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La France à la fin de l'ancien régime : Une carte monétaire
Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
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Des travaux récents ont mis en lumière ce trait fondamental de la France du XVIIIe siècle qu'elle est le pays de l'argent, entendons de l'argent abondant et de l'or rare. Avec comme aboutissement logique, au lendemain de l'accident des assignats, la définition du franc de germinal et le « lancement » de la Banque de France par le métal blanc. Tout ceci étant la résultante normale d'une politique obstinément tournée vers l'Espagne, distributrice de l'argent d'Amérique, de l'orientation des courants commerciaux, et aussi, sans doute, d'une certaine attitude psychologique — à la fois cause et conséquence du comportement économique : méfiance à l'égard de l'or, préférence pour l'argent considéré comme le signe-type de la richesse, au point d'en devenir synonyme dans la langue courante.
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- Études
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- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1955
References
page 480 note 1. Cf. les ouvrages de Ch. Morazé, ainsi que les recherches de M. DESAUNAY, et en dernier lieu l'article de V. M. Godinho, Le Portugal, les flottes du sucre et les flottes de l'or, dans Annales E. S. C, 1950, n° 2. Dans le même sens, quoique d'un style bien différent, Braesch, F., LaLivre tournois et le franc de germinal, Paris, 1936.Google Scholar
page 480 note 2. Cf. Lanzac De Laborie, Paris sous Napoléon, t. VI, p. 129, cité par Braesch.
page 480 note 3. Arch. nat., F 12, 1889.
page 480 note 4. C'est-à-dire pour les 17 hôtels restant ouverts après la réforme de 1772, qui en supprima 12 — tous dans la moitié nord de la France, sauf Grenoble : ceux d'Amiens, Reims, Troyes, Dijon, Besançon, Grenoble, Riom, Bourges, Tours, Poitiers, Caen et Rennes. Cf. Blanchet et Dieudonné, Manuel de numismatique française, t. II, 1916, p. 143 et 364.
page 481 note 1. Le texte se trouve dans le carton 1889.
page 484 note 1. Sans doute est-ce en raison de cette médiocrité que l'on supprime cette monnaie en 1786 et que l'on rouvre celle de Marseille fermée depuis le XVIe siècle (Blanchet et Dieudonné, ouvr. cité, p. 395, 408 et J. F. Régis, L'Atelier monétaire de Marseille, dans la revue Marseille-, 1952, n° 19). Nous avons cependant calculé pour toute la période sans distinguer entre Aix et Marseille, car l'allure de la frappe ne change guère — sauf un net relèvement en 1789 — et, d'autre part, les sources d'approvisionnement sont évidemment les mêmes. Or, que l'atelier soit près du port ou plus loin, il reçoit de toute façon peu de matières : le métal ne fait que passer, sans presque s'arrêter, à Marseille ; qui est au fond, à la différence de Lyon, une place pauvre en capitaux, et fragile, comme l'a prouvé le krach des agents de change de 1774 (cf. L. Calzaroni, Les Faillites marseillaises de 1774, thèse droit, Aix, 1952, et Rambert, G., Histoire du commerce de Marseille, t. IV, 1954, p. 635–662.Google Scholar
page 485 note 1. Très probablement persistance d'une pratique analysée par Medvret, J., Circulation monétaire et utilisation économique de la monnaie dans la France du XVIe et du XVIIe siècle [Études d'hist. moderne et contemp,, t. I, 1947, p. 20–24 Google Scholar) : on fait peu de paiements au comptant, ou du moins on ne tait que de petits paiements ; dans le monde des affaires, il y a un très grand usage du crédit, et les règlements s'opèrent par billets et lettres de change, ou par simple compensation de créances ; dans les transactions locales portant sur de faibles sommes, on emploie surtout la petite monnaie. D'où, bilans et inventaires après décès ne présentent en général que d'insignifiants avoirs en numéraire ; si le métal y existe, c'est sous forme d'argenterie : souvent un poids de l'ordre de 20 à 40 ou 50 marcs en couverts, salières, réchauds, plats, etc…. Certes, on note des exceptions : en 1741, M. de Massilian, conseiller-secrétaire du roi à Montpellier, possède « 2 sacs de 1 000 L, 97 louis d'or de 24 L et 12 écus de 6 L, soit en tout 4 400 L (Arch. dép. Hérault, II E/57, sans n°) ; en 1774, Jacques Campan, conseiller à la Cour des Comptes de Montpellier, laisse un coffre contenant :
libid., II A 61/178) ; en 1788, l'inventaire de Thomas-Marie de Bocaud, président en la même Cour des Comptes, comporte, sur un montant total de 93 772 L., 23 566 L 3 s. en espèces, dont 244 louis d'or (5 856 L), 5 sacs contenant chacun 1 000 L en écus, et 12 710 L en monnaies non détaillées (ibid., II E 57/754). Mais il s'agit là de milieux de finance, et l'on ne trouve rien de comparable chez les négociants — en dépit d'un certain accroissement des encaisses métalliques dans les années 1770-1780, semble-t-il.
