Published online by Cambridge University Press: 25 October 2017
Au début de 1930, le Gosplan (Commission des projets d'État), entendit l'exposé d'un plan général de développement économique et culturel de l'économie soviétiste. Au cours de la discussion qui suivit cet exposé, Krjijanovskij, le père du plan d'électrification de la Russie, et, jusqu'à 1931, président du Gosplan, déclara non sans ironie : « Pjatilêtka (Plan quinquennal) est devenu quelque chose d'aussi intraduisible que le mot sovièt. Maintenant, dans toutes les langues on dit : Sovièt, Pjatilêtka…. »
page 257 Note 1. Planovoê Khozjajstvo, 1930, n° 2, p. 10.
page 258 Note 1. Dans un livre remarquable et d'ailleurs discutable, Mr Henhi Rollin a fait un exposé magistral de tout cela. Ce qu'il dit de Pierre le Grand et de ses actuels successeurs ne saurait trop être recommandé. Mais Mr Rollin ne voit dans tous ces efforts que la passion militaire. Pour lui, le P. Q. n'est qu'un plan de mobilisation. Il ne faut pas nier qu'il est cela en partie, et ses auteurs ne l'ont jamais caché. Mais c'est bien autre chose : c'est la vision d'avenir d'un peuple jeune qui veut étonner le monde, parce qu'il sent qu'il en a les moyens (La Révolution russe, Paris, Delagrave, 1931, in-8°, 3 vol.).
page 259 Note 1. Cité dans la résolution du 14e Congrès du P. C. en 1925.
page 260 Note 1. De 1900 à 1913, la production sidérurgique avait presque doublé, de même quel'extraction du charbon ; le nombre des ouvriers employés dans la grande industrie avait augmenté de moitié.
page 262 Note 1. Chiffre ramené à la valeur d'avant-guerre.
page 264 Note 1. Il semble que les premières études faites autour de l'industrialisation ont été pour ainsi dire suscitées par cette inquiétude concernant l'accroissement de la population.
page 265 Note 1. On avait envisagé dès 1923 une solution simpliste : relever de façon abusive les prix des marchandises industrielles. Les dirigeants de l'industrie comptaient que la masse, privée depuis longtemps de ces marchandises, se jetterait littéralement sur elles, ce qui permettrait de réaliser de gros bénéfices. Le résultat de cette trop grosse malice ne se fit pas attendre. Le marché des campagnes se ferma complètement et, à la fin de décembre 1923, le Comité central du parti, tout en reconnaissant que l'accumulation socialiste était le facteur fondamental de la dictature prolétarienne, déclara que, pour réaliser cette accumulation, il ne fallait pas aller trop vite et, par conséquent, ne pas exagérer les profits aux dépens du consommateur. Il y avait en germe, dans cette idée d'accumulation au profit de l'Etat, tout le côté financier du futur plan quinquennal, qui est, en somme, basé sur le réemploi collectif de la plus-value des activités individuelles. Seulement, en 1923, cette activité n'était conçue que comme l'épargne forcée des consommateurs, alors que, dans les années qui suivirent, à cette idée simpliste vint s'ajouter l'idée du régime des économies et de la rationalisation.
page 265 Note 2. Il faut dire néanmoins que les crédits trouvés à l'étranger ont servi de catalyseurs. Sans eux, comme sans techniciens étrangers, le P. Q. serait resté inapplicable.
page 267 Note 1. Le cas Trotzky est très particulier et se complique d'une rivalité personnelle avec Staline.
page 268 Note 1. Les quelques chiffres que nous avons cités plus haut montrent que la fabrication des cotonnades avait légèrement dépassé celle d'avant-guerre, mais que celle de l'acter restait notablement inférieure.
page 269 Note 1. Il est curieux de remarquer à ce propos que, finalement, le centre du Parti, après avoir rejeté les propositions de l'extrême gauche, mais surtout en ce qui concernait le point de départ chronologique de l'industrialisation, n'hésite pas à renchérir sur le programme même de ses adversaires. Si bien qu'il eut à vaincre les hésitations, puis l'antagonisme déclaré des droitiers menés par des personnalités aussi éprouvées que Rykov et Boukharine.
page 271 Note 1. Cette tendance est bien marquée dans deux opuscules parus vers cette époque : une brochure de Kaktyne, Plan économique unique et centre économique unique, ainsi que dans celle de Kritzmann, Le plan économique unique et la Commission d'utilisation.
page 271 Note 2. Le plan d'électrification se divisait en trois parties : le chapitre A ne constituait que la mise au point des disponibilités actuelles ; le chapitre B fournissait un plan détaillé pour la construction de 30 grandes centrales électriques ; le chapitre C comportait le projet de construction de lignes de chemins de fer électrifiées, notamment sur les grandes lignes à voies multiples.
