Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
L'histoire économique de la France rurale est quelque peu désorientée. Jusqu'en 1968 — date de la publication d'un article critique sur les « fauxsemblants » d'une révolution agricole au XVIIIe siècle —, les historiens ne doutaient guère de l'importance des transformations que la France avait connues à l'époque des physiocrates. En rompant le cycle jugé infernal de la jachère « morte » par la diffusion des prairies artificielles, l'agriculture — et d'abord la « grande culture » — avait favorisé l'essor de l'élevage, ce qui avait accru les fumures et, par voie de conséquence, les rendements céréaliers. Chemin faisant, le perfectionnement de l'outillage, la multiplication des labours, l'intensification des assolements et les premières sélections végétales et animales — avant même la mérinisation — avaient contribué à élever la production agricole en qualité et quantité.
In order to reject the idea of an Agricultural Revolution in the 18th century, this new historical vulgate tends to neglect the major transformations which occurred after 1750. For large farms alone, yields increased noticeably, fallow land decreased and there is demonstrable progress with regard to the preservation of grains and plant selection. The distribution of agronomie programs and the role played by innovators such as the big farmers and postmasters have barely been touched upon. In the areas around major cities, considerable progress can be noted with respect to fertilization, forage and work productivity in general Such a convergence of transformations implies a break with preceding periods. There is a process of modemization at work the results of which must be analysed in terms of the different types of agriculture.
* Cet article développe une communication proposée en janvier 1993 à Angers, à l'occasion du colloque annuel de l'Association des historiens modernistes des universités.
1. Morineau, Michel, « Y a-t-il eu une révolution agricole en France au XVIIIe siècle ? », Revue historique , n° 486, avril-juin 1968, pp. 299–326 Google Scholar. Article développé et complété dans Les Faux-semblants d'un démarrage économique : agriculture et démographie en France au XVIIIe siècle, Paris, 1971, 387 p.
2. C'est-à-dire la grande exploitation de type physiocratique, dont la productivité repose sur l'utilisation d'abondants capitaux, apportés pour l'essentiel par de riches fermiers, cf. Weulersse, Georges, Le mouvement physiocratique en France (de 1756 à 1770), Paris, 1910, t. I, pp. 333–366 Google Scholar ; Perrot, Jean-Claude, « La comptabilité des entreprises agricoles dans l'économie physiocratique », Annales ESC , 1978, n° 3, pp. 559–579.Google Scholar
3. Georges Weulersse, op. cit., Paris, 1910, t. II, pp. 151-203 : « Le développement effectif de la “ grande et riche agriculture ” », pp. 151-203 ; Festy, Octave, L'agriculture pendant la Révolution française. Les conditions de production et de récolte des céréales. Étude d'histoire économique, 1789-1795, Paris, 1947 Google Scholar, introduction. André-Jean Bourde, Agronomie et agronomes en France au XVIIIe siècle, Paris, 1967, conclusion, pp. 1566-1593 (“ Le progrès agricole ”. Généralités »).
4. Alors « la richesse, c'est le bétail, c'est-à-dire la jachère », Jacques Mulliez, « Du blé “ mal nécessaire ”. Réflexions sur les progrès de l'agriculture de 1750 à 1850 », Revue d'Histoire moderne et contemporaine, t. XXVI, janvier-mars 1979, pp. 3-47.
5. En dépit d'erreurs de calcul. Cf. la critique d'Emmanuel LE Roy Ladurie dans Histoire, économie et société, f1985, n° 3, pp. 433-438.
6. Derville, Alain, « Dîmes, rendements du blé et “ révolution agricole ” dans le Nord de la France au Moyen Age », Annales ESC , 1987, n° 6, p. 1420.Google Scholar
7. Michel Morineau, Les faux-semblants…, op. cit., p. 95.
8. Michel Morineau répudie bien une « conception fixiste des campagnes au XVIIIe siècle », id., ibid., p. 94. Cf. aussi, id., « Révolution agricole, révolution alimentaire, révolution démographique », Annales de Démographie historique, 1974, pp. 335-371 ; « Agriculture et démographie : l'évolution de la problématique y compris un retour sur le cas anglais », dans Évolution agraire et croissance démographique, Antoinette Fauve-Chamoux éd., Liège, 1987, pp. 179- 203.
9. The Agrarian History of England and Wales, op. cit., Joan Thirsk éd., vol. VI, sous la direction de G. E. Mingay, 1750-1850, Cambridge, 1985 ; Allen, Robert C. et O'Grada, Cormac, « On the Road Again with Arthur Young : English, Irish and French Agriculture during the Industrial Révolution », The Journal of Economie History , vol. XLVIII, n° 1, mars 1988, pp. 92–125 Google Scholar ; Robert Allen, The Two Agricultural Révolutions in England, 1988.
10. Dupâquier, Jacques éd., Histoire de la population française, t. II : De la Renaissance à 1789. Paris, 1988, pp. 61–68.Google Scholar
11. Sur la discussion de cette question, cf. en particulier la contribution de Jean-Yves Grenier à l'Histoire de la population française, op. cit., pp. 438-468.
12. Morineau, Michel, « Révolution agricole… », art. cit. ; Lachiver, Marcel, Les années de misère. La famine au temps du Grand Roi (1680-1720), Paris, 1991.Google Scholar
13. Goy, Joseph et Ladurie, Emmanuel LE Roy, Prestations paysannes, dîmes, rente foncière et mouvement de la production agricole à l'époque préindustrielle, Paris, 1982, p. 25.Google Scholar
14. Les années 1769-1772 correspondent à des importations considérables (Ruggiero Romano, , Commerce et prix du blé à Marseille au XVIIIe siècle, Paris, 1956, pp. 72–84 Google Scholar ; Dardel, Pierre, Navires et marchandises dans les ports de Rouen et du Havre au XVIIIe siècle, Paris, 1963, p. 163 Google Scholar ; Bordeaux au XVIIIe siècle dans Histoire de Bordeaux, Charles Higounet éd., Paris, 1968, p. 304).
15. Ladurie, Emmanuel LE Roy, L'âge classique des paysans de 1340 à 1789, dans Histoire de la France rurale , t. II, 1975, pp. 393–396.Google Scholar
16. Michel Morineau, op. cit., p. 95.
17. Goy, Joseph, « Effets et limites de l'essor de l'agriculture nouvelle au dix-huitième siècle », Septième congrès international des Lumières, Budapest, 1987, p. 11.Google Scholar
18. Moriceau, Jean-Marc, « Le changement agricole. Transformations culturales et innovation (XIIe-XIXe siècles) », à paraître dans la nouvelle revue Histoire et Sociétés rurales , n° 1,1994.Google Scholar
19. Statistique de la France : Agriculture, 3 vols, Paris, 1840, auxquels on ajoutera les Archives statistiques [relevé des rapports annuels sur la récolte des céréales de 1815 à 1835, pp. 77-151] publiées en 1837 par le ministère des Travaux Publics, de l'Agriculture et du Commerce. Ces deux publications sont à l'origine des données utilisées au début de cette contribution.
