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L’autorité entre masque et signe

Le statut du corps royal dans la Grèce ancienne (IVe-IIe siècle av. J.-C.)

Published online by Cambridge University Press:  03 April 2017

Paul Cournarie*
Affiliation:
Université Bordeaux-Montaigne

Résumé

Quid du corps du roi hellénistique ? Lorsqu'on parle des rois dans l'Antiquité, on se trouve nécessairement en dessous du schème mis au jour par Ernst Kantorowicz, étudiant le corps avant les deux corps du roi. L'analyse de la Cyropédie de Xénophon permet de retrouver cette configuration, où le problème n'est pas celui de la conformation, toujours inadéquate, à un sur-corps royal, mais plutôt celui de l'embranchement, toujours opaque, du naturel et de la pompe, celle-ci étant le complément nécessaire de celui-là dans les conditions d'un empire étendu, celui-là risquant de disparaître sous le luxe dont s'entoure le souverain. Entre transparence et obstacle, signe et masque donc, ce modèle se trouve raffiné par Alexandre le Grand. S'il est pris dans la même alternative, le Conquérant est sous le feu de critiques qui l'obligent à séparer tactiquement sa personne et le luxe. Cette séparation n'a rien d'une dualité et ne fait que s'appuyer sur des frontières I V mouvantes, en insistant tantôt sur le corps naturellement royal d'Alexandre, tantôt au contraire sur le luxe reconfiguré par l'extrême maîtrise du souverain. Les rois hellénistiques, qui héritent de ce lot de problèmes, alternent entre une symbolisation de leur naturel et une naturalisation du symbolique, dans un jeu qui jamais ne cesse ni ne se stabilise, avant que l'arrivée de Rome ne vienne détruire ce corps royal en construction permanente. Tout se passe donc comme si l'incarnation de la royauté avait été proprement inconcevable.

Abstract

Abstract

What kind of body was the body of a Hellenistic king? To consider kings in antiquity is to necessarily reach back beyond Ernst Kantorowicz's schema and to explore the body before the concept of the “king's two bodies.” An analysis of Xenophon's Cyropaedia sheds light on this configuration, in which the problem was not so much the (unachievable) conformation of a royal über-body as the obscure point at which the natural encountered the ceremonious, the latter absolutely essential to the former in the context of a sprawling empire, but nevertheless threatening to engulf it in the luxury with which the sovereign surrounded himself. Neither transparent nor opaque, somewhere between a sign and a mask, this model was further honed by Alexander the Great. While his persona was bound up with the same alternative, the criticisms that he faced obliged Alexander to make a tactical distinction between his person and ceremonial luxury. This separation in no way implied a duality but rather depended on shifting boundaries, sometimes insisting on his naturally royal body, sometimes on the luxury reconfigured by the sovereign's extreme mastery. The Hellenistic kings inherited these questions, and alternated between a symbolization of their natural being and a naturalization of the symbolic in a constant interplay that resisted stabilization. Only the rise of Rome would bring an end to this royal body in perpetual construction, as though the incarnation of royalty itself was inconceivable.

Type
Pouvoir et société en Grèce ancienne
Copyright
Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris, 2016

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References

* Sauf indications contraires, les textes grecs et latins sont cités dans la traduction de la Collection des universités de France (Cuf), Paris, Les Belles Lettres.

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2 Claude L’invention démocratique. Les limites de la domination totalitaire, L’invention démocratique. Les limites de la domination totalitaire, Paris, Fayard, 1981, p. 170-175, repris et systématisé dans Id., Essais sur le politique : xix e- xx e siècles, Paris, Seuil, 1986, p. 26-27, décrit la démocratie moderne comme séparation des deux corps. À l’inverse, Marcel, Gauchet, « Des deux corps du roi au pouvoir sans corps. Christianisme et politique I », Le Débat, 14-7, 1981, p. 133-157 Google Scholar, spécialement p. 139 et 157, veut montrer que la déliaison était permise et préparée au sein même des deux corps du roi. Contra : Louis, Marin, Le portrait du roi, Paris, Éd. de Minuit, 1981 Google Scholar, notamment p. 20, et Jean-Marie, ApostolidÈs, Le roi-machine. Spectacle et politique au temps de Louis XIV, Paris, Éd. de Minuit, 1981 Google Scholar, ont étudié les moyens de les maintenir unis à l’époque moderne, en pointant respectivement les manières d’opérer l’échange entre les deux corps ou leur médiation.

3 Marc, Bloch, La société féodale, Paris, Albin Michel, [1939] 1994, p. 115 Google Scholar ; Lucien, Febvre, Pour une histoire à part entière, Paris, Sevpen, 1962, p. 544-545 Google Scholar, appelait à étudier l’homme concret, « l’homme vivant, l’homme en chair et en os ». On renvoie aussi souvent aux techniques de corps et à l’homme total de Marcel, Mauss, Sociologie et anthropologie, Paris, Puf, [1950] 2003, p. 368-369 Google Scholar. Par exemple, Jan Bernhard Meister, « Corps et politique : l’exemple du corps du prince. Bilan historiographique », in F. Gherchanoc (dir.), no spécial, « L’histoire du corps dans l’Antiquité. Bilan historio- graphique », Dialogues d’histoire ancienne, suppl. 14, 2015, p. 109-125, ici p. 111, réduit le thème à l’usage des insignes, donc à la propagande et au sens.

4 Il est difficile de présumer quelle histoire du corps autorisent la pensée aporétique et l’œuvre laissée inachevée de Maurice, Merleau-Ponty, Le visible et l’invisible, éd. par Lefort, C., Paris, Gallimard, 1964 Google Scholar. Quelle traduction historiographique les concepts problématiques d’entrelacs, de chiasme et de chair peuvent-ils recevoir ? Pour le reste, voir Michel, Foucault, Histoire de la sexualité, t. 1, La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976, p. 208 Google Scholar, et sa préface à Abel Barbin, Herculine Barbin dite Alexina B., éd. par Foucault, M., Panizza, suivi de Oskar, Un scandale au couvent, Paris, Gallimard, [1978] 2014, p. 16-18 Google Scholar.

