Courants d’échange dans le monde caraïbe
Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Cet article étudie les flux économiques et sociaux à la Nouvelle-Orléans au xviiie siècle. Il a pour objectif de démontrer que les thèses de Braudel sur l’influence des courants maritimes et la force d’attraction du capitalisme peuvent être étendues à la « Méditerranée du Nouveau monde» qu’était la région comprise entre le Mississippi et les Caraïbes. Les Amérindiens voyageaient et commerçaient dans la région depuis fort longtemps, ce qui a influencé le choix du site de La Nouvelle-Orléans, tandis que la navigation était rendue possible par les marins et constructeurs de bateaux d’origine africaine. Cependant, l’économie maritime de La Nouvelle-Orléans ne peut être uniquement expliquée par le jeu du capitalisme classique. La contrebande et le capital social ont joué un rôle extrêmement important dans la formation de la ville. La Nouvelle-Orléans n’était qu’un des nombreux mondes clandestins qui s’épanouissaient à l’époque en marge des voies commerciales officielles.
This paper examines the economy and social circulations of 18th century New Orleans to reveal how Braudel’s ideas about the influence of shipping currents and the pull of capitalism can be expanded to the “Mediterranean of the New World” that was the Mississippi-Caribbean region. The longue durée of Native American travel and trade in the region helped determine the site of New Orleans while African-born sailors and boats builders made navigation possible. The story of New Orleans’maritime economy, however, cannot be accounted for solely through the forces of classic capitalism. Counter-currents of smuggling and social capital were extremely important for the formation of New Orleans – a site that represents one of many underworlds that flourished beneath the official routes of trade.
Cet article doit beaucoup aux idées et encouragement de Rebecca Scott et Julius Scott. Je remercie également Aurore Labenheim pour son aide éditoriale.
1 - Braudel, Fernand, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe ii , t. 1, Paris, Armand Colin, [1949] 1979, p. 98 Google Scholar.
2 - Dans le tome 1, par exemple, Fernand Braudel étudie la « ville corsaire » d’Alger (p. 52); il montre que la navigation le long du littoral (par cabotage ou costeggiare) était une stratégie permettant d’éviter les prédations fréquentes des pirates en haute mer (p. 98); il mentionne également pirates et corsaires (pp. 107 et 119). Pour des références sur la contrebande, voir le tome 1: entre côte espagnole et Afrique du Nord (p. 109), dans l’Adriatique (p. 118), par des familles corses (p. 145) et par les Portugais (p. 207). Une partie importante du tome 2 est consacrée au banditisme, tout en se focalisant davantage sur le vol, le vagabondage, la piraterie et les troubles sociaux que sur les actions généralement plus organisées de contrebande (pp. 75-94).
3 - D’un point de vue géographique, le monde caraïbe ne comprend pas seulement les îles des Grandes Antilles mais aussi les côtes d’Amérique du Nord, centrale et du Sud, qui sont en contact direct avec les Caraïbes et le golfe du Mexique. J’y inclus également les voies d’eau majeures qui relient le continent à la mer, comme le Mississippi. On doit comprendre le monde caraïbe à la fois comme un système propre et comme une province du monde atlantique.
4 - Je rejoins ici les efforts d’universitaires tels que Celestino Arauz, Lance Grahn, Peggy Liss, Zacarias Moutoukias, Héctor Ramos, Peter Linebaugh et Marcus Rediker pour mettre au jour ces courants cachés du monde atlantique: voir Andrés, Celestino et Monfante, Arauz, El contrabando holandés en el Caribe durante la primera mitad del siglo xviii , Caracas, Fuentes para la historia colonial de Venezuela, 1984 Google Scholar; Grahn, Lance, The political economy of smuggling: Regional informal economies in Early Bourbon, New Granada, Boulder, Westview Press, 1997 Google Scholar; Linebaugh, Peter et Rediker, Marcus, The many-headed hydra: Sailors, slaves, commoners, and the hidden history of the Revolutionary Atlantic, Boston, Beacon Press, 2000 Google Scholar; Liss, Peggy, Atlantic empires: The network of trade and Revolution, 1713-1826, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 1982 Google Scholar; Moutoukias, Zacarías, Contrabando y control colonial en el siglo xvii: Buenos Aires, el Atlántico y el espacio peruano, Buenos Aires, Bibliotecas Universitarias, 1988 Google Scholar; Ramos, Héctor R. F., El contrabando inglés en el Caribe y el golfo de México (1748-1778), Séville, Diputación provincial da Sevilla, 1990 Google Scholar.