20. Et non de 12,69 hl, chiffre qui ne correspond, dans la statistique, qu'à la partie orientale du territoire (Michel Morineau, Les faux semblants…, op. cit., p. 24). Mais la différence est négligeable et la signification d'une moyenne nationale, comme le reconnaît l'auteur, est fort discutable.
21. Michel Morineau, op. cit., p. 15 (mais opinion moins assurée p. 61).
22. Un calcul hypothétique va jusqu'à attribuer 36,72 hl/ha sur certaines terres sujettes à la grande dîme de Saint-Omer (Alain Derville, art. cit., p. 1418).
23. En 1840, les deux arrondissements de Lille et de Meaux arrivent en tête avec 22,31 hl/ha pour le premier et 25,55 hl/ha pour le second.
24. AN, H 1501.
25. Michel Morineau, « La dîme et le zeste, xive-xxe siècles », dans Prestations paysannes, dîmes, rente foncière et mouvement de la production agricole à l'époque préindustrielle, Joseph Goy et Emmanuel LE Roy Ladurie éds, 1982, pp. 648-650.
26. L'année suivante, en dépit de mauvaises conditions météorologiques, la même parcelle rapporte 78,5 hl/ha en avoine. Sur une autre, les commissaires de la Société royale d'agriculture constatent un rendement en blé de 35 hl/ha (25,4 quintaux/ha en raison d'un poids spécifique de 230 livres le setier) mais les intempéries de juin avaient réduit d'un cinquième les performances de 1766 ﹛Journal économique, juillet 1767, pp. 289-293 ; ibid., août 1767, pp. 337-345).
27. « Dans le mélange des faits économiques et des impressions des contemporains, chacun d'eux n'a pris que ce qui convenait à sa tournure d'esprit », Émile Levasseur, « Des progrès de l'agriculture française dans la seconde moitié du XVIIIe siècle », Revue d'Économie politique, 12e année, 1898, p. 21.
28. Une étude par régions de l'évolution climatique entre 1740 et 1840 et de ses conséquences sur le volume et la qualité des récoltes permettrait certes d'y voir plus clair. Faut-il considérer néanmoins la vulnérabilité climatique comme une constante ? La diffusion de nouvelles variétés de céréales, l'amélioration de la préparation des semences et l'accélération des moissons par le biais du fauchage réduisirent sans doute quelque peu la dépendance à l'égard des facteurs météorologiques.
29. Jacques Dupâquier, « La situation de l'agriculture dans le Vexin français. Fin du XVIIIe siècle et début du XIXe », Actes du 89e Congrès National des Sociétés Savantes (Lyon, 1964), pp. 334-345.
30. Jean-Michel Chevet, Le marquisat d'Ormesson (1700-1840). Essai d'analyse économique, Thèse de troisième cycle de l'EHESS, 1982, pp. 478-482.
31. Pour le détail des sources, tirées essentiellement des inventaires d'exploitants, cf. Jean- Marc Moriceau, Les fermiers de l'Ile-de-France. Ascension d'un groupe social(XVe-XVIIIe siècles), thèse de doctorat d'histoire de l'université de Paris I-Sorbonne, 1992, pp. 999-1002. Ont été exclus les rendements jugés exceptionnels ou trop localisés comme ceux de Charlemagne à Bobigny en 1765 et 1766 ou de Benoist à Mitry en 1787 (37 hl ou 24 qtx/ha mais sur une pièce de 27 ares, cf. Mémoires d'agriculture, d'économie rurale et domestique publiés par la société royale d'agriculture [désormais Société royale d'agriculture], trimestre d'automne 1787, pp. x- XII). La faiblesse relative de l'échantillon interdit toute conclusion péremptoire mais les indications qu'il apporte confirment l'augmentation des rendements perçus dans les fermes tenues par la famille Chartier entre 1690 et 1790 (Jean-Marc Moriceau et Gilles Postel-Vinay, Ferme, entreprise, famille. Grande exploitation et changements agricoles : les Chartier (XVIIe-XIXe siècles), Paris, Éditions de l'EHESS, 1992, pp. 211-217.
32. Jean-Michel Chevet, op. cit., pp. 482-484.
33. Les rendements « moyens » seraient passés de 15-16 quintaux à 17-18 quintaux à l'hectare, Postel-Vinay, Gilles, La rente foncière dans le capitalisme agricole. Analyse de la voie « classique » du développement du capitalisme dans l'agriculture à partir de l'exemple du Soissonnais, Paris, 1974, p. 108.Google Scholar
34. Hugues Neveux et Marie-Jeanne Tits-Dieuaide, « Étude structurelle des fluctuations courtes des rendements céréaliers dans l'Europe du Nord-Ouest (XIVe-XVIe siècle) », dans Problèmes agraires et société rurale. Normandie et Europe du Nord-ouest (XIVe-XIXe siècles), Cahier des Annales de Normandie n° 11, pp. 17-42.
35. Meuvret, Jean, Le problème des subsistances à l'époque Louis XIV. La production des céréales dans la France du XVIIe et du XVIIIe siècle, Paris, 1977, pp. 207–215.Google Scholar
36. Au Plessis-Gassot, village du Val-d'Oise proche de la Seine-et-Marne, un fermier le souligne alors : « le blé est très lourd, il pèse 250 livres par setier d'un hectolitre et demi mais il est gris, parce que, n'ayant pas poussé tout d'un jet, la maturité s'en est ressentie […] La récolte se trouve faible, très faible en paille mais ça graine bien… » (Jean-Marc Moriceau et Gilles Postel-VlNay, Op. Cit., p. 354).
37. AN, H 1625, mémoire de Gasselin, laboureur à Punchy (Somme), 28-08-1786 : « le bled à paille rouge a encore l'avantage d'être plus abondant en paille et en grains que le bled à paille blanche et croît un peu plus haut que l'autre : la paille en est plus forte et plus raide et produit communément en gerbes plus que le bled à paille blanche, et les grains rendent souvent plus de grain […] à condition d'en renouveler la semence tous les sept ans ».
