Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Il y a vingt ans j'achevais d'écrire un livre sur la société aux XIe et XIIe siècles dans la région mâconnaise. La récente réimpression de cet ouvrage m'a fait sentir la nécessité d'en reprendre le texte sur plus d'un point, et notamment sur une question précise. Imprégné que j'étais à l'époque par la lecture de Marc Bloch, la chevalerie m'était apparue dans le sud de la Bourgogne comme la cristallisation, de plus en plus solide au cours du XIe siècle, d'une couche sociale aux contours beaucoup plus indécis, que l'on désignait avant l'an mil comme la noblesse. Or le problème des rapports entre chevalerie et noblesse s'est trouvé posé d'autre façon par le résultat de recherches menées en d'autres provinces : pour Léopold Génicot, en particulier, nobles et chevaliers, dans le Namurois au XIIe siècle, constituent deux strates superposées, nettement isolées l'une de l'autre.
1. Recueil des Chartes de l'abbaye de Cluny éd. Bernard et Bruel, nos 3034, 3066, 3642.
2. Sans doute, d'ailleurs, à ces cousinages déterminés par une commune ascendance, viennent s'en ajouter d'autres provoqués par de plus récentes alliances matrimoniales, et qui tissent entre ces familles un réseau de liaisons plus serré encore. L'usage du nom Wichardus, par exemple, en même temps qu'il les rapproche des sires de Beaujeu, établit un lien entre six groupes descendants de la souche beaujolaise (1 , 2, 3, 23, 5), deux groupes descendants des Evrard (19, 21), trois autres issus d'une même autre souche (8, 9, 15). De même l'usage du nom Humbertus relie-t-il apparemment entre eux, en même temps qu'aux sires de Beaujeu, Sailly II, Sennecé, Barberèche, Hongre et Berzé. On a vu enfin que vraisemblablement Gros, Bissy, Taizé, Cortevaix et Besornay avaient hérité à Sercie d'un ancêtre commun. Enfin, à la génération que nous avons prise pour point de départ celle de la fin du XIe siècle, et à la génération immédiatement antérieure, les textes font connaître un certain nombre de mariages qui nouent plus solidement l'écheveau : ainsi Geoffroy de Merzé II se relie par sa femme aux Ménezy et par son beau-frère aux Burdin; Dalmas de Gigny et Letaud d'Ameugny ont épousé les soeurs des sires d'Uxelles; des mariages unissent aux Bresse les Créteuil et les La Chapelle. Une certaine endogamie pratiquée, en dépit des censures de l'Église, rend, semble-t-il, les cent cinq personnages tous cousins, à quelque degré.
3. Notamment Karl Schmid, « Zur Problematik von Familie, Sippe und Geschlecht, Haus und Dynastie beim mittelalterlichen Adel. Vortragen zum Thema : Adel und Herrschaft im Mittelalter » in Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins. 105, 1957.
4. Pour la réduire, j'ai ici tiré parti des sources qui concernent non seulement l'aire très étroite choisie pour observer les familles aristocratiques les mieux visibles, mais l'ensemble de la Bourgogne du Sud.
5. Cluny, n° 2906.
6. Alexandra fait un don in locum divisionis à sa fille Landrée; un peu plus tard, celle-ci, par un acte identique, lègue le bien à sa sœur, Cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon, n° 467 et 468 (960 et 997-1031); Élisabeth donne « une terre qui m'est venue de ma mère et de mes ancêtres », « ma part d'héritage », Cl. 2860 (1031-1048).
7. Un homme possède la moitié d'un manse, l'autre est à ses sœurs. Cl. 1899 (991); un donateur tient de son père les deux tiers d'un domaine, sa tante a l'autre tiers. Cl. 3574 (le partage a eu lieu vers 1050) ; donation des deux tiers d'une église « qui me viennent par droit héréditaire; l'autre tiers est à mes sœurs… ». Cl. 2860 (1031-1048).
8. Cl. 2118 (1030 environ), 3304 (1080 environ), le beau-frère intervient parmi les signataires de l'acte.
9. Mâcon, 210 (Xe siècle). Cl. 2265 (994). Cl. 254 (925-926), 370, 798, 953.
10. Cartulaire de Beaujeu n° 12 (1087, Mâcon n° 463 (997-1034). Dot donnée à Saint-Vincent de Mâcon « par la main de Bernard, son mari », Mâcon, n° 477 (fin XIe siècle). Dot constituée par d'anciennes aumônes : Cl. 3301 (1049-1109), 2528 (début XIe siècle) : la tante avait donné à Dieu des manses; « ma mère, me mariant, ravit ces deux manses, et me les donna en dot… ».
11. C. 2493. De même, en 1100 (Cl. 3030) « si mes deux fils que je laisse dans le siècle, sont morts sans héritier, aucun de mes héritiers ne réclamera rien de cet alleu ».
12. Publié dans le Cartulaire lyonnais. n° 10.
13. Cl. 3737, 3031.
14. Cl. 3104 (vers 1090). Ob. de Mâcon. Il, p. 28.
15. Cl. 3671. 3565. 3565.
16. A Berzé, le seigneur de l'an mil est appelé miles et dominus, celui de 1100, dominus; inversement celui de la Bussière, dominus en l'an mil, miles et dominus en 1100.