page 272 Note 1. Le 14e Congrès donnait déjà des indications assez claires sur les tendances à observer dans le développement. D'après la résolution sur le rapport du Comité central, il s'agit de construire l'économie nationale en partant du point de vue que l'U. R. S. S. qui, jusqu'ici, importait des machines et de l'outillage, doit devenir un pays producteur de ces machines et de cet outillage, de façon que l'Union, encerclée par le capitalisme, ne puisse, en aucune manière, devenir une annexe de l'économie capitaliste mondiale. Quelques mois plus tard, le Comité central devait expliciter tout cela. Constatant — en avril 1926 — que l'industrie utilisait alors à peu près complètement le capital hérité des régimes précédents, le Comité central insiste sur la nécessité de constituer des réserves, afin de créer de nouvelles entreprises et sans laisser se développer inconsidérément certaines branches plus favorisées.
page 272 Note 2. Pourquoi quinquennal ? Il semble qu'on ait hésité assez longtemps dans les milieux d'économistes sur la période que devrait couvrir un tel plan. Les uns tenaient pour deux ans ; d'autres pour trois, cinq ou sept ans. Néanmoins, dès ses premiers travaux, le Gosplan se fixa à cinq ans. Il semble, mais nous ne saurions l'affirmer, que ces cinq ans correspondent au cycle agricole russe. Au moment du 15e Congrès, Rykov soutint l'idée du plan de deux ans. Cette marque de timidité ne fut pas pour peu dans sa disgrâce.
page 273 Note 1. Bien que le nombre de pages ne soit pas un critère suffisant, on ne peut pas ignorer le fait que les « Chiffres de contrôle » pour 1925-1926 tenaient dans une brochure de 105 pages, ceux de 1926-1927 constituaient un petit livre de 395 pages et ceux de 1927-1928 un fort volume de 587 pages.
page 274 Note 1. Il est à remarquer que le Comité central du Parti, lors de l'examen des chiffres de contrôle de 1927-1928, avait déjà prévu cette possibilité d'une ou deux mauvaises récoltes et même de disette après trois ans de récoltes satisfaisantes. La suite des événements devait prouver que ces craintes étaient fondées, puisque les récoltes de 1928 et 1929 furent nettement mauvaises.
page 275 Note 1. Quant à la préparation théorique et méthodologique, nous pensons avoir réussi à prouver qu'elle était déjà commencée en 1920. Faisons encore remarquer que, même en 1919, en dehors des cercles communistes, la question était étudiée, notamment par (Grineveckij V. I dans Poslevoennye perspektivy russkoj promyslennûsti (Les perspectives de l'industrie russe d'après-guerre), Moscou, 1919, 310 p.
page 276 Note 1. Puisque nous en sommes à citer les noms des «géants” prévus par le plan, nous ferons remarquer que la plupart d'entre eux doivent s'élever dans des régions assez éloignées des capitales, Moscou et’ Leningrad. Pour mettre en évidence ce déplacement du centre de gravité économique de la Russie soviétiste, il n'est que délire une carte du plan quinquennal. On y voit dans toute son ampleur la marche vers l'Est. Raisons militaires, disent certains commentateurs étrangers. Il y a de cela, mais il y a aussi et surtout la raison d'État « eurasien ».
page 277 Note 1. Il n'est pas inutile de faire remarquer que cette exportation, si importante qu'elle paraisse, resterait encore sensiblement au-dessous de celle d'avant-guerre, qui variait entre 10 et 12 millions de t.
page 277 Note 2. Remarquons que telles de ces augmentations dans la production, lorsqu'on les analyse avec calme, ne portent ni à la crainte, ni à l'admiration. Prenons des exemples typiques : que la production de tracteurs doive passer de zéro au début à 50 000 à la fin de la période quinquennale ; que la production des superphosphates passe de 150 000 t. à 1,5 millions de t. ; que l'énergie électrique de 5 milliards de kilowatts-heures passe à 22 milliards, tout cela n'a rien de plus anormal que la croissance de l'individu pendant l'âge tendre. D'autre part, même en tablant sur ces augmentations qui semblent a priori gigantesques, des comparaisons fort simples montrent que la consommation par tête d'habitant resterait encore fort au-dessous de ce qu'elle est depuis longtemps dans les pays avancés au point de vue économique. Deux exemples, empruntés, l'un à la production pour la consommation directe, l'autre à une industrie-clé, le montrent surabondamment. Le nombre de paires de chaussures fabriquées annuellement devant passer de 23 millions à 80 millions de paires, il n'en reste pas moins que ce dernier chiffre ne correspond même pas à la fabrication d'une paire de chaussures par habitant tous les deux ans (la population à la fin de la période quinquennale étant évaluée à plus de 170 millions rl'habitants). Quant à la production de l'acier, malgré l'entrée en service des installations les plus grandes d'Europe, sa production ne sera encore, rapportée à chaque habitant, que le quart de celle de la France en 1929 (10 millions de t.).
