Published online by Cambridge University Press: 11 September 2018
Quand, comment et pourquoi l'esclavage a-t-il disparu dans le Sahel nigérien – si tant est qu'il ait complètement disparu ? Quels processus ont favorisé l’émancipation des personnes réduites en esclavage ? Quelles étaient les stratégies des administrateurs coloniaux, des propriétaires d'esclaves, des trafiquants, des esclaves eux-mêmes et de leurs descendants ? Au cours des deux premières décennies de l'occupation française du Sahel central, l'abolition légale n'a pas abouti à l’éradication de l'esclavage car les lois n’étaient pas appliquées. Mais, à partir des années 1920, l'internationalisation de l'abolition qui a suivi la création de la Société des Nations a entraîné la mise en œuvre des lois contre l'esclavage. Cet article entend montrer que l’émancipation a connu une impulsion initiale grâce à la mise en place de mécanismes internationaux de surveillance en mesure de (dé)légitimer le pouvoir colonial à un moment où personne ne cherchait activement à mettre fin à l'esclavage dans cette région. L'article met tout d'abord l'accent sur les ambiguïtés de l'abolitionnisme européen et sur les interconnexions entre la Société des Nations, l’État français et les administrateurs sur le terrain. Il propose ensuite une micro-analyse de la résistance à l'esclavage, en montrant comment des personnes asservies ou victimes de la traite des esclaves, en particulier des jeunes femmes, ont tiré profit des transformations institutionnelles à l’échelle mondiale pour poursuivre leurs propriétaires ou des trafiquants devant les tribunaux. Il examine enfin les souvenirs contemporains d'une femme âgée qui a connu, plus jeune, des situations analogues à celles décrites précédemment dans l'article. Sa perception, ainsi que celle d'autres personnes ayant eu des expériences similaires, s'inscrivent dans un contexte marqué par la tension entre des discours circonscrits en faveur de l'esclavage et la lutte pour l'abolition menée au niveau local.
When, how, and why—if at all—did slavery end in the Nigerien Sahel? What processes facilitated the emancipation of enslaved persons? What were the strategies of colonial administrators, slave owners, slave traders, slaves, and slave descendants? In the first two decades following France's occupation of the Central Sahel, legal abolition did not lead to the suppression of slavery, because laws were not at first enforced. But in the 1920s the internationalization of abolitionism that followed the creation of the League of Nations resulted in the activation of anti-slavery laws. This article argues that emancipation was initially propelled by the establishment of international surveillance mechanisms with the power to (de-)legitimize colonial rule at a time when no one was actively seeking to end slavery in this region. The first section of the article highlights the ambiguities of European abolitionism, and reveals the web of connections between the League of Nations, the French state, and French administrators on the ground. The second section develops a microanalysis of slave resistance, showing how some enslaved and trafficked persons, especially young women, profited from global institutional transformations to incriminate their owners and traffickers. The final section considers the contemporary recollections of an elderly woman, who in her youth experienced circumstances analogous to those described earlier in the article. Her perceptions, and those of others like her, exist today in a context marked by tension between circumscribed pro-slavery discourses and national grassroots abolitionism.
*Je tiens à remercier Jean Allain qui m'a aidée à comprendre la fonction de la chambre d'homologation coloniale, Mike Kirkwood pour ses suggestions relatives à la version anglaise et Antoine Heudre pour son travail de traduction. Je dois beaucoup aux archivistes et à mes collègues nigériens, ainsi qu'aux amis et assistants de recherche qui ont soutenu mes travaux dans la région de Tahoua. En raison du caractère sensible du sujet abordé, il est préférable que leur nom ne soit pas mentionné. Pourtant, c'est grâce à leur aide que l'histoire sociale et celle du travail au Niger peuvent s’écrire, et j'espère que la contribution des chercheurs nigériens à cette tâche ira grandissante. Enfin, ce travail n'aurait pas été possible sans la collaboration de nombreuses personnes, descendantes ou non d'esclaves, dans l'arrière-pays de Tahoua, qui ont partagé leurs connaissances avec moi et m'ont aidée à comprendre ce que leur histoire signifiait pour eux. Ma recherche pour cet article a été financée par une bourse de l'Economic and Social Research Council du Royaume-Uni (RES-000-27-0147).
