No CrossRef data available.
Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
L'apparition du second volume d'Albert Demangeon sur la France économique et humaine marque l'achèvement d'une grande entreprise française — à laquelle nos Annales n'ont cessé de s'intéresser depuis l'origine. La Géographie Universelle, dont la maison Armand Colin prit en charge l'édition et qui, conçue par Vidal de la Blache avant la guerre de 1914, fut mise en forme finalement par Lucien Gallois — la Géographie Universelle, la G. U., comme nous l'appelons familièrement, bien complète de ses 23 volumes, est terminée. C'est une belle entreprise. Et en feuilletant ce dernier gros livre enrichi de 64 très parfaites planches de vues photographiques, d'une carte en couleurs remarquable de l'agglomération parisienne, de plus de 100 cartes, plans et figures en noir dans le texte, on oublie tout ce que, chemin faisant, on a pu reprocher à tel ou tel de ces gros livres — pour ne songer qu'à la beauté d'un effort qui confirme le renom d'une grande firme française.
page 65 note 1. Géographie Universelle. Tome VI, La France, 2e partie, Géographie économique et humaine, par A. Demangeon, Paris, Librairie A. Colin, 1948, 1 vol. grand in-8° de 438 pages. — Il me semble que j'aurais dit : « Géographie humaine et économique ». L'homme d'abord.
page 66 note 1. La liste de ces 14 n'épuise du reste pas celle des possibilités. Plusieurs de nos meilleurs géographes n'ont pas été appelés à faire partie de l'équipe. Sans doute parce que l'entreprise a été contrariée par les événements. Ses promoteurs ont choisi, il y a vingt ans, leurs collaborateurs parmi les hommes qui, à cette époque s'étaient déjà fait un nom. Ainsi s'explique qu'entre plusieurs autres, un homme comme André Allix n'ait pas été « requis ». Mais P.-Félix Gautier était alors en pleine force. Je ne sais pas s'il fut pressenti. J'ai peur que non, et c'est bien tant pie. Si peu conformiste qu'eût été sans doute sa collaboration, elle eût illuminé tout un volume.
page 67 note 1. Sinon détruits, car… je lis, p. 13 : « L'abondance des ressources matérielles de la France ne s© traduit pas par la richesse en hommes : la France échappe à ce déterminisme naturel… » Mais enfin, aujourd'hui, est-ce que la poussée de natalité qui s'observe en France s'explique par « l'abondance des ressources matérielles », ccfnme le veut, paraîl-il, le « déterminisme naturel’ » ? — Déterminisme, déterminisme, que de sottises ne dira-t-on point, longtemps encore, en ton nom !
page 69 note 1. Ce n'est pas toujours le cas. Je ne saurais souscrire à tout ce que comporte d'affirmations risquées le raccourci historique de la p. 854 sur la Bourgogne. « Le noyau principal de cette province, nous est-il dit, c'est de toute évidence la plaine de la Saône. » Quelle province ? la Bourgogne ducale ? Mais son « noyau » n'est en rien la plaine de la Saône, cela n'a pas besoin d'être discuté. Une Bourgogne double, confondant Duché et Comté dans son unité ? Mais son noyau n'est aucunement non plus la plaine de la Saône, incapable de servir de berceau à un grand. État : c'est un lieu commun que de le répéter, et il y a quarante ans que je l'ai dit et redit. Et puis qu'appellc-t-on province, en prétendant appliquer le mot aux deux Bourgognes qui jamais n'ont formé une province ?
Le curieux, c'est qu'on lit, p. 854 également : « Dès l'aurore de l'histoire, c'est un dualisme politique que nous rencontrons dans ces pays dé la Saône. » Alors la province est donc autre chose que ces formations politiques ? On peut peut-être sur le papier décréter l'existence d'une région géographique, duché-comté, lui appliquer le nom de Bourgogne,, et proclamer qu'elle a pour « noyau central » (singulière expression) la plaine de Saône. Le papier se laisse toujours écrire. Mais rien de plus arbitraire, ni encore une fois, de plus faux. Toute cette histoire de la p. 854 est énoncée sur un ton de certitude absolue qui donne le frisson. « Fait capital, on voit subsister un peuple burgonde avec tout un ensemble de lois et de coutumes… » Un peuple ? Donc une population ? Mais non. Une formation politique, distincte des formations voisines, et qui retient pour elle le nom de Bourgogne, Burgundlia. C'est tout, et ce n'est pas la même chose. Je voudrais dire ceci : il est impossible aujourd'hui à un géographe, et même * un historien, d'écrire sans commettre de perpétuelles erreurs, tant de notices sur tant de villes, de « provinces » ou d'événements qu'il ne connaît que de seconde main. La coliaboration impose. Si on avait bien voulu me demander de relire ce qui a trait à la Comté, et, j'imagine, à Drouot, de relire ce qui a trait à la Bourgogne, etc., etc., qui donc eût refusé de rendre ce service ou à l'auteur, d” son vivant, ou a sa mémoire, s'il était disparu ? Je n'aurais pas laissé passer en tout cas cette énormité, p. 850 : la Comté rejetée loin de la France en 861 pour redevenir « une province du Duché die Bourgogne » ! Je répète que Demangeon était incapable de laisser imprimer de pareilles bourdes. Il a pu, écrivant de mémoire, au courant de la plume, un brouillon à réviser, user de ces formules plus qu'approximatives en sachant bien qu'il les rendrait correctes avant de tes publier : rien de plus. Et il eût fallu faire la revision pour lui.