5 Rafael, Mandressi, « Le corps et l’histoire, de l’oubli aux représentations », in Memmi, D., Guillo, D. et Martin, O. (dir.), La tentation du corps. Corporéité et sciences sociales, Paris, Éd. de l’Ehess, 2009, p. 143-169 Google Scholar, ici p. 164.

6 Yannick, Ripa, « L’histoire du corps, un puzzle inachevé », Revue historique, 644, 2007, p. 887-898 Google Scholar, à propos d’Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges, Vigarello (dir.), Histoire du corps, 3 vol., Paris, Éd. du Seuil, 2005-2006 Google Scholar. Les trois moments esquissés (totalisation, représentation, morcellement) se trouvent juxtaposés dans la plupart des publications d’histoire du corps où l’on voit les glorieux projets de l’anthropologie histo- rique – et singulièrement celui de M. Mauss – réduits à la portion congrue : la totalisation n’a jamais qu’un sens distributif et le corps est résumé à la somme des signes qu’il supporte.

7 Voir, par exemple, Claude, LÉvi-Strauss, Anthropologie structurale I, Paris, Plon, [1958] 2008, p. 226 Google Scholar.

8 Zélateurs et critiques de la royauté sont pris ensemble dans une problématique de la conformation du corps historique au corps glorieux, opérée grâce aux images, qui suppose la croyance en leur pouvoir. Voir Louis, Marin, La parole mangée et autres essais théologico-politiques, Paris, Méridiens-Klincksieck, 1986 Google Scholar, p. 217 sq., notamment à propos de la caricature réalisée par William Makepeace Thackeray du portrait de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud. En dehors de ce régime de la représentation, il semble vain d’expor- ter les catégories de réel et de symbolique et de couper celui-ci de son substrat naturel : on en conclut nécessairement que la connaissance du corps « vrai » du roi est impossible, comme François, Queyrel, « Le corps du roi hellénistique », in Prost, F. et Wilgaux, J. (dir.), Penser et représenter le corps dans l’Antiquité, Rennes, Pur, 2006, p. 361-376 Google Scholar.

9 E. H. Kantorowicz, Les deux corps du roi..., op. cit., p. 360.

10 Selon Roger, Brock, Greek Political Imagery from Homer to Aristotle, Londres, Bloomsbury, 2013, p. 69-82 Google Scholar, le politique conçu comme corps, autrement dit l’organi- cisme, existe en Grèce mais de manière incomplète.

11 Plutarque, Vie de Démétrios, 46, 1.

12 Jacques, Revel et Jean-Pierre, Peter, « Le corps. L’homme malade et son histoire », in Goff, J. Le et Nora, P. (dir.), Faire de l’histoire, t. 3, Nouveaux objets, Paris, Gallimard, 1974, p. 169-191 Google Scholar, ici p. 185.

13 Oswyn, Murray, « Philosophy and Monarchy in the Hellenistic World », in Rajak, T. et al. (dir.), Jewish Perspectives on Hellenistic Rulers, Berkeley, University of California Press, 2007, p. 13-28 Google Scholar, tente cependant de reconstituer leur contenu standard.

14 Farber, J. Joel, « The Cyropaedia and Hellenistic Kingship », American Journal of Philology, 100-4, 1979, p. 497-514 CrossRefGoogle Scholar, en particulier p. 497.

15 XÉnophon, Cyropédie, VII, 5, 37. Voir les remarques de Pierre, Carlier, « L’idée de monarchie impériale dans la Cyropédie de Xénophon », Ktèma, 3, 1978, p. 133-163 Google Scholar, sur le sens de prepein.

16 XÉnophon, Cyropédie, VII, 5, 37.

17 Vincent, Azoulay, « The Medo-Persian Ceremonial: Xenophon, Cyrus and the King’s Body », in Tuplin, C. J. (dir.), Xenophon and his World, Stuttgart, F. Steiner, 2004, p. 147-173 Google Scholar. Sur le thème du roi caché appliqué aux Perses, voir Gray, Vivienne J., Xeno- phon’s Mirror of Princes: Reading the Reflections, Oxford, Oxford University Press, 2011, p. 281-282 Google Scholar. Pseudo-Aristote, De Mundo, VI, 5, 398a, donne une description du dispositif.

18 XÉnophon, Cyropédie, VIII, 1, 40 (trad. Cuf).

19 XÉnophon, Cyropédie, I, 3, 1-2. Voir les remarques de James, Tatum, Xenophon’s Imperial Fiction on « The Education of Cyrus », Princeton, Princeton University Press, 1989, p. 187 Google Scholar.

20 XÉnophon, Cyropédie, I, 2, 1, et VII, 5, 75-76 ; voir aussi VIII, 1, 38-39 (sur la pratique de la chasse).

21 Ainsi, dès que Cyrus sort en grand appareil, tous font la proskynèse, peut-être parce qu’ils étaient « stupéfiés ( κplage´ nteς) par la mise en scène et par la vue de la haute et belle apparence de Cyrus » (XÉnophon, Cyropédie, VIII, 3, 14, je traduis). Christopher, Nadon, Xenophon’s Prince: Republic and Empire in the Cyropaedia, Berkeley, University of California Press, 2001, p. 133-134 Google Scholar, note qu’il n’y a pas de contradiction entre le luxe et la vertu, mais il fait du cérémonial un dispositif pédagogique à l’usage des malvoyants. Il s’agit plutôt d’une nécessité fonctionnelle.

22 XÉnophon, Cyropédie, VIII, 3, 1 : « la solennité (

) [...] fut [...] un des procédés imaginés par lui pour avoir une autorité imposante (
) ».

23 XÉnophon, Économique, X, 3-5 ; voir Vincent, Azoulay, Xénophon et les grâces du pouvoir. De la charis au charisme, Paris, Publications de la Sorbonne, 2004, p. 160-163 Google Scholar.

24 XÉnophon, Cyropédie, VIII, 3, 1.

25 Deborah, Levine Gera, Xenophon’s Cyropaedia: Style, Genre, and Literary Technique, Oxford/New York, Clarendon Press/Oxford University Press, 1993, p. 291-292 Google Scholar.