page 278 Note 1. Le plan quinquennal se contente d'abord de poser la question de la formation des cadres d'ingénieurs, de techniciens et de main-d'œuvre qualifiée. Ce n'est que dans la suite que fut dressé le programme de préparation teclinique combiné avec un relèvement général du niveau culturel de la population tout entière par introduction de l'obligation scolaire.
page 281 Note 1. Pour quelques plantes industrielles, le marché fut bien moins tendu. Les achats de lin augmentèrent de 40 p. 100, ceux de coton de 20 p. 100 ; mais la betterave à sucre donna un déficit de 14 p. 100. Les produits animaux, viande et peaux, se trouvaient en grande quantité ; mais, loin d'y voir un signe réjouissant, on craignait que ces apports excessifs ne déterminassent, pour l'année suivante, une forte restriction.
page 286 Note 1. Une fois de plus, on chercha à prouver que les dangers de guerre allaient en croissant, ce qui fut fait par le procès du Parti industriel (Ramzin, Laričev, etc.) destiné à montrer la collusion des mécontents de l'intérieur avec les ennemis extérieurs du régime sovlétiste.
page 288 Note 1. Il convient ici de faire une réserve de détail. Nous ne tenons pas pour absolument certain que le chiffre de 21 p. 100 s'applique exactement au même ensemble d'unités productives que le chiffre de 45 p. 100. Pour avoir des comparaisons entièrement valables, il faut juxtaposer le chiffre des prévisions et celui des résultats pour un même groupe. Or, dans l'industrie du groupe A, l'augmentation prévue était de 59 p. 100, le résultat est 28 p. 100. Ceci montre bien que, même dans le groupe « privilégié », l'augmentation de la production, quoique énorme, n'a pas pu tenir le rythme projeté.
page 288 Note 2. Il est avéré que, sur ce point, un redressement était indispensable. Parmi les chefs économiques, beaucoup avaient fini par se laisser aller à l'idée qu'avec la NEP on abandonnait toute idée de profit. Pour eux, du moment qu'il y avait un plan, un contrôle strict n'était plus nécessaire ; l'État finançait les productions suivant leurs besoins. Comme on le fit remarquer depuis, ce raisonnement péchait par la base, la NEP ne pouvant être abandonnée tant qu'il subsiste une masse importante d'économies privées. L'an passé, on avait renforcé le rôle de la Banque d'État pour le financement du plan quinquennal ; cette année on a renforcé son droit de regard sur l'utilisation des crédits fournis par elle. Depuis le 1er novembre, la Banque d'État ne doit accorder de crédits que pour des besoins strictement déterminés de la production et de la circulation et sous la condition expresse de remboursement à date fixe.
page 289 Note 1. En plus des déclarations semi-officielles que l'on trouve à ce sujet, notons quelques actes tels que la constitution d'un Comité des réserves de marchandises, d'un comité des prix qui a, entre autres, fait abaisser de 30 p. 100 les tarifs dans les magasins ouverts à toute la population (car certains magasins sont réservés, par exemple, aux ouvriers d'une entreprise déterminée et font à leur clientèle des prix plus avantageux). En fin septembre, on a décidé de renforcer l'industrie des conserves. De même, l'attention est portée sur l'industrie de la pèche, ainsi que sur l'amélioration de l'élevage.
page 290 Note 1. On ne peut surestimer non plus l'impulsion fournie par les brigades de choc qui sont maintenant au nombre de 200 000 et groupent 3,5 millions d'enthousiastes.
page 290 Note 2. Enréalité.la main-d'oeuvre n'afflue plus ; grâce à lacollectivisation, les paysans sont moins attirés par la ville. C'en est arrivé au point que les charbonnages du Donètz ne peuvent plus guère compter pour augmenter l'extraction que sur une mécanisation plus poussée de l'extraction. Parmi les moyens employés pour trouver de la main-d'oeuvre parmi les paysans, le plus original consiste à passer des contrats avec les fermes collectives, celles-ci s'engagent à fournir des salariés en dehors des périodes de travaux agricoles. Ceci rappelle à s'y méprendre les idées de Ford qui estime que le travail agricole n'occupe son homme que deux mois de l'année et que le temps passé à « bricoler » dans la ferme pourrait être utilisé à des travaux industriels, sur place ou en usine.