Traduction d'Antoine Heudre
1 En février 1901, une circulaire abolissait l'esclavage et la traite des esclaves au Soudan français, mais cette première mesure eut des répercussions limitées. Elle est brièvement évoquée par Jules Brévié, Islamisme contre « naturisme » au Soudan français. Essai de psychologie politique coloniale, Paris, E. Leroux, 1923, p. 243. En 1903, une loi fut adoptée qui mettait fin à la reconnaissance de l'esclavage par les tribunaux français dans toute l'Afrique occidentale française (Aof) : cela signifiait que les maîtres ne pouvaient plus utiliser les tribunaux français pour récupérer des esclaves fugitifs. La principale loi abolissant l'esclavage dans l'Aof fut adoptée le 12 décembre 1905. Le premier article stipule que « Quiconque, sur les territoires de l'Aof et du Congo français, aura conclu une convention ayant pour objet d'aliéner, soit à titre gratuit soit à titre onéreux, la liberté d'une tierce personne, sera puni d'un emprisonnement de deux ans à cinq ans et d'une amende de cinq cents à cinq mille francs. La tentative sera punie comme le délit. L'argent, les marchandises et autres objets ou valeurs reçus en exécution de la convention ou comme arrhes d'une convention à intervenir seront confisqués. » L'article quatre précise que ces dispositions n'affectent pas, de quelque manière que ce soit, les droits relatifs à l'autorité maritale ou tutélaire du mari/père sur ses femmes ou ses enfants, pour autant que celui-ci ne leur impose pas une servitude temporaire ou permanente. Les décisions des tribunaux français prévaudraient dans les affaires soumises à l'autorité des tribunaux indigènes et des tribunaux coloniaux. Le texte du décret de 1905 a été publié dans le Journal officiel du Sénégal, 18 janv. 1906, p. 51-52, Bnf microfilm M-5530 ; le gouverneur général Ernest Roume commenta ce décret dans son discours d'ouverture lors de la session du conseil de gouvernement de l'Aof (Journal officiel du Sénégal, 14 déc. 1905, p. 641-643, Bnf microfilm M-5530). Les deux premiers articles de ce décret furent amendés le 8 août 1920 : le « Congo français » fut remplacé par l’« Afrique équatoriale française » et les ministères des Colonies et de la Justice furent chargés de l'exécution du décret. Pour une discussion sur l'abolition légale de l'esclavage en Aof, voir François Renault, « L'abolition de l'esclavage au Sénégal. L'attitude de l'administration française, 1848-1905 », Revue française d'histoire d'outre-mer, 58-1, 1971, p. 5-81. L'abolition de 1905 fut préparée au travers d'une série d’études et de rapports : Slavery and Its Abolition in French West Africa: The Official Reports of G. Poulet, E. Roume, and G. Deherme, éd. par P. E. Lovejoy et A. S. Kanya-Forstner, Madison, University of Wisconsin-Madison, 1994. J'ai consulté les fichiers originaux de ces rapports aux Archives nationales du Sénégal (ci-après ANS) à Dakar, série K « Esclavage et Captivité 1807-1915 », en particulier K15 à K29. Pour une analyse de l'ambivalence de l'administration française vis-à-vis de l'abolition de l'esclavage au tout début du xxe siècle, voir Martin A. Klein, Slavery and Colonial Rule in French West Africa, Cambridge, Cambridge University Press, 1998, p. 131-140.
2 Glenda Sluga et Patricia M. Clavin (dir.), Internationalisms: A Twentieth Century History, Cambridge, Cambridge University Press, 2017. Voir aussi Roland Burke, Decolonization and the Evolution of International Human Rights, Philadelphie, University of Pennsylvania, 2010 ; Barbara H. M. Metzger, « Towards an International Human Rights Regime during the Inter-War Years: The League of Nations’ Combat of Traffic in Women and Children », et Kevin Grant, « Human Rights and Sovereign Abolitions of Slavery, c. 1885-1950 », in K. Grant, P. Levine et F. Trentmann (dir.), Beyond Sovereignty: Britain, Empire, and Transnationalism, c. 1880-1950, Londres, Palgrave Macmillan, 2007, respectivement p. 57-79 et 80-102.
3 ANS, K60 (19), gouverneur de l'Aof aux gouverneurs des colonies, 11 oct. 1929.
4 Susan Pedersen, The Guardians: The League of Nations and the Crisis of Empire, Oxford, Oxford University Press, 2015, p. 5.
5 Convention portant révision de l'Acte général de Berlin du 26 février 1885 et de l'Acte général et de la Déclaration de Bruxelles du 2 juillet 1890, signée à Saint-Germain-en-Laye le 10 septembre 1919, art. 11 : « Les puissances signataires, exerçant des droits de souveraineté ou une autorité dans les territoires africains, continueront à veiller à la conservation des populations indigènes ainsi qu’à l'amélioration de leurs conditions morales et matérielles ; elles s'efforceront, en particulier, d'assurer la suppression complète de l'esclavage sous toutes ses formes et de la traite des Noirs, sur terre et sur mer. »
6 Sally Falk Moore, « Law and Social Change: The Semi-autonomous Social Field as an Appropriate Subject of Study », Law and Society Review, 7-4, 1973, p. 719-746.
7 Archives nationales du Niger (ci-après ANN), 381, note sur Mohamed el Moumin, Tahoua, 5 janv. 1951.
8 Benedetta Rossi, From Slavery to Aid: Politics, Labour, and Ecology in the Nigerien Sahel, 1800-2000, New York, Cambridge University Press, 2015, p. 142-158.
9 Suzanne Miers, « Slavery: A Question of Definition », Slavery and Abolition, 24-2, 2003, p. 1-16. Pour une analyse récente de stratégies similaires dans le contexte de l'Asie centrale, voir Elena Smolarz, « Speaking about Freedom and Dependency: Representations and Experiences of Russian Enslaved Captives in Central Asia in the First Half of the Nineteenth Century », Journal of Global Slavery, 2-1/2, 2017, p. 44-71.