38. Perrot, Jean-Claude, Genèse d'une ville moderne. Caen au XVIIIe siècle, Paris, 1975, p. 201.Google Scholar
39. Chiffres tirés de Saint-Maur, Dupré DE, Essai sur les monnaies, Paris, 1756, cf. Chevet, Jean- Michel, op. cit., p. 484.Google Scholar
40. Les fluctuations du produit de la dîme. Conjoncture décimale et domaniale de la fin du Moyen Age au XVIIe siècle, Goy, Joseph et Ladurie, Emmanuel LE Roy éds, Paris, 1972, pp. 371–373.Google Scholar
41. SÉE, Henri, Les classes rurales en Bretagne du XVIe siècle à la Révolution, Paris, 1906, pp. 430–445.Google Scholar
42. Braudel, Fernand et Labrousse, Ernest, Histoire économique et sociale de la France, t. II, 1970, pp. 418–432.Google Scholar
43. La notion de « repos » du sol, si présente dans la littérature du XVIIIe siècle (chez Duhamel du Monceau, l'abbé Tessier ou l'abbé Rozier) a introduit de nombreuses méprises. On oublie souvent qu'elle est associée au souci d'une bonne préparation agronomique (François Sigaut, « La jachère en Ecosse au XVIIIe siècle : phase ultime de l'expansion d'une technique », Études rurales, 1975, pp. 89-105 ; « Pour une cartographie des assolements en France au début du XIXe siècle », Annales ESC, n° 3, 1976, pp. 631-643 ; « Quelques notions techniques de base dans l'ancienne agriculture en France », Ethnologie française, 1977, pp. 385-388).
44. Jean-Marc Moriceau, Les fermiers de l'Ile-de-France…, op. cit., pp. 483-489.
45. Ernest Labrousse le rappelait pour l'Artois et la Flandre (Histoire économique et sociale de la France, op. cit., pp. 436-437). En Ile-de-France, les différends qui éclatent lors des changements de fermiers éclairent un processus identique. C'est ce que souligne un fermier du Longboyau — à Athis-Mons, au sud de Paris —, critiqué par son futur remplaçant sur la quantité de jachère qu'il doit lui laisser. Aubouin, fermier sortant, a consacré 93 arpents sur les 143 qu'auraient dû compter les jachères à faire des fourrages (pois, vesce, orge, trèfle, avoine). L'ensemble doit passer en blé aux semailles suivantes avant d'être laissé, après la récolte, à Renoult, le fermier entrant. Le dessolement, de taille puisqu'il concerne 65 % des jachères, s'est effectué l'avant-dernière année du bail. Or, contrairement à la réglementation qui enjoint de « cultiver les terres pas soles et saisons sans dessoler ni dessaisonner », la pratique générale du pays autorise Aubouin à ces libertés, d'autant plus qu'il s'agit de faire des pâturages. Soutenu par d'autres fermiers du voisinage, il a beau jeu de rappeler que conformément à l'usage du lieu « il n'a fait que ce qu'il pouvait faire et ne sera tenu de mettre les terres de sadite ferme en sole que l'année prochaine ». L'exemple est loin d'être unique (Archives départementales de l'Essonne, série B, Athis-sur-Orge, rapport d'experts du 2-06-1775).
46. Par allongement des baux (de 5 à 9 ans) et passage au fermage, Louis Merle, La métairie et l'évolution agraire de la Gâtine poitevine de la fin du Moyen Age à la Révolution, Paris, 1958, pp. 176-185.
47. En région parisienne, quand les parents afferment à leurs enfants leurs biens propres pour assurer leur établissement, ils n'imposent plus systématiquement l'obligation de respecter l'assolement. Chez les Bocquet, à Juilly, le bail familial enjoint seulement de « bien labourer et cultiver […] ainsi qu'il est d'usage pour les biens de campagne » (AN, MC, XXXIX, 541, 26-06- 1772, contrat de mariage Bocquet-Lecourt).
48. Pour le sud-ouest, la grande question reste celle de l'essor du maïs au cours du XVIIIe siècle. En 1840, ce dernier occupait 523 000 ha soit environ 10 % des terres labourables (vignes et culture spécialisées exclues), ce qui réduisait l'étendue des jachères à 31 % alors que cette dernière atteignait encore 38 % dans le quart sud-est (mais 26,9 % au nord-est et 28,3 % au nord-ouest), cf. Statistique agricole de 1840, op. cit., p. 665. Faut-il supposer, après Daniel Faucher, que l'essentiel de la diffusion du maïs est antérieure à 1750 ? Toujours est-il que la croissance démographique n'a pu qu'entretenir cet essor tout au long du siècle (Jean-Pierre Poussou, Bordeaux et le sud-ouest auXVIIIe siècle. Croissance économique et attraction urbaine, Paris, 1983, pp. 261-262, 268). Ici, encore, le bilan final qu'attendait Labrousse en 1970 est loin d'être arrivé.
49. Michel Morineau, « Réflexions tardives et conclusions prospectives », dans Les fluctuations du produit de la dîme…, op. cit., p. 323.
50. AN, H 1514, mémoire préparatoire à une histoire naturelle de la généralité de Paris par le docteur Olivier, commune de Wissous. Cette enquête, proposée par le Contrôle général en 1785 et impulsée par la Société d'agriculture de Paris en 1788, contient une description topoagronomique précise des terroirs visités. Une étude d'ensemble de ce document offrirait un vif intérêt.
51. Dominique Rosselle, Le long cheminement des progrès agricoles. Le Béthunois du milieu du XVIe siècle au milieu du XIXe siècle, thèse de doctorat ès-lettres et sciences humaines, Lille III, 1984, pp. 508 et 692. Le recul des jachères a pu s'accélérer à la fin de l'Ancien Régime. A Violaines (Pas-de-Calais), la sole des jachères passe de 23,8 % des terres labourables en 1774 à 17,6 % en 1789 (ibid., p. 502).
52. Les jachères représentaient 33,7 % des terres labourables entre 1651 et 1700, soit une proportion inchangée depuis au moins le XVIe siècle. Elles n'en occupent plus que 26,3 % entre 1775 et 1790, Jean-Marc MORICEAU, « Un facteur de progrès agricole au centre du Bassin parisien : l'équipement des grandes exploitations de l'Ile-de-France », dans Inventaires après décès et ventes de meubles. Apports à une histoire de la vie économique et quotidienne (XIVe-XIXe siècles), Louvain-la-Neuve, 1988, p. 212.
53. « Seule pourrait répondre une recherche collective, qui nous donnerait enfin l'enquête que le Contrôle général n'a pas faite. Les séries de cadastres, de compoix, de terriers, de livres fonciers de toute nature rendraient peut-être compte des fluctuations globales de ces superficies au XVIIIesiècle », Histoire économique et sociale de la France, op. cit., p. 434.