5 - F. Braudel remarquait aussi que le commerce côtier (qu’il soit licite ou illicite) est pratiquement « sans histoire » (F. Braudel, La Méditerranée…, op. cit., t. 1, p. 136). Concernant l’ancien débat sur l’existence de preuves sur la contrebande au xviii e siècle dans les colonies anglaises, voir Cole, William A., « Trends in eighteenth-century smuggling », The Economic history Review, 10, 1958, pp. 395-410 Google Scholar; Mui, Hoh-Cheung et Mui, Lorna H., « “Trends in eighteenth-century smuggling” reconsidered », The Economic history Review, 28, 1, 1975, pp. 28-43 Google Scholar.
6 - F. Braudel, La Méditerranée…, op. cit., t. 1, p. 253.
7 - Je suis consciente des nombreuses critiques qu’a suscitées l’approche de F. Braudel, lesquelles se sont multipliées ces dernières années. Je ne souhaite pas entrer dans ce débat, mais plutôt mettre au jour des éléments oubliés de cette œuvre riche et dense, et ce dans une perspective comparatiste. Je suis personnellement d’accord avec l’analyse que fait Paul Ricœur de la stratégie narrative de F. Braudel ( Ricœur, Paul, Temps et récit, Paris, Le Seuil, 1983, pp. 289-304 Google Scholar), mais qui me semble relever plus du commentaire que de la critique. De même que F. Braudel passe sans cesse d’une échelle temporelle à une autre, je m’attacherai à la fois aux forces géohistoriques majeures et aux micro-événements. Il s’agit selon moi d’un mode d’exploration historique productif, mais que je ne souhaite pas valoriser aux dépens des autres. Pour une étude récente de la réception et des critiques de F. Braudel des deux côtés de l’Atlantique, voir Marino, John A., « The exile and his kingdom: The reception of Braudel’s Mediterranean », Journal of Modern history, 76, 3, pp. 622-652 CrossRefGoogle Scholar.
8 - Entre 1712 et 1731, les colons de Louisiane se virent imposer de lourdes conditions financières par plusieurs sociétés en position de monopole collectivement dénommées «La Compagnie». La Compagnie d’Occident, ou du Mississippi, avait été créée par John Law en 1717.
9 - Usner, Daniel H., Indians, settlers, and slaves in a frontier exchange economy: The Lower Mississippi Valley before 1783, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1992 Google Scholar.
10 - Pour des données approfondies sur le mercantilisme français, voir Wallerstein, Immanuel M., The Modern world-system, New York, Academic Press, 1974 Google Scholar; Allain, Mathé, « Not worth a straw »: French colonial policy and the early years of Louisiana, Lafayette, University of Southwestern Louisiana, 1988 Google Scholar; Clark, John G., New Orleans, 1718-1812: An economic history, Baton Rouge, Louisiana State University Press, 1970 Google Scholar; McNeill, John R., Atlantic empires of France and Spain: Louisbourg and Havana, 1700-1763, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1985 Google Scholar; Cole, Charles W., Colbert and a century of French mercantilism, Hamden, Archon Books, 1964 Google Scholar.
11 - Seuls les navires marchands de ports agréés tels que Bordeaux, Nantes et La Rochelle avaient droit de commerce dans les îles françaises; ils n’avaient pas l’autorisation de faire escale dans des ports étrangers. Au cours du xviii e siècle, ces privilèges furent étendus à plusieurs ports français, et le commerce colonial connut une croissance rapide pendant la longue paix de 1721-1744. Les résidents de Louisiane n’avaient pas le droit de commercer directement avec les autres colonies françaises, mais cette politique fut assouplie dans les années 1730.
12 - Les deux contributions majeures à l’histoire économique des débuts de la Louisiane sont celles de John Clark et de Daniel Usner. Le premier s’est concentré sur les relations commerciales internationales officielles et l’exportation de produits agricoles. Le second s’est penché sur les aspects informels et locaux de l’économie, ainsi que sur sa dimension sociale. J. Clark néglige l’importance du commerce illicite, tandis que D. Usner se focalise sur le commerce indien par voie de terre (J. G. Clark, New Orleans, 1718-1812…, op. cit.; D. H. Usner, Indians, settlers, and slaves…, op. cit.).
