Au moment où le mot « capitalisme » a commencé à être prononcé, l'on eût été fort surpris d'apprendre — malgré les sarcasmes de Voltaire contre l'esprit de calcul des Genevois — que, quelque jour, on le rapprocherait du calvinisme : Calvin n'a-t-il pas considéré qu'en dehors d'une foi complète dans les enseignements de l'Évangile la vertu essentielle du réformé était la charité ? Or la charité est en opposition tant avec les conflits d'intérêts de la vie des affaires qu'avec le libre jeu des forces économiques « neutres » du point de vue de la moralité.

Cependant, l'attention des sociologues fut d'abord attirée par les conceptions de Calvin relatives à l'usure ; en édictant l'interdiction de ses seuls abus au lieu de condamner le prêt à intérêt en termes absolus, il a, nul ne le conteste, tracé une voie.

L'étude des débuts économiques de Tournai revêt, dans l'état actuel des controverses historiques, une importance de premier plan. Voici, en effet, de toute la région qui s'identifie longtemps à peu près à la Flandre — Artois non compris, — le seul foyer auquel on puisse reconnaître à la fois une réelle activité d'expansion à l'époque romaine et, en plein moyen âge, un essor économique rival des plus grands. Entre ces deux états, y eut-il continuité ?

Un récent travail, poursuivant l'étude du cas tournaisien concurremment avec celui des autres « cités » de la Belgique Seconde, a répondu par l'affirmative quant à la période qui s'étend jusqu'aux invasions normandes. Pour notre part, mettant en œuvre toute la documentation utilisable, nous attachant surtout à la stricte localisation topographique et à la détermination exacte des agents humains, nous croyons pouvoir, au delà du terme ainsi fixé, affirmer la continuité absolue d'une vie économique digne de ce nom, à Tournai, de l'époque impériale à l'époque communale.

Lorsque la population d'une ville s'accroît, deux moyens existent de la loger. Le premier, secondaire parce qu'insuffisant dans la grande majorité des cas, est l'aménagement intérieur de la ville en vue d'un nombre plus grand d'habitants : on construit des maisons à plusieurs étages ; on bâtit sur les espaces demeurés vides, clos, jardins et cours intérieures. Le second moyen, plus important, consiste dans le développement de la ville à sa périphérie, soit par bourgeonnement, soit sous forme de faubourgs composés de maisons groupées le long des chemins. La construction d'un nouveau monument, l'apparition d'une source quelconque de peuplement en un point de son périmètre provoquent son extension dans une direction déterminée. Mouvement que, de bonne heure, les hommes se sont efforcés de régler et d'orienter.

En dépit du silence des Annales — silence de discrétion, puisque le directeur de l'entreprise dont nous allons parler est l'un des directeurs de cette revue — nos lecteurs savent sans doute que, par les soins d'un Comité présidé par Mr A. de Monzie, promoteur de l'œuvre, et qui réunit d'éminentes personnalités françaises de la Science, de l'Administration, de l'Industrie, une Encyclopédie Française va être réalisée incessamment — dont les plans ont été dressés et la direction générale a été assurée par Mr Lucien Febvre. Il ne s'agit pas d'un Dictionnaire alphabétique des connaissances, du type de l'Encyclopaedia Britannica ou de l'Enciclopedia Italiana en cours de publication.

L'histoire sollicite désormais le concours de disciplines annexes parmi lesquelles le folklore peut être appelé à jouer son rôle. Comment ? Pour nous en rendre compte, le mieux est de procéder à l'analyse critique d'un travail de folkloriste portant sur une institution populaire d'ancien régime.

Prenons la plaquette publiée par Mr Joseph Hess, et intitulée : Das Amecht, eine folkloristische Studie. L'auteur — le meilleur folkloriste luxembourgeois contemporain, — est parvenu à bien reconstituer une très ancienne coutume villageoise de sa petite patrie : chaque été, pendant la période où les récoltes étaient sur pied, les jeunes gens se réunissaient le dimanche pour tenir leur « amecht ». Au cours de cette cérémonie, certains délits étaient jugés avec une procédure mi-burlesque mi-pompeuse qui évoque les mises en jugement de Carnaval, auxquelles nous avons assisté dans notre enfance.

