Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
It may safely be affirmed that in no country in the
world is it more difficult than in India to get access
to really valuable statistical information.
J. B. NORTONEn 1854, paraît à Madras un pamphlet adressé à l'administration britannique. John Bruce Norton y brosse un tableau sarcastique des rapports entre les autorités coloniales et leurs administrés. Il dénonce notamment la profonde ignorance qui règne sur l'état de la Présidence de Madras et de ses habitants, et l'impossibilité de s'en former la moindre opinion, sinon indirectement à travers des écrits sans date et des témoignages intéressés. Son indignation traduit pourtant plus le passage d'une époque qu'un état de fait permanent, car les décennies qui suivront seront précisément caractérisées par un formidable développement de l'infrastructure bureaucratico-statistique du régime colonial, y compris dans le seul domaine démographique où les données couvriront bientôt des centaines de volumes.
The old demographic institutions with their apparently deficient functioning call for two different explanatory procedures: listing ail their distortions in order to criticize the data they produced and denouncing the hidden political agenda behind the “objective ” data collection. Regardless of one's approach, the figures will always appear deceptive or fraudulent.
The goal of this paper is to understand the cycle of statistical production as it operated in colonial Tamil India. Contrary to the claims of historical and statistical criticism, the data collected reveal a great deal about the indigenous population. And it is wrong to presume that the people passively submitted to the “idle curiosity ” of an eccentric government without leaving any meaningful collective imprint on the “raw ” demographic data. My contention is that the process of demographic observation has to be considered as the site of intense social and cultural negotiations that prefigured experiences and expectations of all the actors involved.
* Les recherches à l'origine de ce travail ont été principalement conduites lors d'un séjour au Madras Institute of Development Studies, grâce à une bourse Romain Rolland du Ministère des Affaires Etrangères. Des versions préliminaires de ce texte ont été présentées au M.I.D.S. et au CE.LA.S.. Sa rédaction définitive a par ailleurs bénéficié de longues discussions avec Inès G. Zupanov.
1. « A Letter to Robert Lowe, esq., Joint Secretary of the Board of Control, from John Bruce Norton, esq. ; on the Conditions and Requirements of the Presidency of Madras », Madras, Pharoah and Co., 1854. Voir p. 8 ss. Devinant les problèmes futurs des enquêtes en milieu rural, il annonce déjà les résistances individuelles, à travers «le mensonge et la tromperie», les «seules armes de défense contre tous les oppresseurs et les escrocs ». Ibid., p. 14.
2. Pour un recueil d'études consacrées au Census of India, voir Barrier, N. Gerald éd., The Census in British India: New Perspectives, New Delhi, Manohar, 1981.Google Scholar
3. Voir le travail pionnier de Cohn sur le recensement : Cohn, Bernard S., « The Census, Social Structures and Objectification in South Asia », dans An Anthropologist among the Historians and Other Essays, Delhi, Oxford University Press, 1987.Google Scholar
4. Starr offre un cadre très riche pour ce type d'entreprise : Paul Starr, « The Sociology of Officiai Statistics », dans Alonso, William et Starr, Paul éds, ThePolitics ofNumbers, New York, Russel Sage Foundation, 1987, pp. 7–57.Google Scholar Il y développe la distinction due à D. Bell entre données, informations et connaissances (voir plus bas).
5. Le schéma est volontairement simplifié, car il ne figure ici que pour indiquer les principaux axes d'analyse adoptés pour rendre compte de la statistique démographique dans la Présidence de Madras. Nous manquons d'espace pour opérer une déconstruction plus systématique du conditionnement statistique.