13 - D. H. Usner, Indians, settlers, and slaves…, op. cit., pp. 31, 63, 121, 130, 164, 181, 184-185, 199-202, 215 et 250.
14 - ANONYME [Darby, Jonathas], « Louisiana 1717 to 1751 », Louisiana historical Quarterly, 6, 4, 1753, pp. 543-567, ici p. 565 Google Scholar.
15 - Pour les temps de transport, voir Banks, Kenneth J., Chasing empire across the sea: Communications and the State in the French Atlantic, 1713-1763, Toronto, McGill/Queen’s University Press, 2003, p. 71 Google Scholar (tableau 3.1). Au milieu du xviii e siècle, le voyage de La Rochelle à Fort Saint-Pierre, par exemple, pouvait fort bien ne pas excéder cinq semaines.
16 - Steward, Julian, « American culture history in the light of South America », Southwestern Journal of anthropology, 3, 1947, pp. 85-107 CrossRefGoogle Scholar; Macneish, Richard S., « A preliminary report on coastal Tamaulipas, Mexico » American Antiquity, 13, 1, 1947, pp. 1-15 CrossRefGoogle Scholar; Carter, George F., « Géographie des plantes, géographie humaine et ethnologie en Amérique du Nord », Revue de géographie et d’ethnologie, 2, 1948, pp. 5-16 Google Scholar; Krieger, Alex D., « Importance of the “Gilmore Corridor” in culture contacts between Middle America and the Eastern United States », Bulletin of the Texas Archaeological and Paleontological Society, 19, 1949, pp. 155-178 Google Scholar; Kelley, J. Charles, « Some geographic and cultural factors involved in Mexican-Southeastern contacts », in S. TAX (dir.), Indian tribes of aboriginal America, Chicago, The University of Chicago Press, 1952, pp. 139-144 Google Scholar; Willey, Gordon R., « Some continuing problems in New World culture history », American Antiquity, 50, 2, 1985, pp. 351-363 CrossRefGoogle Scholar.
17 - Dávila, Patricio Cabrera, « Vínculos entre la Huasteca y el Mississippi en el Epiclásico », communication donnée au 62nd Annual meeting of Society for American archaeology, Nashville, 1997 Google Scholar; Id., « La frontera noreste de Mesoamérica: un puente cultural hacia el Mississippi », in Hers, M.A., Fuentes, J.L. Mira et al. (dir.), Nómadas y sedentarios en el norte de México: Homenaje a Beatriz Braniff, Mexico, UNAM, 2000, pp. 79-90 Google Scholar.
18 - Claassen, Cheryl et Sigmann, Samuella, « Sourcing Busycon artifacts of the Eastern United States », American Antiquity, 58, 2, 1993, pp. 333-347 CrossRefGoogle Scholar; Riley, Thomas J., Edging, Richard et Rossen, Jack, « Cultigens in Prehistoric Eastern North America », Current anthropology, 31, 5, 1990, pp. 525-541 CrossRefGoogle Scholar; Story, Dee A., « Adaptive strategies of archaic cultures of the West Gulf coastal plain », in Ford, R. (dir.), Prehistoric food production in North America, Ann Arbor, University of Michigan/Museum of Anthropology, 1985, pp. 19-56 Google Scholar; William G. Keegan, « Diffusion of maize from South America: The Antillean connection reconsidered », in ID., Emergent horticultural economies of the Eastern Woodlands, Carbondale, Southern Illinois University Center for Archaeological Investigations, 1987, pp. 329-344; Doebley, John F., Goodman, Major M. et Steuber, Charles W., « Exceptional genetic divergence of Northern flint corn », American Journal of botany, 73, 1986, pp. 64-69 CrossRefGoogle Scholar; Doebley, John F. et al., « The origin of cornbelt maize », Economic botany, 42, 1988, pp. 120-131 CrossRefGoogle Scholar.
19 - Wood, Peter H., Waselkov, Gregory A. et Hatley, M. Thomas, Powhatan’s mantle: Indians in the colonial Southeast, Lincoln, University of Nebraska Press, 1989 Google Scholar; Rountree, Helen C., Powhatan foreign relations, 1500-1722, Charlottesville, University of Virginia Press, 1993 Google Scholar.