10 Selon Marc W. Steinberg, « Capitalist Development, the Labor Process, and the Law », American Journal of Sociology, 109-2, 2003, p. 445-495, des régimes de main-d’œuvre spécifiques sont « ancrés dans des institutions juridiques qui délimitent à la fois les façons dont les relations de travail peuvent être perçues et les stratégies par lesquelles la subordination de la main-d’œuvre peut être perpétuée » (p. 484). Voir également Id., England's Great Transformation: Law, Labor, and the Industrial Revolution, Chicago, Chicago University Press, 2016. Dans cet article, je fais mienne l'approche de Christopher Tomlins qui considère que le droit n'est pas externe aux phénomènes sociaux qu'il réglemente, mais qu'il est lui-même une manifestation particulière des axiomes moraux de son époque : le droit devrait être appréhendé comme l'un des « discours autorisés de la société ». Cependant, contrairement à d'autres discours, l’« existence morale du droit se fonde […] sur sa prétention à transcender tous les autres discours autorisés ». Christopher Tomlins, « Subordination, Authority, Law: Subjects in Labor History », International Labor and Working-Class History, 47, 1995, p. 56-90, ici p. 67.
11 Pour une discussion générale sur le Code de l'indigénat en Aof, voir Gregory Mann, « What Was the Indigénat ? The ʻEmpire of Lawʼ in French West Africa », The Journal of African History, 50-3, 2009, p. 331-353 ; Frederick Cooper, Decolonization and African Society: The Labor Question in French and British Africa, Cambridge, Cambridge University Press, 1996. Voir également Babacar Fall, Le travail forcé en Afrique-Occidentale française, 1900-1946, Paris, Karthala, 1993, p. 47-52 ; Anthony Asiwaju, « Control through Coercion: A Study of the Indigenat Regime in French West African Administration, 1887-1946 », Journal of the Historical Society of Nigeria, 9-3, 1978, p. 91-124.
12 ANN, 381.1, capitaine commandant le cercle de Tahoua à Monsieur le gouverneur du Niger, 29 juin 1931.
13 Suzanne Miers et Richard Roberts (dir.), The End of Slavery in Africa, Madison, University of Wisconsin Press, 1988, p. 19-25 et 42-47 ; B. Fall, Le travail forcé en Afrique-Occidentale française…, op. cit. ; F. Cooper, Decolonization and African Society…, op. cit., en particulier p. 23-56 ; M. A. Klein, Slavery and Colonial Rule…, op. cit., p. 35-36 ; Camille Lefebvre, « Zinder 1906, histoires d'un complot. Penser le moment de l'occupation coloniale », Annales HSS, 72-4, 2017, p. 945-981.
14 Pour une analyse détaillée des débats et des activités de ces institutions, voir Suzanne Miers, Slavery in the Twentieth Century: The Evolution of a Global Problem, Walnut Creek, AltaMira Press, 2003, en particulier p. 58-366. Voir également Joel Quirk, The Anti-Slavery Project: From the Slave Trade to Human Trafficking, Philadelphie, Pennsylvania University Press, 2011.
15 Ce modèle a été décrit par Stephen Baier et Paul Lovejoy, « The Tuareg of the Central Sudan: Gradations in Servility at the Desert's Edge (Niger and Nigeria) », in I. Kopytoff et S. Miers (dir.), Slavery in Africa: Historical and Anthropological Perspectives, Madison, University of Wisconsin Press, 1977, p. 391-411 ; Stephen Baier, « Economic History and Development: Drought and the Sahelian Economies of Niger », African Economic History, 1, 1976, p. 1-16 ; Id., « Ecologically Based Trade and the State in Precolonial West Africa », Cahiers d’études africaines, 20, 1980, p. 149-154 ; Stephen Baier et Paul Lovejoy, « The Desert-side Economy of the Central Sudan », The International Journal of African Historical Studies, 8-4, 1975, p. 551-581.
16 Selon la définition de C. Tomlins, « Subordination, Authority, Law… », art. cit., p. 67, l'anti-esclavagisme ne faisait pas partie des « discours autorisés de la société » dans cette région du Sahel.
17 Sur les tensions entre les institutions et les cultures juridiques européennes et africaines, voir Richard Roberts, Litigants and Households: African Disputes and Colonial Courts in the French Soudan, 1895-1912, Portsmouth, Heinemann, 2005 ; Shamil Jeppie, Ebrahim Moosa et Richard L. Roberts (dir.), Muslim Family Law in Sub-Saharan Africa: Colonial Legacies and Post-Colonial Challenges, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2010 ; Richard Roberts et Kristin Mann (dir.), Law in Colonial Africa, Portsmouth, Heinemann, 1991. Sur la notion de systèmes juridiques « hybrides », voir Barbara M. Cooper, « Secular States, Muslim Law and Islamic Religious Culture: Gender Implications of Legal Struggles in Hybrid Legal Systems in Contemporary West Africa », Droits et cultures, 59-1, 2010, p. 97-120.