page 485 note 2. Divers documents (notamment Arch. dép. Hérault, C suppl. 2304) attestent cette fréquente pénurie d'argent en Languedoc ; d'où le besoin de piécettes, et la grande activité des « fondeurs de cloches » montpelliérains au début de la Révolution : en particulier, celle de Cambon frères Caire et C'8 qui rayonnent jusqu'en Roussillon, de 1790 à 1793 (Papiers Cambon chez Mm8 Mengin- Lecreulx à Paris). Cela n'empêche pas la Provence de souffrir du même mal ; l'argent qui y afflue est redistribué au loin et souvent exporté par le commerce maritime, et le commerce local, obligé de se rabattre sur la petite monnaie, se plaint souvent de sa rareté. Cf. Baehrel, R., Économie et histoire à propos des prix (Hommage à Lucien Febvre, t. I, p. 297 Google Scholar).
page 485 note 3. Schématisme : en effet, l'absence ou la faiblesse de la frappe-or ne prouve pas nécessairement l'absence de l'or dans la région ; ici intervient le règlement, qui ne s'adapte qu'avec retard aux fluctuations ; Toulouse, par exemple, se plaint en 1788 de n'avoir pas le droit de frapper l'or, bien qu'elle en reçoive d'Espagne (Arch. dép. Hérault, C 2440) ; ou une sorte de spécialisation, comme dans le cas de Perpignan qui envoie plutôt son métal jaune à la Monnaie de Montpellier. La fra.ppe n'est donc pas une image parfaitement fidèle de la circulation. Il y a, cependant, entre les deux un rapport suffisant pour justifier une carte approximative.
page 488 note 1. Dans son article Marchands normands dans la seconde moitié du XVIIIe siècle (R. d'Hist. Écon. et Soc, 1952, n° 1).
page 489 note 1. Cf. N. de Wailly, Mémoire sur les variations de la livre tournois depuis le règne de saint Louis… (Mêm. Acad. Insc. et B. Lettres, 1867, t. 21, 2e partie, p. 227-229) ; Braesch, ouvr. cité, p. 27 ; Baudin, L., La Monnaie et la formation des prix, p. 231.Google Scholar
page 489 note 2. Nous déduisons ce chiffre d'un rapport non signé, du 31 mai 1786 (carton 1889), disant au sujet du règlement d'une dette de 60 millions envers l'étranger : « Si on en permet la sortie en espèces, cette exportation diminuera sans doute le numéraire d'un vingtième environ…. » Il est peu probable que l'auteur ait tenu compte ici du rehaussement de l'or, car il s'agit visiblement d'une approximation. Ce total diffère de loin de celui donné par Necker (De l'Administration des finances de la France, 1784, t. III, p. 59-66) et que R. Baehrel paraît admettre sans discussion (article cité, p. 309, note 72) : 2 milliards 200 millions. Mais, quoique peut-être un peu inférieur à la réalité, il en semble cependant beaucoup plus proche. En effet, Necker suppute que sur les 2 milliards 446 millions frappés de 1726 à 1780, il ne serait sorti du royaume que 300 à 400 millions. C'est là pure hypothèse, démentie par le texte que nous citons et qui insiste sur les énormes sorties de devises occasionnées par la guerre de Sept Ans, et par la guerre d'Amérique plus encore. Cf. notre article Circuits de l'argent et milieux d'affaires [Revue Historique, oct-déc. 1954, p. 262-264).