26 Isocrate, À Nicoclès (II), 32 (je traduis).

27 Isocrate, Panégyrique (IV), 151 ; de même dans Id., Philippe (V), 24.

28 Pour le débat quant à l’authenticité de ces passages, voir incent, Azoulay, « Le texte et ses interprétations : la politique isocratique de la réception », in Bouchet, C. et Giovannelli-Jouanna, P. (dir.), Isocrate : entre jeu rhétorique et enjeux politiques, Lyon, Centre d’étude et de recherche sur l’Occident romain, 2015, p. 107-124 Google Scholar.

29 AnaximÈne de Lampsaque d’après AthÉnÉe de Naucratis, Deipnosophistes, XII, 531d-e (Die Fragmente der griechischen Historiker [désormais FGrHist] 72 F 18, je traduis). Voir aussi ThÉopompe d’après AthÉnÉe de Naucratis, Deipnosophistes, XII, 531a-d (FGrHist 115 F 114). Il est possible que cette apologie ait été destinée à contrer ce que disait Anaximène, tant les sources enregistrent l’opposition entre l’orateur et le philosophe (FGrHist 72 F 18), ou entre leurs disciples (FGrHist 72 T 12).

30 De même, voir Isocrate, Évagoras (IX), 78 : « Ni à moi, ni à personne il n’a échappé que, le premier et le seul de ceux qui possèdent le pouvoir absolu, la richesse et le bien-être

, tu as cherché à penser et à te donner de la peine
. » Quant à l’importance de la sôphrosunè pour les princes, voir Isocrate, À Nicoclès (II), 37. Sur Isocrate comme rédacteur de miroirs aux princes, voir d’une manière générale Pierre, Hadot, « Fürstenspiegel », Real- lexikon fur Antike und Christentum, 8, 1970, p. 555-632 Google Scholar, ici p. 574-576.

31 De ce point de vue, il a peut-être existé une appréhension positive du luxe en Grèce. Une inscription montre combien certains dynastes hellénisés affirmaient fortement leur truphè : Reinhold, Merkelbach et Josef, Stauber (éd.), Steinepigramme aus dem griechis- chen Osten, vol. 4, Die Südküste Kleinasiens, Syrien und Palaestina, Munich, Saur, 2002 Google Scholar, no 17/19/03. Sur les différentes « vertus » de ce dynaste, voir Matthias, Haake, « Die patchwork-Repräsentation eines lykischen Dynasten : Apollonios, Sohn des Hellaphilos, und das Grab vom Asartas Tepesi », in Winter, E. (dir.), Vom Euphrat bis zum Bosporus. Kleinasien in der Antike, Bonn, Habelt, 2012, p. 277-296 Google Scholar.

32 À propos de la nudité et de la sueur, voir Quinte-Curce, Histoires, III, 5, 2, qui en fait une technique politique. On ne retrouve pas cette dimension dans les autres sources, qui insistent surtout sur le rôle du médecin Philippe : Arrien, Anabase, II, 4, 7-11 ; Plutarque, Vie d’Alexandre, 19 ; Justin, Abrégé des histoires philippiques de Trogue Pompée, XI, 8, 6 ; Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XVII, 31 ; FGrHist 148 F 44, col. 1 ; ValÈre Maxime, Faits et dits mémorables, III, 8, ext. 6 ; SÉnÈque, De Ira, II, 23, 2. Plus tard pourtant, l’anecdote est mobilisée par ThÉmistios,

, 39b, qui conseille à Constantin de se forger un corps d’acier pour éviter de telles mésaventures. Sur Cyrus paré de sueur, voir XÉnophon, , Cyropédie, II, 4, 6, et les commentaires de Bodil Due, The Cyropaedia: Xenophon’s Aims and Methods, Aarhus, Aarhus University Press, 1989, p. 108 Google Scholar.

33 Quinte-Curce, Histoires, VI, 6, 7 ; Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XVII, 77, 5 ; Justin, Abrégé..., XII, 3, 9. AthÉnÉe de Naucratis, Deipnosophistes, XII, 539f (FGrHist 81 F 41), précise que seuls 500 amis d’Alexandre ont le droit de porter des vêtements de pourpre. Certains s’y sont opposés, voir Plutarque, Vie d’Alexandre, 47, 9, et Vie d’Eumène, 6, 3.

34 Bosworth, Albert B., « Alexander and the Iranians », The Journal of Hellenic Studies, 100, 1980, p. 1-21 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 5-6. Sur la composition du costume et l’explication de ses origines, voir Fredricksmeyer, Ernst A., « The Origin of Alexander’s Royal Insignia », Transactions and Proceedings of the American Philological Association, 127, 1997, p. 97-109 CrossRefGoogle Scholar, qui défend l’origine dionysiaque du diadème. Contra : Collins, Andrew W., « The Royal Costume and Insigna of Alexander the Great », American Journal of Philology, 133-3, 2012, p. 371-402 CrossRefGoogle Scholar. Tous les témoignages relatifs à ces questions sont recensés par Stewart, Andrew F., Faces of Power: Alexander’s Image and Hellenistic Politics, Berkeley, University of California Press, 1993, p. 350-357 Google Scholar.

35 Plutarque, Sur la fortune d’Alexandre, 330a (FGrHist 241 F 30).

36 Kevin, Trehuedic, « Insignes et marqueurs du pouvoir hellénistique. Traditions et stratégies dans la royauté d’Alexandre et dans l’Orient hellénisé », thèse de doctorat, Université Paris-Est, 2008, p. 104-105 Google Scholar.

37 Plutarque, Vie d’Alexandre, 45, 2.

38 Ephippos d’Olynthe d’après AthÉnÉe de Naucratis, Deipnosophistes, XII, 537e (FGrHist 126 F 5, je traduis).

39 A. W. Collins, « The Royal Costume and Insigna... », art. cit., p. 377. Le lien avec Héraklès s’explique de la même manière.