18 Un axe méthodologique similaire sur l'usage pratique et stratégique des procédures judiciaires est développé dans Renata Ago et Simona Cerutti, no spécial « Procedure di giustizia », Quaderni storici, 101-2, 1999, en particulier p. 307-311. M'hamed Oualdi, « Le ‘pluralisme juridique’. Au fil d'un conflit de succession en Méditerranée à la fin du xixe siècle », Revue d'histoire du xixe siècle, 48, 2014, p. 93-106, s'est penché sur le positionnement des différentes parties impliquées dans des affaires judiciaires mettant en jeu différents systèmes légaux. Pour une analyse du droit « en action » dans l’Égypte du xxie siècle, voir Baudouin Dupret, Le jugement en action. Ethnométhodologie du droit, de la morale et de la justice en Égypte, Genève, Droz, 2006. L'analyse critique du « modèle hiérarchique du pluralisme juridique dans lequel la loi étatique subsumait […] toutes les juridictions » est également utile, voir Lauren Benton, « Colonial Law and Cultural Difference: Jurisdictional Politics and the Formation of the Colonial State », Comparative Studies in Society and History, 41-3, 1999, p. 563-588, ici p. 563. Voir également Emmanuelle Saada, « Citoyens et sujets de l'Empire français. Les usages du droit en situation coloniale », Genèses. Sciences sociales et histoire, 53-4, 2003, p. 4-24.
19 ANN, 381.1, ministre des Colonies à Monsieur le gouverneur général de l'Aof, 27 oct. 1922.
20 ANN, 381.5, gouverneur général de l'Aof à Messieurs les lieutenants-gouverneurs des colonies et au commissaire du gouvernement général au Niger, circulaire no 158, 8 déc. 1922.
21 Michel Foucault, « La vérité et les formes juridiques », Dits et écrits, 1954-1988, vol. 2, 1970-1975, éd. établie sous la dir. de D. Defert et F. Ewald, Paris, Gallimard, 1994, p. 538-646, discute des enquêtes comme des exemples typiques du savoir-pouvoir qui s'est développé dans l'Europe du xixe siècle et a légitimé le contrôle de l’État sur la population.
22 Emmanuelle Sibeud, Claire Fredj et Hélène Blais, « Introduction ‘Sociétés coloniales. Enquêtes et expertises’ », Monde(s), 4-2, 2013, p. 6-22.
23 ANN, 381.5, gouverneur général de l'Aof à Messieurs les lieutenants-gouverneurs des colonies et au commissaire du gouvernement général au Niger, circulaire no 158, 8 déc. 1922.
24 ANN, 381.1, lieutenant-gouverneur du Niger à Messieurs les commandants de cercles, circulaire no 24 BP [bureau politique], 12 févr. 1923.
25 ANN, 381.1, rapport du capitaine Marty commandant le cercle de Tahoua, demandé par la circulaire no 24 BP relative à l'esclavage, Tahoua, 11 avr. 1923.
26 ANN, 381.1, capitaine François commandant le cercle d'Agadez au lieutenant-gouverneur du Niger, 8 mars 1923.
27 ANN, 381.1, capitaine Garnier commandant le cercle de Nguigmi au lieutenant-gouverneur du Niger, 28 fév. 1923.
28 ANN, 381.1, administrateur du cercle de Tessaoua au lieutenant-gouverneur du Niger, 20 mars 1923. Ce rapport dénonce la prétendue incapacité de l'administration britannique à faire advenir l’émancipation immédiate, par opposition aux politiques françaises et à la « propagande active pour libérer les captifs et [à nos efforts pour] faire comprendre que serviteurs et vassaux étaient libres, devaient cesser de travailler pour leurs maîtres ou de payer dîmes et coutumes ».
29 ANN, 381.1, lieutenant-gouverneur p.i. [par intérim] du Niger à Monsieur le commandant de cercle de Bilma, 7 juin 1923. Voir les arguments du lieutenant-gouverneur du Niger en réponse aux demandes de clarification de Bilma : « Le nombre relativement élevé de captifs, par rapport au chiffre de la population, ne permet pas d'en effectuer en une seule fois la libération, car, ainsi que vous le faites remarquer, une réorganisation par trop précipitée serait susceptible de nuire considérablement ou [sic] développement économique de votre cercle [de Bilma] et à la tranquillité de la région. Aussi, pour cette année vous devrez vous borner à rendre leur liberté aux captifs, tombés dans cette situation depuis une date postérieure à notre occupation et à celle des jeunes gens et enfants nés de parents esclaves depuis la même date. L'application stricte de cette première mesure donne à réfléchir aux propriétaires, encore trop nombreux, de captifs, qui voient ainsi notre désir d'en terminer une fois pour toutes avec l'esclavage. Vous pourriez ensuite procéder progressivement à l'achèvement de l’œuvre commencée. »
30 ANN, 381.1, lieutenant-gouverneur par intérim du Niger à Monsieur le gouverneur général de l'Aof, 1er juin 1923.
31 Le texte complet de la convention est accessible sur le site internet du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme : http://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/SlaveryConvention.aspx.
