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Les Archives d'Une Banque Contemporaine : Ce Qu'elles Contiennent, Ce Qu'on en Peut Tirer

Published online by Cambridge University Press:  25 October 2017

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Pour beaucoup d'historiens, sans doute, ce que renferment en fait de documents divers les Archives d'une grande banque — voilà qui reste assez mystérieux. Ayant eu la bonne fortune de pouvoir manier, au cours d'un travail de plusieurs mois, les archives de la Société Générale Alsacienne de Banque à Strasbourg, nous voudrions, — en montrant comment de tels papiers peuvent aider non pas seulement à notre intelligence précise des conditions d'organisation, de fonctionnement et de vie d'un organisme bancaire particulier, mais bien à notre connaissance détaillée dos manifestations d'activité économique de toute une région — plaider, une fois de plus, la thèse chère aux Annales de la conservation et de l'organisation de ces précieuses archives privées qui, seules, permettront à une histoire avide de précisions la compréhension du rôle que jouent, dans les sociétés modernes, quelques-uns de leurs ressorts les plus robustes et les plus constamment tendus.

Type
Enquêtes
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1931

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References

page 368 note 1. Cf., par exemple, les remarques de Marc Bloch, à propos du travail de Mr G. Chabot sur La Côtière orientale de la Dombes, et relatives au rôle présumé des banques lyonnaises dans la mise en valeur du pays (Annales, t.I, 1929, p. 137), et, tout récemment, nos propres remarques concernant le livre de Mr A. Allix sur L'Oisans (Annales, t. III, 1931, p. 87).

page 370 note 1. Dans le cas particulier de la Société Générale Alsacienne de Banque, les inspections étaient jusqu'à la guerre effectuées par des inspecteurs détachés par la Société Générale p. f. (de Paris) ; leurs rapports offrent donc un intérêt évident pour la comparaison des méthodes françaises et allemandes de banque, comme on le verra plus loin.

page 370 note 2. Sur l'activité de ces agences avant 1881, nous n'avons retrouvé, au siège de la Société Générale Alsacienne, que des données fragmentaires dans des carnets d'agence où sont simplement énumérées, dans l'ordre chronologique, les décisions les concernant. Celles qui sont relatives à l'agence strasbourgeoise présentent un Intérêt historique réel, du fait que cette agence eut à liquider, après la guerre de 1870, les questions posées par l'annexion : c'est ainsi qu'en mars 1874, elle ouvrit à Avricourt un bureau de réexpédition pour les recouvrements d'or et d'argent; qu'en 1875, pour faciliter « l'exode » des optants, elle entra en relations directes avec la « Société Algérienne », afin de pouvoir disposer sur les différentes places où cette dernière avait des agences, etc. — Dans le carnet del'agence de Mulhouse, qui ne commença à fonctionner réellement qu'après le traité de Francfort, il est noté, à la date du 26 août 1871, que « Mr Rouland, gouverneur de la Banque de France [s'est déclaré] satisfait de voir la situation que la S. G. voulait prendre à Mulhouse en se substituant à la succursale de la Banque de France ; il se propose de faciliter autant que possible le ravitaillement des fonds de l'agence ». (Sur les agences alsaciennes de la Banque de France, cf. Ramon, G., Histoire de la Banque de France [1929], p. 197, 321, 338-339.Google Scholar L'agence de Mulhouse créa deux « sous-agences », comme on disait alors : l'une, dès novembre 1871, à Colmar; l'autre, en novembre 1872, à Belfort où, par suite de son option, le directeur dut établir son domicile légal, en se faisant représenter à Mulhouse, jusqu'en mars 1873, par un fondé de pouvoirs.

page 371 note 1. Sur ces crises et leur répercussion, voir, à titre de rapprochement, B. S. Chlepner, Le marché financier belge depuis cent ans, 1930, et notre note à paraître dans les Annales.

page 371 note 2. Cf. A.-É. Sayous, La crise allemande de 1900, 1902 (Bibliothèque du Musée social).

page 371 note 3. En vue de complications possibles, les réserves métalliques s'accumulent : cf. Rist, C., Les finances de guerre de l'Allemagne, 1921, p. 1535.Google Scholar

page 372 note 1. Des tableaux annexes doivent relever : 1° l'évolution des réserves (statutaires et extraordinaires) ; 2° les variations des dividendes distribués ; 3° les divers mouvements : caisse, portefeuille, effets comptes créditeurs, opérations capitalistes, mouvement général du journal, bénéfices nets, frais généraux, etc.