40 K. Trehuedic, « Insignes et marqueurs du pouvoir hellénistique... », art. cit., p. 113-114, offre par ailleurs une explication complète du passage.

41 Sur le sceptre sous Alexandre, voir ibid., p. 114 et 156 sq. Certaines statues ont peut- être représenté le roi en majesté, comme lors des audiences ; voir Brigitte, FrÖhlich, Die statuarische Darstellung der hellenistischen Herrscher, Hambourg, Verlag Dr. Kovacˇ, 1998 Google Scholar, cat. no 42.

42 L’utilisation de tels costumes n’est toutefois pas attestée ailleurs et paraît peu vraisemblable.

43 Élien, Histoire variée, IX, 9, 3 (je traduis).

44 Plutarque, Vie d’Alexandre, 40, 1-4 ; voir ibid., 41, 1.

45 Gabriele, Giannantoni, « Cinici e stoici su Alessandro Magno », in Casertano, G. (dir.), I filosofi e il potere nella società e nella cultura antiche, Naples, Guida, 1988, p. 75-87 Google Scholar.

46 Ephippos et Agatharchide (FGrHist 126 F 4 et 86 F 2) accusent ainsi Alexandre d’avoir cédé au luxe oriental. Pour d’autres références, voir Rainer, Bernhardt, Luxus- kritik und Aufwandsbeschränkungen in der griechischen Welt, Stuttgart, F. Steiner, 2003 Google Scholar, p. 242.

47 Voir DÉmosthÈne, Lettres, I, 13, sur le ponos du roi, ainsi que les commentaires d’Elias, Koulakiotis, Genese und Metamorphosen des Alexandermythos im Spiegel der griechis- chen nichthistoriographischen Überlieferung bis zum 3. Jh. n. Chr, Constance, Universitäts- verlag Konstanz, 2006, p. 52-53 Google Scholar – c’est le même thème que glose Plutarque, qui décrit Alexandre comme un philosophe-roi. Pour l’entourage d’Alexandre, on pense notam- ment à l’ambassade d’Onésicrite, philosophe cynique, auprès des gymnosophistes indiens ; voir Strabon, Géographie, XIV, 1, 64-65 (FGrHist 134 F 17). Dans ces passages, on distingue mal ce qui relève de la pensée indienne et des thèmes grecs ; voir Paul, PÉdech, Historiens compagnons d’Alexandre. Callisthène, Onésicrite, Néarque, Ptolémée, Aristo- bule, Paris, Les Belles Lettres, 1984, p. 109 Google Scholar, et Ragnar, HÖistad, Cynic Hero and Cynic King: Studies in the Cynic Conception of Man, Uppsala, s. n., 1948 Google Scholar, p. 43 sq. et 135 sq.

48 Quinte-Curce, Histoires, VI, 6, 5.

49 Sur la construction du récit, Elizabeth, Baynham, Alexander the Great: The Unique History of Quintus Curtius, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1998, p. 42 Google Scholar.

50 Robin Lane, Fox, « Alexander the Great: ‘Last of the Achaemenids’ ? », in Tuplin, C. (dir.), Persian Responses: Political and Cultural Interaction with(in) the Achaemenid Empire, Swansea, Classical Press of Wales, 2007, p. 267-311 Google Scholar, ici p. 278-279.

51 Plutarque, Vie d’Alexandre, 20, 13 : « Quand il vit les bassins, les vases, les bai- gnoires et les flacons de parfums [...], il se tourna vers ses compagnons et leur dit : ‘Voilà, paraît-il, ce que c’était qu’être roi’. » Un même décalage comique est déjà présent chez Hérodote lorsque les Grecs mettent la main sur la tente du roi pendant les guerres médiques. L’attitude d’Alexandre est cependant lourde d’incompréhension, comme à Suse, lorsqu’il s’assoit sur un trône trop haut pour lui (Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XVII, 66, 3-7 ; Quinte-Curce, Histoires, V, 2, 11-13), lors d’une cérémonie aux enjeux pourtant importants (Arrien, Anabase, VII, 24, 3).

52 Épitomé de Metz, 113.

53 Diodore de Sicile, XVIII, 26, 4.

54 On pense ici surtout au passage d’Élien, Histoire variée, XII, 64, avec son opposition entre une copie du corps d’Alexandre et le corps réel laissé sans ornement. Il est cepen- dant le seul à insister sur ce thème ; voir Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XVIII, 28, 3 ; Arrien, FGrHist 156F9 ; Quinte-Curce, Histoires, X, 10, 20 ; Pausanias, Description de la Grèce, I, 6,3 ; Strabon, Géographie, XVII, 1, 8, 794 ; Liber de morte testamen-toque Alexandri, 119 ; Pseudo-CallisthÈne, Roman d’Alexandre, III, 34, 4-6.

55 Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XVIII, 61 ; Quinte-Curce, Histoires, X, 7, 13.

56 À propos du diadème, voir Matthias, Haake, « Diadem und basileus. Überlegungen zu einer Insignie und einem Titel in hellenistischer Zeit », in Lichtenberger, A. et al. (dir.), Das Diadem der hellenistischen Herrscher. Übernahme, Transformation oder Neuschöpfung eines Herrschaftszeichens ?, Bonn, Habelt, 2012, p. 293-313 Google Scholar, qui montre combien cet objet était utilisé par Alexandre de manière informelle. Ce sont les diadoques qui, par dévo- tion ou imitation, l’ont érigé au rang de signe du pouvoir.

57 Voir aussi la Souda, s. v. « Kratero´ ς » et « Leonna´ toς », dont l’un représente la simplicité et l’autre le luxe. On ne veut évidemment pas dire que le thème de l’imitatio Alexandri est limité aux quelques décennies qui suivent la mort du conquérant. Bien au contraire, il s’agit d’une virtualité toujours présente à l’époque hellénistique, et qui resurgit dans le contexte de l’hellénisation de l’Extrême-Orient ou de la lutte avec Rome, dans le cas de Mithridate par exemple. Néanmoins, et même si certains Romains l’utilisent comme levier de propagande, il nous semble que ce thème ne pose problème qu’au début de l’époque hellénistique, parce qu’il y fait l’objet d’une lutte d’appropria- tion entre tous les monarques. Voir Claudia, Bohm, Imitatio Alexandri im Hellenismus. Untersuchungen zum politischen Nachwirken Alexanders des Grossen in hoch- und späthellenisti- schen Monarchien, Munich, Tuduv, 1989 Google Scholar, dans une optique d’histoire politique.