54. Au début du XIXe siècle, l'hectolitre de blé pesait 74 à 75 kg contre 72 pour le méteil et 69 à 70 pour le seigle.
55. Justin, Emile, Les sociétés royales d'agriculture au XVIIIesiècle (1757-1793), Saint-Lô, 1935, p. 168.Google Scholar
56. Kaplan, Steven, Les ventres de Paris. Pouvoir et approvisionnement dans la France d'Ancien Régime, Paris, 1988, pp. 328–385.Google Scholar
57. Morineau, Michel, « La pomme de terre au XVIIIe siècle », Annales ESC , 1970, n° 6, pp. 1767–1785.Google Scholar Largement utilisé en Lorraine, dans le Nord ou dans le Massif central, le tubercule n'est encore qu'une curiosité en Ile-de-France : on ne trouve que 9 setiers de pomme de terre chez un fermier de Mitry (Seine-et-Marne) en 1789 (AN, MC, XXVII, 489, 9-03-1789, inventaire après décès de Claude Benoist).
58. Mais de gros moulins, situés à la périphérie des grands centres urbains (Rouen, Amiens, Nantes, Pontoise, Corbeil, Étampes, Chartres, Melun), Encyclopédie Méthodique. Jurisprudence, police et municipalités, X, p. 34, déjà cité par Steven Kaplan, op. cit., p. 372.
59. L'article « Andonville » de la section Agriculture de VEncyclopédie Méthodique n'a d'autre raison d'être que les expériences beauceronnes qu'y fit l'abbé Tessier, principal rédacteur de l'ouvrage.
60. Séverin, R., L'agriculture en Bazadais à la veille de la Révolution, Bordeaux, 1903, pp. 10–17 Google Scholar (déjà cité par André-Jean Bourde, Agronomie et agronomes…, t. III, pp. 1574-1575).
61. Root, Hilton L., « État et communautés villageoises dans la France moderne : en Bourgogne aux XVIIe et XVIIIe siècles », Revue d'Histoire moderne et contemporaine , n° 39, avril-juin 1992, pp. 303–323 Google Scholar ; sur l'attitude de l'intendant Du Cluzel, cf. Brigitte MAILLARD, Les campagnes de Touraine au XVIIIe siècle. Étude d'histoire économique et sociale, thèse de doctoral d'Etat de l'université de Rennes II, 1992 (renseignement aimablement communiqué par l'auteur que nous tenons à remercier).
62. La question revient à interpréter le décalage entre les initiatives prises en faire-valoir direct dans les parcs et le conservatisme des baux à ferme passés aux locataires. Un bon exemple de cette dichotomie est fourni par Choiseul qui offre son parc de Chanteloup pour essayer la charrue de Des Pommiers tout en faisant passer prioritairement ses préoccupations financières dans les terres qu'il donne en location (Brigitte Maillard, op. cit.). Helvétius manifeste une attitude tout aussi traditionnelle à l'égard de son fermier de Rémalard (Arch. dép. Orne, 2 E Rémalard, 13-02-1750, bail du Boullay et de Brigemont à François Bresdin, document aimablement communiqué par Michel Caussin). Une large enquête sur le comportement des élites en matière foncière serait bien utile.
63. Les exemples isolés ne manquent pas, ainsi Poitrineau, Abel, La vie rurale en Basse- Auvergne au XVIIIe siècle (1726-1789), Paris, 1966, p. 278.Google Scholar
64. André-Jean Bourde, op. cit., t. III, pp. 1654-1655.
65. A la suite d'une série de mesures législatives qui augmentèrent les quotas d'exonération, l'ordonnance du 30 juin 1681 autorisa les maîtres de poste à exploiter en franchise de taille jusqu'à 100 arpents. Cette franchise était réelle — et le détenteur de deux relais jouissait de l'exemption dans chacune des paroisses où se trouvaient les postes. Elle était limitée toutefois à 50 arpents s'il tenait une hôtellerie (Eugène Vaille, Histoire générale des postes françaises). A la veille de la Révolution, la remise en cause de ces privilèges suscita une violente réaction des intéressés (cf. ainsi le mémoire des sieurs Petit, maîtres des postes de Meaux et Claye-Souilly, AD Seine-et-Marne, 59 Cl, f>50).
66. Anxionnat, Eugène, Historique de l'organisation de l'ancienne poste aux chevaux en France. Son influence sur les progrès agricoles, Paris, 1907,153 p.Google Scholar ; Fouché, Madeleine, La poste aux chevaux de Paris et ses maîtres de poste à travers les siècles, Paris, 1971, 127 p.Google Scholar
67. Sur les maîtres de poste, dont l'étude économique et sociale apporterait beaucoup à notre connaissance des transformations de la France rurale au XVIIIe siècle, l'ouvrage de référence reste celui d'Eugène Vaille, op. cit. Pour la région parisienne, le groupe social fait l'objet d'une thèse de doctorat (Université de Paris I-Sorbonne) qui vient d'être entreprise par Patrick Marchand, sous la direction de Daniel Roche.
68. Cité par Eugène Anxionnat, p. 223.
69. Il en adresse un mémoire à l'intendant (AD Somme, C 37) déjà cité par Albéric de Calonne, , La vie agricole sous l'Ancien Régime dans le Nord de la France. Artois, Picardie, Hainaut, Flandres, 2e éd. Paris, 1885, p. 88.Google Scholar
70. Feuille du cultivateur, 6 novembre 1790, concours organisé par Vattier, laboureur à Antony et maître de poste de Berny.
71. Musset, René, De l'élevage du cheval en France, Paris, 1917, p. 144.Google Scholar
72. Mais il ne s'agit que d'une pièce de 18 acres, Plaisse, André, La baronnie du Neubourg. Essai d'histoire agraire, économique et sociale, Paris, 1961, p. 574.Google Scholar
73. Société royale d'agriculture de Paris, trimestre d'automne 1788, p. VI ; ibid., trimestre d'hiver 1788, p. 33.
74. Son inventaire après décès, rédigé en 1784, mentionne les deux tomes des Éléments d'agriculture à côté d'un exemplaire du Parfait maréchal et d'un dictionnaire franco-allemand, cf. Lorentz, Albert, « Le relais de la poste aux chevaux de Stutzheim », Diligence d'Alsace , n° 39, 1988, p. 20.Google Scholar
75. Emile Justin, op. cit., p. 54.
76. AN, F10222, mémoire de Cretté de Palluel sur divers objets d'économie rurale lu à la séance publique de la Société royale d'agriculture du 28 décembre 1789. Arthur Young, Voyages en France, 1787, 1788, 1789, éd. critique par Henri SÉE, p. 290 [16 juin 1789].