32 ANN, 381.1, télégramme no 1735 AGI, Nations unies : questionnaire relatif à l'esclavage et à la servitude, 11 mai 1931.
33 Ces rapports font suite au télégramme no 1735 du 11 mai 1931 (ANN, 381.1).
34 ANN, 381.1, capitaine Lafitte commandant le cercle de Bilma à Monsieur le gouverneur du Niger, 3 août 1931. Ce rapport affirme que, lorsque le patron part en voyage, le captif « profit [sic] le plus souvent [de son absence] pour le voler sans vergogne, certains captifs ont pu ainsi faire des gains appréciables. […] Le commandant de cercle reçoit parfois les doleances [sic] des maitres concernant l'honnetete [sic] de captifs ou anciens captifs, par contre aucune plainte n'est portee [sic] ni aucune action n'est entreprise tendant a aliener [sic] la liberte [sic] d'anciens captifs et aucune transaction n'a lieu concernant un captif. La situation actuelle d'un captif est celle d'un ouvrier qui ne toucherait pas de salaire, mais serait nourri et habille [sic]. Il doit, en échange, son travail [à son maître]. À la mort de son patron, il reste avec le ou les heritiers, ou les quitte a son gre [sic]. En fait il ne reste de captif que le nom, et ceux pour les quels [sic] il existe encore cette appellation se trouvent dans la situation des captifs liberes [sic] restant volontairement avec leur patron. »
35 ANN, 381.1, capitaine commandant le cercle de Tahoua à Monsieur le gouverneur du Niger, 29 juin 1931.
36 ANN, 5E2.5, chef du bureau de finances Esperet, Étude sur la situation du travail servile au Niger, 31 oct. 1931.
37 ANN, 5E2.5, chef du bureau de finances Esperet, Étude sur la situation du travail servile au Niger, 31 oct. 1931, p. 3.
38 ANN, 5E2.5, chef du bureau de finances Esperet, Étude sur la situation du travail servile au Niger, 31 oct. 1931, p. 30.
39 ANN, 5E2.5, chef du bureau de finances Esperet, Étude sur la situation du travail servile au Niger, 31 oct. 1931, p. 33. La position officielle de la France sur le travail obligatoire est décrite dans la préface de la loi du 21 août 1930 (Décret portant réglementation du travail public obligatoire aux colonies), cité dans B. Fall, Le travail forcé en Afrique-Occidentale française. . ., op. cit., p. 321-325.
40 Voir l'analyse du cas éthiopien de Jean Allain, « Slavery and the League of Nations: Ethiopia as a Civilised Nation », Journal of the History of International Law, 8-2, 2006, p. 213-244.
41 Les experts étaient des personnes avec une expérience supposée de l'esclavage en Afrique, en Asie et dans le monde arabe, nommés sur proposition de leurs gouvernements. En 1931, un comité de sept membres fut sélectionné, dont une femme déléguée en réponse à la demande du conseil pour la représentation des femmes de la Sdn. Les experts étaient l'Italien Tullio Zedda, secrétaire auprès du gouvernement d’Érythrée, qui fut remplacé par la suite par Ercole Vellani, directeur du bureau des études et de la propagande du ministère des Colonies ; le Belge Albrecht Gohr, directeur général du ministère belge des Colonies et ancien officiel de l’État libre du Congo ; le Néerlandais Neytzell de Wilde, ancien président de l'assemblée législative des Indes orientales néerlandaises et officiel du ministre des Colonies ; l'Espagnol Julio López-Oliván, ministre plénipotentiaire du ministre des Affaires étrangères et ancien directeur général du protectorat du Maroc et des colonies ; la Portugaise Virginia de Castro e Almeida, déléguée à l'Institut international pour la coopération intellectuelle de la Sdn ; le lord britannique Frederick Lugard, ancien administrateur militaire d'Ouganda, ancien gouverneur de Hong Kong et du Nigeria. Lugard avait été membre de la commission temporaire de l'esclavage et du comité d'experts sur la main-d’œuvre autochtone de l'Oit de 1925 à 1941. Le Français Gabriel Angoulvant, ancien gouverneur de Côte d'Ivoire et gouverneur général de l'Aof, avait la réputation d’être un « technocrate autoritaire » qui « défendait les sociétés concessionnaires, l'obligation de cultiver et le travail forcé pour les projets de développement à grande échelle », selon S. Miers, Slavery in the Twentieth Century…, op. cit., p. 199.
42 ANN, 381.1., ministre des Colonies à Monsieur le gouverneur général de l'Aof, 10 janv. 1935. Sur le concept de contrat dans la politique d’émancipation de la France, voir M. A. Klein, Slavery and Colonial Rule…, op. cit., p. 178-179 ; F. Cooper, Decolonization and African Society…, op. cit., p. 51.
43 ANN, 381.1, lieutenant-gouverneur du Niger à Monsieur le gouverneur général de l'Aof, 22 févr. 1935.
44 ANN, 381.5, circulaire no 29 CM [cabinet militaire], à tous cercles et divisions, 29 janv. 1936. (c'est l'auteure qui souligne).
