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Catégories d'Age et Groupes Sociaux les Jeunes Générations Françaises de 1830

Published online by Cambridge University Press:  30 October 2017

Louis Mazoyer*
Affiliation:
Lycée Condorcet, Paris
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Composée de tous les Français qui, nés pendant l'Empire, atteignent leur vingtième année sous Charles X ou au début du règne de Louis-Philippe, la « Jeunesse de 1830 » occupe une place privilégiée dans notre littérature et dans notre histoire. On s'accorde à reconnaître l'importance de son rôle, la richesse et la nouveauté de ses apports. On va même jusqu'à lui attribuer le mérite « d'avoir donné au XIXe siècle sa formule principale ». On parle de ses volontés, de ses espoirs, de ses inquiétudes de sa « vivante personnalité ». On n'hésite pas à la ranger au nombre de ces « générations représentatives » qui passent pour former chacune un groupe homogène et distinct, sinon, comme on l'a dit, « une sorte d'entelechie naturelle ».

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1938

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References

page 385 note 1. Challamel, A., La génération de 1830 (Paris, 1885), p. 3;Google Scholar Charléty, S., La Monarchie de Juillet dans Histoire de la France contemporaine publiée par Lacisse (Paris, s. d.), t. V, p. 43.Google Scholar

page 386 note 1. Surces «hiatus » produits entre les générations parles révolutions ou les guerres,, cf. A. Grémieux dans Europe, 15 mai 1926.

page 386 note 2. Chateaubriand, , Mémoires sur la vie et la mort du Duc de Berry dans Œuvres complètes (Paris, 1859), t. X, p. 579;Google Scholar — Discours de Benjamin Constant, du général FOY à la Chambre des Députés dans Archives Parlementaires, t. XXXV, p. 446 et 681 (13 et 27 mars 1822).

page 386 note 3. Aubenas, R., La famille dans l'ancienne Provence dans Annales, t. VIII, 1936,. p. 523.Google Scholar

page 387 note 1. C'était « la famille que l'on aimait bien plus que les individus, et surtout que les jeunes individus que l'on ne connaissait pas encore », dit Talleyrand en signalant, en outre, dans ses Mémoires, «la crainte que l'on avait de donner trop d'éclat à la jeunesse ». Cf. Sindbal, J., Talleyrand (Paris, 1926), p. 64.Google Scholar

page 388 note 1. Dans son discours de réception à l'Académie, le 27 mai 1852, A. de Musset assure que les révolutions ne brisent jamais les liens de famille. L'opinion contraire est vigoureusement soutenue, dès janvier 18C6, par le Cardinal DE Bausset, Lettres à Dhombres (Nîmes, 1886), p. 39. On ne doit pas oublier, par ailleurs, que grâce à l'émigration, l'influence des moeurs anglo-saxonnes a pu modifier heureusement les conceptions de la vie domestique dans la noblesse française

page 389 note 1. J. Lacroix, Proudhon et la souveraineté du droit politique, décembre 1933, cité par Cuvillier, A., Proudhon (Paris, 1937), p. 22.Google Scholar

page 389 note 2. Bonnemère, E., Les paysans au XIXe siècle (Nantes, 1847), p. 11.Google Scholar

page 389 note 3. Munaret, J., Du médecin de campagne et de ses malades (Paris, 1837), p. 127.Google Scholar

page 389 note 4. R. Fernandez, Une étape, Paul Bourget dans Nouvelle revue française, août 1926, p. 178 et 193.

page 390 note 1. Fazy, J., Delà gérontocratie (Paris, 1828), p. 33.Google Scholar Sur cette alliance, plus tard rompue, de la bourgeoisie et des savants, cf. Berl, E., Révocations dans Europe, 15 octobre 1930, p. 244.Google Scholar

page 391 note 1. A ce sujet, de très fines observations d' Thibaudet, A., L'écrivain et la Province dans Candide, 30 novembre 1933.Google Scholar

page 392 note 1. Après les grands travaux d'Haussmann, P. Leroy-Beaulieu pourra écrire ; « Autrefois, à Paris, ouvriers et bourgeois étaient mêlés ; ils habitaient les mêmes quartiers, souvent les mêmes maisons ; ils se croisaient dans le même escalier, l'un se rendant au premier étage, l'autre à la mansarde. » [Le socialisme et les grèves dans Revxie des Deux Mondes, Ie ‘ mars 1870, p. 102).

