Les idées nouvelles que Mr Benveniste développe sur la structure des mots et des racines de l'indo-européen le conduisent parfois à des trouvailles dont les linguistes ne doivent pas être seuls à profiter. C'est ainsi qu'il vient d'établir que les mots latins aeuum (anciennement aeuus), « âge, temps, éternité », et iuuenis, « jeune », contiennent le même élément radical : une racine indo-européenne * 2ei- ( = *ai-), augmentée du suffixe *-w-, est, en effet, normalement attendue sous deux formes, I 2éi-w- ( = *ai-w-), II *( 2)y-éu- ( = *y-eu-). Or ces deux formes, avec des suffixes divers, expliquent immédiatement l'une aeuum, l'autre iuuenis.

[Le bref mémoire qu'on va lire est sorti des travaux de la conférence de recherches dirigée, durant Vannée scolaire 1936-1937, à l'École Normale Supérieure, par le professeur d'histoire économique de la Faculté des Lettres et à laquelle participaient, avec les Normaliens, divers étudiants de la Sorbonne et de l'École des Charles. Nous l'avons, cette année-là, consacrée aux sources de l'histoire rurale française. Parmi celles-ci, les terriers occupent incontestablement une place de premier ordre ; et il n'est guère, dans nos archives, de documents qui se rencontrent en plus grand nombre. Cependant — je n'en veux pour preuve que tant de monographies de village, souvent des plus méritoires — ils sont loin d'avoir reçu jusqu'ici toute l'attention qui leur était due. C'est pourquoi il n'a pas semblé sans intérêt de mettre, à titre d'exemple, l'analyse du beau terrier d'Hauterive sous les yeux d'un cercle de travailleurs plus étendu que notre petit groupe de la rue d'Ulm. — Marc Bloch.]

Toute étude sur l'esclavage et son rôle dans les temps modernes se développe, chez les historiens, d'après un schéma invariable : c'est d'abord, dans l'Amérique espagnole, l'utilisation intensive et destructive des indigènes ; c'est ensuite, même pour ceux qui protestent contre les exagérations de Las Casas et contre ce qu'ils appellent la leyenda negra, l'apparition du cheptel humain venu d'Afrique. La traite fournit également des travailleurs noirs aux Antilles, puis aux régions chaudes de l'Amérique du Nord, où la question n'est définitivement résolue qu'à la faveur de la guerre civile. Il semble que, dans ces aperçus, on n'ait pas fait une part suffisante à l'Amérique portugaise. On ne s'est pas demandé si l'institution servile n'y avait pas présenté des caractères originaux et si elle n'y avait pas revêtu, au cours des temps, des formes assez diverses jusqu'à la suppression qui n'est que de 1888.

Nous avons déjà montré l'intérêt que présente pour la localisation des entreprises artisanales au xvnie siècle — et sans doute aussi au XIXe — le dépouillement de certaines séries d'archives telles que les rôles d'impôts. Il nous paraît intéressant d'attirer l'attention des chercheurs sur une documentation d'un caractère original et d'un genre analogue, réunie par les services des finances : c'est une statistique qui, au lieu de s'offrir à nous sous l'aspect habituel, trop souvent rébarbatif, de colonnes chiffrées, revêt une livrée cartographique. La notice d'un des atlas dont il s'agit, l'Atlas de statistique financière de 1881, porte que « l'emploi d'un mode de démonstration si simple et si fécond se recommande particulièrement aux administrations publiques.

Par les soins pieux de Mme Nourry paraît aujourd'hui un dernier ouvrage de P. Saintyves (Emile Nourry) : on sait qu'aux mêmes soins nous devons la publication du remarquable Manuel de folklorequi résume si heureusement les expériences scientifiques du grand chercheur érudit et du grand organisateur de recherches que fut Saintyves.

Le volume qui nous est offert aujourd'hui s'intitule : L'astrologie populaire. Il est consacré tout spécialement aux traditions relatives à l'influence de la lune. Et il n'apporte pas seulement un inestimable trésor de faits, réunis par le labeur patient de toute une vie — il constitue, comme l'indique le sous-titre, un véritable Essai de méthode.

” Mahomet et Charlemagne. » Aux lecteurs de l'avenir, cette alliance de noms pourra bien n'évoquer que quelques pages d'imprimés et une grande thèse historique. Pour nous, elle est toute chaude encore de souvenirs humains : depuis l'article par lequel, en 1922, la Revue belge de philologie et d'histoireouvrit sa féconde carrière, depuis les étincelantes communications de Bruxelles et d'Oslo et le cours de Bruxelles, jusqu'à l'image, entre toutes chérie, de ces conversations sans apprêt où Pirenne se plaisait à prodiguer les trésors d'une science et d'une verve également généreuses.

L'histoire d'Irlande, de l'an 800 au traité de 1922, c'est l'histoire des conquêtes de l'Irlande ; conquêtes partielles, toujours remises en question, toujours recommencées, de Thorgest à Strongbow, de Henry II à Élizabeth, à Cromwell, à l'Union… avec des répits et des renaissances, dus à la puissance d'assimilation et de survie du vieil ordre celtique, aux divisions des vainqueurs et à l'action de quelques grandes individualités irlandaises ou anglo-irlandaises capables de grouper les forces antagonistes du pays et de leur imposer pour un temps une direction constante — de Brian Boru à Garret More, le Grand Comte deKildare, ou àO'Connel, cet autre «roinon couronné » d'Irlande.

Il n'y a peut-être pas de civilisation andalouse, au sens géographique du mot, avant le XIe siècle. C'est alors seulement qu'originale ou non, autochtone ou non, elle emplit à peu près l'espace de l'Espagne musulmane. Au siècle précédent, il ne s'agit sous ce nom, que d'une civilisation installée au dernier étage d'une société, limitée dans son éclat et dans ses réalités — mis à part le cas secondaire de Se ville — aux milieux de Cordoue et Madinat az-Zahra, la résidence des Califes. Dozy l'a bien vu. Il indiquait, il y a longtemps, que Pémiettement du califat en Espagnes indépendantes avait, par la création de centres politiques libres, multiplié, au XIe siècle, les foyers de civilisation.

” Le vingtième siècle sera le siècle du corporatisme, comme le dix-neuvième a été le siècle du libéralisme. — Le libéralisme est mort et le socialisme épuisé avant d'avoir pu s'épanouir. — La nécessité d'une doctrine universelle pour une époque donnée s'impose. — Malgré notre foi dans la valeur du principe corporatiste, nous ne croyons pas que ce principe aurait pu être accepté et qu'il aurait pu donner des résultats en plein XIXe siècle, quand l'Europe occidentale avait la possibilité et le devoir de conquérir économiquement la planète. »

Par la plume avertie de Mr J. B. Condliffe, le service d'études de la S. D. N. nous convie une fois de plus à jeter un coup d'oeil d'ensemble sur la dernière année d'évolution économique. Ce nouveau volume, qui est, on le sait, le sixième de la série consacrée à la situation économique mondiale, couvre la période qui va de septembre 1936 à août 1937 : il se trouve ainsi placé sous le signe des dévaluations du bloc-or et de l'accord monétaire tripartite (octobre 1936) d'une part, et, d'autre part, de l'expansion économique accélérée qui a caractérisé, dans la plupart des pays, la fin de 1936 et le premier trimestre de 1937.