58 Plutarque, Vie de Démétrios, 41, 5 (trad. Cuf légèrement modifiée).

59 Douris de Samos d’après AthÉnÉe de Naucratis, Deipnosophistes, XII, 535f (FGrHist 76 F 14) et Plutarque, Vie de Démétrios, 41, 6-8 (où le Béotien dit que la chlamyde n’était qu’hèmiphues, « à moitié finie » ; il semble avoir mal compris un terme d’atelier, voir Marie-Thérèse, Picard-Schmitter, « Sur la chlamyde de Démétrios Poliorcétès », Revue archéologique, 46, 1955, p. 17-26)Google Scholar.

60 Plutarque, Vie de Démétrios, 18, 1 ; 25, 9 ; 28, 1 ; 34, 4 ; 41, 5-6 ; 44, 9 ; 53, 1. Voir : d’une manière générale Phillip De, Lacy, « Biography and Tragedy in Plutarch », Ameri- can Journal of Philology, 73-2, 1952, p. 159-171 Google Scholar, notamment p. 168 sq. ; Sweet, Waldo E., « Sources of Plutarch’s Demetrius », The Classical Weekly, 44-12, 1951, p. 177-181 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 180-181 ; Attilio, Mastrocinque, « Demetrios tragodoumenos (propaganda e lettera- tura al tempo di Demetrio Poliorcete) », Athenaeum, 57, 1979, p. 260-276 Google Scholar; plus récem- ment, Luigi Santi Amantini, « La ‘tragedia’ di Demetrio Poliorcete, re senza regno, e la terminologia teatrale nelle biografie di Plutarco », in Gazzano, F. et Amantini, L. Santi (dir.), Le maschere del potere. Leadership e culto della personalità nelle relazioni fra gli Stati dall’antichità al mondo contemporaneo, Rome, L’Erma di Bretschneider, 2013, p. 57-74 Google Scholar.

61 Angelos, Chaniotis, « Theatricality beyond the Theater: Staging Public Life in the Hellenistic World », Pallas, 1997, p. 219-259,Google Scholar notamment p. 244-245 sur Démétrios.

62 Sur l’aspect ouranien du costume, voir Lara, O’Sullivan, « ‘Le Roi Soleil’: Deme- trius Poliorcetes and the Dawn of the Sun-King », Antichthon, 42, 2008, p. 78-99 Google Scholar, qui, curieusement, ne note pas combien ce thème du roi apollinien se retrouve souvent dans les discours romains à propos des tyrans.

63 Chryssoula, Saatsoglou-Paliadeli, « Aspects of Ancient Macedonian Costume », The Journal of Hellenic Studies, 113, 1993, p. 122-147 Google Scholar.

64 K. Trehuedic, « Insignes et marqueurs du pouvoir hellénistique... », art. cit., p. 30.

65 Douris de Samos d’après AthÉnÉe de Naucratis, Deipnosophistes, XII, 535f (FGrHist 76 F 14) : « Sa mitre était brodée d’or, laquelle liait un chapeau de pourpre, et les extrémités de celle-ci chutaient jusque sur son dos » ; voir Dieter Salzmann, « Anmerkungen zur Typologie des hellenistischen Königsdiadems und zu anderen herr- scherlichen Kopfbinden », in A. Lichtenberger et al. (dir.), Das Diadem der hellenistischen Herrscher..., op. cit., p. 337-383, ici p. 350, nos 44-45 (pour des comparaisons), et p. 352, nos 52-53 (pour le raisonnement).

66 Karl Sintenis proposait de lire chlanis plutôt que chlamys dans Plutarque, Vie de Démétrios, 41, 7 (voir Cuf, p. 64), soit ce manteau délicat porté par les hommes et les femmes sur scène. L’hypothèse est reprise par Judith, Mossman, « Dressed for Success ? Clothing in Plutarch’s Demetrius », in Ash, R., Mossman, J. et Titchener, F. B. (dir.), Fame and Infamy: Essays for Christopher Pelling on Characterization in Greek and Roman Biography and Historiography, Oxford, Oxford University Press, 2015, p. 149-161 Google Scholar, ici p. 155-156.

67 L. O’Sullivan, « ‘Le Roi Soleil’... », art. cit., notamment p. 84-85 à propos de Démé- trios de Phalère, prédécesseur du Poliorcète. A. Mastrocinque, « Demetrios tragodou- menos... », art. cit., p. 270, pense que ce costume a été élaboré pour le retour de Démétrios à Athènes en 294 ; voir les critiques de Franca Landucci, Gattinoni, Duride di Samo, Rome, L’Erma di Bretschneider, 1997 Google Scholar, p. 130, n. 228.

68 Plutarque, Vie de Démétrios, 42, 1.

69 Tel est le sens de cette anecdote rapportée par Plutarque, Vie de Démétrios, 42, 7, où une vieille femme accable de demandes un souverain qui, ne voulant pas l’écouter, se voit opposer un « Alors ne règne donc pas (Mh` basi´lene). » Le lieu commun est appliqué à plusieurs autres rois, voir Plutarque, Apophtegmes de rois et de généraux, 216a- b; Dion Cassius, Histoire romaine, 69, 6 ; StobÉe, Anthologie (éd. par O. Hense, Berlin, Weidmann, 1894), III, 13, 48.