page 490 note 1. Braesch indique (p. 87) pour un rapport légal de 14,50 un rapport commercial de 14,87 ; mais l'écart était sûrement plus élevé dans les années 1780.
page 490 note 2. Cf. J. Bouchary, Le Marché des changes de Paris à la fin du XVIII” siècle (1778-1800), Paris, 1937, p. 48.
page 490 note 3. Quelle est, en effet, la valeur des déclarations faites aux bureaux des Fermes pour les espèces sortant licitement d'Espagne? D'autre part, sur quelles bases l'administration peut-elle apprécier la contrebande?
page 490 note 4. Ou qui ressortait aussitôt. Cf. deux rapports des 20 sept, et 4 oct. 1785 : « Depuis l'augmentation de l'or en Espagne qui eut lieu l'année 1772, il en passe très peu en France, les négociants qui y conduisent les bestieaux ont le soin de se procurer des piastres pour ne pas perdre sur l'or… », ou, s'il est payé en pistoles et quadruples, « le Français renvoyé cet or en Espagne, et moyennant une prime de 10 à 12 s. catalans, l'Espagne donne en échange de la quadruple 16 piastres effigièes ou carrées, le Français fait sortir à ses risques ces matières du Royaume d'Espagne et les revend aux Monnoyes ou au commerce français avec un bénéfice de 1 1/2 p. 100 ou 2 p. 100 suivant le cours ».
page 491 note 1. Rapport du directeur des Fermes de Bayonne, Sauve (1789). Arck. nat., F 12/1889.
page 491 note 2. Cf. V. M. Godinho, article cité, p. 196. — Un important mémoire s. d. (Arch. dép. Hérault, G supra 5124) dit à ce sujet : « Nous n'avons pas même de change ouvert avec le Portugal, et c'est par la voye de l'Angleterre que nous recevons nos retours…. Si on veut y faire attention, ce n'est ni au célèbre Traité de 1701 (sic) ni aux liaisons politiques qu'il faut attribuer cette infériorité dans le commerce du Portugal, c'est à la différence considérable des proportions suivies en France et en Angleterre dans l'estime de l'or. Quoique la préférence paroisse devoir être accordée à l'argent relativement à ses propriétés dans la circulation intérieure d'un État, il ne paroit pas utille à un grand État de négliger l'importation de l'or…, ce métal est la mesure ordinaire du commerce avec l'étranger, par le bon marché et la célérité de son transport. La Nation qui veut en posséder dans la proportion de ses besoins, doit donc se rapprocher de l'opinion des autres. »
page 492 note 1. Labrousse, E., La Crise de l'économie française…, p. 378 et 530.Google Scholar
page 492 note 2. L'état de 1789 déjà cité indique des quantités non négligeables d'or en espèces ou lingots provenant de Naples, de Sardaigne, ou de l'« Empereur » (bureaux de Condé et Valenciennes).
page 492 note 3. Cf. Marc Bloch, Les Mutations monétaires dans Annales E. S. C, 1953, n° 4. p. 441.
page 492 note 4. Également dans F 12/1889.
page 492 note 5. En particulier vers la Hollande, où la parité est toujours fixée à 14 68/86.
page 492 note 6. Voir pour plus de détail notre article cité, p. 263.
page 492 note 7. Notamment N. de Wailly, et surtout L. Baudin, ouvr. cité, p. 231.
page 492 note 8. Cf. la formule d'E. Labrousse sur l'« ignorance où nous sommes de son influence, apparemment nulle, sur les prix » (Esquisse du mouvement des prix et des revenus en France au XVIIIe siècle, p. 118).
page 493 note 1. On pourrait alléguer, d'ailleurs, que les frappes d'or et d'argent évoluent en sens inverse après le choc de 1785-1786 : celle de l'argent remonte ; est-ce le signe d'un retour à la « normale »?
page 493 note 2. Sur la politique genevoise de For, à une époque antérieure il est vrai, cf. Lüthy, H., La République de Calvin et l'essor de la banque protestante en France (Schweizer Beitrdge zur allgemeinen Geschichte, Band II, 1953, p. 86–89 Google Scholar).
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