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Autisme, TED, TSA : faut-il sauver Kanner ?

Published online by Cambridge University Press:  17 April 2020

A. Philippe*
Affiliation:
Inserm U1163, Institut Imagine, Hôpital Necker, Paris, France
*
Adresse e-mail :[email protected]

Abstract

Un chercheur qui se destine aujourd’hui à travailler sur l’autisme peut rapidement être dérouté par les données de la littérature. Qu’il s’agisse de l’évolution nosologique depuis Kanner jusqu’aux TSA du DSM V, de la flambée épidémiologique multipliant la prévalence par 20 en 20 ans ou des multiples hypothèses étio-pathogéniques, tous les ingrédients sont réunis pour décourager les meilleures volontés en dépit d’un nombre de publications toujours croissant autour de cette pathologie dont les contours cliniques fluctuants n’en suscitent pas moins un engouement, une médiatisation, et des investissements financiers importants. Les progrès des techniques d’analyse du génome permettent d’identifier de plus en plus d’anomalies génétiques, mais leur signification clinique ne va pas toujours de soi et suppose de nouvelles façons d’appréhender notre connaissance du génome. Si les études de grands groupes d’enfants autistes ne sont pas parvenues à identifier quelques gènes « majeurs », c’est soit qu’il n’en existe pas, soit que ces groupes comportent une hétérogénéité sous-jacente à leur apparente homogénéité clinique qui conduit à s’interroger sur les outils cliniques d’inclusion utilisés dans ces études. On peut aussi aborder le problème différemment. Plusieurs gènes impliqués dans des pathologies neurodéveloppementales ont été découverts à partir de familles informatives ou de quelques cas étudiés de façon approfondie. Cette démarche restitue au clinicien un rôle capital dans l’observation des manifestations cliniques qui aident progressivement à dessiner des configurations pertinentes. Lorsque un gène est identifié (SHANK3, SLC6A8…), l’observation minutieuse des patients rend accessible la description d’un « phénotype développemental » spécifique. Lorsque ce n’est pas le cas, l’exploration d’une famille informative est l’occasion de tester des hypothèses quant aux contours cliniques du trouble exploré et sa présentation sous la forme de phénotypes mineurs chez des apparentés. Si les constructions cliniques comportent une part d’illusion nécessaire pour orienter le travail de recherche, le tableau proposé par Kanner, distinct des nombreux TED non spécifiés rencontrés dans nos consultations, mérite probablement d’être encore étudié comme tel.

Type
R7
Copyright
Copyright © European Psychiatric Association 2014

Déclaration d’intérêts

L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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