page 392 note 2. Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps (Paris, 1858), t. III, p. 136-140. Sur l'expression Déracinés, cf. Gide, A., Prétextes (Paris, 1923), p. 5161.Google Scholar — Dans Les Misérables, tous les Amis de l'A. B. C. sont provinciaux d'origine. En 1871, sur les 35 000 prisonniers, tous d'origine française, avoués par les Versaillais, 9 000 seulement sont nés à Paris ; cf. Lissagaray, , Histoire de la Commune (Paris, 1896), p. 250.Google Scholar

page 393 note 1. Balzac, édit. Houssiaux (Paris, 1855), Ursule Mirouet, t. V, p. 144 et Madame Firmiani, t. I, p. 237, etc.

page 396 note 1. En 1937, on comptait, en France, 25 470 médecins.

page 397 note 1. Un médecin pour 1 410 habitants à Montauban, pour 2 800 en Arles, pour 2 600 dans le Gard (où la moitié des communes n'ont pas de secours médicaux), pour 7 communes en Maine-et-Loire. Cf. Canal, S., Notes historiques sur le département de Tarnet- Garonne (Montauban, 1932), p. 12 et 37.Google Scholar

page 397 note 2. Dans son Mémoire, composé en 1834, sur La misère, l'association et l'économie politique, J. Garnier place «la fonctionomanie »et «la fausse direction de la jeunesse « parmi les causes de la misère (Éléments de finances, Paris, 1898, p. 292).

page 397 note 3. Balzac, , Béatrix, t. IV, p. 62;Google Scholar Villemain, , Souvenirs contemporains d'histoire et de littérature (Paris, 1856), t. I, p. 7.Google Scholar

page 398 note 1. Il passe de 666 à 3 365. Il sera, en 1933, de 15 000. Cf. Piobetta, J., Le Baccalauréat (Paris, 1937).Google Scholar

page 398 note 2. Préfet Rivet au ministre de l'Intérieur, 6 août 1835 (Archives du Gard, 6 M 202).

page 399 note 1. Hauptoul, A., Souvenirs sur la Révolution, l'Empire et la Restauration (Paris, 1904), p. 521 et 522.Google Scholar

page 400 note 1. Dans le dernier chapitre de ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse.

page 400 note 2. « La bêtise de l'épicier parisien », dit Balzac (Le Cousin Pons, t. XVIII, p, 393). L'expression « délivrer une patente d'épicier » équivaut alors à décerner un brevet de sottise ; cf. Gaulot, P., Les indiscrétions d'un bourgeois de Paris, d'après des documents inédits (Paris, 1923), p. 152.Google Scholar — A Marseille, polémiques à ce sujet, en octobre 1831, entre la feuille républicaine La Gorgone et le journal du Juste-Milieu, Le Garde National, qui se dit fier de défendre des « épiciers ».

page 400 note 3. L'oligarchie financière est vivement attaquée, même par les modérés ; Bonnemère (ouv. cité, p. 38 et 40) demande déjà que la Banque dite de France soit la Banque de la France et réclame la nationalisation des compagnies d'assurances. Le prudent Dupin l'Aîné traite de « loups cerviers » les agents de change. Le point de vue républicain est nettement exposé par l'avocat André, Brochure populaire (Marseille), 13 janvier 1834.

page 401 note 1. Pompée, P., Mémoire sur l'organisation de l'enseignement professionnel (Paris, s. d.)Google Scholar ; — Pomaret, C., L'École des Arts et Métiers d'Aix (Paris, 1933).Google Scholar Cf. Annales, t. V, 1934, p. 35.

page 401 note 2. Il faut, par exemple, 900 000 francs pour acheter une charge d'agent de change ; 600 000 pour débuter comme banquier ; 500 000 comme armateur, et de 20 000 à 30 000, — somme alors considérable, — pour ouvrir le moindre commerce de détail.