70 Plutarque, Vie de Démétrios, 18, 5-6 (je traduis). La même idée est chez Polybe, Histoires, VI, 7, 7 : « Alors, voyant cette surabondance, ils cédèrent à leurs appétits et se mirent en tête que les dirigeants devaient se distinguer des autres par l’habit, que leur table devait être servie autrement et offrir des mets plus variés, que tout leur était permis pour satisfaire leurs désirs amoureux. »

71 Plutarque, Vie de Démétrios, 2, 2.

72 Plutarque, Vie de Pyrrhos, 8, 2.

73 Sur le style des portraits de Pyrrhos, voir Brown, Blanche R., Royal Portraits in Sculpture and Coins: Pyrrhos and the Successors of Alexander the Great, New York, Peter Lang, 1995 Google Scholar, notamment p. 11-20 sur le style des contemporains de l’Épirote. Sur la propagande de Pyrrhos, voir Paul, Goukowsky, Essai sur les origines du mythe d’Alexandre, t. 1, Les origines politiques, Nancy, Université de Nancy II, 1978, p. 117 Google Scholar.

74 Plutarque, Les moyens de distinguer le flatteur d’avec l’ami, 53c sq., sur la tendance des flatteurs à se rendre pareils à leurs victimes. Le curieux regard et l’inclinaison du cou ont été attribués à un hypothétique syndrome de Brown : John, Lascaratos et Alexander, Damanakis, « Ocular Torticollis: A New Explanation for the Abnormal Head- Posture of Alexander the Great », The Lancet, 347, 1996, p. 521-523 Google Scholar ; Wardman, Alan E., « Description of Personal Appearance in Plutarch and Suetonius: The Use of Statues as Evidence », The Classical Quarterly, 17-2, 1967, p. 414-420 CrossRefGoogle Scholar. A. F. Stewart, Faces of Power..., op. cit., et Tonio, HÖlscher, Herrschaft und Lebensalter. Alexander der Grosse : Politisches Image und anthropologisches Modell, Bâle, Schwabe, 2009, p. 31 Google Scholar, n. 34, pensent l’un et l’autre que les diadoques imitaient l’homme lui-même, qu’ils avaient connu, plutôt que ses statues. L’argument ne saurait valoir pour la deuxième génération des diadoques, née loin du pouvoir (Démétrios Poliorcète) ou après la mort du Conquérant (Pyrrhos). Du reste, il est douteux que les populations auxquelles étaient adressées ces images aient conservé le souvenir précis de l’apparence d’un monarque trente ans après les conquêtes.

75 AthÉnÉe de Naucratis, Deipnosophistes, XII, 549 d-e (FGrHist 87 F 6, je traduis).

76 Justin, Abrégé..., XXXVIII, 8, 10-11, trad. par Heinz, Heinen, « Aspects et problèmes de la monarchie ptolémaïque », Ktèma, 3, 1978, p. 177-199 Google Scholar, ici p. 190.

77 À propos de Physcon et de son fils Ptolémée X Alexandre Ier, voir respectivement Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XXXIII, 23, et AthÉnÉe de Naucratis, Deipnosophistes, XII, 550a-b (FGrHist 87 F 26). Sur la situation géopolitique, voir Günther, HÖlbl, Geschichte des Ptolemäerreiches. Politik, Ideologie und religiöse Kultur von Alexander dem Grossen bis zur römischen Eroberung, Darmstadt, Wissenschaftliche Buschgesellschaft, 1994, p. 174 Google Scholar.

78 Julien, Tondriau, « La tryphè, philosophie royale ptolémaïque », Revue des études anciennes, 50-1/2, 1948, p. 49-54 Google Scholar, et Heinz, Heinen, « Die Tryphè des Ptolemaios VIII. Euergetes II. Beobachtungen zum ptolemäischer Herrscherideal und zu einer römis- chen Gesandtschaft in Ägypten (140/39 v. Chr.) », in Heinen, H. et al. (dir.), Althistorische Studien. Herman Bengtson zum 70. Geburtstag dargebracht von Kollegen und Schülern, Wiesbaden, F. Steiner, 1983, p. 116-130 Google Scholar. On trouvera une synthèse dans R. Bernhardt, Luxus- kritik und Aufwandsbeschränkungen..., op. cit., p. 246, et A. KÜhnen, Die Imitatio Alexandri..., op. cit., p. 97-101, et une bibliographie dans Sabine, MÜller, Das hellenistische Königspaar in der medialen Repräsentation. Ptolemaios II. und Arsinoe II., Berlin, De Gruyter, 2009, p. 159 Google Scholar, n. 24.

79 Pour les portraits grecs, voir Helmut, Kyrieleis, Bildnisse der Ptolemäer, Berlin, Mann, 1975, p. 63-64 Google Scholar, et Sally-Ann, Ashton, Ptolemaic Royal Sculpture from Egypt: The Interaction between Greek and Egyptian Traditions, Oxford, Archaeopress, 2001, p. 55 Google Scholar (contra : Smith, Roland R. R., Hellenistic Royal Portraits, Oxford/New York, Clarendon Press/Oxford Uni- versity Press, 1988 Google Scholar, no 58, qui identifie Ptolémée IX/X). Pour les portraits égyptiens, voir encore S. A. Ashton, Ptolemaic Royal Sculpture..., op. cit., cat. nos 18, 19 et 21, avec les références pour les statues de ses successeurs.

80 F. Queyrel, « Le corps du roi hellénistique », art. cit., p. 367-368, à propos d’Eumène II ; pour les Séleucides, voir Robert, Fleischer, Studien zur seleukidischen Kunst, t. 1, Herrscherbildnisse, Mayence, Philipp von Zabern, 1991, p. 36 Google Scholar (sur la ressem- blance des rois avec la Tyche, déesse de la prospérité) et 124 sq. (à propos de Diodotos Tryphon).

81 Voir aussi Plutarque, Vie d’Antoine, 26, 2 et 54, 9, où Cléopâtre est revêtue de la robe d’Aphrodite puis d’Isis. Il y a aussi certainement un aspect dévirilisant dans l’usage de ce chitoniskos qui ressemble à une robe. Ptolémée XII, par exemple, était attiré par les vêtements féminins, comme la robe tarentine (Lucien, De calomnia, 16). Physcon s’est aussi dénudé devant le Sénat (Polybe, Histoires, XXXIII, 11, 3), prouvant par là combien les rois savaient s’adapter aux coutumes romaines. Eût-il agi autrement face à Scipion Émilien, il n’en aurait pas été moins méprisé. Prusias II, visité par une ambas- sade romaine, a déposé les insignes royaux, le diadème et la pourpre. L’historiographie romaine ne le traite pas mieux : voilà un roi qui se conduit comme un affranchi, flatte ses supérieurs et les traite comme des dieux (Polybe, Histoires, XXX, 18, 4 ; Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XXI, 15, 2 ; Tite-Live, Histoire romaine, XLV, 44, 14).

