Aen croire les documents anciens, l'histoire des Wolof jusqu'à la conquête coloniale aurait surtout consisté en une succession de pillages, de razzias, de révoltes, d'usurpations sur un territoire divisé en plusieurs royaumes et en état de guerre quasi-permanent. Pour échapper aux razzias des mercenaires ceddo, nombre de paysans badolo se sont convertis à l'Islam et regroupés derrière des marabouts par l'acte de ‘Jibulu’, serment d'allégeance. Pourtant à l'heure actuelle, les Wolof offrent l'image d'une société relativement paisible. Ce que l'opinion publique occidentale considère généralement comme des indices d'agressivité sociale—la criminalité, la délinquance—semble peu développé. Les suicides comme les meurtres sont relativement rares. Des combats d'antan, on ne trouve plus que les compétitions sportives et parmi elles, seule la lutte sénégalaise (lamba) semble susciter quelque intérêt. Il faut encore préciser ce qu'est la lutte sénégalaise. Ses séances se déroulent de la manière suivante: après des heures d'attente pendant lesquelles on parle, les lutteurs (mbör) arrivent, équipés d'un arsenal magique spécifique, avec leurs assistants (suhö) sur un rythme de tambour qui leur est propre. Ils exécutent alors une chorégraphie étrange qui consiste en des simulacres de gestes de saisir, d'attraper qui sont à mi-chemin entre la danse et le simulacre d'empoignade. Les assistants du mbör font les mêmes gestes que lui. Au bout d'un certain temps, se produit la lutte proprement dite, très courte, au terme de laquelle, sans que le spectateur européen comprenne pourquoi, l'un des protagonistes est proclamé vainqueur.