page 372 note 2. De 1900 à 1907, les deux directeurs résidaient l'un à Strasbourg, l'autre à Francfort, d'où des lenteurs et des retards dans le va-et-vient des dossiers à étudier et des décisions à prendre. Il n'y eut plus ensuite qu'un unique directeur général, à Strasbourg : « Centralisant tout, écrit un inspecteur en 1907, il semble qu'il en coûte au Bureau Central de se décentraliser quelque peu lui-même et qu'aboutissant à un seul homme, l'activité de ce dernier doit pouvoir être égale à celle de tous les agents qu'il dirige. » A quoi le directeur, consciencieux, observait « qu'ayant toujours été son meilleur employé dans sa carrière de directeur d'agence, il n'a jamais pu se résoudre à partager avec d'autres le travail dont il se sentait seul responsable… ». On saisit ici sur le vif le rôle souvent décisif des chefs d'entreprise. — Une liste des membres du Conseil de survelllance révèle les liens noués avec la finance parisienne (en l'espèce la Société Générale p. f.) et avec le commerce et l'industrie régionales (maîtres de forges de Niederbronn ou Hayange, filateurs haut-rhinois, commerçants strasbourgeois). Une-étude des rapports entre les deux S. de Strasbourg et de Paris serait également attachante. Nous n'avons disposé que des archives alsaciennes, ce qui rend le recoupement impossible; de même, l'exposé des participations prises par la S. G. A. dans les filiales étrangères de la S. G. p. f. (Belgique ou Suisse surtout). — L'Alsacienne eut à Paris, de 1881 à 1891, au siège même de la S. G. p. f., un bureau d'où partaient les directives de l'administrateur-délégué de la banque parisienne ; les archives de ce bureau appartiennent à la S. G. p. f.

page 373 note 1. Chronologie des agences : Strasbourg, 1866 ; Mulhouse, 1871 ; Colmar, 1872; Guebwiller et Metz, 1882; Francfort-sur-le-Main et Luxembourg, 1886; Oberstein, 1893 ; Mayence, 1894 ; Lausanne, 1897-1909 ; bureaux à Sélestat, Haguenau, Thann, Obernai, 1900, transformés l'année suivante en agences ; Sarreguemines, 1902 ; Thionville et bureau de Barr, 1903 ; Sarre-Union, 1905 ; Saint-Louis et Idar, 1906 ; bureau de Kehl, 1909 ; bureaux d'Esch-sur-Alzette et Ettelbrück, 1910; bureau de Bischwiller, essai, 1911 ; bureau de Niederbronn,1912 ;de Molsheim et Rosheim, Saverne, Sarrebourg et Wasselonne 1913; Cernay, Saint-Amarin, Bouxwiller, 1914. Après-guerre : Sarrebrück et Cologne, 1919; Ludwigschafen, 1920; Wiesbaden et Dusseldorf, 1922; Zurich, 1926. Le tableau détaillé des produits des agences permet d'intéressantes comparaisons sur leur part respective d'activité.

page 373 note 2. A propos d'Altkirch : 11 n'y a nul commerce, seulement quelques petits magasins de détail et quelques agriculteurs « qui ont de la peine à joindre les deux bouts et qui ne demanderaient pas mieux que de voir s'ouvrir un guichet dans le fol espoir d'avoir des fonds pour pou voirliquider leur situation plus ou moins mauvaise…. Les quelques personnes qui peuvent acheter des valeurs viennent le plus souvent les acheter à Mulhouse pour qu'on ne le sache pas chez eux et il y en a plus encore qui vont à Belfort, ou à Bâle, pour éviter de payer l'application du timbre allemand sur les titres et aussi par la crainte ridicule des recherches que le fisc pourrait faire chez les banquiers du pays pour établir l'impôt sur le revenu. »

page 373 note 3. Cf. Lumm, , Die Entwicklung des Bankwesensin Elsass-Lothringen seit der Annexion, Iéna, 1891 Google Scholar, et Die preussische Bank in Elsass-Lothringen, ibid., 1890 ; — Laufenburger, Henry, Cours d'économie alsacienne, t. I, Paris, 1931, p. 183 Google Scholar et suiv. (Sur ce dernier ouvrage, voir notre compte rendu dans Annales, t. III, 1931, p. 141-145). La comparaison avec les autres banques alsaciennes en face du groupe des succursales allemandes s'imposerait tout au long de la période d'avant-guerre. Cf. P. Klein, L'évolution contemporaine des banques alsaciennes. Histoire d'un essai de régionalisme bancaire, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1931 (Thèse, Droit, Strasbourg).