77. AN, MC, LXVIII, 493, 4-06-1764, contrat de mariage Cretté-Duchesne. A son décès, en 1798, il laisse 420 volumes dont une «Bibliothèque économique" et des «Mémoires d'agriculture » (AD Seine-Saint-Denis, 2 E, et. CXXXVII, 24, 25 nivôse an VII, inventaire après décès de François Cretté).
78. En même temps qu'Arthur Young, la Société choisit comme correspondants en 1785, Charlemagne, le fils du primé de Bobigny, alors chargé de la ferme expérimentale de Maisons- [Alfort] et Chevalier, vigneron mais aussi laboureur à Argenteuil. Le 11 janvier 1787, Cretté de Palluel y est admis avec Vattier, le maître de poste de Berny ﹛Société royale d'agriculture de Paris, trimestre d'été 1785 ; ibid., trimestre d'hiver 1787). On a vu que Dailly, cultivateur à Trappes, fit partie du Comité d'agriculture en 1788. Mais la présence des cultivateurs était beaucoup plus forte dans les comices locaux, à Beauvais, Meaux, Pontoise ou Provins.
79. AN, F10222, mémoire du 31-03-1789.
80. Société royale d'agriculture de Paris, trimestre d'hiver 1788, p. 194.
81. Hadancourt, membre des Comices agricoles de Pontoise, fermier et receveur de Bervillele- Coudray, rédige un mémoire sur l'éducation des génisses (ibid., trimestre d'été 1786, pp. 89- 97) ; Jean-Baptiste Laval, membre des Comices agricoles de Provins, fermier à Courtacon, écrit sur la nécessité de multiplier les engrais (ibid., trimestre d'hiver 1788, pp. 84-94) ; Garnot, membre des Comices agricoles de Rosoy-en-Brie, fermier de Bonfruit, adresse une note sur les échanges de culture (ibid., trimestre d'hiver 1789, pp. 17-19).
82. Monceau, Henri-Louis Duhamel DU, Traité de la culture des terres suivant les principes de Monsieur Tull, anglais, t. V, Paris, 1757, pp. 247–248.Google Scholar
83. AN, H 1501.
84. Ibid., H 1625, mémoire du 28-08-1786.
85. Arthur Young, op. cit., p. 291.
86. Journal économique, année 1765, pp. 60-63 et 298-299. Cf. aussi Georges Weulersse, op. cit., t. II, p. 164.
87. Moins hautain que Giroust, cet auteur anonyme se démarque lui aussi des agronomes « spéculateurs », Journal économique, mars 1766, pp. 118-127 et avril 1766, pp. 153-164.
88. D'après Guy-Robert Ikni, Crise agraire et révolution paysanne. Le mouvement populaire dans les campagnes de l'Oise de la décennie physiocratique à l'an II, Paris, 1993, thèse de l'Université de Paris I-Sorbonne, sous la direction de Michel Vovelle, 5 vols.
89. Ainsi chez Simon Bocquet, fermier de Juilly (Seine-et-Marne) en 1758, précoce utilisateur du hache-paille et du tarare, pas un seul ouvrage d'agronomie pratique, alors que sa bibliothèque compte 371 volumes. Seules la théologie, l'histoire, la jurisprudence et la littérature ont retenu l'attention du priseur… mais combien de livres ne méritaient pas description! (AN, MC, III, 973 bis, 9-02-1758, inventaire après décès de Simon Vincent Bocquet, receveur de l'abbaye de Juilly).
90. Georges Durand, Vin, vigne et vignerons en Lyonnais et Beaujolais, Lyon, 1979, pp. 188- 190.
91. Guy-Robert Ikni, op. cit.
92. Sources : AN, MC, LXII, 383, 27-09-1741, inventaire après décès de Pierre Benoist ; ibid., MC, LXVIII, 460, 24-01-1757, inventaire après décès de Marie-Anne De Corbie, épouse de Dominique Duchesne ; Françoise Waro, « Permanences et mutations de la vie domestique au XVIIIe siècle : un village du Vexin français », RHMC, janvier-mars 1993, p. 26 (inventaire de Georges Petit) ; AN, MC, XXXVIII, 479, 4-02-1764, inventaire après décès de Catherine Benoist, veuve de François Chartier ; ibid., MC, XXIII, 732, 7-06-1774, inventaire après décès de Jean Petit ; ibid., MC, XXXVIII, 661, 3-06-1784, contrat de mariage Rabourdin-Decauville ; ibid., MC, CVII, 15-10-1781, inventaire après décès de Charles Ringuier; ibid., MC, XXVII. 489, 9-03-1789, inventaire après décès de Claude Benoist.
93. André-Jean Bourde, op. cit., t. III, p. 1568.
94. Louis Liger, Économie générale de la campagne ou nouvelle maison rustique, Paris, 1700 ; La nouvelle maison rustique ou économie générale de tous les biens de campagne…, 5eéd. « augmentée considérablement et mise en meilleur ordre », Paris, 1743 ; idem, 8e éd., Paris, 1763. Georges Durand avait déjà remarqué la modernisation de l'ouvrage en matière viticole (Georges Durand, Vin, vigne, vignerons…, op. cit., pp. 194-195).
95. Sur le succès précoce du sainfoin, cf. Abbé Claude Carlier, Histoire du duché de Valois, t. III, « Considérations sur le gouvernement ecclésiastique et civil du Valois, sur les productions naturelles et sur le commerce de ce pays », 1764, p. 324. Pour un praticien comme Antoine Giroust, les prairies artificielles offrent surtout « une grande ressource pour les mauvaises terres », Journal économique, août 1765, p. 346.
96. AD Somme, C 74, d'après Jean-Michel Chevet, op. cit., p. 495.
97. Jean-Michel Chevet, ibid.
98. Le sainfoin est signalé en Ile-de-France en 1569 (Claude D E Vitry, Recherches sur quelques grandes cultures dans la plaine de France, XVIe-XVIIIe siècle, thèse de l'Ecole nationale des Chartes, 1966, p. 100) et en Normandie en 1586 (André Plaisse, La baronnie du Neubourg..:, op. cit., p. 565). Sur son essor autour de Paris au XVIIe siècle, cf. Jean Jacquart, La crise rurale en Ile-de-France, 1550-1670, Paris, 1974, p. 329 et Jean-Marc Moriceau, Les fermiers de l'Ile-de-France, op. cit., pp. 463-468.