page 71 note 1. Pas toute la circulation. Car les routes de l'air sont étudiées, ‘p. 66, sous la rubrique : « La France dans l'Europe et dans le monde » ; mais trois cent vingt-cinq bonnes pages plus loin, pn trouive les autres routes. Pourquoi avoir ainsi porté en avant, inconsidérément, un chaipitre sur la France dans le monde qui ne pouvait logiquement être rédigé qu'une fois la France présentée et connue ?
page 71 note 2. Je veux bien. On pourrait dire aussi, dans bien des cas, que la difficulté de circulation engendre la villa. Quand il s'agit de villes-refuges, de villes militaires, de réduits fortifiés.
page 72 note 1. La « Bibliographie » devrait être excellente, irréprochable et à jour. Demangeon nous ayant quitté le 25 juillet 1940, je comprends parfaitement que son texte nous donne l'état de la France en 1939. Raison de plus pour que la Bibliographie fût poussée, impeccablement, jusqu'en 1948. De telle façon que, grâce à ses indications, le lecteur puisse toujours, pour son compte persopnel, mettre à jour le texte initial. Or, il n'en a rien été fait. Et les bibliographies publiées sont inacceptables. L'une des plus étonnantes figure à la page 869 ; elle doit servir pour toute la neuvième et dernière partie : « La France, Etat et Nation ». Évidemment, il n'y fallait mentionner que de grands livres. Or on trouve cités 30 ouvrages — dans un ordre qui n'est ni l'ordre alphabétique, ni l'ordre chronologique, ni l'ordre de publication. Et parmi ces 30 ouvrages, des choix ahurissants. Il y a un livre, dans la « Collection des Vieilles Provinces de la France », qui est exécrable et dénué de tout intérêt : celui de feu Marion sur le Berry. Il s'étale tout à son aise, aux côtés de l'Histoire de Touraine de Papin : mais l'excellente Alsace de Reuss n'y figure pas, ni la Bourgogne de Calmette et Drouot, ni le Languedoc de Gachon, ni même une petite Franche-Comté qui eût permis de rectifier les singulières erreurs de la page 854 sur le comté de Bourgogne. Absent le livre classique de Longnon sur l'Unité française ! Absents les 6 volumes du Manuel d'archéologie gallo-romaine d'Albert Grenier ! Absentes les monographies de la Revue de Synthèse, dont celles de Marc Bloch (Ile-de-France), de Pfister (Alsace) et de Lucien Febvre (Franche-Comté) ont gardé leur valeur, si anciennes soient-elles. Mais je ne vais pas continuer. Cette Bibliographie n'est ni faite ni à faire. Et je répète que jamais Demangeon ne l'eût fait paraître telle quelle. P. 782, rectifier Faniez : c'est Fagnez. Heureux Leuridan, qui s'étale avec son évidemment précieux Essai sur les relations industrielles qui ont existé entre Arras et Roubaix de 1479 à 1789, Arras, 1867, in-8° ! dans une liste d'où se trouve banni tout ouvrage sur Lyon. Lyon du reste n'est pas très bien traité. Il eût été intéressant de tenter une carte de la région lyonnaise, largo sensu. Et d'étudier par exemple la diffusion des journaux lyonnais comme Le Progrès ou Le Nouvelliste avant la guerre (et même après). Rien, entre parenthèses, sur les rapports de la soierie lyonnaise et de la haute couture parisienne. Et presque rien sur la rayonne. Je redis ce que j'ai dit plus haut. Il fallait s'adresser, pour ces bibliographies comme pour le texte, à des gens compétents. Croit-on que Pierre Caron eût hésité à servir la mémoire de Demangeon, en rendant un service bibliographique autorisé à ses exécuteurs testamentaires ? J'imagine que, par un excès de fidélité, on s'est borné à reproduire ou à mettre en forme les notes de Demangeon. Mais ce n'est pas attenter à la mémoire d'un auteur que de composer la bibliographie qu'il n'a pas eu le temps de mettre en forme définitive — ni même de la pousser par delà sa mort.