page 401 note 3. Armand, F. et Maublanc, R., Fourier, (Paris, 1937), t. II, p. 26;Google Scholar Fourieb, C., Traité de l'association domestique agricole (Paris, 1822), t. II, p. 418 Google Scholar et 420, et Théorie de l'unité universelle (Paris, 1834), t. III, p. 125

page 403 note 1. Doiléans, E., La rencontre de Proudhon et de Karl Marx dans Bévue d'histoire moderne, t. XI, 1936, p. 29.Google Scholar

page 403 note 2. Garde National, 25 novembre 1831. — Significative est la révolte de Frédéric Moreau de L'éducation sentimentale dans le salon des Dambreuse : « La pourriture de ces vieux l'exaspérait » (Deuxième partie, ch. m, p. 325).

page 404 note 1. A la même époque, au Japon, un homme, dès qu'il atteignait la quarantaine, était dit inkyo, c'est-à-dire « séparé du monde ».

page 404 note 2. Thureau-Dangin, P., Royalistes et républicains (Paris, 1874), p. 124.Google Scholar

page 404 note 3. de la Gohce, P., Louis-Philippe (Paris, 1931), p. 242.Google Scholar

page 405 note 1. Citons, parmiles plus jeunes, Portalis,Duchâte],Girardin, Glais-Bizoin, Guerrin, Las Cases, Rampon, les frères Garnier-Pagès, Chaix d'Est Ange, Malleville, Morny, Combarel, La Boissière, Haubersart.

page 405 note 2. Voir, notamment, à ce sujet une poésie de Veybat, dans la publication républicaine, L'Homme rouge, Lyon, 2 juin 1833.

page 406 note 1. Citons Bocher, Bohain, Rivet, Thiessé, Thierry, Aguesseau, Mercier, Morisot, Delamare, Bondy, Siméon, Roulleaux-Dugage, Jayr, Chaper, Pusy, etc.

page 406 note 2. A Strasbourg, Raess, directeur du Séminaire, à 30 ans ; Matter, directeur du Gymnase, à 29 ; Kleinrath, professeur à la Faculté de Droit, à 26 ; Richard et Reuss à la Faculté de Théologie, à 25 et 35 ; — Cottard est recteur à 37 et Reynaud, proviseur à 31.

page 409 note 1. A. Crémieux et Ledru-Rollin achètent leurs charges l'un, 300 000 francs en 1830 ( Posener, S., A. Crémieux, Paris, 1931, t . I, p. 94 Google Scholar), l'autre, 330 000 en 1838 (Vapjsheau, t. II, p. 1 057).

page 409 note 2. Vendus, en moyenne, 300 000 francs pour la première instance à Paris, 100 000 pour les Cours d'Appel, « elles sont encore fort chères dans les moindres chefs-lieux ».

page 409 note 3. Pour 700 000 francs à Paris ; 300 000 en banlieue, à Versailles, à Rouen ; 100 000 dans les chefs-lieux de département et d'arrondissement ; 20 000 à 40 000 dans les cantons.

page 409 note 4. Pillot, Dupont de Bassac, Vaïsse, Hautefeuille, Chigarray, Saint-Prix, Barthélémy, Anspach, Grand, Foucqueteau, Rouland sont procureurs du roi avant 30 ans ; Raynal, Woirhaye, Frank-Carré, Dumon, Gaillard, Daniel, Vaïsse, Troplong, Rouland, avocats généraux avant 35 ; Plougalon, Mesnard, Bret, Seneca, Delapalme, Laurence, avocats généraux entre 35 et 40 ; Feuilhade, Gaillard, Darnaud, Barthe, Legagneur, Rouland, procureurs généraux entre 34 et 37.

page 409 note 5. Les gazelles caressées par Thiers dans les jardins du Ministère de l'Intérieur ontdonné leur nom aux nombreux protégés du ministre. Cf. M. Reclus, Monsieur Thiers (Paris, 1929), p. 259. — En 1842, le député Beaumont fait voter une enquête sur l'abus •des influences.