6. Said, Edward W., Orientalism, New York, Vintage Books, 1979.Google Scholar Pour un prolongement de l'analyse de Said, voir Inden, Ronald, Imagining India, Londres, Basil Blackwell, 1990.Google Scholar
7. Pour une analyse lumineuse du projet des « Subaltern Studies », et de ses limites, cf. O'hanlon, Rosalind, « Recovering the Subject : Subaltern Studies and Historiés of Résistance in Colonial South Asia», Modem Asian Studies, 22, 1, 1988, pp. 189–224.CrossRefGoogle Scholar
8. Cf. Guilmoto, Christophe Z., Un siècle de démographie tamoule. L'évolution de la population du TamilNadu de 1871 à 1981, Paris, CEPED, 1992.Google Scholar
9. Le recensement britannique fut vraisemblablement encouragé par la tenue des premiers dénombrements nationaux aux Etats-Unis (1790), en France (1791, 1793, 1795) ainsi qu'ailleurs en Europe. Cf. Jacques, et Dupâquier, Michel, Histoire de la démographie. La statistique de la population des origines à 1914, Paris, Librairie Académique Perrin, 1985, pp. 296–297.Google Scholar Voir également Hecht, Jacqueline, « L'idée de dénombrement jusqu'à la Révolution », dans Pour une histoire de la statistique, t. 1, Paris, Insee, 1977, pp. 61–71.Google Scholar
10. Certaines colonies et régions périphériques avaient toutefois été recensées dès le xvme siècle. Sur le recensement et la statistique en Angleterre, voir notamment Lawton, Richard éd., The Census and Social Structure: An Interprétative Guide to the Nineteenth Century Census for England and Wales, Londres, Frank Cass, 1978 Google Scholar ; François Bédarida, « Statistique et société enAngleterre au xrxe siècle»dans Pour une histoire de la statistique, op. cit., pp. 493-507 ; M. Drake «The Census, 1801-1891», dans Wrighley, E. A. éd., Nineteenth-Century Society: Essays in the Use of Quantitative Methodsfor the Study of Social Data, Cambridge, Cambridge University Press, 1972.Google Scholar
11. Le Tamil Nadu, État formé en 1956 par les territoires tamouls du sud de l'Inde, n'avait alors aucune identité administrative. Il était entièrement inclus dans la Présidence de Madras, à l'exception de sa pointe méridionale alors rattachée au Travancore voisin.
12. Publiées dans The Baramahal Records, Section III Inhabitants, Madras, Government Press, 1907.
13. Les Britanniques avaient en fait entrepris à partir de 1821 de dénombrer la population de la Présidence en rassemblant des estimations locales ou en faisant procéder à de réels dénombrements. Voir notamment, Kumar, Dharma, Land and Caste in South India : Agricultural Labour in the Madras Presidency during the 19th Century, Cambridge, Cambridge University Press, 1965, pp. 102–104.Google Scholar
14. Bernard S. Cohn, op. cit., p. 231 ss.
15. D'après l'étude sur l'état civil du Census of India 1961, vol. IX, Madras, Part II-B (i), Demography and Vital Statistics (Reports), p. 4. On se rapportera aux rapports administratifs pour suivre l'évolution des dispositifs : Report of the Administration ofthe Madras Presidency for the Year…, Ramp, Madras, Goverment Press.
16. Les références anciennes à la situation sanitaire des troupes européennes sont nombreuses dans les rapports sanitaires annuels du xxe siècle. Les préoccupations touchant à l'hygiène des soldats britanniques sont décrites en détail dans Ballhatchet, Kenneth, Race, Sex and Class under the Raj, New Delhi, Vikas, 1980.Google Scholar
17. « Il n'y a aucun moyen d'aboutir à une estimation fiable de la population durant la longue période étudiée (vie-xvne siècle) ; même les Chola qui tenaient pourtant de minutieux comptes sur la propriété terrienne n'eurent jamais l'idée de faire un recensement de la population», sastri, K. A. Nilakanta, A History of South India: from Prehistorical Times to the Fall of Vijayanagar, Madras, Oxford University Press, 1976, p. 313.Google Scholar Voir aussi Minakshi, C., Administration and Social Life under the Pallavas, Madras, University of Madras, 1938, pp. 60–62.Google Scholar
18. Il faut beaucoup de morgue et d'ignorance pour suggérer que chez les pauvres, naissances et décès passaient comme inaperçus. Census of India 1901, vol. XV, Madras Presidency, Part I, Report, p. 24.
19. L'effort des Britanniques pour négocier l'impôt dans un contexte tamoul est décrit dans Eugène Irschick, F., «Order and Disorder in Colonial South India», Modem Asian Studies, 23, 3, 1989, pp. 459–492.CrossRefGoogle Scholar Cette analyse est très suggestive pour notre propos.
