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La Grande Industrie aux XVIIe et XVIIIe Siècles : France, Allemagne, Russie

Published online by Cambridge University Press:  25 October 2017

Joseph Koulischer*
Affiliation:
Université, Leningrad
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C'est Colbert qu'on considère, à juste titre, comme le fondateur de la « grande industrie » ou des « manufactures » en France. Notonsle cependant : les deux termes sont inexacts. Ils évoquent l'idée d'une réunion de travailleurs dans un même local ; or, il s'agissait principalement, comme il sera démontré plus loin, de petits ateliers à domicile ; sul l'écoulement des marchandises était concentré entre les mains de gros entrepreneurs-marchands. Cette réserve faite, il est permis de parler de la fondation de la « grande industrie » par Colbert ; encore serait-il plus exact de dire qu'en faisant venir en France des ouvriers étrangers, il créa nombre d'industries nouvelles et perfectionna ou agrandit des industries déjà existantes.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1931

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References

page 11 note 1. Dans la suite, nous désignerons par le terme de manufactures centralisées la production dans les ateliers réunis, par celui de fabrique la même forme d'entreprises industrielles, lorsque des machines y sont employées. On ne peut parler de fabrique là où II n'y a pas de machines ; par conséquent, jusqu'à la fin du xvme siècle, ni en France, ni même en Angleterre, il ne saurait en être question.

page 11 note 2. H. Sée, L'évolution commerciale et industrielle de la France sous l'ancien régime, 1924, p. 135, 137,141,147 etsuiv., lâOetsuiv.

page 12 note 1. Voir Hintze et Schmoller, Die preussische Seideninduslrie, 3 vol., Acta Borussica, édition de l'Académie des Sciences de Berlin.

page 12 note 2. Fechner, Geschichte des schlesischen lierg- und Hüttenwesens 1741-1806,1901, et Die F abrikgründungen in Schlesien nach dem Siebenjährigen Kriege unter Friedrich Gr. dans Zeitschrift für die gesamte Staatswissenschaft, 1901.

page 13 note 1. Histoire de la Russie, t. IV, p. 157 et suiv., p. 285, 292 (en russe; cf. l'édition allemande).

page 13 note 2. Voir, par exemple, Miliukow, Les finances delà Russie au commencement du XVIIIe siècle et les réformes de Pierre le Grand, 1892 (en russe), p. 735, et Essais sur l'histoire de la civilisation russe, t. I, p. 85 et suiv. (en russe).

page 13 note 3. H.SÉE.Ouv. cité, p. 156 et 263.

page 14 note 1. Voir Polosine, La statistique et la politique industrielle (en Russie) au XVIIIe siècle dans la revue Le travail en Russie, 1924, n° 1 (en russe).

page 16 note 1. J. Koulischer, Allgemeine Wirtschaftsgeschichte, i. II, 1929, p. 403 et suiv. et encore p. 105, 212, 318, 321, 362.

page 16 note 2. Dahlgren, Les relations commerciales entre la France et les côtes de l'océan Pacifique, t. 1,1909 ; — L. Vignols, L'ancien concept du monopole et la contrebande universelle dans Bévue d'histoire économique et sociale, 1925.

page 16 note 3. Sombart, Luxus und Kapitalismus, 1912, p. 9, et Der moderne Kapitalismus, 2” éd., t. II, p. 973 et suiv.

page 17 note 1. Savary Des Bruslons, Le Parfait Négociant, éd. 1675, t. I I , p. 198 e t suiv.

page 17 note 2. Depître, Prêts au commerce et aux manufactures(1740-1789) dans Hevue d'hist. écon., t. V I I , n° 2. Cf. Tiiirion, La vie privée des financiers au Xviiie siècle, 1895 ; - - Normand, La bourgeoisie française au Xviie siècle, 1908 ; — Clément et Lemoine, Les derniers fermiers généraux, 1872 ; —- Jauze, Financiers d'autrefois, 1886.

page 17 note 3. Kaeppelin, La Compagnie des Indes orientales et François Martin, 1908 ; --- Bonnassieux, Les grandes compagnies de commerce, 1892 ; — Montagne, Histoire de la Compagnie des Indes, 1899.

page 18 note 1. BÉER, Studien zur Geschichte der oesterreichischen Volkstvirlschaft unter Maria- Theresia,t. 1,1894, p. 102,107 etsuiv.,112 etsuiv.