82 AthÉnÉe de Naucratis, Deipnosophistes, XII, 549b-d (FGrHist 432 F 10). Le tyran meurt étouffé par son obésité.

83 Plutarque, Apophtegmes de rois et de généraux, 200f-201a.

84 On n’inclut pas ici l’utilisation tactique ou la ruse du dépôt des insignes pour proté- ger le roi, parce qu’il n’a pas semblé problématique aux Anciens ; voir par exemple Plutarque, Vie de Démétrios, 9, 5-7 et 44, 9 ; Vie de Pyrrhos, 11, 13 et 17, 1 ; Vie de Paul- Émile, 23, 2 ; Polyen, Stratagèmes, VIII, 57. On n’inclut pas non plus la comédie du pouvoir à laquelle se livre Antigone Dôson, proposant de rendre le diadème avant d’être confirmé par ses troupes (Justin, Abrégé..., XXVIII, 3, 12) : il s’agit là d’un topos, et sans doute même d’une invention littéraire, auquel se seraient livrés des tyrans comme Denys de Syracuse (Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XII, 92) ou Agathoclès (Diodore de Sicile, ibid., XX, 34, 2-5), et des rois comme Philippe Arrhidée (Quinte- Curce, Histoires, X, 8, 20) ou Prusias II (cité supra n. 80).

85 Sur cette campagne, voir Édouard, Will, Histoire politique du monde hellénistique, 323-30 av. J.-C., t. 2, Des avènements d’Antiochos III et de Philippe V à la fin des Lagides, Nancy, Presses universitaires de Nancy, [1967] 1982, p. 77 Google Scholar sq.

86 Polybe, Histoires, X, 26, 1-2 ; Tite-Live, Histoire romaine, XXVII, 31, 4.

87 Adalberto, Giovannini, « Greek Cities and Greek Commonwealth », in Bulloch, A. W. et al. (dir.), Images and Ideologies: Self-definition in the Hellenistic World, Berkeley, University of California Press, 1993, p. 265-286 Google Scholar, ici p. 282.

88 HÉrodote, Histoires, V, 22. Sur le débat quant à l’appartenance de la Macédoine au monde grec, voir Hall, Jonathan M., « Contested Ethnicities: Perceptions of Macedonia within Evolving Definitions of Greek Identity », in Malkin, I. (dir.), Ancient Perceptions of Greek Ethnicity, Cambridge, Harvard University Press, 2001, p. 159-186 Google Scholar.

89 Tite-Live, XXXII, 22, 11. L’historien fait ici référence au mariage de Philippe avec l’Argienne Polycratéia. Voir John, Briscoe, A Commentary on Livy Books XXXI- XXXIII, Oxford, Clarendon Press, 1973, p. 211 Google Scholar.

90 Voir déjà Charles Farwell, Edson, « The Antigonids, Heracles, and Beroea », Harvard Studies in Classical Philology, 45, 1934, p. 213-246 Google Scholar, ici p. 217. Sur le lien entre Philippe V et les Argéades, voir Polybe, Histoires, V, 10, 10 ; Tite-Live, Histoire romaine, XXVII, 30, 9 et XXXII, 22, 11 ; Plutarque, Propos de table, 736f. Supplementum epi- graphicum Graecum (désormais SEG), 46, 829, et 56, 625, peut-être Inscriptiones Graecae (désormais IG), IV, 1372, 1. 2, si l’on accepte la restitution hardie d’Adolf Wilhelm (SEG, 1, 78). De manière très frappante, Philippe V est représenté barbu et sans attributs divins sur les tétradrachmes de sa série I qu’on a datée de son avènement, de la guerre des Alliés de 220-217 ou, plus récemment, de la fin de son règne : Hammond, Nicholas G. L. et Frank, Walbank, A History of Macedonia, t. 3, 336-167 B.C., Oxford, Clarendon Press, 1988, p. 461-464 Google Scholar. Tout se passe donc comme si le retour aux Argéades s’était accompa- gné d’une réhumanisation du chef, ou d’un abandon des costumes trop exubérants – un tel modèle sera repris par Persée, voir Alfred, Mamroth, « Die Silbermünzen des makedonischen Königs Perseus », Zeitschrift für Numismatik, 38, 1928, p. 1-28 Google Scholar.

91 Polybe, Histoires, 25, 6.

92 Ibid., X, 26, 2.

93 Voir aussi ibid., VI, 7, 7, cité supra, n. 70. Sur le portrait de Philippe chez Tite-Live, tout de crudelitas et de libido, voir Jacques-Emmanuel, Bernard, Le portrait chez Tite- Live. Essai sur une écriture de l’histoire romaine, Paris, Latomus, 2000, p. 61 Google Scholar. Sur le caractère anticivique du tyran, voir Pauline Schmitt, Pantel, « Histoire de tyran ou comment la cité construit ses marges », Cahiers de Jussieu, 5, 1979, p. 217-231 Google Scholar. Il y a peut-être une autre version de ces incidents, donnée par Plutarque, Dialogue sur l’amour, 760a-b, où un notable argien, Phaÿllos, envoie à Philippe V sa fille déguisée en garçon. Par cet échange de faveurs, il obtient la prééminence dans la cité. Or cet homme figure peut- être dans une inscription argienne ( Pierre, Charneux, « Inscriptions d’Argos », Bulletin de correspondance hellénique, 77, 1953, p. 387-403 Google Scholar, ici p. 392, repris sans commentaire dans Jeanne et Louis, Robert, « Bulletin épigraphique », Revue des études grecques, 68, 1955, p. 185-298 Google Scholar, no 102, ici p. 216-217) et, si l’on accepte cette identification, Plutarque pein- drait sous les plus sombres couleurs ce qui relève au fond de la routinière interpénétra- tion des élites d’époque hellénistique et du rôle des rois auprès des notables locaux.

