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Les Cahiers de 1789 : aspects révolutionnaires et non révolutionnaires1
Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
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Tocqueville soutient qu'un état d'esprit révolutionnaire, qui s'était constitué dans les dernières décennies de l'Ancien Régime, trouva dans la crise de 1789 l'occasion de réaliser les changements envisagés depuis longtemps. Cet état d'esprit, affirme-t-il, existait non seulement chez les intellectuels et dans la classe supérieure mais aussi dans les classes populaires ; et il parle d'une « éducation révolutionnaire du peuple » réalisée par six générations de tension politique et de changement intellectuel. La monarchie, pense-t-il, avait discrédité l'aristocratie en exemptant les nobles de toute obligation sans abolir leurs privilèges. Elle avait désacralisé les institutions en tentant de les réformer.
- Type
- Les Domaines de l'Histoire
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1973
Footnotes
Traduction, légèrement modifiée, d'un article publié dans les French Historical Studies, VII, 1972, n° 4, pp. 479-502.
References
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9. En particulier dans l'article XVI : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de constitution », ibid., p. 74.
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15. Citons comme preuve parmi bien d'autres le combat, étudié par Raymond F. Birn, que mena Pierre Rousseau pour défendre et diffuser les doctrines de l'Encyclopédie. Rousseau fonda une manufacture littéraire à Bouillon et y publia une Journal encyclopédique. Le thème majeur de ses publications était la conception déiste d'un univers ordonné et intelligible, et de la morale naturelle et raisonnable, essentielle au progrès et à la paix sociale, qu'on pouvait en déduire. Il n'était pas partisan de la Révolution. Toujours modéré et philosophe, le Journal encyclopédique demeura à l'écart de l'activisme révolutionnaire et devint pour cette raison anachronique. Il disparut en 1793 par manque de souscripteurs. Raymond F. Birn, Pierre Rousseau and the Philosophes of Bouillon, « Studies on Voltaire and the Eighteenth Century », XXIX, Genève, 1964.
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22. Marc Ferro, « The Aspirations of Russian Society », Revolutionary Russia : A Symposium, éd. Richard Pipes, New York, 1969, pp. 183-199, et le débat entre Ferro, John M. Thompson et d'autres, ibid., pp. 200-208. « Le mot socialisme apparaît très rarement, ainsi que le mot communisme et l'expression société sans classes. Les travailleurs ne croyaient pas qu'ils pouvaient transformer leur propre condition, mais espéraient simplement améliorer leur niveau de vie (…) ; la demande de franchise universelle apparaît dans seulement 5 % des textes initiaux. » Ibid., pp. 188-189. Les réclamations des paysans concernant la terre étaient révolutionnaires par leur agressivité et leur ampleur, mais ne devaient rien aux idéologies qui circulaient. Ce qui frappe dans cet article, c'est la contradiction entre les espoirs exprimés au début de la Révolution et l'ordre socialiste qui fut finalement réalisé. Je suis redevable au professeur Michael R. Marrus d'avoir désigné cet article à mon attention.
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26. J'explique ainsi ce qu'ont mis en évidence J. Godechot, dans Le 14 juillet : La prise de la Bastille, Paris, 1967 ; Rudé, George dans The Crowd in the French Revolution, New York, 1959, pp. 61-79Google Scholar ; G. Lefebvre dans La grande peur de 178c, Paris, 1932. Rudé suit Mathiez quand il interprète les journées d'Octobre comme l'effet d'une conspiration, mais rien ne confirme que ce soit une conspiration qui provoqua la manifestation du 5 octobre ou sa diversion à Versailles ; en outre, l'histoire de cet événement, que Rudé raconte si bien, rend inutile la thèse d'une conspiration.
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