % du total ; donc, même en postulant une marge d'erreur de 40 % sur cette correction, celle-ci se restreint à 1 % sur l'ensemble.

64. Les exportations de fer ouvré vers les États-Unis, qui étaient de l'ordre de 2 500 tonnes annuellement avant 1775, passent à 170 tonnes en 1775 (d'après E. B. Schumpeter, op. cit., p. 64). Toutefois, en examinant l'évolution des exportations par destination — qui met en relief un ralentissement assez général des taux d'expansion des ventes surtout vers 1780 — on peut se poser la question s'il ne faut pas également attribuer la stagnation relative du commerce extérieur de ces produits à la forte demande intérieure. Car il s'agit là des années où débuta la forte demande en provenance du secteur de la construction des machines mécaniques à filer. Et, d'autre part, comme le note T. S. Ashton (Iron and Steel in the Industrial Révolution, Manchester, 1924, p. 137), à la suite de l'entrée en guerre contre l'Angleterre, entre 1778 et 1780, des principales puissances européennes, la demande intérieure de fer pour les besoins militaires a fortement progressé.

65. En postulant un départ plus hâtif de la progression de la production locale de fer, la courbe des taux d'exportations serait d'ailleurs plus régulière.

66. T. S. Ashton, op. cit., p. 124.

67. D'après E. B. Schumpeter, op. cit., p. 64.

68. D'ailleurs, il ne faudrait pas non plus oublier ici la soie et, surtout, le lin, dont l'importance a été supérieure à celle du coton jusqu'au début du xixe siècle. Voici, d'après P. Deane et W. A. Cole (op. cit., p. 212) quelle a été l'évolution probable de la valeur de la production nette des divers secteurs du textile durant la période de bouleversement des parts relatives (en millions de £) :

69. D'après P. Deane, « The Output British Woollen Industry in the Eighteenth Century », dans The Journal of Economie History, vol. XVII, n° 2, septembre 1957. Taux d'ailleurs probablement surestimé en raison d'une présomption de sous-estimation de la production intérieure, comme c'est généralement le cas pour une production agricole où l'autoconsommation joue un grand rôle.

70. P. Deane, « The Output British… », op. cit.

71. Voici, en millions de livres (poids) et en taux annuels moyens de croissance, quelle a été l'évolution de la consommation anglaise de fibre de coton (moyenne quinquennale entourant l'année citée) : Royaume-Uni, donc taux de croissance un peu exagéré pour la période 1810 à 1820. D'après B. R. Mitchell et P. Deane, Abstract…, op. cit., pp. 177-179.

72. Op. cit., p. 185.

73. En postulant, comme partout ailleurs, une évolution régulière entre les intervalles des périodes pour lesquelles on possède des estimations.

74. E. B. Schumpeter, Op. cit., p. 32.

75. Edwards, M. M., The Growth of the British Cotton Trade 1780-1815, Manchester, 1967 Google Scholar.

76. Op. cit. Voir les chapitres 3 (The Home Demand for Cotton) et 4 (The Overseas Demand for Cotton Goods), pp. 25-74.

77. D'après les chiffres de P. Deane et W. A. Cole (mais, pour cette période, les biais relevés précédemment ne sont plus significatifs).

78. Le déclin de Constantinople a été antérieur à la poussée ottomane qui n'a fait qu'accélérer celui-ci.

79. A ce propos, nous nous permettrons de renvoyer le lecteur à notre étude : Le Tiers-Monde dans l'impasse. Le démarrage économique du XVIIIe au XXe siècle, Gallimard, Collection Idées, Paris, 1971, notamment aux chapitres 8 et 9.

80. A partir du début du XIXe siècle, on ne dispose plus de données sur le revenu national et les exportations de la seule Angleterre.

81. D'après les données de P. Deane et W. A. Cole, op. cit., pp. 187 et 225.

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