Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Les écrits récents sur l'histoire urbaine africaine, celle-ci d'ailleurs souvent abordée en chapitre liminaire par de solides études géographiques, ont eu tendance à mettre l'accent sur les phénomènes d'hypertrophie urbaine contemporains issus de la colonisation. Or non seulement l'urbanisation africaine subsaharienne est ancienne (des découvertes archéologiques récentes ont notamment démontré qu'elle préexistait à l'influence musulmane), mais elle a pu dans certains cas présenter des formes mercantiles relativement complexes bien antérieures au fait colonial.
Cities, in black Africa as elsewhere, fostered dynamic social complexes. Contacts with the Islamic world in the North and with Europeans in the South were at the outset more dynamic than destructive. The case of the Ghanaian back-country suggests the development of a mercantile autochthonous civilization, both protected from and open to the outside world. A remarkably dense urban network combined regional bartering of food crops with the exploitation of gold, and thus encourage a the growth of a monetary System. Only later did the destructive force of the slave-trade favor the creation Of a bureaucratic military capital city by the great agrarian slave-owning families. This model, with variations, is applicable to other societies, from the castles and “Creole” culture of the coast to the Yoruba cities of Nigeria. The mestizo culture, as well as architectural borrowings, bear witness to a way of life that succeeded, for a time, in combining its own roots with elements received from the outside world: but what traces were left by these urban realities and fantasies?
1. Celles-ci sont trop nombreuses pour être toutes citées ici. Rappelons, par exemple : Lasserre, Guy, Libreville, la ville et sa région, Paris, Colin, 1968.Google Scholar Marc Pain et René de Maximy, Kinshasa, la ville et la cité, et Kinshasa, ville en suspens, 1984. Pour une bibliographie urbaine en principe exhaustive, voir Coquery-Vidrovitch, C., « The process of urbanization in Africa from the origins to independence : an overview paper », African Studies Review , vol. 33, n° 4, 1991, pp. 1–99.Google Scholar
2. Cf. Susan, K. et Mcintosh, Roderick J., Prehistoric investigations in the région of Jenne, Mali. A study in the development ofurbanism in the Sahel, Oxford, Bar, 1980.Google Scholar
3. Sur ce thème, voir par exemple : Tomich, Dale W., Slavery in the circuit of sugar. Martinique and the world economy 1830-1848, Baltimore, the John Hopkins University Press, 1990.Google Scholar Pour un exposé succinct des correspondances chronologiques entre traite négrière et économie de plantation américaine, voir Coquery-Vidrovitch, C., « Les conditions de la dépendance : histoire du sous-développement africain » Review , ix, 1985, pp. 85–110 Google Scholar, rééd. in C. Coqueryvidrovitch et Forest, A. éds, Décolonisations et nouvelles dépendances, Presses Universitaires de Lille, 1986, pp. 25–50.Google Scholar
4. Cf. Lovejoy, Paul, « The volume of the Atlantic slave-trade : a synthesis », Journal of African History , 23, 1982, pp. 473–501.Google Scholar Voir aussi Becker, Charles, « Note sur les chiffres de la traite atlantique française au xviiie siècle », Cahiers d'Etudes africaines , 104, xxvi-4, 1986, pp. 633–679 Google Scholar et Daget, Serge « Note de lecture. La traite des noirs par l'Atlantique depuis 1988 », Revue Française d'Histoire d'Outre-Mer , T. II, n° 292, 1991, pp. 397–404.Google Scholar
5. « Cabo verde » Boletim de Informaçao e Propaganda, année ix, n° 106, 1958, p. 8. Voir : Elisa Andrade-Silva, « La formation des îles au Cap-Vert », et Joâo EstevÀO, « Peuplement et phénomènes d'urbanisation au Cap-Vert pendant la période coloniale 1462-1940 » ; Cahen, Michel éd., Bourgs et villes en Afrique lusophone, Paris, L'Harmattan, 1989, pp. 23–62.Google Scholar
6. Boulègue, Jean, « Relation de Francisco d'Andrade sur les îles du Cap-Vert et la côte occidentale d'Afrique (1582) », Bulletin de l'IFAN-B , t. XXIX , n° 1-2, 1967.Google Scholar
7. Portugais bien entendu (et Espagnols par l'union entre 1580 et 1604), mais aussi Hollandais à partir de 1596, Anglais, Français, Brandebourgeois, Suédois, Danois dont il ne faut pas oublier qu'ils constituèrent, jusqu'au xvme siècle, le plus grand empire maritime d'Europe du Nord. Les marchands danois visitèrent pour la première fois la côte de Guinée sous le règne de Christian II (1588-1644), d'où ils rapportèrent un peu d'ivoire, d'or et de sucre. En 1656, Frédéric III créa la compagnie à charte africano-guinéenne. C'est en 1659 que les Danois achetèrent leur premier emplacement sur la Côte de l'Or à Fredericksberg, en 1666 qu'ils acquirent Christianborg-Accra. Puis ils établirent une série de postes de commerce ou lodgesdans le delta des Volta. Les activités danoises se poursuivirent sur la côte africaine jusque vers 1850. Grove, Jean M. et Johansen, A. M., « The historical geography of the Volta Delta, Ghana, during the period of Danish influence », Bulletin de l'IFAN-B , t. XXX, n° 4, 1968, pp. 1376–1377.Google Scholar
8. Cf. Lawrence, A.W., Trade castles and forts of West Africa, Londres, Jonathan Cape, 1963.Google Scholar Fageed, J. D.. « A new checklist of the forts and castles of Ghana », Transactions of the historical society of Ghana , IV, 1, 1961, p. 65.Google Scholar Van Dantzig, A. et Pridy, B., A short history of the forts and castles of Ghana, Accra, 1971.Google Scholar Gayibor, N. « Les villes négrières de la Côte des Esclaves au xviiie siècle » dans Coquery-Vidrovitch, C. éd., Processus d'urbanisation en Afrique, Paris, L'Harmattan, 1988, I, pp. 50–58.Google Scholar