20 - Je ne fais ici que résumer brièvement les découvertes archéologiques afin de me concentrer sur leurs implications concernant la place de La Nouvelle-Orléans dans les Grandes Antilles. L’historique, la méthodologie et les résultats détaillés de ces recherches archéologiques sont présentés dans Dawdy, Shannon L., « La ville sauvage: “Enlightened” colonialism and Creole improvisation in New Orleans, 1699-1769 », Ph. D., University of Michigan, 2003 Google Scholar; et dans une série de rapports de fouilles: Id., « Beneath the surface of New Orleans warehouse district: Archaeological investigations at the Maginnis cotton mill site (16OR144) », University of New Orleans, 1997, dactyl.; Id., « Madame John’s Legacy (16OR51) revisited: A closer look at the archaeology of colonial New Orleans », University of New Orleans, 1998, dactyl.; Dawdy, S.L. et al., « Greater New Orleans archaeology program end of Federal fiscal year report 2001-2002 », University of New Orleans, College of urban and public affairs, 2002 Google Scholar, dactyl.; Matthews, Christopher N., « Results of excavations at Tremé plantation (16OR148) », University of New Orleans, Greater New Orleans Archaeology Program, College of Urban and Public Affairs, 2002 Google Scholar, dactyl.
21 - Banks, Kenneth J., « Communications and imperial absolutism in three French colonial ports, 1713-1763 », Ph. D., Queen’s University at Kingston (Canada), 1995, p. 112 Google Scholar.
22 - D. H. Usner, Indians, settlers, and slaves…, op. cit., pp. 233-234.
23 - Banks, K. J., « Communications and imperial absolutism… », thèse citée, p. 100 Google Scholar; Manduell, Charles R. JR., The census tables for the French colony of Louisiana from 1699 through 1732, Baltimore, Genealogical Publishing Co., 1972, pp. 95-96 Google Scholar.
24 - « Memoir on Louisiana, Bienville to Ministry of the Colonies, 1726 », in Rowland, D. et Sanders, A. G., Mississippi provincial archives [1701-1743]: French dominion, Jackson, Press of the Mississippi Dept. of Archives and History, vol. 3, 1927, p. 510 (désormais MPA)Google Scholar.
25 - « Delachaise to directors of the Company of the Indies, 18 october 1723 », in MPA, t. 2, p. 380.
26 - Wilson, Samuel JR., « Early aids to navigation at the mouth of the Mississippi River », Proceedings of the United States naval Institute, vol. 70, 1944, pp. 278-287 Google Scholar.
27 - « Baraterie » en français, « barratry » en anglais. Bien que connue sous la traduction espagnole de ce terme (barataría), la région fut ainsi baptisée à l’époque française. Voir, par exemple, « Agreement, 22 November 1738 », Louisiana Superior Council Abstracts, Louisiana Historical Quarterly, 6, 1, pp. 114-144, ici p. 142 (désormais SCA); « Interrogation of the Negro François Cariton, 14 April 1751 », Archives du Conseil supérieur de Louisiane, microfilm des documents originaux tirés d’une collection déposée au Centre historique de Louisiane, Musée public de Louisiane, La Nouvelle-Orléans.
28 - Gordon, Harry, « New Orleans and Bayou St. John in 1766: Extract from “Journal of an expedition along the Ohio and Mississippi” by Captain Harry Gordon (1766) », Louisiana historical Quarterly, 6, 1, 1923, pp. 19-20 Google Scholar.
29 - « Bienville and Salmon to Maurepas, 12 May 1733 », MPA, vol. 3, p. 604.
30 - Kuethe, Allan J., « Havana in the eighteenth century », in Liss, P. et Knight, F. (dir.), Atlantic port cities: Economy, culture, and society in the Atlantic world, 1650-1850, Knoxville, University of Tennessee Press, 1991, pp. 13-39 Google Scholar; J. McNeill, Atlantic empires of France and Spain…, op. cit.; Fisher, John R., Commercial relations between Spain and Spanish America in the era of free trade, 1778-1796, Liverpool, Centre for Latin-American Studies, University of Liverpool, 1985 Google Scholar.
31 - Banks, K. J., « Communications and imperial absolutism… », thèse citée, p. 320, n. 55Google Scholar.
32 - Smith, Robert S., « Shipping in the port of Veracruz, 1790-1821 », The Hispanic American historical Review, 23, 1, 1973, pp. 5-20, ici p. 5 CrossRefGoogle Scholar.