page 18 note 2. H. SÉE, ouv. cité, p. 130, 256 ; — Havard et Vachon, Les manufactures nationales, 1889 ;— Germain Martin, La grande industrie sous le règne de Louis XIV, 1899

page 19 note 1. Collection des lois, t. V, n° 3089.

page 19 note 2. Lappo-Danilevsky, Les compagnies commerciales et industrielles (en Russie) dans la première moitié du XVIIIe siècle, 1892 (en russe).

page 19 note 3. J. Koumscher, Russische Wirtschaftsgeschichte, t. 1,1925, p. 444 et suiv.

page 19 note 4. Pisarewsky, De la colonisation étrangère en Russie au XVIIIe siècle (en russe) ; Coll. des lois, t. XVI, n° 11880.

page 20 note 1. Coll. des lois, t. VII, nos 4345, 4378, 4540.

page 21 note 1. Boissonnade, Le socialisme d'Etat ; L'industrie et les classes industrielles en France pendant les deux premiers siècles de l'ère moderne (1453-1661), 1927, p. 212 et 295.

page 21 note 2. Hintze-Schmoller, Die preussische Seidenindustrie im 18. Jahrhundert dans- Acta Borussica, t. I, n° 146.

page 22 note 1. Hinze, Die Arbeiterjrage zu Beginn des modernen Kapilalismus in Brandenburg- Preussen, 1927, p. 177 et suiv.

page 22 note 2. Coll. des lois, t. V, nos 3176, 3313 ; t. VI, n°’ 3808, 4006 ; t. IX, n° 6858.

page 23 note 1. Id., t. V, n° 3711 ; t. VI, n° 4055.

page 23 note 2. Georgi, Description de la capitale de Saint-Pétersbourg, 1724, p. 322 et suiv. (en russe ; il existe une édition allemande). Cf. Bévue de l'histoire du travail, 1922, t. II, p. 2 et suiv., p. 95 et suiv.

page 23 note 3. Semewski, Les paysans sous le règne de Catherine H, t. II, p. 395. Cf. Coll. des lois, t. IX, n° 6858 ; t. XIII, n° 9954 ; t. XV, n° 11485 ; t. XIX, n° 1366.

page 25 note 1. Histoire des classes ouvrières, 2e édition, t. II, 1901, p. 769-770. ,

page 25 note 2. « Le patron », dit LE Play, en 1856, « centralise des produits qu'une population ouvrière fabrique pour son compte dans les ateliers spéciaux ou dans les foyers domestiques. »

page 26 note 3. G. LÉVY, Le travail à domicile, 1904, p. 19-23.

page 27 note 1. U industrie dans les campagnes en France à la jin de Vancien régime, 1910.

page 27 note 2. Dictionnaire universel du commerce, 1741, t. III, p. 258. — Pourtant, des recherches plus récentes ont établi que les métiers à tisser de la manufacture Van Robais étaient en partie installés, à la fin du xvne siècle, dans différents quartiers d'Abbeville en dehors de la manufacture proprement dite. Il y avait des maisons qui comptaient 1, 2, 5 et jusqu'à 10 métiers: même un cas est cité, où 30 métiers se trouvaient dans la même maison. Les ouvriers y travaillaient sous la surveillance de contremaîtres. Plus tard, le tissage paraît avoir été concentré dans des ateliers réunis, tandis que le filage était exécuté dans 4 maisons spacieuses situées dans la ville, sous la surveillance de contremaîtres et de contremaîtresses. Voir Courtecijisse, La manuiacture de draps fins Van Robais aux XVIIe et XVIIIe siècles, p. 71-76.

page 27 note 3. Les classes ouvrières en France pendant la Révolution, t. II, 1911, p. 68-69 (en russe).

page 28 note 1. Godart, L'ouvrier en soie, 1899 ; — Pariset, Histoire de la fabrique lyonnaise, 1901.

page 28 note 2. Tarlé, L'industrie dans les campagnes, p. 15.

page 28 note 3. SÉE, ouv. cité, p. 294.

page 28 note 4. Levasseur, Ouv. cité, t. II, p. 771.

page 28 note 5. G. Lefebvre, Les paysans du Nord pendant la Bévolution, 1924, p. 283.

page 29 note 1. Recherches pour servir à l'histoire de l'industrie textile en Anjou. 1915, p. 106-10'.” 109, 121, 143, 161.

page 29 note 2. Friedrich der Grosse als Befôrderer des Gewerbcjleisses, 1912, p. 44.