94 Qu’on compare nos passages avec SÉnÈque, De clementia, I, 8, 1 : « Autre est la condition de ceux qui sont cachés dans la masse qu’ils ne dépassent pas (Alia condicio est eorum qui in turba quam non excedunt latent) [...]. Vos actions et vos paroles, les rumeurs les recueillent et donc il n’y en a point qui doivent veiller davantage à la qualité de leur réputation que ceux qui, quelle que soit celle qu’ils auront méritée, sont appelés à en avoir une grande. » Philippe est condamné selon ces canons : lorsqu’il veut assouvir ses petites manies, il souffre du trop-plein de visibilité des monarques, qui ne peuvent abandonner leur condition.

95 Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XXIX, fr. 36.

96 AthÉnÉe de Naucratis, Deipnosophistes, X, 439a, résumant Polybe. L’historien est cité ibid., V, 193d.

97 Polybe, Histoires, XXVI, 1.

98 Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XXIX, fr. 35, et Polybe, Histoires, XXXVI, 1, ainsi qu’AthÉnÉe de Naucratis, Deipnosophistes, X, 439a.

99 Christophe, Feyel et Laetitia, Graslin-ThomÉ, « Antiochos IV, un réformateur méconnu du royaume séleucide ? », in Feyel, C. etGraslin-ThomÉ, L. (dir.), Le projet politique d’Antiochos IV , Nancy, Association pour la diffusion de la recherche sur l’Antiquité, 2014, p. 11-47 Google Scholar, ici p. 18-28. Déjà Otto, MØrkholm, Antiochus IV of Syria, Copenhague, Gyldendalske Boghandel, 1966, p. 39 Google Scholar, prêtait une volonté réformatrice au souverain. Quant à l’adoption des mœurs romaines, l’explication psychologique (Antio- chos était otage à Rome, il a été séduit par leurs usages) semble bien faible, mais on n’en dispose pas de meilleure.

100 AthÉnÉe de Naucratis, Deipnosophistes, V, 193d, et Diodore de Sicile, Biblio- thèque historique, XXIX, fr. 35 ; voir aussi Tite-Live, Histoire romaine, XLI, 20, 1.

101 Tite-Live, Histoire romaine, XLI, 20, 1.

102 Gaius Granius Licinianus, XXVIII (éd. par M. Flemisch, Leipzig, Teubner, 1904, p. 4-5).

103 IG, II3, 1323, l. 16-19 : les Attalides, s’avançant jusqu’aux frontières de leur royaume avec Antiochos, contribuent à l’installer sur le trône, « l’ayant paré du diadème en même temps que du reste de l’équipage royal, comme c’était leur devoir » ; trad. par Paul Goukowsky, « Antiochos le fou ou Antiochos le bienheureux ? Quelques remarques sur les fragments de Polybe et de Diodore », in C. Feyel et L. Graslin-ThomÉ (dir.), Le projet politique d’Antiochos IV, op. cit., p. 51-74, ici p. 55, n. 18, qui insiste sur l’habillement, le cheval et la suite (therapeia) qu’il faut sous-entendre derrière l’équipage.

104 Olga, Zolotnikova, « Visual Evidence for the Cult of Antiochos IV », Numismatica e antichità classiche, 31, 2002, p. 239-257 Google Scholar.

105 O. MØrkholm, Antiochus IV of Syria, op. cit., p. 97, n. 33.

106 Le problème se retrouve dans les récits autour des usurpateurs en Asie notamment, autour des iie-ier siècles av. J.-C., quand les insignes sont cyniquement utilisés pour faire des coups politiques. Alexandre Balas, doté d’un attirail royal par Attale II, renverse Démétrios Sôter en 151/150 (Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XXXI, 32a). Antiochos VI, son fils tenu à l’écart du pouvoir, est décoré des vêtements royaux par un intrigant qui l’assassine ensuite (ibid., XXXIII, 4a). L’aventurier Philippe Andriscos passe pour un descendant des Antigonides parce qu’il porte leurs vêtements (ibid., XXXI, 40a et XXXII, 15, 5-7). Par une touchante ironie, Démétrios Sôter est le seul à reconnaître un Ptolémée en haillon, alors qu’il se rend à Rome, et lui offre une mise royale (ibid., XXI, 18).

107 Ibid., XXXI, fr. 23 (trad. Cuf légèrement modifiée). Suivant une tendance déjà présente chez Polybe, on s’est livré à une analyse croisée des festivités organisées par Paul-Émile à Amphipolis et par Antiochos IV à Daphné. Voir Vincent, Azoulay, « Entre familiarité et solennité. Le banquet des monarques au prisme de l’identité civique », in Grandjean, C., Hugoniot, C. et Lion, B. (dir.), Le banquet du monarque dans le monde antique, Rennes/Tours, Pur/Presses universitaires François-Rabelais, 2013, p. 53-70 Google Scholar. La chose ne doit pas être poussée trop loin au risque de reconduire une mauvaise interpré- tation de la procession. L’historien mégalopolitain veut faire du défilé de Daphnè un double raté de celui de Paul-Émile. Or ce parallèle est forcé, comme l’a bien montré Peter Franz, Mittag, Antiochos IV. Epiphanes. Eine politische Biographie, Berlin, Akademie Verlag, 2006, p. 284-285 Google Scholar. Il s’agit plutôt d’une fête, et non d’un triomphe. Il est donc logique que le roi ne se trouve pas en tête du cortège, mais à côté, dans un appareil relativement simple, comme s’il assistait à une pompè organisée par les Grecs, dont 300 représentants sont présents (Polybe, Histoires, XXX, 25, 12).

108 Journal de Louis II de Bavière, cité par Louis, Marin, Lectures traversières, Paris, Albin Michel, 1992 Google Scholar, p. 186.

109 L. Marin, La parole mangée..., op. cit., p. 196.