20. Ainsi en 1941, le budget de l'Inde (alors «en guerre») imposa de sévères restrictions dans les opérations de tri et interdit la publication de la grande majorité des informations figurant habituellement dans les volumes du recensement.
21. L'évolution du budget de la police est présentée dans Arnold, David, Police Power and Colonial Rule: Madras 1858-1947, Delhi, Oxford University Press, 1986, p. 101.Google Scholar Le lien est assez clair entre les deux institutions, censitaire et policière, qui exprimaient deux modes de contrôle distincts dans la Présidence coloniale. Les informations du recensement étaient précieuses pour la police en désignant, et localisant, certains « problèmes sociaux », comme par exemple les castes ou tribus dites «criminelles». Sur cette dernière catégorisation et son traitement policier, cf. Ibid., pp. 138-147.
22. Comptables (karnam), chefs de village, petits magistrats (munsiff) constituaient le maillage le plus fin de l'administration coloniale.
23. Le système est notamment décrit dans RAMP 1870-1871, p. 198; RAMP 1875-1876, p. 327. Census of India 1901, vol. XV, Madras Presidency, Part I, Report, p. 25. 24. Différences entre les administrations ryotwari et zamindari décrites dans Christopher Baker, John, An Indian Rural Economy 1880-1955: The Tamilnad Countryside, Delhi, Oxford University Press, 1984, pp. 426–462.Google Scholar
25. « The idle curiosity of an eccentric Sircar », Census of India 1921, vol. XII, Madras Presidency, Part I, Report, p. 20.
26. Voir Stuart, H. A., Coimbatore District Manuel, Madras, Government Press, 1898, p. 89 Google Scholar; F. A. Nicholson, op. cit., p. 55.
27. Cf. Impérial Census of 1881. Opérations and Results in the Presidency of Madras, vol. I, The Report, p. 4.
28. Cf. J. Dupâquier, op. cit., pp. 251-256. Quant aux conditions politiques et institutionnelles que relèvent ces auteurs (centralisation, bureaucratisation), elles relevaient directement en Inde de la récente mainmise coloniale. Voir également Starr, op. cit.
29. Voir par exemple Willigan, J. Denis et Lynch, Katherine A., Sources andMethods ofHistorical Demography, New York, Académie Press, 1982, pp. 79–83.CrossRefGoogle Scholar
30. Buck, Peter, «People who Counted: Political Arithmetic in the 18th Century», Isis, 73, 266, mars 1982, pp. 28–45.Google Scholar Aux États-Unis, c'est le dénombrement des esclaves qui vient illustrer ces oscillations statistiques : s'agissait-il d'une population ou simplement de biens ? En 1787, à la veille du premier recensement moderne, il fut même convenu qu'un esclave ne comptait administrativement que pour 3/5 d'un homme libre. Cf. Anderson, Margo J., The American Census: A Social History, New Haven-Londres, Yale University Press, 1988, pp. 12, 73.Google Scholar
31. Voir par exemple les statistiques de Tirunelveli reproduites dans Stuart, A. J., A Manuel ofthe Tinevelly District in the Presidency of Madras, Madras, Government Press, 1879, p. 163.Google Scholar
32. C'est notamment ce que montre Washbrook à propos du système légal. Ainsi, la loi « anglo-indienne » qui régissait les droits sur la terre incorpora pendant plus d'un siècle des usages communautaires opposés aux notions capitalistes de propriété individuelle. Cf. Washbrook, David A., « Law, State and Agrarian Society in Colonial India », Modem Asian Studies, 15,3, 1981, pp. 649–721.CrossRefGoogle Scholar
33. Voir notamment Census of the Madras Presidency 1871, vol. I, Report and Appendices, p. 39 ss ; Impérial Census of 1881, vol. I, The Report, p. 4 ss.
34. Census ofthe Madras Presidency 1871, Census of the Town of Madras, p. 10.
35. Pour une perspective homologue, voir Kenneth W. Jones, «Religious Identity and the Indian Census », dans N. Gerald Barrier, op. cit., pp. 74-78.