99. Le premier cas rencontré est de 1754. Cretté de Palluel préconise de former des andains composés à moitié de trèfle et à moitié de paille d'orge et d'avoine (AN, F10 222, mémoire du 28 décembre 1789).
100. André Paris, « Les conditions du progrès agricole dans le centre du Bassin parisien : droits seigneuriaux et vaine pâture dans la région de Montfort-1'Amaury (XVIIIe-XIXe siècles) », Ethnologie et Histoire, 1975, pp. 220-221.
101. Kim Kyung-Keun, Le Vexin français de 1700 à 1850 : une économie rurale préindustrielle en progrès, thèse de doctorat de l'EHESS, 1990, pp. 67-69.
102. Jean-Michel Chevet, Le marquisat d'Ormesson (1700-1840), op. cit., p. 496.
103. André Plaisse, op. cit., p. 571.
104. Pierre Brunet, Structure agraire et économie rurale des plateaux tertiaires entre la Seine et l'Oise, Caen, 1960, p. 311.
105. Brigitte Maillard, op. cit.
106. Louis Merle, op. cit., p. 137.
107. Jean-Marc Moriceau, Les fermiers de l'Ile-de-France…, op. cit., p. 828.
108. Mais avec un décalage chronologique de quelques décennies, cf. Guy-Robert Ikni, op. cit. Sur les pratiques sélectives des fermiers suivant la nature des sols, cf. le témoignage d'Antoine Giroust, art. cit.
109. Venard, Marc, Bourgeois et paysans en France au XVIIe siècle. Recherche sur le rôle des bourgeois parisiens dans la vie agricole au Sud de Paris au XVIIe siècle, Paris, 1956, p. 89 ; Pierre Brunet, op. cit., p. 316.Google Scholar
110. A Juvisy-sur-Orge, en 1713, le fermier des Minimes de la place Royale obtient la permission d'arracher de mauvaises vignes pour les remplacer par la luzerne. L'opération se renouvelle cinq ans après (AN, LL 1566).
111. François Hilaire Gilbert, « Recherches sur les espèces de prairies artificielles qu'on peut cultiver avec le plus d'avantages dans la généralité de Paris et sur la culture qui leur convient le mieux », Société royale d'agriculture de Paris, trimestre d'hiver 1788, p. 184.
112. Lemarchand, Guy, La fin du féodalisme dans le Pays de Caux. Conjoncture économique et démographique et structure sociale dans une région de grande culture de la crise du XVIIesiècle à la stabilisation de la Révolution (1640-1795), Paris, 1989, pp. 289–290.Google Scholar
113. Juillard, Etienne, La vie rurale dans la plaine de Basse-Alsace. Essai de géographie sociale, Paris, 1953, p. 216.Google Scholar Avec la pomme de terre, le tabac et la garance, le trèfle constitue le premier pilier de l'innovation agricole en plaine d'Alsace, cf. Boehler, Jean-Michel, Une société rurale en milieu rhénan. La paysannerie de la plaine d'Alsace (1648-1789), thèse de doctorat d'État, université de Strasbourg, 1993.Google Scholar
114. A Gonesse en 1769,14 laboureurs déclarent qu'il n'est pas d'usage de dîmer les « trèfles, bourgognes, sainfoins, vesces et autres herbages que l'on fait manger en vert aux autres bestiaux nécessaires à la culture des terres ».
115. André Paris, art. cit., p. 235.
116. Guy Lemarchand, op. cit., p. 289.
117. Sevenet, L. A., Coutumes du bailliage de Melun et enclaves d'icelui, commentées et expliquées par…, Paris, 1777, art. 303, p. 370 Google Scholar (cité par P. Brunet, op. cit., p. 317). 118. André Plaisse, op. cit., p. 564.
119. Farcy, Jean-Claude, Les paysans beaucerons de la fin de l'Ancien Régime au lendemain de la première guerre mondiale, Paris, 1985, thèse de l'Université de Paris X-Nanterre, p. 38.Google Scholar
120. Jean-Marc Moriceau, « Un facteur de progrès agricole… », art. cit., pp. 224-225 ; id., Les fermiers de l'Ile-de-France…, op. cit., pp. 547-557.
121. Comme l'indique l'estimation des « sachées » de fiente de pigeon, courante au xviir siècle (ibid., p. 556).
122. Jean-Michel Chevet, Le marquisat d'Ormesson…, op. cit., pp. 513-519. Mais il ne peut s'agir que de petites superficies. A Vinantes (Seine-et-Marne) en 1761, Boucher utilise des boues pour fertiliser 2,4 arpents (environ 1 ha) et en 1785, Benoist n'engraisse ainsi à Mitry (Seine-et-Marne) que 1 arpent (80 ares). En 1784, à Chèvreville (Oise), Nicolas Prévost vient de faire apporter 60 minots de poudrette (AN, MC, LXVIII, 481, 18-06-1761, inventaire après décès de Pierre Boucher, laboureur au Bas Montgé ; ibid., LXVIII, 616, 6-06-1785, inventaire après décès de Anne-Marie Bouchard, épouse d'Eustache-Pierre Benoist ; ibid., LIV, 1020, 5-03-1784, inventaire après décès de Nicolas Prévost). Seul Etienne Charlemagne, bien placé dans sa ferme de Bobigny pour disputer aux maraîchers les rejets parisiens, peut se targuer d'avoir fertilisé 44 arpents de « gadoues » en 1775 (AN, MC, LIV, 959, 20-09-1775, inventaire après décès d'Etienne Charlemagne). Sur l'utilisation de la poudrette aux abords de Paris et de Lille, cf. La Nouvelle Maison rustique, éd. 1763,1.1, p. 399. Aux environs de Grenoble, le XVIIIe siècle marque l'utilisation systématique des déchets urbains — le « raclum » — non seulement dans les jardins maraîchers mais aussi dans les chènevières. Dans la vallée du Drac, les cultures sont continues ( Favier, René, Les villes du Dauphiné aux XVIIe et XVIIIe siècles, Grenoble, 1993, p. 188 Google Scholar).
123. AN, K 906 ; Jean Rose, Le bon fermier ou l'ami des laboureurs, p. 351. Cf. aussi Jean Meuvret, Le problème des subsistances à l'époque Louis XIV, t. I, 2, 1977, p. 117 (note 98) et Jean-Michel Chevet, Le marquisat d'Ormesson…, op. cit., pp. 512-513.
124. Comme Bocquet à Juilly en 1758 (cf. supra, note 89). Cf. aussi André-J. Bourde, op. cit., p. 908. Mais dans ce dernier cas, les impératifs de la commercialisation sont sans doute déterminants.