9. Lawrence, op. cit.
10. Ballong-Wen-Mewuda, , Saint-Georges de la Mine (Elmina) et son contexte socio-historique pendant l'occupation portugaise (1482-1637), Thèse de 3e cycle, Université Paris I, 1984.Google Scholar
11. Un certain nombre de monographies existent, et ont été plus ou moins reprises par des textes modernes. Voir, par exemple : Lopez, E. C., Sào Joâo Batista de Ajuda, Lisbonne, 1939.Google Scholar Cf. aussi notes 8, 10, 13,42.
12. Op. cit., p.29.
13. Agbo, Casimir, dit Alidji, Histoire de Ouidah du XVe au XXe siècle, Les Presses Universitaires, 1959 (cette chronique commença d'être rédigée en 1945).Google Scholar
14. Voir, sur l'histoire de la progressive prise en main du protectorat Fanti par les Anglais, Kimble, D., A political history of Ghana. The rise of Gold Coast nationalism, 1850-1928, Oxford, Clarendon Press, 1963.Google Scholar
15. En 1682, la compagnie du Brandebourg donnait l'ordre que les stocks soient prévus pour dix-huit mois, incluant pain et farine, huile, sel, savon, brandy, viande et charcuterie, chaussures, chaussettes, chapeaux, chemises et autres vêtements. Lawrence, op. cit., p. 86.
16. Casimir Agbo, op. cit.
17. La plus grande connue se trouve à Elmina, de facture portugaise révélée par les grandes briques rouges utilisées et la section rectangulaire des tuyaux qui amenaient l'eau captée des toits voisins à travers les rigoles courant le long des pavements de la cour jusqu'à l'ouverture percée dans la voûte de la citerne. Lawrence, p. 91.
18. Ibid., p. 104. Le premier témoignage est de Pina, le second de Barros, qui écrivait vers 1550. Cf. Asia de Joâo de Barros. Dosfeitos que os Portugueses fizeram no descrobrimento e conquista dos mares e terras de Oriente(6e éd. Lisbonne, Ministère des Colonies, 1945).
19. Voir la Citadelle Henri, construite de 1808 à 1820 au nord d'Haïti et jamais achevée… Mais il s'agissait aussi d'un État — en fait le premier État indépendant de l'histoire américaine — qui venait, à proprement parler, de réussir sa guerre de libération nationale.
20. Cité par Lawrence, op. cit., p. 85.
21. Francis Moore, Travels into inlandsparts of Africa, Londres, E. Cave, 1738.
22. John Barbot, A description of the coast of North and South Guinea, Londres 1732.
23. Cf. King, Anthony D., The bungalow. The production of a global culture, Londres, Routledge and Kegan Paul, 1984.Google Scholar Marianno Cameiro da Cunha et Verger, Pierre, From slave quarters to town houses. Brazilian architecture in Nigeria and the people's Republic of Bénin, Sâo Paulo, Nobell Edusp, 1985.Google Scholar Les deux auteurs s'attachent à souligner l'expansion rapide au xixe siècle de ces formes architecturales en Afrique mais, en dépit de leurs analogies, sans penser à les rattacher ni l'une à l'autre au passé ancien.
