Published online by Cambridge University Press: 23 January 2012
The general aim of this paper is to test by quantitative methods Mitchell's statement (Mitchell, 1965, p. 193) that ‘we expect the meaning which people read into misfortunes to change when they become part of an industrial urban community’. Mitchell was commenting (and elaborating) on the demonstration by Marwick (1952) that witchcraft accusations are particularly likely to occur between people who are in competition with one another, but who are prevented by the norms of the society from expressing their hostility openly. He suggests that Africans in town continue to interpret their misfortunes in ‘personal’ terms but that ‘the meaning that they attach to the misfortune must be of a type which will allow them to take effective action’. In the towns of the Copperbelt hostility and opposition may be openly expressed toward strangers, so there is no need for accusations of witchcraft (signalling interpersonal tensions), except where townsfolk are linked in co-operative enterprises in which, nevertheless, there is an element of competition, e.g. as between rival beerbrewers or fellow workers. In such cases open accusation tends to be inhibited and the interpretation recouched in terms of ancestral wrath. Mitchell sees, therefore, an increase in ancestor-centred explanation of misfortune in urban areas and implies a decrease in witch accusations. Marwick has suggested, on the other hand, that ‘the immediate effect of contact with Western influence is not a decrease but an increase in the African's preoccupation with magic, witchcraft and sorcery’, due to new social alignments and social, economic and political changes, which create insecurity, anxiety, and impart a ‘dangerous flexibility’ to human relationships (Marwick, 1958, p. 106).
URBANISATION ET INTERPRÉTATION DU MALHEUR: ANALYSE QUANTITATIVE
Le but de cet article est d'éprouver par des méthodes quantitatives l'assertion de Mitchell (Mitchell, 1965, 193): ‘nous pouvons nous attendre à ce que la signification que les gens attribuent à leur infortune soit modifiée quand ils s'intègrent à une communauté rurale industrielle ’, et le corollaire suivant: ‘le malheur, dans les villes, tend à s'expliquer par le courroux des ancêtres, plus que par la sorcellerie, permettant en conséquence de prendre les dispositions necessaires.’
Un millier de cas de mort ou de calamités furent recueillis à la fois dans une région rurale et dans une région urbaine (Grahamstown) dans la province Est du Cap de langue Xhosa de la République d'Afrique du Sud; les interprétations furent enregistrées de part et d'autre. Ces dernières furent classées en 3 catégories, à savoir: la sorcellerie, le courroux des ancêtres et des influences non occultes. L'on découvrit que dans la zone rurale 72,8% de calamités s'expliquent par la sorcellerie ou la magie; 8,2% par le courroux des ancêtres; et que 17,3% ne font pas intervenir des influences occultes. Par ailleurs dans la zone urbaine, les interprétations par la sorcellerie tombèrent à 45 %, celles par le courroux des ancêtres atteignant 7% et celles des influences non occultes 48%. Ceci semblerait indiquer que l'hypothese de Mitchell nʼest pas vérifiée dans la région du Cap Nguni. Les relations de parenté entre la victime et l'accusé furent également analysées en détail: dans la campagne 55,8% des accusations concernent des personnes ayant entre elles des liens de parenté, alors quʼen ville on ne trouve que 16% seulement d'accusations de ce genre. A la campagne ce sont les belles-sœurs qui sont accusées le plus fréquemment.
Sans aucun doute, l'exode rural entraîne une modification significative dans la proportion d'explications en termes traditionnels à l'égard de notions profanes, sinon scientifiques, ceci étant dû probablement à une plus grande proportion de scolarisation urbaine et à l'éducation. Mitchell suggère que l'explication nʼest acceptable que si les gens sont en mesure d'agir aux-mêmes. Ceci nʼest pas important à Grahamstown. Dans une société anomique, on peut envisager une explication fataliste; mais la sécularisation de la vie urbaine trouve sa contre-partie dans la sécularisation de la représentation du monde.