125. Jean-Marc Moriceau, « Un facteur de progrès agricole… », art. cit., pp. 219-220.
126. François Hilaire Gilbert, « Recherches sur les espèces de prairies artificielles… », art. cit., p. 114.
127. Jean-Claude Perrot, op. cit., pp. 457-458.
128. Un exploitant de Chèvreville, village au sud de Nanteuil-le-Haudouin (Oise), affirmait un soin assez rare pour l'élevage ovin (AN, MC, LXVIII, 529,6-11-1769, inventaire après décès de Benoît Lucy). Trois ans après, chez le fermier de la seigneurie de Longpérier (Seine-et- Marne, canton de Dammartin-en-Goële), on comprend dans les labours de mars « 56 arpents de hinots » (ibid., XXXIX, 541, 10-06-1772, inventaire après décès de Pierre-Toussaint Colinet). L'année suivante, au village voisin de Messy, 20 arpents « binotés » passent pour demi-labour dans la préparation des avoines (ibid., LXVII, 704,12-05-1773, inventaire après décès de Marie- Marguerite Gibert, épouse de Pierre Delacour). Autre mention de « binette de labour » dans le transport de bail de la ferme seigneuriale de Ver-sur-Launette (Oise) en 1786 ﹛ibid., MC, LXVIII, 622).
129. « Il faut donc déchirer les chaumes légèrement avec la bine ou avec une autre charrue. Aussitôt que ce labour est séché, on le herse en croix », Rose, Louis, Le bon fermier ou l'ami des laboureurs, Lille, 1767, p. 182.Google Scholar Jessenne, Jean-Pierre, Pouvoir au village et Révolution. Artois, 1760-1848, Lille, 1987, p. 292 Google Scholar [trois binots, estimés 20 livres, à côté de deux charrues, évaluées 30 livres, chez un fermier de Lisbourg en 1770]. Cf. aussi Guy-Robert Ikni, op. cit. Parmi les cinq instruments que cite le préfet du département du Nord comme propres à la grande culture en 1804, figurent le « binot raide » et le « binot mobile », Christophe Dieudonné, Statistique du département du Nord, Douai, an XII-1804, p. 355.
130. Journal économique, septembre 1766, p. 386, « Avis des fermiers de Pomponne, Ville- Evrard et Noisy-le-Grand sur la charrue à deux socs de Bézu-le-Long, village de l'élection de Gisors ».
131. AD Aisne, D 8.
132. Bibliothèque nationale, fonds Joly de Fleury, ms. 2425.
133. Ainsi à Mitry (Seine-et-Marne) en 1785, cf. Jean-Marc Moriceau, « Les “ Baccanals ” ou grèves de moissonneurs en pays de France (seconde moitié du XVIIIesiècle) », dans Mouvements populaires et conscience sociale, XVIe-XIXe siècles, Jean Nicolas éd., 1985, pp. 421-434.
134. AD Seine-et-Marne, B Trilbardou, 8-04-1777, inventaire après décès de Marie-Catherine Thomas, épouse de Claude Bailly, fermier de la seigneurie de Trilbardou ; AN, MC, CVIII, 712, 20-06-1785, inventaire après décès de Louis Alexandre Gibert. Sans doute du même modèle (mais sans spécification d'origine), la « paire de plateaux de bois avec fléau », prisé 80 livres chez un fermier de Claye (Seine-et-Marne) en 1778 (ibid., MC, LXVIII, 577, 19-11-1778, inventaire de dissolution de communauté entre les enfants Mignan).
135. Pour le Soissonnais, cf. Gilles Postel-Vinay, op. cit., p. 108.
136. AD Seine-et-Marne, 157 E 5, 28-09-1746, inventaire après décès d'Hélène Berger, veuve de Jacques Bocquet.
137. Ibid., XXXIX, 546, 24-07-1773, contrat de mariage Boucher-Jullien, cession de train de culture.
138. En 1765, Benoist en détient un modèle, évalué 80 livres, à Mitry (AN, MC, XXXVIII, 486, 25-04-1765, inventaire après décès de Marie-Marguerite Pluyette, épouse d'Eustache- Pierre Benoist). En 1786, sur les 1522 setiers (1663 quintaux) que conserve le fermier de la commanderie de Lagny-le-Sec (Oise), 252 setiers sont « passés au cylindre », ibid., MC, XXVII, 463, 5-09-1786, inventaire après décès de Pierre-Urbain Thérouënne.
139. AD Seine-et-Marne, B 2883, mairie de Saint-Faron, 27-03-1741, inventaire après décès de Pierre-Sébastien Brissart ; AN, MC, XXXVIII, 414, 17-07-1754, inventaire après décès de Laurent Bernier ; AD Seine-et-Marne, B Nantouillet, 17-06-1755, inventaire après décès de Marie-Jeanne Navarre, épouse de Martin-Nicolas Bocquet.
140. Au minimum, la charge salariale à l'hectare est passée de 1,5 à 1,4 hl en plaine de France, entre 1700 et 1789, Jean-Marc Moriceau et Gilles Postel-Vinay, op. cit., pp. 278-279.
141. Jean-Marc Moriceau, Les fermiers de l'Ile-de-France…, op. cit., pp. 775-830.
142. Dans la décennie 1780, les ventes d'avoine, de paille et de foin en viennent à représenter 35 % des recettes d'une grande exploitation céréalière du nord de la capitale (Jean-Marc Moriceau et Gilles Postel-Vinay, op. cit., p. 287).
143. A Juilly (Seine-et-Marne), en 1772, les quatre principaux fermiers font avaliser un accord par leurs divers propriétaires pour sortir de l'imbroglio auquel avaient abouti les multiples échanges pratiqués « anciennement » pour « la plus grande commodité de leur culture » (AN, S 6765, transaction du 12-09-1772).
144. Dont l'explosion de la rente foncière, à la fin du XVIIIe siècle, porte témoignage, cf. Philip Hoffman, « Un nouvel indice de la productivité agricole : les baux de Notre-Dame de Paris, 1450-1789», Histoire et Mesure, 1991, pp. 229-230; Allen, Robert, «The Growth of Labour Productivity in Early Modem English Agriculture », Explorations in Economie History , t. 25, 1988, pp. 117–146.CrossRefGoogle Scholar
145. Démonstration pour le sud-ouest dans Jean-Pierre Poussou, Bordeaux et le sud-ouest au XVIIIe siècle, op. cit., pp. 264-267 ; idem, « Le dynamisme de l'économie française sous Louis XVI », Revue économique, n° 6, novembre 1989, pp. 969-970 et 983.
