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De l'histoire au martyre : Marc Bloch 1886-1944

Published online by Cambridge University Press:  22 September 2017

Lucien Febvre
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Vais-je pouvoir, vais-je savoir — alors que nos deux vies, alors que nos deux actions ont été mêlées, si fraternellement mêlées depuis vingt-cinq ans — vais-je pouvoir, vais-je savoir parler de lui comme il le faudrait : en toute objectivité, en toute efficacité ?

Tant de souvenirs m'assaillent et m'étouffent…

Voici Strasbourg, le Strasbourg de 1920, tout claquant de drapeaux, tout chantant de Marseillaises — Strasbourg où, pour la première fois, il m'apparut en octobre 1920, dans une de ces réunions du début, à la Faculté des Lettres, qui nous ont laissé à tous de tels souvenirs. Nous étions là quarante, arrivés de la veille, venant à pekie de quitter l'uniforme : Français passionnés, certes — nous venions de le montrer, quatre années durant, les armes à la main : mais ce que nous entendions être désormais, de toutes nos forces, exclusivement, c'étaient les serviteurs passionnés de la Science et de la Vérité dans cette Alsace déchirée dont nous sentions, tous, que la bonne santé morale allait, pour une large part, dépendre de notre effort.

Type
I. Souvenirs et Témoignages
Information
Annales d'histoire sociale (1945) , Volume 1 , Issue 1: Hommages a Marc Bloch , 1945 , pp. 1 - 10
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1945

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References

page 1 note 1. Discours prononcé le 26 juin 1944, dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, au cours de la Cérémonie de commémoration du martyre patriotique de Marc Bloch, La cérémonie — au cours de- laquelle on entendit successivement Georges Altman, Albert Bayet et René Courtin poir la Résistance, Paul Etard, lé doyen Gholley et Lucien Febvre pour l'Université —’ était présidée par M. René Capitant, ministre de l'Education Nationale, qui associa le Gouvernement à l'hommage rendu à Marc Bloch.

page 1 note 2. On trouvera dans les Mélanges, que prépare pour sa rentrée en Alsace la Faculté de Strasbourg, reconstituée pendant toute l'oppression à Clermont-Ferrand, une étude spéciale sur Marc Bloch à Strasbourg, que j'ai fait suivre d'une Bibliographie sommaire de ses travaux.

page 2 note 3. Voir plus loin la belle évocation, par Georges Altman, de Notre NarVonne rie la Résistance.

page 4 note 4. Ce qui nous ,en reste paraîtra par mes soins dans le courant de 19/16, à l.-i librairie Gallimard, sous le premier titre.

page 6 note 5. C'est la formule de livre de Des Marcez’ la Colonisation franqûc, qui intéressa si fort Marc Bloclt en son temps.

page 8 note 6. Ces détails “n'ont rien d'imaginé : Voir plus haut, .p. 3. Le rescap.o Vautoan, grièvement blessé par les Allemands, eut la chance étonnante d'être laissé pour mort sur le terrain et de survivre même au coup de grâce.

page 9 note 7. La Révolution économique du XXe Siècle : la Naissance de la Cité nouvelle, Paris, Recueil Sirey, 1942.

page 9 note 8. Bloch aimait à citer les propos d'Henri Pirenne débarquant à Stocklfolm et le conviant aussitôt à aller visiter le nouvel Hôtel de Ville, tout récemment bâti. Car l'Histoire, c'est la vie — et l'historien ne peut qu'aimer la vie. Du même temps, cette narration de Bloch (22 août 1928) : « Pirenne m'a quitté « hier soir, d'ailleurs heureux comme un gosse — car il a du prendre l'avion « à Malm8, arriver à Bruxelles cet après-midi, après un voyage aérien, pour « lui inédit, et tomber le soir même dans son patelin de Spa, inattendu et « triomphant : M Pirenne lui avait interdit la voie des airs !… Il est beau, « à son âge et dans sa situation, d'être si peu Membre de l'Institut… »