36. Une formulation intéressante de ces différences, émaillée d'exemples provenant du pays tamoul, se trouve dans Ramanujan, A. K., « Existe-t-il une manière indienne de penser ? », Cahiers Confrontations, 13, printemps 1985, pp. 59–75.Google Scholar
37. Census of the Madras Presidency 1871, vol. I, Report and Appendices, p. 86. Census of India 1931, vol. XIV, Madras Presidency, Part I, Report, p. 99.
38. Census of India 1891, vol. XIII, The Report on the Census, p. 86; Census of India 1911, vol. XII, Madras Presidency, Part I, Report, pp. 71-72; Census of India 1931, vol. XIV, Madras Presidency, Part I, Report, p. 99. Les hautes castes font parfois usage de notions traditionnelles de stades de vie (ashrama).
39. Pour une approche plus technique des questions d'âge, voir Guilmoto, Christophe, Un siècle de démographie tamoule. Évaluation des sources et analyse de l'évolution de la population du TamilNadu de 1871 à 1981, Thèse de doctorat, Université Paris I, 1989, chap. IV Google Scholar, X et XI.
40. Il s'agit du Child Marriage Restraint Act, ou Sarda Act, promulgué en 1929 et en vigueur en 1930, après des consultations multiples avec les autorités traditionnelles (cf. les volumes de dépositions du Age of Consent Committeé). Une première législation, concernant l'âge minimum à la consommation du mariage, avait été adoptée en 1891, mais elle était restée sans effet.
41. L'intensification de la nuptialité, à l'échelon pan-indien, qui a précédé la législation est notamment décrite dans Goyal, R. P., « Nuptiality Trends and Differentials », dans Population of India, New York, United Nations, pp. 112–113.Google Scholar Pour la Présidence de Madras, cf. Census of India 1931, vol. XIV, Madras Presidency, Part I, Report, pp. 339-340.
42. Census ofthe Madras Presidency 1871, vol. I, Report and Appendices, p. 24.
43. Cf. l'opinion de Stokes en 1881 mettant en doute l'effet de la définition de 1871 : Impérial Census of 1881, Opérations and Results in the Presidency of Madras, vol. III, Appendices, p. 78. En 1891, le directeur du recensement reprend le flambeau en contestant cette fois-ci le point de vue de Stokes, Census of India 1891, vol. XIII, The Report on the Census,p. 86.
44. Le lissage opéré pour les données de 1931 est décrit dans Census of India 1931, vol. I, Report, p. 83.
45. Census ofthe Madras Presidency 1871, vol. I, Report and Appendices,p. 10. En 1881, la prépondérance féminine dans la population recensée vient démontrer le succès de l'enquête conduite en 1881 ; Impérial Census of 1881. Opérations and Results in the Presidency of Madras, vol. I, The Report, vol. I, p. 60; Toutefois, les enquêtes suivantes continuent jusqu'en 1931 de s'interroger sur la persistance d'un « déficit féminin » dans les régions du Deccan.
46. Pour une perspective générale, voir Fischer, B. et Ifeka, C., « The Indian Census Dilemna : Investigating Explanations for the Sex Ratio between 1881 and 1931 », Demography India, 13, 1-2, 1984, pp. 1–18.Google Scholar
47. Le recensement avait choisi, sagement, de recueillir les informations telles qu'elles venaient, « sans enquêter de manière indésirable dans la vie privée des gens ». Cf. Census ofindia 1901, vol. XV, Madras Presidency, Part I, Report, p. 56.
48. D'après K. Jones, op. cit., c'est la religion qui est la catégorie centrale du Census of India dans le Nord-Ouest de l'Inde. Vu de l'Inde du Sud, ce rôle-pivot semble plutôt avoir échu à la caste.
49. Origine et usages décrits dans Dalgado, Sebastiâo Rodolfo, Glossdrio Luso-Asiâtico, Coimbra, Impresa da Universidade, 1919, pp. 225–229.Google Scholar
50. Voir Nelson, J. H., The Madurai Country. A Manuel, Madras, Asylum Press, 1868 Google Scholar, Part IL Pour une problématique plus générale, voir Foucault, Michel, Les mots et les choses. Une archéologie des sciences humaines, Paris, Gallimard, 1966 Google Scholar, chap. 5. R. Inden tient précisément les Manuals et les recensements pour la source par excellence du discours « hégémonique » sur la caste; cf. R. Inden, op. cit., p. 58.