45 ANN, 381.5, gouverneur du Niger aux commandants de cercles, circulaire no 29 du 28 janv. 1936. La commission consultative d'experts sur l'esclavage était permanente, à la différence du précédent comité d'experts sur l'esclavage, mais elle ne se réunissait que tous les deux ans « si nécessaire ». Les membres étaient sélectionnés par leurs gouvernements. Trois d'entre eux faisaient déjà partie de l'ancien comité d'experts sur l'esclavage (le Néerlandais de Wilde, l'Italien Zedda et le Belge Gohr). Théodore Marchand, ancien gouverneur du Cameroun, remplaçait le précédent délégué français, Angoulvant, qui était décédé ; le Portugais José d'Almada, conseiller colonial auprès du ministère des Affaires étrangères, succédait à de Castro e Almeida, dont l'implication avait été limitée ; les Britanniques avaient remplacé lord Lugard, devenu trop âgé, par George Maxwell, un avocat qui avait servi en Malaisie ; et l'Espagne avait nommé Isabel Oyarzábal, déléguée auprès de l'Oit et de l'assemblée de la Sdn. Voir S. Miers, Slavery in the Twentieth Century…, op. cit., p. 217-218.
46 J'analyse ces relations et leurs transformations au cours de la période 1800-2000 dans B. Rossi, From Slavery to Aid…, op. cit. Voir également Id., « Without History ? Interrogating Slave Memories in Ader (Niger) », in A. Bellagamba, S. E. Greene et M. A. Klein (dir.), African Voices on Slavery and the Slave Trade, Cambridge, Cambridge University Press, 2013, p. 536-554.
47 En Aof, le terme « bellah » désigne les esclaves et les descendants d'esclaves chez les Touareg. Il est employé par les locuteurs de la langue songhay au Soudan français (qui deviendra le Mali). Dans les régions où domine la langue haoussa, les termes « buzu », « buzaye » ou « bugadje » sont utilisés pour désigner les esclaves et descendants d'esclaves des Touareg. Les sources coloniales citées dans cet article utilisent indifféremment les termes « bellah » et « buzu ».
48 ANN, 381.1, jugement no 4, affaire Abdelkader et Ahmed ag Mohamed.
49 Le cheikh Muḥammad al-Mumin était le chef des Kel Eghlel de la cité d'Abalagh. Son jeune parent Muḥammad Ibrahim et lui étaient des savants religieux influents, respectés par l'administration coloniale qui sollicitait leurs conseils ou leurs services dans la région de Tahoua. Ils partageaient également leurs connaissances (et leur importante collection de manuscrits) avec certains des principaux chercheurs qui étudiaient les sociétés touareg au Niger, notamment Harry Norris, Edmond Bernus, Johannes Nicolaisen et Ghubayd Agg-Alawjeli (Ghoubëid Alojaly), qui font tous référence à ces deux cheikhs d'Abalagh dans leurs travaux. Je me suis entretenue avec Ibrahim à Abalagh les 9 et 10 oct. 2005.
50 ANN, 381.1, jugement no 8, affaire Mohamed Ould Belahi.
51 ANN, 381.1, jugement no 8, affaire Mohamed Ould Belahi.
52 ANN, 381.1, jugement no 9, affaire Oumar ag Ibrahim.
53 ANN, 381.1, jugement no 9, affaire Oumar ag Ibrahim.
54 ANN, 381.1, jugement no 7, affaire Sibilla ag Kibebe.
55 ANN, 381.1, jugement no 7, affaire Sibilla ag Kibebe.
56 ANN, 381.1, jugement no 7, affaire Sibilla ag Kibebe.
57 Benjamin N. Lawrance et Richard L. Roberts (dir.), Trafficking in Slavery's Wake: Law and the Experience of Women and Children, Athens, Ohio University Press, 2012 ; Claire C. Robertson et Martin A. Klein (dir.), Women and Slavery in Africa, Madison, University of Wisconsin Press, 1983 ; Joseph C. Miller, « Domiciled and Dominated: Slaving as a History of Women », in G. Campbell, S. Miers et J. Miller (dir.), Women and Slavery, vol. 2, The Modern Atlantic, Athens, Ohio University Press, 2008, p. 284-312.
58 Pour une analyse de la migration des esclaves masculins à Tahoua et dans le contexte ouest-africain de manière générale, voir Benedetta Rossi, « Migration and Emancipation in West Africa's Labor History: The Missing Links », Slavery and Abolition: A Journal of Slave and Post-Slave Studies, 35-1, 2014, p. 23-46. Pour une étude des autres contextes dans lesquels un nombre substantiel de femmes descendantes d'esclaves ont pu migrer, voir Marie Rodet, Les migrantes ignorées du Haut-Sénégal, 1900-1946, Paris, Karthala, 2009.
