La recherche d’indices biologiques de dépendance à l’alcool est nécessaire pour le développement de nouvelles thérapeutiques et de marqueurs de suivi. Elle implique d’explorer les mécanismes physiopathologiques qui peuvent être modifiés, de préférence au niveau périphérique, afin d’en faciliter la mesure. Les phénomènes inflammatoires, la possible altération de la barrière hémato-méningée et des soutiens gliaux, et les dommages au niveau neuronal, semblent contribuer à l’expression pathologique générale. Toutefois, la façon dont les facteurs sériques qui y sont liés évoluent après sevrage reste inconnue. Nous avons mesuré, au moment du sevrage, les taux sériques des facteurs pro-inflammatoires (TNF-alpha, IFN-gamma, Il-1bêta, Il-8, Il-6, Il-10, Il-12, MCP-1) et de la satiété (leptine) (technique de Luminex) et de témoins d’altérations neuronales Neuron Specific Enolase (NSE) ou d’une activation gliale (S100-B) (Elisa) chez 115 sujets (27 femmes et 88 hommes) dépendants à l’alcool et hospitalisés. Ces mesures ont été répétées à 28 jours (j28), 2, 4 et 6 mois (m2, m4, m6). L’objectif était d’en décrire les variations, et de rechercher leur lien avec l’abstinence. Certains marqueurs pro-inflammatoires ne sont pas détectables, d’autres varient après sevrage en augmentant jusqu’à j28 avant de baisser. Les taux de NSE ne varient pas significativement après sevrage, au contraire des taux sériques de S100 bêta qui augmentent significativement à j28 puis baissent, indépendamment de l’abstinence à 6 mois. La compréhension de l’évolution de la synthèse de ces différentes protéines peut être importante pour comprendre la physiologie du sevrage ou de la dépendance, ou encore caractériser l’état neuronal des sujets dépendants à l’alcool.