Six millions de français ont subi l’inceste selon un sondage réalisé par la Sofres pour l’Association internationale des victimes de l’inceste en 2006. Dix pour cent des enfants sont maltraités dans les pays à hauts revenus. Les troubles que génèrent ces maltraitances, dont l’inceste est la forme la plus sévère, sont l’objet d’un puissant déni qui pourrait être levé en posant systémiquement la question de sa survenue, ce qui nécessite une connaissance minimum de la psychotraumatologie et de la victimologie. L’adulte jeune victime d’inceste présente dans la forme typique un trouble de la personnalité qui se manifeste par : des difficultés à gérer les émotions avec des troubles dissociatifs ; un manque totale de confiance en soi et en toute forme d’aide possible, thérapeutique notamment ; des symptômes comorbides écrans ; une tendance à la répétition littérale du scénario traumatique, notamment dans la relation qui s’instaure avec le thérapeute (transfert et contre-transfert traumatique). Le thérapeute doit mettre en place un cadre thérapeutique qui permet la réécriture de scénario traumatique : recherche systématique de maltraitances infantiles ; rappel de la loi et incitation à porter plainte ; travail en réseau en non pas colloque singulier ; négociation « démocratique » du cadre thérapeutique ; critique du système agresseur qui entretient le déni ; contrôle des contre attitudes de rejet qui affectent les thérapies ; absence de passage. Dans ce contexte relationnel, l’EMDR est une technique qui permet de traiter certains symptômes et, notamment, les intrusions psychotraumatiques caractéristiques de la plupart des troubles psychotraumatiques.