59 J'ai décrit ce type d'identités et de relations ethniques, et en particulier le contexte de Sabon Gari Kaora et d'Agouloum, dans Benedetta Rossi, « Being and Becoming Hausa in Ader », in A. Haour et B. Rossi (dir.), Being and Becoming Hausa: Interdisciplinary Perspectives, Leyde, Brill, 2010, p. 113-139. Pour une discussion au sujet des relations entre groupes haoussaphones (notamment les Azna, Asna ou Asena) et les groupes parlant le tamasheq dans la région de Tamask, voir Francis Nicolas, Tamesna. Les Ioullemmeden de l'Est ou Touâreg « Kel Dinnîk », cercle de T’âwa, colonie du Niger. Notes de linguistique et d'ethnographie berbères, dialectes de la tamâžəq-taulləmmét, Paris, Imprimerie nationale, 1950, p. 48-59.
60 Voir des exemples de ce type de relations dans B. Rossi, « Without History ?. . . », art. cit., p. 547-548.
61 Le nom, ou surnom, « Tadoutchi » relie cette femme au plateau, à la colline ou à la montagne (« ta doutchi » celle des rochers, celle des montagnes). Dans l'univers culturel de Bagey-Tamaske-Agouloum, ces surnoms sont souvent donnés à des individus auxquels on attribue des pouvoirs surnaturels. Par exemple, j'ai recueilli des témoignages décrivant les pouvoirs surnaturels d'une femme surnommée « ta karfi », c'est-à-dire « celle de la jarre », censée avoir des pouvoirs sur la pluie, qu'elle a transmis à son fils Ibrahima Mai Ruwa (Ibrahima chef de la pluie), voir notes de terrain, Kongo, 13 sept. 2005 ; Sabon Gari Kaora, 19 sept. 2005 ; Agouloum, 20 et 21 sept. 2005 ; Kongo, 18 oct. 2005.
62 B. Rossi, From Slavery to Aid…, op. cit., p. 175-192.
63 Sarkin Tuba avait la réputation de détenir un pouvoir magique, en partie lié au pouvoir d'Arnei, le sarkin Bori, qui appartenait à un groupe bouzou spécialisé dans le creusement des puits. Il avait des relations étroites avec le village d'Agouloum Toudou, principale localité voisine de Sabon Gari Kaora, dont Tadoutchi était originaire ; notes de terrain 19 févr. 2005 (comprenant un entretien avec Alio Aga, le frère de Tuba), 2 mars 2005, 21 sept. 2005 et 2 déc. 2008.
64 ANN, 381.1, jugement no 12, affaire Barao et Aggour.
65 ANN, 381.1, jugement no 12, affaire Barao et Aggour.
66 ANN, 381.1, jugement no 12, affaire Barao et Aggour.
67 ANN, 381.1, cercle de Tahoua, procès-verbal de plainte, note jointe au jugement no 12, affaire Barao et Aggour. Ces événements s’étant déroulés vers la fin de la saison des pluies, les protagonistes ont dû trouver de nombreux points d'eau sur leur trajet.
68 ANN, 381.1, cercle de Tahoua, procès-verbal de plainte, note jointe au jugement no 12, affaire Barao et Aggour.
69 ANN, 381.1, instruction de l'affaire Barao, procès-verbal de confrontation, 22 août 1930, note jointe au jugement no 12, affaire Barao et Aggour.
70 ANN, 381.1, instruction de l'affaire Barao, procès-verbal de confrontation, 22 août 1930, note jointe au jugement no 12, affaire Barao et Aggour.
71 ANN, 381.1, instruction de l'affaire Barao, procès-verbal de confrontation, 22 août 1930, note jointe au jugement no 12, affaire Barao et Aggour.
72 ANN, 381.1, procès-verbal d'audition de témoin, 15 nov. 1930, Tahoua, note jointe au jugement no 12, affaire Barao et Aggour.
73 Le groupe « arabe » appelé « Taitoff » dans ces documents est mieux connu dans la littérature sous l'appellation « Taitoq » ou « Taytoq », voir F. Nicolas, Tamesna…, op. cit., p. 75 ; Harry T. Norris, The Tuaregs: Their Islamic Legacy and Its Diffusion in the Sahel, Warminster, Aris and Phillips, 1975, p. 4 et 14.
74 ANN, 381.1, officier du ministère public près le tribunal d'homologation du Niger à Monsieur le président dudit tribunal à Niamey, annulation du jugement no 12, Niamey, 10 déc. 1931.
75 ANN, 381.1, officier du ministère public près le tribunal d'homologation du Niger à Monsieur le président dudit tribunal à Niamey, annulation du jugement no 12, Niamey, 10 déc. 1931.
76 Sur ces réseaux commerciaux, voir Stephen Baier, An Economic History of Central Niger, Oxford, Clarendon Press, 1980 ; Id., « Ecologically Based Trade and the State in Precolonial West Africa », Cahiers d’études africaines, 77-78, 1980, p. 149-154 ; S. Baier et P. Lovejoy, « The Desert-side Economy… », art. cit. ; Paul Lovejoy, « The Kambarin Beriberi: The Formation of a Specialized Group of Hausa Kola Traders in the Nineteenth Century », The Journal of African History, 14-4, 1973, p. 633-651.
77 J'utilise ici mes recherches dans l'Ader, en particulier mes notes de terrain de 2005 et mes entretiens avec Alio Aga (fils d'Aga) et Cheffou Tuba (fils de Tuba) réalisés à Tamaske le 19 févr. 2005 ; notes de terrain du 2 mars 2005 à Agouloum Toudou ; notes de terrain du 9 sept. 2005 à Keita.