page 29 note 3. Les classes ouvrières en France pendant la Révolution, t. II, p. 73.

page 29 note 4. L'introduction du machinisme dans l'industrie française, 1923, p. 164-168.

page 30 note 1. Il cite à ce propos le mémoire de l'intendant de la généralité d'Amiens, Brignon (1698), qui note, pour la plupart des manufactures, qu'on travaille non seulement dans les villes, mais aussi dans les villages environnants (ouv, cité, p. 273, 275, 298 ; 136 et suiv., 157).

page 30 note 2. Ouv. cité, p. 122, 124.

page 31 note 1. Laprade, Le poinct de France et les centres dentelliers au XVIIe et au XVIIIe siècle, 1905 ; — Bondois, Colbert et l'industrie de la dentelle dans Hayem, Mémoires et documents pour servir à l'histoire du commerce et de l'industrie en France, séries VIet VU,1921 et 1922 et dans Bévue d'hist. écon. et sociale, 1925, n° 4.

page 31 note 2. Levasseur, Ouv. cité, t. II, p. 171 et suiv.

page 32 note 1. Boissonnade, ouv. cité, p. 188, 211-212.

page 32 note 2. Boissonnade, Trois mémoires relatifs à l'amélioration des manufactures de France dans Rev. d'hist. écon. et soc, t. VII, 1914, n° 1

page 33 note 1. Guitard, Un grand atelier de charité sous Louis XIV. L'hôpital général de la manufacture à Bordeaux [1658-1775) dans Hayem, Mémoires et documents pour servir à l'histoire du commerce et de l'industrie en France, 4e série, 1916, p. 90 et suiv., 100 et suiv., 122 et suiv.

page 33 note 2. Paultbe, De la répression de la mendicité et du vagabondage en France sous l'ancien régime, p. 158 et suiv. Voir encore Dutit, L'industrie de la soie à Nîmes dans Bev. d'hisl. mod., t. X, p. 318 ; — Hauser, Les pouvoirs publics et l'organisation du travail dans l'ancienne France, ibid,, t. IX, p. 186.

page 34 note 1. Hlnze, Die Arbeiterjrage, etc., p. 156, 163.

page 35 note 1. Id., p. 164 et suiy.

page 35 note 2. Horn, Erfurts Stadtverfassung und Stadtwirtschaft, 1904, p. 90.

page 35 note 3. Howard, John, Étal des prisons et des hôpitaux, t. I, Paris, 1791, p. 121 Google Scholar, 194.

page 36 note 1. Id., p. 216 et suiv. — Howard parle avec éloge des produits de la manufacture établie dans la maison de correction de Gand et fait la remarque que l'excellence des objets qui y sont manufacturés prouve « combien se trompent ceux qui pensent qu'aucune manufacture ne peut être utile, ne peut prospérer si elle repose sur des mains enchaînées et forcées au travail ».

page 37 note 1. Rappard, La révolution industrielle et les origines de la protection légale du travail en Suisse, 1914, p. 47 et suiv., 89 et suiv., 105 et suiv. ; —Chapuisat, Le commerce et l'industrie à Genève pendant la domination française, p. 140.

page 37 note 2. Gothein, Wirtschaftsgeschiehte des Schwarzwaldes, 1892, p. 701 et suiv.

page 37 note 3. Matschoss, Friedrich der Grosse, p. 63.

page 37 note 4. Des observations analogues— qu'on pourrait multiplier presque à l'infini — ont été faites par Pribram, dans sa Geschichte der bsterreichischen G ewerbepolitik von 1740 bis 1860 (t. I, 1908, p. 16), au sujet de l'industrie autrichienne du XVIIIe siècle. « Les entreprises industrielles où les ouvriiers sont réunis dans des ateliers communs font exception. La production, notamment dans l'industrie textile, celle qui comptait lesfabrique de draps du comte Waldstein à Oberleutensdorf, a insi qu'à la fabrique de glaces de Neuhaus (Basse-Autriche) et à la fabrique de porcelaine à Vienne, un assez grand nombre d'ouvriers étaient réunis dans des locaux communs appartenant à l'entrepreneur. Mais l'étude récente de Hecht sur Neuhaus — Die k. k. Spiegeljabrik zu Neuhaus in Niederösterreich, 1701 bis 1744— a montré que, de même que dans les manufactures analogues en France, la production y était en partie effectuée à aomicile : tel était le cas, par exemple, du polissage. Toutes les femmes employées travaillaient chez elles ; en tout, les ouvriers à domicile formaient 15 p. 100 du total. A Friedau, la manufacture textile de Johann Fries, étudiée par Mr Salz (Geschichte der böhmischen Industrie in der Neuzeit, p. 351 et suiv.), occupait 55 « fabricants » travaillant dans ses ateliers, et environ 2 000 ouvriers à domicile, qui habitaient Friedau et les alentours. On distinguait alors couramment, comme le note Mr Salz, les” fabricants », réunis dans l'atelier, et les « gens » (Menschen), qui travaillaient au dehors. Cette dernière catégorie était de beaucoup la plus nombreuse.