24. Le fort danois de Ouidah fut revendu à la maison Fabre de bonne heure.
25. La société fut expulsée du Dahomey à l'occasion de la première guerre mondiale. Casimir AGBO, op. cit.
26. Johnson, Marion, « Indigènes or invaders ? », Antiquity , 39, 1965, pp. 59–60.CrossRefGoogle Scholar
27. Il a en somme fallu une conjoncture anecdotique heureuse : le mariage d'un chercheur africaniste américain avec une Néerlandaise, pour fabriquer cet « oiseau rare » : un historien de l'Afrique occidentale familier des archives de ce pays, où les recherches outre-mer ont plus naturellement tendance à privilégier l'aire Asie-Pacifique… Voir Kea, Ray A., Trade and polities in the XVIIth century Gold Coast, Baltimore, The University of John Hopkins Press, 1982.Google Scholar On trouvera dans cet ouvrage une part des références utilisées ci-dessous, tirées donc pour la plupart des archives néerlandaises. L'ouvrage est d'une remarquable richesse documentaire, bien que les matériaux accumulés soient agencés d'une façon parfois indigeste. Voir aussi : Postma, J.-M., The Dutch in the international slave trade 1600-1815, A. Probsthain, Londres, 1990.Google Scholar
28. Cf. Bosman, William, A new and accurate description of the coast of Guinea, 1725, 4e éd., rééd. New York, 1967, p. 298.Google Scholar
29. Cf. Garrard, Timothy F., « Study in Akan goldweights : the origins of the goldweight System », Transactions of the Historical Society of Ghana , 13, 1, 1972.Google Scholar
30. Bois, Guy, La mutation de l'an mil. Lournand, village maçonnais de l'Antiquité auféodalisme, Paris, Fayard, 1989.Google Scholar
31. Wilks, Ivor, « The northern factor in Ashanti History : Begho and the Mande », Journal of African History , II, 1, 1961, pp. 25–34.Google Scholar Arhin, Kwame, « The structure of Greater Ashanti (1700-1824), Journal of African History , VIII, 1, 1967, pp. ..Google Scholar
32. Cf. par exemple : Posnansky, Merrick, « Aspects of early West African trade », World Archaeology , vol. 5, n° 2, 1973.Google Scholar Sur Great Accra : Ozanne, Paul C., « Note of the historié archeology of Accra, Transactions of the Historical Society of Ghana , n° 6, 1963.Google Scholar Sur Asebu : R. B. Nunoo, « Excavations at Asebu in the Gold Coast », West African Science Association Journal, 1957. Pour une revue de synthèse : Connah, Graham, African civilisations. Precolonial cities and states in tropical Africa : an archaeological perspective, Cambridge University Press, 1987, chap. 5 et 6.Google Scholar
33. Je reprends quasiment ici, à dessein, une phrase de Guy Bois à propos de la révolution urbaine dont il parle dans le Maçonnais à partir du xie siècle : op. cit., p. 125-126.
34. Guy Bois, op. cit., p. 127.
35. Communication orale de Jean-Loup Amselle.
36. Source danoise citée par Kea, op. cit., p. 107.
37. Cf. JohnlLiFFE, The African poor. A history, Cambridge University Press, 1987, chap. 4et 6.
38. Cf. Bois, op. cit., p. 144.
39. Sur les cités-États Hausa : Robert, Griffeth, « The Hausa City-State from 1450 to 1804 », Robert, Griffeth et G., Thomas Carol, The City-State in Five Cultures, Oxford, Clio Press, 1984, pp. 143–180.Google Scholar Les études sur l'urbanisme Yoruba ancien, qui a donné lieu à une abondante littérature et à de nombreuses controverses qu'il serait trop long d'exposer ici, ont plus ou moins commencé avec un article de Bascom, William, R., « Urbanization among the Yoruba », American Journal ofSociology , vol. LX, 5, 1955, pp. 446–454 Google Scholar, suivi de « Urbanism as a traditional african pattern », Sociological Review, 7, 1959, pp. 29-43. Le même auteur résume ses thèses en français dans « Les premiers fondements historiques de l'urbanisme Yoruba », Présence africaine, n° 23, décembre 1958-janvier 1959, pp. 22-40. J'achève actuellement sur ce thème une étude de synthèse sur L'histoire des villes en Afrique, des origines au XIXe siècle.
40. Cf. Meillasoux, Claude, Anthropologie de l'esclavage. Le ventre de fer et d'argent, Paris, PUF, 1986, chap. 1.Google Scholar
41. N. Gayibor, « Les villes négrières de la côte des esclaves », op. cit.Voir, dans le même ordre d'idées, sur la côte du Nigeria actuel : Law, Robin, « Trade and politics behind the slave coast : the lagoon traffic and the rise of Lagos, 1500-1800 » Journal of African History , 24, 1983, pp. 321–348.CrossRefGoogle Scholar
42. Cf. la première étude, par Berbain, Simone, Le comptoir français de Juda (Ouidah) au XVIIIe siècle, Paris, Larose, 1942.Google Scholar
43. Cf. Crummey, Donald, Bandiry, rébellion and social protest in Africa, Londres, J. Currey et Heinemann, 1986.Google Scholar
44. Wilks, Ivor, Asante in the nineteenth century. The structure and évolution of a political order, Cambridge University Press, 1975.Google Scholar
45. Sur les détails de cette histoire mouvementée, voir, entre autres : Coquery-Vidrovitch, C., Afrique noire. Permanences et ruptures, Paris, Payot, 1985, chap. 3, 4 et 5.Google Scholar Le manuel de Serge Daget, et Renault P., Les traites négrières, Karthala, 1985, demeure un précis utile. Consulter également, par Cordell, Dennis D. et Joël, W. Gregory éds, African population and capitalism historicalperspectives, Westview Press, 1987.Google Scholar