78 Un subterfuge similaire est décrit par Susan Rasmussen dans un article sur l'esclavage chez les Kel Ewey de l'Aïr : le maître d'Atakor (il s'agit d'un pseudonyme) lui a menti lorsqu'il a essayé de le vendre alors qu'il n’était encore qu'un enfant. Atakor a découvert le mensonge de son maître et a réussi à éviter une vente qui aurait signifié son exil en territoire haoussa. Voir Susan J. Rasmussen, « The Slave Narrative in Life History and Myth, and Problems of Ethnographic Representation of the Tuareg Cultural Predicament », Ethnohistory, 46-1, 1999, p. 67-108.
79 Notes de terrain du 4 mai 2005.
80 Entretien avec Tchimmou, 4 mai 2005, le nom du village est volontairement tenu secret. Jajaye est un terme haoussa légèrement désobligeant qui est utilisé pour désigner les personnes appartenant à des groupes cléricaux touareg. Il signifie littéralement « rouges ».
81 Sue Peabody, « Microhistory, Biography, Fiction: The Politics of Narrating the Lives of People under Slavery », Transatlantica. Revue d’études américaines, 2, 2012, http://journals.openedition.org/transatlantica/6184.
82 Martin A. Klein, « Studying the History of Those Who Would Rather Forget: Oral History and the Experience of Slavery », History in Africa: A Journal of Method, 16, 1989, p. 209-217 ; Marie Rodet, « Listening to the History of Those Who Don't Forget », History in Africa: A Journal of Method, 40, 2013, p. 27-29 ; Eve Troutt Powell, « The Silence of the Slaves », in J. Hunwick et E. Troutt Powell (dir.), The African Diaspora in the Mediterranean Lands of Islam, Princeton, Markus Wiener, 2002, p. xxvii-xxx ; Ehud R. Toledano, As If Silent and Absent: Bonds of Enslavement in the Islamic Middle East, New Haven, Yale University Press, 2007 ; Alice Bellagamba, « Reasons for Silence: Following the Inner Legacy of Slavery and the Slave Trade in the Contemporary Gambia », in A. L. Araujo (dir.), Politics of Memory: Making Slavery Visible in the Public Space, New York, Routledge, 2012, p. 35-53 ; George Michael La Rue, « Seeking Freedom in Multiple Contexts: An Enslaved Sudanese Woman's Life Trajectory, ca. 1800-1834 », Journal of Global Slavery, 2-1/2, 2017, p. 11-43. Pour une collection récente de sources africaines sur l'esclavage et la traite des esclaves, voir A. Bellagamba, S. E. Greene et M. A. Klein (dir.), African Voices on Slavery and the Slave Trade, op. cit.
83 Martin A. Klein, « Slave Descent and Social Status in Sahara and Sudan », in B. Rossi (dir.), Reconfiguring Slavery: West African Trajectories, Liverpool, Liverpool University Press, 2009, p. 26-44, ici p. 30-39.
84 Il s'agit d'une référence à E. Ann McDougall, « A Sense of Self: The Life of Fatma Barka », Canadian Journal of African Studies, 32-2, 1998, p. 285-315.
85 L'Ong Timidria est un bon exemple. Voir Galy Kadir Abdelkader (dir.), Étude sur le dénombrement des victimes de l'esclavage au Niger, mars 2004, http://www.antislavery.org/wp-content/uploads/2017/01/full_french_slavery_in_niger.pdf.
86 En mai 2014, le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, déclarait à Cnn : « l'esclavage est permis par ma religion, et je capturerai des personnes pour en faire des esclaves », http://edition.cnn.com/2014/05/06/world/africa/nigeria-boko-haram-analysis. Voir également Anthony Celso, « The Islamic State and Boko Haram: Fifth Wave Jihadist Terrorist Groups », Working Paper, Foreign Policy Research Institute, 2015 ; Charlotte Alter, « Girls Who Escaped Boko Haram Tell of Horrors in Captivity », Time, 27 oct. 2014, http://time.com/3540263/girls-boko-haram-escape/.
87 Jean Allain, « Hadijatou Mani Koraou v. Republic of Niger: Judgement No. ECW/CCJ/JUD/06/08 », American Journal of International Law, 103-2, 2009, p. 311-317 ; Helen Duffy, « Hadijatou Mani Koroua v Niger: Slavery Unveiled by the Ecowas Court », Human Rights Law Review, 9-1, 2009, p. 151-170 ; Benedetta Rossi, « African Post-Slavery: A History of the Future », The International Journal of African Historical Studies, 48-2, 2015, p. 303-324. Pour une évaluation générale de la mobilisation politique des descendants d'esclaves en Afrique, voir Lotte Pelckmans et Christine Hardung, « La question de l'esclavage en Afrique. Politisation et mobilisations », Politique africaine, 140-4, 2015, p. 5-22.
Translation available: Periodizing the End of Slavery: Colonial Law, the League of Nations, and Slave Resistance in the Nigerien Sahel, 1920s–1930s