Plusieurs études ont mis en évidence des liens entre le chronotype du soir et la dépression. Compte-tenu des liens connus entre les troubles de l’humeur et le passage à l’acte suicidaire, nous avons cherché à étudier les liens entre le chronotype et les tentatives de suicide (TS).
Méthodologiela population source correspondait aux patients suicidants admis aux urgences psychiatriques du CH de Saint-Nazaire et le critère de jugement principal était le chronotype, établi à partir de la version courte du questionnaire de matinalité/vespéralité de Hörne et Ostberg (rMEQ).
RésultatsNous avons inclus 295 sujets, dont 29 % présentaient un diagnostic de trouble de l’humeur. Un pourcentage de 28,8 % avait un chronotype du matin, 55,6 % un chronotype intermédiaire et 15,6 % avaient un chronotype du soir. Les chronotypes du soir étaient significativement plus jeunes et le plus souvent des hommes. Les dépressifs, ainsi que ceux avec une forte intentionnalité suicidaire présentaient des scores au rMEQ plus élevés, étaient plus âgés, plus souvent des femmes et faisaient leur TS significativement plus tôt. Quarante-sept pour cent des sujets passaient à l’acte entre 13:00 et 20:59.
ConclusionMême si nous avons retrouvé une prévalence accrue du chronotype du soir par rapport à la population générale, nous n’avons pas mis en évidence d’association entre vespéralité et dépression, et ni avec l’intentionnalité suicidaire, contrairement aux données de la littérature. Par contre, les patients qui faisaient leur TS le matin (05:00–12:59) étaient plus souvent diagnostiqués comme dépressifs, présentaient des scores de dépressions plus élevés et une intentionnalité suicidaire plus forte que ceux passant à l’acte aux autres heures de la journée. Les liens entre le chronotype, la dépression et la suicidalité semblent complexes et des études supplémentaires, notamment longitudinales, sur la population française et incluant la qualité du sommeil seraient nécessaires pour mieux comprendre ces liens.