51. L'unique recensement religieux britannique en 1851, associé à celui de la population, avait au contraire donné lieu à un grand nombre de polémiaues. Voir, par exemple, Drake, op. cit., pp. 15-19.
52. Doublant la statistique descriptive du recensement, une somme ethnographique de quelque 3 250 pages se constituait à la même période sur les us et coutumes de caste ; Thurston, Edgar, Castes and Tribes of Southern India, 7 vols, Madras, Government Press, 1909.Google Scholar
53. Il y eut jusqu'à 25 000 noms de castes enregistrés en 1891. Cf. notamment Christopher J. Baker, «Figures and Facts: Madras Government Statistics 1880-1940», dans Baker, C. J., et Washbrook, D. A. éds, South India: PoliticalInstitutions and Political Change 1880-1940, Delhi, Macmillan, 1976, pp. 222–223.Google Scholar
54. Census ofindia 1931, vol. XIV, Madras Presidency, Part I, Report, p. 333. Ce fut effectivement le dernier recensement à procéder à ces tris aussi fins ; en sorte que les revendications de caste se fondent aujourd'hui (agitations de 1990 à propos des recommandations de la Mandai Commission) sur les statistiques de 1931.
55. Un sous-ensemble flou est formé d'éléments dont le degré d'appartenance à l'ensemble de références n'est pas une fonction binaire univoque (ensembles traditionnels), mais une fonction continue entre 0 et 1. C'est le cas d'une sous-caste tamoule pour laquelle l'affiliation semble graduelle, certains individus réputés y appartenir plus que d'autres. B.E.F. Beck montre ainsi, à propos du Kongu Nadu tamoul, que si les oppositions de caste sont bien définies à l'échelon local, les sous-castes possèdent des contours beaucoup plus flous à l'échelon régional ; Brenda Beck, E. F., Peasant Society in Konku : A Study ofRight and Left Subcastes in South India, Vancouver, University of British Columbia Press, 1972, pp. 257–261.Google Scholar J'ai bénéficié sur ce point de nombreuses informations de Marie-Louise Reiniche.
56. Michel Volle écrit que «l'instrument d'observation (statistique), lorsqu'il fonctionne, confère si l'on peut dire un surcroît d'existence à son objet » ; Volle, Michel, Le métier de statisticien, Paris, Hachette, 1980, p. 158.Google Scholar La représentation statistique peut avoir été en fait l'acte fondateur de l'existence du fait social. Le phénomène a été décrit sous le nom de réification, ou subtantialisation de la caste. Voir par exemple, Dumont, Louis, Homo Hierarchicus. Le système des castes et ses implications, Paris, Gallimard, 1979, p. 280.Google Scholar
57. Voir notamment les travaux d'Eugène Irschick, F., dont Politics and Social Conflict in South India: The Non-Brahman Movement and Tamil Separatism, 1916-1929, Berkeley, University of California Press, 1969.Google Scholar
58. «Quand vous serez plus âgé, vous ne citerez pas des statistiques indiennes avec une telle assurance. Le Gouvernement aime à amasser des statistiques — il les collecte, les additionne, les élève à la puissance n, calcule la racine cubique et prépare de superbes diagrammes. Mais ce que vous ne devez jamais oublier, c'est que chacun de ces chiffres vient en premier lieu de ce Chowkidar (gardien du village) qui n'enregistre que ce que bon lui semble », Josiah Stamp, 1929, cité par Chandrasekhar, S., Infant Mortality, Population Growth and Family Planning in India, Londres, Allen and Unwin, 1972, p. 42 Google Scholar, n. 1.
59. Pour une récente formulation de ces axes d'analyse, voir Ranajit Guha, «Dominance without Hegemony and its Historiography », dans Guha, R. éd., Subaltern Studies VI. Writings on South Asian History and Society, Delhi, Oxford University Press, 1989, pp. 210–309.Google Scholar