Sous l'impulsion du Professeur Henri Truchy, un certain nombre d'économistes se sont partagé la matière d'un grand « Traité d'économie politique », publié par la Librairie du Recueil Sirey, dont nous avons sous les yeux le premier volume paru. Depuis longtemps en honneur dans d'autres disciplines, particulièrement en histoire, fréquemment employée en économie politique même, dans certains pays étrangers, la formule du « travail d'équipe » fait ainsi et sous d'heureux auspices son apparition dans la science économique française. Sans doute, en remontant déjà un peu loin dans le passé, est-il juste de mentionner le « Dictionnaire d'économie politique », monument remarquable malheureusement et inévitablement dépassé et démodé. Mais jusqu'ici aucun traité collectif n'avait vu le jour en France et le besoin s'en faisait vivement sentir : car on entreprendra de moins en moins de ces grands traités individuels dont Mr Colson a donné le prototype le plus représentatif en France.

L'Académie de Jurisprudence et Législation de Catalogne a organisé en 1934 une série de conférences, sur les variétés locales du droit civil catalan ; certains de ces exposés, malgré leur objet proprement juridique et, dans l'ensemble, un caractère souvent un peu superficiel, apportent à l'histoire sociale catalane soit des précisions historiques originales, soit d'utiles suggestions d'actualité.

Nous passerons sur les études de points juridiques spéciaux, et souhaite-rons la publication rapide des sources inédites présentées par deux orateurs : 1° une reconstitution du « Llibre del Pastoret », code pastoral complémentaire de la Coutume de Tortosa, en usage entre agriculteurs et transhumants du delta de PÈbre aux Pyrénées ; 2e une monographie de la commune d'Ager, où semblent abonder les documents sur la vie rurale ancienne dans le Segrià et le Bas-Urgell.

Que le XVIe siècle, dans le monde entier, ait été l'âge où le grand commerçant a non seulement connu le plus grand prestige, mais encore dominé vraiment le milieu social — voilà ce que réminent Archiviste de la Ville d'Anvers, rédacteur de l'Inventaire des Archives Plantiniennes, historien de Magellan et organisateur de cette Exposition d'histoire économique d'Anvers dont nous avons dit ici même la réussite et l'enseignement — Mr J. Denucé — constatait dans l'intéressant article qu'il a bien voulu donner aux Annales sur le fonds des faillites d'Anvers si remarquablement classé par ses soins. Pour exemple, il donnait les Fugger, les Hooftman, les de Haro et les Affaitadi.

Bien qu'elle fût fort ancienne, ayant été fondée, dès 718, par un roi de Mercie, dans les marais du Fen, l'abbaye de Crowland ne nous est guère connue, comme puissance territoriale, avant la confection du Domesday Book, en 1086. Faux à part, dont Crowland fut un foyer illustre, ses archives semblent moins riches en pièces détachées, en cartulaires ou même en terriers que celles de beaucoup d'établissements français. En revanche, à partir du milieu du XIIIe siècle, d'inestimables témoignages nous font pénétrer au cœur même du mécanisme seigneurial. Ce sont quelques-uns de ces rouleaux de comptes et de plaids dont l'abondance, caractéristique des chartriers anglais, remplit les historiens occidentaux à la fois d'étonnement et d'envie. A dire vrai, le sort n'a pas été également favorable à tous ces documents.

Mr Hans van Werveke, dont nos lecteurs ont pu apprécier, ici même, une remarquable étude sur les modes de paiement, au moyen âge, aborde cette fois un des plus redoutables problèmes que pose l'histoire économique : celui de la monnaie de compte. Il le fait à l'aide d'exemples empruntés surtout aux divers régimes monétaires qui se succédèrent dans les Pays-Bas, du XIVe au XVIIIe siècle. Appuyées sur des connaissances extrêmement précises, les observations de détail sont toujours instructives et pénétrantes. Quant à l'analyse même du phénomène, il faudrait, pour la discuter comme elle le mérite, plus de place que je n'en puis disposer. Mr Van Werveke, au reste, ne se proposait point de reprendre la question dans toute son ampleur. Encore moins est-ce là mon dessein. Mais, sous le nom de monnaie de compte, on confond souvent des réalités si diverses qu'il ne sera sans doute pas inutile de rappeler, en guise de préambule, quelques discriminations nécessaires.