33 - Stein, Stanley J. et Stein, Barbara H., Silver, trade, and war: Spain and America in the making of Early Modern Europe, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2000 Google Scholar; Guadalupe Jiménez Codinach, « An Atlantic silver entrepôt: Veracruz and the house of Gordon&Murphy », in P. Liss et F. Knight (dir.), Atlantic port cities…, op. cit., pp. 149-167; De La Tabla Ducasse, Javier Ortiz, Comercio exterior de Veracruz, 1778-1821: crisis de dependencia, Séville, Escuela de Estudios Hispano-Americanos, 1978 Google Scholar; Booker, Jackie R., Veracruz merchants, 1770-1829: A merchant elite in Late Bourbon and Early independent Mexico, Boulder, Westview Press, 1993 Google Scholar.
34 - J’ai exclu les navires effectuant la traversée de l’Atlantique en provenance de France et qui ne faisaient qu’une escale à La Nouvelle-Orléans en route vers leur direction finale dans les Caraïbes.
35 - K. J. Banks, Chasing empire…, op. cit., pp. 169-177; Anne Pérotin-Dumon a montré que la contrebande était également importante dans les petites villes portuaires de Guadeloupe (Anne Pérotin-Dumon, « Cabotage, contraband, and corsairs: The port cities of Guadeloupe and their inhabitants, 1650-1800 », in P. Liss et F. Knight, Atlantic port cities…, op. cit., pp. 58-86).
36 - Ces bateaux apparaissent dans certains cas plusieurs fois dans les registres du Conseil supérieur. Voir les entrées du 16 janvier et 12 juin 1735, 2 mai, 25 juin et 17 novembre 1736, 1er janvier, 31 janvier, 3 août, 4 novembre, 22 novembre et 27-28 novembre 1737, 27 octobre 1738, 26 mars 1739, 10 mars, 5 mai et 25 octobre 1740, 2 février 1741, 4 septembre, 20 septembre, et 14 décembre 1743, 8 février, 15 février, 1er juin, et 14 juin 1745, 2 mars, 1er mai et 8 mai 1747, 23 mars 1748, in SCA (résumés en anglais), Louisiana historical Quarterly, t. 5, 2 et 19, 2.
37 - Pour des recherches récentes sur le sujet, voir Linebaugh, P. et Rediker, M., The many-headed hydra…, Boston, Beacon Press, 2000 Google Scholar; F. Knight et P. Liss (dir.), Atlantic port cities…, op. cit.; L. Grahn, The political economy of smuggling…, op. cit.; Lane, Kris E., Pillaging the empire: Piracy in the Americas, 1500-1750, Armonk, M. E. Sharpe, 1998 Google Scholar; Viana Pedreira, Jorge Miguel, « Contraband, crisis, and the collapse of the old colonial system », The Hispanic American historical Review, 81, 3-4, 2001, pp. 739-744 Google Scholar; Pijning, Ernst, « A new interpretation of contraband trade », The Hispanic American historical Review, 81, 3-4, 2001, pp. 733-738 CrossRefGoogle Scholar; et Zahedieh, Nuala, « The merchants of Port Royal, Jamaica, and the Spanish contraband trade, 1655-1692 », William and Mary Quarterly, 43, 4, 1986, pp. 570-593 CrossRefGoogle Scholar.
38 - D. Usner et J. Clark reconnaissent que la contrebande était importante à La Nouvelle-Orléans après l’acquisition de la Floride occidentale par les Anglais en 1763. Si le flou juridique caractéristique de la première période de transition encouragea probablement les contrebandiers, le commerce illégal avait sans doute progressé régulièrement depuis la création de la Louisiane. Le pic observé dans les références aux activités de contrebande dans les années 1760, lesquelles sont presque toutes issues de sources anglaises, correspond à une période d’espionnage par les Anglais de leurs nouveaux voisins (J. G. Clark, New Orleans, 1718-1812…, op. cit., pp. 122, 147 et 164; D. H. Usner, Indians, settlers, and slaves…, op. cit., pp. 268-275).
39 - L. Grahn, The political economy of smuggling…, op. cit., p. xv.
40 - Banks, K. J., « Communications and imperial absolutism… », thèse citée, p. 325 Google Scholar.
41 - Scott, Julius S. III, « The common wind: Currents of Afro-American communication in the era of the Haitian Revolution », Ph. D., Duke University, 1986, pp. 28-29 Google Scholar.