page 39 note 1. Histoire de la fabrique russe, 1899, p. 214, 219, 237, 239 (en russe ; il existe une édition allemande).

page 41 note 1. Coll. des lois, t. IV, n° 2324.

page 41 note 2. Travaux de la commission pour l'étude du travail à domicile, t. IX, 1883, p. 247 (en russe).

page 41 note 3. Description historique et technique de la fabrique d'armes de Toula, 1826 (en russe).

page 43 note 1. Garéline, La. ville d'Ivanovo-Vosnesensk, t. I, p. 139, 142-143, 147-148, 160, 161

page 44 note 1. Tarlé, L'Occident et la Russie, p. 142-146 (en russe).

page 44 note 2. Semewski, Ouv. cité, t. II, p. 465-478.

page 44 note 3. Hermann, Mémoires de l'Académie des Sciences, t. VIII, 1822.

page 44 note 4. De même, dans la description que Campenhausen nous donne de Yambourg en 1796, il mentionne que 56 familles y vivent du tissage du fil de coton qu'ils effectuent. frapdans leurs foyers sur de petits métiers et que seules les grandes pièces exigeant de grands métiers sont exécutées dans les locaux de la fabrique. A la fin du XVIIIe et au début du xixe siècle, les manufactures pratiquaient dans une large mesure la distribution du fil aux ouvriers à domicile. Ainsi, à Médynj, vers 1780, le nombre des ouvriers travaillant chez eux pour les manufactures de toile à voiles dépassait de beaucoup celui des ouvriers travaillant dans les locaux de la manufacture. Dans la description des manufactures du Gouvernement de Yaroslav (1802-1808), nouslisons que « de nombreuses manufactures ont des métiers dans les villages ; ainsi, des 113 métiers de la manufacture de Rostov, 70 se trouvent dans les villages. Souvent les paysans reçoivent des fabriques de toile les métiers à tisser avec l'outillage et le fil nécessaires et produisent chez eux des toiles de Flandre ». En 1850, une enquête constate au Gouvernement de Kostroma que « dans de nombreux villages, les habitants ont construit des ateliers de tissage où les paysans travaillent le fil qui leur est, distribué aux manufactures ». A Pless (même Gouvernement), «les entrepreneurs de fabriques de toile font exécuter les toiles par les villageois qui ont des métiers en propre et qui leur livren t les pièces tissées ». Il est évident que ces métiers des ouvriers à domicile entrent pour une part considérable, la moitié peut-être, dans ce chiffre énorme de 4 341 représentant, en 1809, le nombre de métiers des 24 manufactures de toile du Gouvernement de Kostroma. Supposition d'autant plus vraisemblable qu'une de ces manufactures comptait 32 métiers dans 9 locaux et une autre 21 dans 5 locaux, soit une moyenne de 4 métiers par local. Combien de locaux auraient donc dû avoir des entreprises comptant 200, 300, voire 5J0 métiers, si tous ces métiers avaient été installés dans les locaux de l'entreprise même I (Cf. Tougan-Baranovsky, ouv. cit., p. 222, et Dubuc, La grande industrie dans le Gouvernement de Kostroma, 1914, p. 8,13, 59 (en russe).

page 45 note 1. Oglcbline, Études sur l'histoire de la fabrique en Ukraine, La fabrique avant le capitalisme, p. 96 (en russe).

page 46 note 1. ld., ha manufacture au temps des hetman, p. 107 et suiv., 175 (en russe).

page 46 note 2. Fréquemment, en Russie comme en Autriche et en Prusse, les serfs étaient astreints à fournir à leur seigneur du fil et d'autres produits des industries rurales qu'ils exerçaient dans leurs foyers.J