page 410 note 1. Balzac, , La peau de chagrin, t. XIV, p. 7 Google Scholar et 11.

page 411 note 1. En 1829, Montalivet dit Aux Français de son âge (p. 7) : «C'est à vous d'être les ailes d'un corps d'armée prêtes à s'élancer dans la plaine ; si vous ne pouvez pas voter, ranimez les nonchalants, aidez les infirmes…. » Il signale l'activité féconde de la jeunesse à Angoulême, Lyon, Villefranche, Châlons, Nancy, etc.

page 411 note 2. Villemain, Ouv. cité, t. I, p. 396. — L'idéalisme est représenté dans Les Misérables par Eajolras, et la plupart de ses amis, « ces amoureux de marbre de laliberté ».

page 412 note 1. « La Politique, ce monstre hideux que la Manche a vomi sur nos côtes », écrit alors L. Méby (cité dans Xe Caducée, 1878, t. I, p. 24).

page 412 note 2. Mélanges de littérature et de critique, 23 mai 1831, p. 293.

page 413 note 1. Peronnet, G., L'Éducation sentimentale et les événements contemporains dans Mercure de France, t. CXXXVII, 15 janvier 1920, p. 299.Google Scholar « La jeunesse éclatera comme la chaudière d'une machine à vapeur, » écrit Balzac (Z. Marcas, t. XII, p. 126).

page 413 note 2. Il n'est pas sans intérêt d'opposer leur attitude à celle des jeunes personnages de Barrés ; cf. Thibaudet, A., La vie de Maurice Barrés (Paris, 1921, p. 165169).Google Scholar Sur les jeunes générations des débuts du XXe siècle, voir, notamment : Agathon (Massis ET Tarde), Les jeunes gens d'aujourd'hui (Paris, 1912). Des enquêtes sur la jeunesse d'après-guerre ont paru en 1921 et 1922 dans L'Ère nouvelle, Le Démocrate, La Revue française hebdomadaire, etc.

page 414 note 1. Tarde, G., L'opinion et la foule (Paris, 1901), p. 31.Google Scholar

page 414 note 2. Jacoby, P., Études sur la sélection (Paris, 1881), p. 490.Google Scholar

page 415 note 1. « Beaucoup nier à vingt ans, c'est signe de fécondité. Si la jeunesse de cette heure approuvait ce que ses aînés ont constitué, ne reconnaîtrait-elle pas d'une façon implicite que sa venue en ce monde fut inutile », écrit Barrés dans Le jardin de Bérénice.

page 416 note 1. «En 1832, les fils ne valaient plus les pères », écrit de Courson, A., L'insurrection de 1832 en Bretagne et dans le Bas-Maine (Paris, 1910), p. 250.Google Scholar

page 416 note 2. Comme, plus tard, sous la Commune où Galiffet fera sortir des rangs et fusiller sur place les plus vieux de ses prisonniers (Lissagaray, ouv. cité, p. 486).

page 416 note 3. Sur l'impossibilité pour la jeunesse de comprendre un événement devenu de « réel » « historique », cf. Péguy, C., Cahiers de la Quinzaine, t. X, juin 1909, p. 1320.Google Scholar

page 417 note 1. Leçons et modèles d'éloquence judiciaire (Paris, 1838) p. 657.

page 418 note 1. Arch. du Gard, 6 M 219 (Dossiers de police, 1833). Sur le vieux carlisme, «ce débris refroidi semblable au guerrier de l'Arioste, qui combattait toujours sans s'apercevoir qu'il était mort », cf. Dejean, É., La Duchesse de Berry et les monarchies européennes, Paris, 1913.Google Scholar

page 418 note 2. Cet effort de la jeunesse catholique est souvent suivi avec sympathie par la jeunesse libérale. « Le clergé, s'il veut garder encore quelque influence, doit accepter avec hardiesse de se mettre, comme jadis le Christ, au service du peuple, planter l'étendard sacré au sein même des jeunes libertés et laisser là ces trônes vermoulus où la croix chancelle au milieu des ruines » [Le Sémaphore, 2 février 1831).