42 - « Duclos to Pontchartrain, 25 October 1713 », MPA, t. 2, p. 100. Par « petits », Duclos veut probablement dire inférieurs à cent tonneaux. La plupart des navires effectuant des traversées transatlantiques avaient une capacité d’au moins cent tonneaux (bien que la traversée soit possible sur des bateaux de soixante tonneaux); la moyenne se situait aux alentours de deux cent cinquante tonneaux. Le tonnage des embarcations arrivant à La Nouvelle-Orléans (lorsqu’elles étaient enregistrées) allait de vingt-cinq à deux cent cinquante tonneaux, mais la plupart étaient des deux-mâts de voilures variées (brick, brigantin, goélette, senau, etc.), dont le tonnage s’échelonnait entre trente-cinq et soixante-dix tonneaux. Cela coïncide avec l’estimation de Fernand Braudel selon laquelle la majorité des navires parcourant l’Atlantique et la Méditerranée aux xvi e et xvii e siècles avaient un tonnage inférieur à cent tonneaux. Si la construction navale connut des évolutions, celles-ci ne semblent pas avoir affecté la taille des coques avant la fin du xviii e siècle (F. Braudel, La Méditerranée…, op. cit., t. i, pp. 271-272).
43 - Le développement des Caraïbes est contemporain de l’« intégration » conduite par les commerçants britanniques dans l’Atlantique ( Hancock, David, Citizens of the world: London merchants and the integration of the British Atlantic community, 1735-1785, Cambridge, Cambridge University Press, 1995 Google Scholar).
44 - Nicolas Forstall avait immigré de la Martinique à La Nouvelle-Orléans au début des années 1740; J. G. Clark, New Orleans, 1718-1812…, op. cit., pp. 97-99; Dart, Henry P., « The wreck of La Superbe in the Gulf of Mexico en route from Veracruz to New Orleans, May, 1745 », Louisiana historical Quarterly, 11, 2, 1928, pp. 179-208 Google Scholar; Baillardel, A. et Prioult, Albert-Pierre, Le chevalier de Pradel. Vie d’un colon français en Louisiane au xviii e siècle d’après sa correspondance et celle de sa famille, Paris, Maisonneuve Frères, 1928 Google Scholar.
45 - Un des arguments était aussi que les marins africains étaient plus faciles à satisfaire dans la mesure où ils n’exigeaient pas de biens d’importation française comme le vin et la farine de blé (voir D. H. Usner, Indians, settlers, and slaves…, op. cit., pp. 228-232; Berlin, Ira, Many thousands gone: The first two centuries of slavery in North America, Cambridge, Belknap Press of Harvard University Press, 1998 Google Scholar).
46 - Cruzat, Heloise H., « The documents covering the criminal trial of Étienne La Rue, for attempt to murder and illicit carrying of arms », Louisiana historical Quarterly, 8, 1930, pp. 377-390 Google Scholar.
47 - Le bateau, en provenance de Veracruz, revenait à La Nouvelle-Orléans lorsque le capitaine perdit le nord et s’échoua sur un banc de sable, perdant ainsi toute sa cargaison de farine et d’étoffes. Le capitaine Grenier, de La Superbe, soupçonné de contrebande, avait été spécifiquement engagé par le Conseil supérieur pour rapporter de la farine de Veracruz ( Shelby, Charmion C. (dir.), « Grenier’s journal of his voyage to Veracruz, 1745 », Louisiana historical Quarterly, 21, 3, 1938, pp. 629-668 Google Scholar; H. P. Dart, « The wreck of La Superbe… », art. cit.).
48 - Scott, J. S., « The common wind… », thèse citée, p. 6 Google Scholar.
49 - Jugements du Conseil supérieur, session du 9 mars 1748; déclaration de Noirs en fuite, le 22 mars 1748; SCA, Louisiana Historical Quaterley, 19, 2, pp. 489, 497 et 503; D. H. Usner, Indians, settlers, and slaves…, op. cit., p. 241.
50 - Scott, J. S., « The common wind… », thèse citée, p. 9 Google Scholar.
51 - Davis, Edwin, The story of Louisiana, La Nouvelle-Orléans, J. F. Hyer Publishing Co., 1960, p. 94 Google Scholar. Voir également Dart, Henry P., « Cabarets of New Orleans in the French colonial period », Louisiana historical Quarterly, 19, 3, 1936, pp. 578-583 Google Scholar.
52 - F. Braudel, La Méditerranée…, op. cit., t. 2, p. 97.
53 - Ibid., t. 1, p. 112.