page 374 note 1. Cf. Sömme, A., La Lorraine métallurgique, 1930 Google Scholar, et notre compte rendu dans Annales, t. III, 1931, p. 268.

page 374 note 2. En ce qui concerne les relations avec l'Allemagne, citons tel rapport de 1925 qui témoigne d'une heureuse prescience de l'avenir économique : « Par une singulière et avantageuse destinée, nos postes principaux : Mannheim, orienté vers le Danube par le Neckar, Francfort-sur-le-Main et donc sur la même route, Rhin-Main-Danube, enfin plus au Nord, commandant par Dusseldorf le Mittelland-Kanal, nos postes principaux s'échelonnent le long du Rhin, ayant des vues directes dans la direction de l'Est. Or depuis 1921, il est visible qu'au point de vue industriel l'axe de l'Allemagne contemporaine se déplace vers l'Est, à preuve le mouvement des industries chimiques, le développement du bassin de lignite saxon, l'électrification de la Bavière, etc.» Signalons encore le but de l'agence de Sarrebrück : « faire face aux besoins du commerce et de l'industrie alsacienne et lorraine pour réaliser les transactions autorisées par la Chambre de dérogation » (1919). L'étude comparée du développement d'autres réseaux bancaires de sociétés alsaciennes, telle la Banque d'Alsace-Lorraine, fournirait également des rapprochements intéressants sur les secteurs réciproques d'influences. Cf. Barthelmé, Alphonse, Le développement des courants commerciaux de l'Alsace depuis la guerre, 1931 Google Scholar, et notre compte rendu (à paraître).

page 376 note 1. Sur les débouchés des houblons alsaciens, voir Zeyl, Robert, La culture du houblon en Alsace dans Annales de Géographie, 1930, p. 575578 Google Scholar, et W. Rinckenberger, même titre (Thèse, Droit, Strasbourg, 1931).

page 377 note 1. Nombre d'observations des inspections sont précieuses pour l'bistoire économique. Ainsi Idar ajoute aux tailleries d'agate, à partir de 1910, la taille des diamants et ensuite se met à pratiquer le commerce des perles. « Les paysans des villages voisins s'associent entre eux, note l'inspection de 1909, pour monter dans des moulins communaux des meules dont ils sont propriétaires en tout ou partie. Tous ces industriels ouvriers travaillent à façon pour le compte des lapidaires d'Idar et ils créent du papier sur eux pour se rembourser. Chaque année, il y a des départs nouveaux de débutants qui vont chercher la pierre à l'étranger, en Amérique ou en Australie et des crédits leur sont ouverts auprès des banques pour acquitter leurs achats. Les dettes hypothécaires se rembourseront un jour, les maisons jeunes ont besoin de la caisse du banquier, mais plusieurs lapidaires ont lait fortune en très peu de temps et sont millionnaires ou presque. »

page 378 note 1. L'inspection de 1914 relève qu' « il y a peu de villages dont le curé ne soit notre client, détail qui a sa valeur dans un pays comme le Luxembourg où le curé de village est très écouté des paysans ». Et encore : « Il y a à Wiltz sept ou huit millionnaires revenus au pays après avoir fait fortune en Amérique et pas de banquier ! »

page 378 note 2. Signalons enfin l'intérêt, à la fois historique et géographique — véritable mine de renseignements pour l'histoire sociale future — de l'Annuaire des Sociétés par actions du Haut-Rhin, du Bas-Rhin, de la Moselle, du Luxembourg, du Territoire de la Sarre édité par la Société Générale Alsacienne, 10e édition, 1930. Il contient près d'un millier de notices donnant des renseignements sur chaque affaire (historique et bilans comparatifs des cinq dernières années), ainsi que des notices générales sur les groupes d'industries en Alsace et en Lorraine et la géographie économique du Grand-Duché et de la Sarre.