146. Dontenwill, Serge, Une seigneurie sous l'Ancien Régime. L'« Étoile » en Brionnais du XVIe au XVIIIe siècle (1575-1778), Roanne, 1973, pp. 226–228 Google Scholar ; Hilton L. Root, art. cit., p. 310.
147. Guy-Robert Ikni, op. cit.
148. Parker, William N., « Opportunity Séquences in European History », dans Europe, America and the Wider World : Essays on the Economie History of Western Capitalism, Cambridge, 1984 Google Scholar, d'après David R. Weir, « Les crises économiques et les origines de la Révolution française », Annales ESC, 1991, n° 4, p. 919.
149. David R. Weir, art. cit., pp. 919-923.
150. Michel Morineau, « Révolution agricole, révolution alimentaire… », art. cit., p. 356.
151. Sur les 420 arpents (143 ha) qu'il cultivait à Dugny, Cretté en possédait 270 (93 ha) qu'il exploitait en franchise de taille, comme secrétaire du roi (Mémoires d'agriculture, d'économie rurale et domestique publiés par la Société royale d'agriculture, trimestre d'hiver 1790, pp. 72-80). Ces conditions réunies de plus en plus tout au long du XVIIIe siècle, ont transformé la position d'une élite de fermiers-gentilshommes qui impulsent les progrès agricoles (Jean-Marc Moriceau, Les fermiers de l'Ile-de-France…, op. cit., pp. 875-894).
152. Jean-Marc Moriceau, « Une nouvelle donne économique ? Les adjudications de fermes autour de Paris (districts de Corbeil, Gonesse, Meaux et Versailles) », Paris et Ile-de- France, Mémoires, t. 41, 1990, pp. 411-528.
153. Autour de Mamers, les progrès techniques ne se manifestent que sous le Second Empire, René Plessis, « L'outillage des fermes du Maine et du Perche de Louis XIV à Napoléon III », dans Inventaires après décès et vente de meubles…, op. cit., pp. 291-302. Parmi les « nouveautés » arrivées dans sa vie, l'étaminier Louis Simon ne rappelle-t-il pas l'introduction des tarares dans le Maine, vers 1780 : « J'avais environ 40 ans quand les premiers Moulins ont été introduit dans le maine pour Netoyer les grains avant ont ce servait de vens ou de cribles » (Anne Fillon, Mémoires de Louis Simon, étaminier, 1741-1820).
154. Jusqu'à susciter l'opprobre des améliorateurs, comme ces grangers-métayers qui s'attirent la critique sans appel de Menuret en 1791 : « leur cupidité mal entendue ou leur indigence craint les avances ; leur inertie routinière répugne au changement ; ils imitent, dans leur marche uniforme, le pas tranquille et lourd des animaux qui ouvrent devant eux le sillon » (Feuille du cultivateur, 14 mai 1791). En Loire-Atlantique, Jules Rieffel devra rénover le métayage par une forme d'association au capital pour mettre en valeur 500 ha de landes sous le Second Empire (René Bourrigaud, Le développement agricole au XIXe siècle en Loire-Atlantique, Nantes, 1994, pp. 249-316).
155. On trouvera un projet d'enquête avec une grille de dépouillement, dans Jean-Marc Moriceau, « Le changement agricole… », art. cit., note 18.
156. En particulier dans les zones de contact et d'incertitude, cf. Michel Morineau, « Révolution agricole… », art. cit., p. 366. Un programme ambitieux a été proposé par François Sigaut, « Pour un atlas des agricultures pré-industrielles en France au début du XIXe siècle », Technologies. Idéologies. Pratiques, 1982-1983, numéro spécial : « L'Ethnocartographie en Europe », actes de la table ronde internationale organisée par le Centre d'ethnologie méditerranéenne (Aix-en-Provence, 25-27 novembre 1982), pp. 331-340. A partir des inventaires de fermiers de l'Oxfordshire, la supériorité économique de la grande exploitation vient d'être remise en cause, cf. Robert Allen, The Two Agricultural Révolutions in England, op. cit.
157. Et vérifier l'incidence du mouvement des prix et des salaires agricoles, cf. Bernard Hendrik Slicher Van Bath, « Les problèmes fondamentaux de la société pré-industrielle en Europe occidentale. Une orientation et un programme », A. A. G. Bijdragen, 12,1965, pp. 1-46.
158. Weber, Eugen, La fin des terroirs. La modernisation de la France rurale, 1870-1914, trad. française, Paris, 1983, pp. 172–194 Google Scholar (” Le travail de la terre »).
159. Verhulst, Adriaan, Précis d'histoire rurale de la Belgique, Bruxelles, 1991, p. 178.Google Scholar
160. Marc Bloch, Les caractères originaux de l'histoire rurale française, rééd. 1988, p. 225.
161. The Agrarian History of England and Wales, op. cit.
162. « Mais il faut en convenir aussi, le grand système toujours préconisé, celui qui seul reçoit toutes les faveurs, en un mot la suppression absolue des jachères, fait rire de pitié tous nos routiniers… Ce n'est point parce que nous sommes là-dessus sans expérience que nous sommes aussi obstinés, c'est parce que nous en savons mille fois plus que ceux qui nous dénigrent. Chaque année, en effet, avant comme depuis leurs immortels écrits, chaque cultivateur sème sur la partie la plus féconde de ses jachères une assez grande quantité de pois, vesces, lentilles, gesses, etc., soit pour faire manger en vert, soit pour récolter en fourrage sec, afin de nourrir ses troupeaux » (Nicolas Tronchon, maire de Fossemartin, Oise, AD Oise, M. non coté cité par Pierre Brunet, Structure agraire…, op. cit., p. 311).
163. La moyenne nationale reste fortement affectée par le quart sud-est (au moins 38 % de jachères en 1840) et il est fallacieux de supposer qu'elle soit « révélatrice d'une situation encore assez proche de l'assolement triennal » qui n'occupait que la moitié nord du territoire (Ernest Labrousse dans Histoire économique et sociale de la France, op. cit., p. 440). Les prairies artificielles occupent alors 8,7 % des terres labourables dans le nord-est et 9,9 % dans le nord-ouest mais seulement 4,3 % dans le sud-est et à peine 1,3 % dans le sud-ouest ﹛Statistique agricole de la France, op. cit., p. 665 ss). Encore une fois, il n'est de réponse que géographique.
164. En 1806, la Société d'agriculture du Bas-Rhin souligne « l'heureuse révolution qui s'est opérée dans notre agriculture depuis les 80 dernières années du XVIIIe siècle » (Etienne Julliard, op. cit., p. 210).