Le témoignage d’hommes et de femmes de tous âges exprimant leur souffrance à vivre au quotidien sous l’apparence physique et l’état civil conférés par leur sexe biologique a toujours été rapporté, sous toutes les latitudes, mais l’inscription de ce vécu identitaire intime au sein de la nosographie des troubles mentaux, se soldant dans certains cas par une modification anatomique irréversible (ou « réassignation hormono-chirurgicale du genre »), ne s’est effectuée qu’à l’aube du XXe siècle inaugurant des décennies de débat sur la genèse et la réponse médicale à apporter à cette condition singulière. Au gré de l’influence des courants théoriques dominants (aliénisme, psychanalyse, psycho-neuroendocrinologie, neurosciences…), les hypothèses « explicatives » se sont succédées étayant ou remettant en question le bien fondé d’individualiser les dysphories de genre comme condition pathologique. Sans surprise, aucune de ces hypothèses n’a pu embrasser la complexité d’une condition dont les implications sociologiques, éthiques et juridiques dépassent largement le champ médical. Alors, comment travailler au quotidien auprès des patients dysphoriques de genre en 2014 ? Quelles offres de soins psychothérapiques leur proposer et avec quels objectifs ? Quelles pistes de recherche scientifique développer à l’aune des connaissances cliniques actuelles ?